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Recherches Lacan

autres textes 1967-12-18 De la psychanalyse dans ses rapports avec la réalité

1967-12-18 De la psychanalyse dans ses rapports avec la réalité

Conférence donnée à l’institut français de milan, le 18 décembre 1967 à 18 h 30, in Scilicet n° 1 pp. 51-59, Paris, Seuil, 1968.

(51)Si étonnant que cela puisse paraître, je dirai que la psychanalyse, soit ce qu’un procédé ouvre comme champ à l’expérience, c’est la réalité. La réalité y est posée comme absolument univoque, ce qui de nos jours est unique : au regard de la façon dont l’empêtrent les autres discours.

Car ce n’est que des autres discours que le réel vient à flotter. Ne nous attardons pas au passe-passe du mot : réel. Retenons qu’il indique que, pour le psychanalyste, les autres discours font partie de la réalité.

Celui qui écrit ces lignes peut bien dire l’effet de dénuement dont il ressent sa place, au moment d’aborder ce thème dont on ne sait quel respect l’a tenu écarté. Son « si étonnant que cela puisse paraître »… est oratoire, c’est-à-dire secondaire, et ne dit pas ce qui l’arrête ici.

Il se sait, il l’avoue, simplement « réaliste »… – Au sens médiéval ? croit-il entendre, à le tracer d’un point d’interrogation. C’est déjà la marque qu’il en a trop dit, et que l’infection dont ne peut plus se dépêtrer le discours philosophique, l’idéalisme inscrit au tissu de sa phrase, va faire là son entrée.

Il faut prendre les choses autrement. Qu’est-ce qui fait qu’une psychanalyse est freudienne, voilà la question.

Y répondre conduit jusqu’où la cohérence d’un procédé dont on connaît la caractéristique générale sous le nom d’association libre (mais qui ne se livre pas pour autant), impose de présupposés sur lesquels l’intervention, et nommément celle en cause : l’intervention du psychanalyste est sans prise.

Ceci est fort remarquable et explique que, de quelque visée de profondeur, d’initiation, ou de style, qu’un boasting dissident se targue, elle reste futile auprès de ce qu’implique le procédé. je ne (52)veux affliger personne. Mais c’est pourquoi la psychanalyse reste freudienne « dans son ensemble » c’est parce qu’elle l’est dans son axe.

C’est que le procédé est d’origine solidaire du mode d’intervention freudien.

Ce qui prouve la puissance de ce que nous appelons le procédé, c’est qu’il n’est aussi bien pas exclu que le psychanalyste n’en ait aucune espèce d’idée. Il en est là-dessus de stupides : vérifiez, c’est facile. Naturellement si vous savez vous-même ce que veut dire une question.

je tâcherai à dire ce que n’est pas l’axe du procédé.

L’assomption mystique d’un sens au-delà de la réalité, d’un quelconque être universel qui s’y manifeste en figures, – est-elle compatible avec la théorie freudienne et avec la pratique psychanalytique ?

Assurément celui qui prendrait la psychanalyse pour une voie de cette sorte se tromperait de porte. À ce qu’elle se prête éventuellement au contrôle d’une « expérience intérieure », ce sera au prix de départ d’en changer le statut.

Elle répugnera à l’aide d’aucun soma hallucinogène, quand déjà on sait qu’elle objecte à celle de la narcose.

Pour tout dire, elle exclut les mondes qui s’ouvrent à une mutation de la conscience, à une ascèse de la connaissance, à une effusion communicative.

Ni du côté de la nature, de sa splendeur ou de sa méchanceté, ni du côté du destin, la psychanalyse ne fait de l’interprétation une herméneutique, une connaissance, d’aucune façon, illuminante ou transformante.

Nul doigt ne saurait s’y indiquer comme d’un être, divin ou pas. Nulle signature des choses, ni providence des événements.

Ceci est bien souligné dans la technique du fait qu’elle n’impose nulle orientation de l’âme, nulle ouverture de l’intelligence, nulle purification préludant à la communication.

Elle joue au contraire sur la non préparation. Une régularité quasi bureaucratique est tout ce qui est exigé. La laïcisation aussi complète que possible du pacte préalable installe une pratique sans idée d’élévation.

Même de préparer ce qui sera dit dans la séance, est un inconvénient (53)où l’on sait que se manifesteront résistance, voire défenses.

Indiquons que ces deux mots ne sont pas synonymes, bien qu’on les emploie, je parle des psychanalystes, à tort et à travers. Peu leur importe au reste qu’au dehors on les prenne dans le sens diffus d’opposition bien ou mal orientée, d’être salubre ou non. Ils préfèrent même ça.

Ce qui est attendu de la séance, c’est justement ce qu’on se refuse à attendre, de crainte d’y trop mettre le doigt : la surprise, a souligné Reik.

Et ceci exclut tout procédé de concentration : cette exclusion est sous-jacente à l’idée d’association.

Au présupposé de l’entreprise, ce qui domine est un matter offact

Ce que nous avons à surprendre, est quelque chose dont l’incidence originelle fut marquée comme traumatisme. Elle n’a pas varié de ce que la stupidité qu’elle implique, se soit transférée au psychanalyste. Ce qui reste dans l’idée de situation dont se totalisent les effets qu’on dit déformants, les dirait-on informants même qu’il s’agirait de la même chose.

L’idée d’une norme n’y apparaît jamais que comme construite. Ce n’est pas là le « matériel », comme on dit significativement.

Là-dessus si vous entendez parler de la fonction d’un moi autonome, ne vous y trompez pas : il ne s’agit que de celui du genre de psychanalyste qui vous attend 5e avenue. Il vous adaptera à la réalité de son cabinet.

L’on ne saura jamais vraiment ce que doit Hitler à la psychanalyse, sinon par l’analyste de Goebbels. Mais pour le retour qu’en a reçu la psychanalyse, il est là.

Ce n’est qu’un branchement abusif, mais édifiant, sur ce dont il s’agit dans la relativité introduite par l’inconscient. C’est dans la réalité qu’elle s’inscrit.

Relativité restreinte d’abord. Le « matériel » reste le type de son propre métabolisme. Il implique une réalité comme matérielle elle-même, c’est-à-dire non interprétable au titre, dirait-on, de l’épreuve qu’elle constituerait pour une autre réalité qui lui serait transcendante : qu’on mette ce terme au chef du cœur ou de l’esprit. Elle ne saurait être en elle-même mise en question : elle est Anankè, nous dit Freud : Diktat aveugle.

C’est pourquoi l’interprétation dont s’opère la mutation psychanalytique (54)porte bien là où nous le disons : sur ce qui, cette réalité, la découpe, de s’y inscrire sous les espèces du signifiant.

Ici notons que ce n’est pas pour rien que Freud fait usage du terme Realität quand il s’agit de la réalité psychique.

Realität, et non Wirklichkeit, qui ne veut dire qu’opérativité : autant dire ce à quoi le psychanalyste d’aujourd’hui fait ses courbettes pour la frime.

Tout est dans la béance par quoi le psychique n’est nullement règle pour opérer, de façon efficace, sur la réalité, y compris sur ce qu’il est en tant qu’il en fait partie. Il ne comporte en lui-même que nature, non connature. Il n’est nullement fait d’accord avec une réalité qui est dure ; à laquelle il n’y a de rapport que de s’y cogner : une réalité dont le solide est la meilleure métaphore. À entendre au sens de l’impénétrable, et non de la géométrie. (Car nulle présence du polyèdre, symbole platonicien des éléments : au moins apparemment dans cette réalité[1]).

Toute Weltanschauung est tenue dans l’idée de Freud pour caduque et sans importance. Elle n’est, il le dit, rien de plus que suppléance aux énoncés révélatoires d’un catéchisme qui, pour parer à l’inconnu, reste à ses yeux sans rival. Ce n’est pas là, faut-il le dire, position de complaisance, c’est affirmation de l’inaptitude de la connaissance à s’accoler à rien d’autre qu’à une opacité sans remède.

Mais la complicité marquée ici à la position vraiment chrétienne, l’accès interdit au champ de la Révélation, a son sens – dans l’histoire.

Le nerf de la relativité n’est introduit au principe de la réalité psychique qu’en ceci paradoxalement que le processus d’adaptation n’y est que secondaire.

Car les « centres » dont elle s’organise dans les schémas dont Freud l’ordonne (cf. système C), ne sont nulle fonction de synthèse, mais bien d’interposition dans un circuit plus direct : le processus primaire est d’obstruction.

Le processus secondaire nous est décrit comme s’en passant, comme ne lui étant en rien raccordé, pour ce qui lui est réservé de tâtonnements.

(55)Ce changement d’ordre ne va pas sans difficulté : à vrai dire abstraite, car il ne fait que dire crûment ce que l’expérience fabrique. En tout cas il repousse tout recours à quelque théorie de la forme, voire à aucune phénoménologie à s’imaginer de la conscience non-thétique.

Le primaire, de sa structure, ne fonctionne que d’un tout ou rien de trace. Aussi bien trompé dans sa prise, est-ce à cette trace qu’il « régresse ». Le mot n’est propre qu’à indiquer le renversement d’une force, car il n’a pas d’autre référence. L’hallucination n’est tenue pour en résulter que d’un rapport des plus lointains avec ses formes cliniques.

Elle n’est là que pour signifier que du psychisme, c’est l’insatisfaction qui est le premier constituant.

Ce qui y satisfait ne serait frayé en aucun cas par le processus primaire, si le processus secondaire n’y paraît.

Je ne veux pas m’étendre ici sur la façon dont est conçu le processus secondaire. C’est une simple pièce rapportée des théories de toujours, en tant qu’elles restent adhérer à l’idée qui a produit son dernier rejet dans la formule de la « sensation, guide de vie », d’une inférence toujours aussi peu assise.

Le recours à l’articulation du stimulus à la réponse, tenue pour équivalente du couple sensori-moteur, n’est qu’une fiction de l’expérience où l’intervention motrice n’est due qu’à l’expérimentateur, et où l’on traduit la réaction de l’organisme maintenu dans l’état de passivité, en l’idée qu’il a senti quelque chose.

Rien n’indique qu’un tel forçage donne le modèle d’un quelconque fonctionnement propre au biologique.

L’idée du couple tension-décharge est plus souple. Mais la tension fort mal définie n’implique nullement que la sensation s’y règle d’aucune fonction d’homéostase, ce que Freud aperçoit fort bien à en exclure l’opération dans un système détaché du circuit tensionnel, qu’il désigne comme v.

Bref, plus l’on entre dans l’implication des schèmes freudiens, plus c’est pour voir que le plaisir y a changé de valeur.

Principe du bien pour les anciens qui en recueillaient l’embarras de rendre compte qu’il y eût des plaisirs dont l’usage est nuisible, le voici devenu le lieu du monde où ne passe qu’une ombre que rien ne saurait saisir : moins que l’organisme y prenne l’ombre (56)pour la proie, qu’il n’est lui-même proie de l’ombre, soit récuse de sa conduite cette connaissance dont s’est imaginée la fonction de l’instinct.

Tel est le support dont le sens doit s’estimer de ce qu’il faille le construire pour rendre compte de ce qui est en cause, ne l’oublions pas : à savoir l’inconscient.

Qu’à la physiologie de cette construction rien d’appréhendable dans les fonctions de l’organisme (nulle localisation d’appareil en particulier) ne réponde présentement : hors des temps du sommeil. Voilà-t-il pas qui en dit long, s’il faut supposer à ces temps une permanence mythique hors de leur instance effective ?

Pourquoi ne pas saisir que cet angle si fort à marquer l’écart du principe du plaisir au principe de réalité, c’est précisément de faire place à la réalité de l’inconscient qu’il se soutient, que l’inconscient est là en un ternaire dont ce n’est pas qu’il soit fait de manque qui nous empêche d’en tracer la ligne comme fermant un triangle ?

Suivez moi un instant à remarquer l’affinité du signifiant à ce lieu de vide

Appelons-0y, quoique ce ne soit pas là que nous l’y situerons enfin, ce lieu de l’Autre, de ce qu’assurément ce soit bien là ce dont nous avons montré que le requiert le désir.

Il est significatif que dans Freud le désir ne se produise jamais que du nom de Wunsch. Wunsch, wish, c’est le souhait. Il n’y a de souhait qu’énoncé. Le désir n’est présent que sous la demande.

Si rien de ce qui s’articule dans le sommeil n’est admis à l’analyse que de son récit, n’est-ce pas supposer que la structure du récit ne succombe pas au sommeil ?

Ceci définit le champ de l’interprétation analytique.

Dès lors nul étonnement que l’acte en tant qu’il n’existe que d’être signifiant, se révèle apte à supporter l’inconscient : qu’ainsi ce soit l’acte manqué qui s’avère réussi, n’en est que le coronaire, dont il est seulement curieux qu’il faille l’avoir découvert pour que le statut de l’acte soit enfin fermement distingué de celui du faire.

Le dire, le dire ambigu de n’être que matériel du dire, donne le suprême de l’inconscient dans son essence la plus pure. Le mot d’esprit nous satisfait d’en rejoindre la méprise en son lieu. Que (57)nous soyons joués par le dire, le rire éclate du chemin épargné, nous dit Freud, à avoir poussé la porte au-delà de laquelle il n’y a plus rien à trouver.

Désir qui se reconnaît d’un pur défaut, révélé qu’il est de ce que la demande ne s’opère qu’à consommer la perte de l’objet, n’est-ce pas là assez pour expliquer que son drame ne se joue que sur ce que Freud appelle l’Autre scène, là où le Logos, déchu d’être du monde la raison spermatique, s’y révèle comme le couteau à y faire entrer la différence ?

À ce seul jeu de la coupure, le monde se prête à l’être parlant. Ce sont ces coupures où il s’est cru longtemps chez lui, avant que s’animant d’une conjoncture de robot, elles ne le refoulent dans ce qui d’elles se prolonge dans sa réalité, qu’on n’appelle en effet psychique que de ce qu’elle soit chute du corps.

Interrogeons pourquoi l’être parlant dévitalise tellement ce corps que le monde lui en a paru longtemps être l’image. Moyennant quoi le corps est microcosme. Notre science a mis fin à ce rêve, le monde n’est pas un macrocorps. La notion de cosmos s’évanouit avec ce corps humain qui, de se barder d’un poumon de métal, s’en va tracer dans l’espace la ligne, inouïe des sphères, de n’avoir figuré jusque là que sur le papier de Newton comme champ de la gravitation. Ligne où le réel se constitue enfin de l’impossible, car ce qu’elle trace est impensable : les contemporains de Newton ont marqué le coup.

Il suffit de reconnaître le sensible d’un au-delà du principe de réalité dans le savoir de la science, pour que au-delà du principe du plaisir qui a pris place dans l’expérience psychanalytique, s’éclaire d’une relativité plus généralisable.

La réalité de l’écart freudien fait barrière au savoir comme le plaisir défend l’accès à la jouissance.

C’est occasion à nous rappeler ce qu’il y a entre eux à s’établir de jonction disjonctive, dans la présence du corps.

L’étrange est ce à quoi le corps se réduit dans cette économie.

Si profondément méconnu d’être par Descartes réduit à l’étendue, il faudra à ce corps les excès imminents de notre chirurgie pour qu’éclate au commun regard que nous n’en disposons qu’à le faire être son propre morcellement, qu’à ce qu’il soit disjoint de sa jouissance.

(58)Tiers « au-delà » dans ses rapports à la jouissance et au savoir, le corps fait le lit de l’Autre par l’opération du signifiant.

Mais de par cet effet, qu’en reste t-il ? Insensible morceau à en dériver comme voix et regard, chair dévorable ou bien son excrément, voilà ce qui de lui vient à causer le désir, qui est notre être sans essence.

La dualité saisie ici de deux principes, ne nous divise comme sujet qu’à être trois fois répétée de chaque essence qui s’en sépare, chacune saisie de sa perte en la béance des deux autres.

Nous les appellerons : jouissance, savoir et vérité.

Ainsi est-ce de la jouissance que la vérité trouve à résister au savoir. C’est ce que la psychanalyse découvre dans ce qu’elle appelle symptôme, vérité qui se fait valoir dans le décri de la raison. Nous, psychanalystes savons que la vérité est cette satisfaction à quoi n’obvie pas le plaisir de ce qu’elle s’exile au désert de la jouissance.

Sans doute le masochiste sait, cette jouissance, l’y rappeler, mais c’est à démontrer (précisément de n’y parvenir qu’à exalter de sa simulation une figure démonstrative) ce qu’il en est pour tous du corps, qu’il soit justement ce désert.

La réalité, de ce fait, est commandée par le fantasme en tant que le sujet s’y réalise dans sa division même.

La satisfaction ne s’y livre qu’au montage de la pulsion, soit ce détour qui livre assez son affinité à l’instinct de ce qu’il faille, pour le décrire, métaphoriser le cercle du catgut qu’une aiguille courbe s’emploierait à coudre ensemble deux grandes lèvres.

Pour la réalité du sujet, sa figure d’aliénation, pressentie par la critique sociale, se livre enfin de se jouer entre le sujet de la connaissance, le faux sujet du « je pense », et ce résidu corporel où j’ai suffisamment, je pense, incarné le Dasein, pour l’appeler par le nom qu’il me doit : soit l’objet (a).

Entre les deux, il faut choisir :

Ce choix est le choix de la pensée en tant qu’elle exclut le « je suis » de la jouissance, lequel « je suis » est « je ne pense pas ».

La réalité pensée est la vérité de l’aliénation du sujet, elle est son rejet dans le désêtre, dans le « je suis » renoncé.

Ce que le « je ne pense pas » de l’analyste exprime, c’est cette nécessité qui le rejette dans le désêtre.

(59)Car ailleurs il ne peut être que « je ne suis pas ».

Le psychanalysant est celui qui parvient à réaliser comme aliénation son « je pense », c’est-à-dire à découvrir le fantasme comme moteur de la réalité psychique, celle du sujet divisé.

Il ne le peut qu’à rendre à l’analyste la fonction du (a), que lui ne saurait être, sans aussitôt s’évanouir.

L’analyste doit donc savoir que, loin d’être la mesure de la réalité, il ne fraye au sujet sa vérité qu’à s’offrir lui-même comme support de ce désêtre, grâce à quoi ce sujet subsiste dans une réalité aliénée, sans pour autant être incapable de se penser comme divisé, ce dont l’analyste est proprement la cause.

Or c’est là que le psychanalyste se trouve dans une position intenable : une aliénation conditionnée d’un « je suis » dont, comme pour tous, la condition est « je ne pense pas », mais renforcée de ce rajout qu’à la différence de chacun, lui le sait. C’est ce savoir qui n’est pas portable, de ce que nul savoir ne puisse être porté d’un seul.

D’où son association à ceux qui ne partagent avec lui ce savoir qu’à ne pas pouvoir l’échanger.

Les psychanalystes sont les savants d’un savoir dont ils ne peuvent s’entretenir. C’est une autre affaire que la mystagogie du non-savoir.

Puisque l’analyste ne se refuse pas au principe du plaisir, ni à celui de la réalité, simplement il y est l’égal de celui qu’il y guide, et il ne peut, ne doit d’aucune façon l’amener à les franchir.

Il ne lui apprend rien là-dessus, ne faisant plus que le guigner, s’il lui arrive de transgresser l’un ou l’autre.

Il ne partage avec lui qu’un masochisme éventuel, de la jouissance duquel il se tient à carreau.

D’où la part de méconnaissance sur laquelle il édifie une suffisance fondée sur une sorte de savoir absolu, qui est plutôt point zéro du savoir.

Ce savoir n’est d’aucune façon exercé, de ce qu’à le faire passer à l’acte, le psychanalyste attenterait au narcissisme d’où dépendent toutes les formes.

L’analyste se fait le gardien de la réalité collective, sans en avoir même la compétence. Son aliénation est redoublée, – de ce qu’il puisse y échapper.

J. L.

 



[1] Ironie que ceux qui me suivent, situeront de ce que du « réel », en tant que registre déduit du symbolique et de l’imaginaire, il n’est ici soufflé qu’un mot.

L’énoncé présent définit le seuil psychanalytique.

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