Leçon du 5 Février 1958
La symbolisation préoccupe le monde. Un article est paru en Mai – Juin 1956, sous le titre de Symbolism and Its Relationship to the Primary and Secondary Processes, de Charles RYCROFT, où il essaye de donner un sens actuel au point où nous en sommes de l’analyse du symbolisme. Ceux d’entre vous qui lisent l’anglais auraient évidemment avantage à lire un tel article, puisque cela leur montrera les difficultés qui se présentent depuis toujours à propos du sens à donner dans l’analyse au mot symbolisme, et je veux dire, pas simplement au mot mais à l’usage qu’on en fait, à l’idée qu’on se fait du processus du symbolisme. Il est vrai que depuis 1911, où Monsieur JONES a fait là – dessus le premier travail d’ensemble important, la question est passée par diverses phases et elle a rencontré, et elle rencontre encore, de très grandes difficultés dans ce qui constitue actuellement la position la plus articulée sur ce sujet, c’est – à – dire celle qui sort des considérations de Madame Mélanie KLEIN sur Le rôle du symbole dans la formation du moi. Ceci a le rapport le plus étroit avec ce que je suis en train de vous expliquer, et je voudrais essayer de vous faire sentir l’importance du point de vue que je suis en train d’essayer de vous faire comprendre pour mettre un petit peu de clarté dans des directions obscures. Je ne sais pas par quel bout je vais le prendre aujourd’hui. Je n’ai pas de plan quant à la façon dont je vais vous présenter les choses. Je voudrais… puisque c’est une espèce d’antépénultième séance que je vous ai annoncée, au séminaire prochain très précisément axée sur le phallus et la comédie… je voudrais simplement aujourd’hui marquer une espèce de point d’arrêt en vous montrant quelques directions importantes dans lesquelles ce que je vous ai exposé au début de ce trimestre concernant le complexe de castration permet de mettre des points d’interrogation. Je vais alors commencer par prendre les thèses comme elles viennent. Aujourd’hui sur ce sujet, on ne peut pas toujours mettre un ordre strict dans quelque chose qui doit être avant tout considéré aujourd’hui comme une espèce de point carrefour. Dans ce titre de Charles RYCROFT, vous venez de voir apparaître le procès primaire et secondaire. C’est quelque chose dont je n’ai jamais parlé devant vous et même, il y a quelque temps, certains s’en sont étonnés. Ils sont tombés sur ce procès primaire et secondaire à propos d’une définition de vocabulaire, et se sont trouvés un petit peu surpris. Le procès primaire et secondaire date du temps de la Traumdeutung, et c’est quelque chose qui n’est pas complètement identique, mais qui recouvre les notions opposées de principe de plaisir et principe de réalité. Principe de plaisir et principe de réalité, j’y ai plus d’une fois fait allusion devant vous, toujours pour vous faire remarquer que l’usage qu’on en fait est incomplet si on ne les met pas en rapport l’un avec l’autre, c’est – à – dire si on ne sent pas leur liaison, leur opposition, comme étant constitutives de la position de chacun de ces termes. Je voudrais tout de suite aborder le vif de ce que je viens de faire remarquer : la notion de principe du plaisir en tant qu’élément principe du procès primaire, quand on la prend d’une façon isolée aboutit à ceci, et c’est de là que Charles RYCROFT croit devoir partir pour définir le procès primaire. Il croit devoir écarter toutes ses caractéristiques structurales… mettre au second plan le fait qu’y domine l’un des éléments constructifs que sont effectivement la condensation, le déplacement, etc. : tout ce que FREUD a commencé d’aborder quand il a défini l’inconscient… et il le caractérise fondamentalement par ce que FREUD apporte dans l’élaboration terminale de cette théorie à propos de la Traumdeutung, à savoir que le principe du plaisir est constitué essentiellement par ceci : qu’il y a un mécanisme et qu’originairement et principiellement… que vous entendiez la chose du point de vue de l’étape historique ou du point de vue d’une sous – jacence, d’un fondement sur lequel quelque chose d’autre a eu à se développer, une espèce de base, de profondeur psychique, ou même que vous l’entendiez dans une sorte de rapport logique… c’est de là que l’on doit partir. Il y aurait, disons chez le sujet humain… il ne saurait évidemment s’agir semble – t – il d’autre chose, mais le point n’est pas trop défini… il y aurait, en réponse à l’incitation pulsionnelle, toujours la possibilité virtuelle… et en quelque sorte comme constitutive du principe de la position du sujet à l’endroit du monde… tendance à la satisfaction hallucinatoire du désir. Je pense que ceci ne vous surprend pas : exprimée abondamment chez tous les auteurs, cette référence à ceci qu’en raison d’une expérience primitive et sur un modèle qui est celui de la réflexion, à toute incitation interne du sujet correspond… avant qu’il y corresponde quelque chose qui est le cycle instinctuel, le mouvement – fut – il incoordonné – de l’appétit, puis de la recherche, puis du repérage dans la réalité de ce qui satisfait le besoin par le fait des traces mnésiques de ce qui a déjà répondu au désir, qui apporte la satisfaction… la satisfaction, purement et simplement, qui tend à se reproduire sur le plan hallucinatoire. Ceci, qui est devenu presque consubstantiel à nos conceptions analytiques, au besoin nous en faisons usage, je dirai : presque d’une façon implicite, chaque fois que nous parlons du principe du plaisir. Ne vous paraît – il pas dans une certaine mesure que c’est quelque chose d’assez exorbitant pour mériter un éclaircissement, parce qu’enfin, s’il est dans la nature du cycle des processus psychiques de se créer à soi – même sa satisfaction, je pourrais dire : pourquoi les gens ne se satisfont – ils pas ? Bien sûr, c’est que le besoin continue d’insister, parce que la satisfaction fantasmatique ne saurait remplir tous les besoins. Mais nous ne savons que trop que dans l’ordre sexuel, dans tous les cas assurément, elle est éminemment susceptible de faire face au besoin, s’il s’agit de besoin pulsionnel. Pour la faim, c’est autre chose, et après tout il se dessine à l’horizon que c’est bien de cela… c’est du caractère très possiblement illusoire de l’objet sexuel,… qu’en fin de compte ici il s’agit. Cette conception existe et, d’une certaine façon, est motivée en effet par la possibilité de se soutenir, au moins à un certain niveau, au niveau de la satisfaction sexuelle. C’est quelque chose qui a imprégné si profondément toute la pensée analytique, que dans la mesure où cette relation du besoin à sa satisfaction… à savoir : les primitives, les primordiales, gratifications ou satisfactions, ou frustrations aussi, qui sont considérées comme décisives à l’origine de la vie du sujet, à savoir dans les rapports du sujet avec sa mère… est venue au premier plan… à savoir que c’est, dans son ensemble, dans une dialectique du besoin et de sa satisfaction que la psychanalyse est entrée de plus en plus à mesure qu’elle s’est intéressée de plus en plus aux stades primitifs du développement du sujet, à savoir la relation de l’enfant avec la mère… on est arrivé à quelque chose dont je voudrais bien vous pointer le caractère significatif, et en même temps d’ailleurs, le caractère nécessaire. C’est ceci dans la perspective kleinienne, qui est celle que je désigne pour l’instant… à savoir où tout l’apprentissage de la réalité par le sujet est en quelque sorte primordialement préparé et sous – tendu par la constitution essentiellement hallucinatoire et fantasmatique des premiers objets classifiés en bons et mauvais objets pour autant qu’ils fixent en quelque sorte une première relation tout à fait primordiale qui va donner, pour la suite de la vie du sujet, les types principaux des modes de rapport du sujet avec la réalité… on arrive à une sorte de composition du monde du sujet qui est fait d’une espèce de rapport fondamentalement irréel du sujet avec des objets qui ne sont que le reflet de ses pulsions fondamentales. C’est autour de l’agressivité fondamentale par exemple du sujet que tout va s’ordonner en une série de projections de besoins du sujet. Ce monde de la phantasy, telle qu’elle est usitée dans l’école kleinienne, est fondamental, et c’est à la surface de cela, que par une série d’expériences plus ou moins heureuses… il est souhaitable qu’elles soient assez heureuses pour cela… que le monde de l’expérience va permettre un certain repérage raisonnable de ce qui dans ces objets est, comme on dit, objectivement définissable comme répondant à une certaine réalité, la trame d’irréalité restant en quelque sorte absolument fondamentale. C’est, si je puis dire, cette sorte de construction… que l’on peut vraiment appeler construction psychotique du sujet… qui fait qu’en somme un sujet normal c’est – dans cette perspective – une psychose qui a bien tourné, une psychose en quelque sorte heureusement harmonisée avec l’expérience. Et ceci n’est pas une reconstruction. L’auteur dont je vais parler maintenant : Monsieur WINNICOTT, l’exprime strictement ainsi dans un des textes qu’il a écrits sur l’utilisation de la régression dans la thérapeutique analytique. L’homogénéité fondamentale de la psychose avec le rapport normal au monde y est absolument affirmée comme telle. Ceci n’empêche pas que de très grandes difficultés surgissent de cette perspective, ne serait – ce que d’arriver à concevoir quelle est… puisque la phantasy n’est en quelque sorte que la trame sous – jacente au monde de la réalité… de voir quelle peut être la fonction de la phantasy reconnue comme telle par le sujet à l’état adulte et achevée et réussie dans la constitution de son monde réel. C’est aussi bien le problème qui se présente à tout kleinien qui se respecte, c’est – à – dire à tout kleinien avoué, et aussi bien on peut dire actuellement à presque tout analyste, pour autant que le registre dans lequel il inscrit le rapport du sujet au monde devient de plus en plus exclusivement celui d’une série d’apprentissages du monde, faits sur la base d’une série d’expériences plus ou moins réussies de la frustration. Je vous prie de vous reporter au texte de Monsieur WINNICOTT… qui se trouve dans le volume 26 de l’International Journal of Psychoanalysis et qui s’appelle : Primitive Emotional Development… pour arriver à motiver le surgissement, à concevoir ce monde de la phantasy en tant qu’il est vécu consciemment par le sujet et qu’il équilibre sa réalité, comme l’expérience le prouve. Et il faut le constater dans son texte même… pour ceux que ceci intéresse… il s’appuie sur une remarque dont vous allez voir qu’on sent bien la nécessité, tant elle aboutit à un paradoxe tout à fait curieux. Le surgissement du principe de réalité, autrement dit de la reconnaissance de la réalité à partir des relations primordiales de l’enfant avec l’objet maternel… objet de sa satisfaction et aussi de son insatisfaction… ne laisse nullement apercevoir comment de là peut surgir le monde de la phantasy sous sa forme, si l’on peut dire, adulte, si ce n’est par un artifice dont s’avise Monsieur WINNICOTT, ce qui permet certainement un développement assez cohérent de la théorie, mais dont je veux simplement vous faire apercevoir le paradoxe. C’est ceci : il fait remarquer que si fondamentalement la satisfaction du besoin hallucinatoire est dans la discordance de cette satisfaction avec ce que la mère apporte à l’enfant, c’est dans cette discordance que va s’ouvrir la béance dans laquelle l’enfant peut constituer d’une certaine façon une première reconnaissance de l’objet, l’objet qui se trouve, malgré les apparences si l’on peut dire, décevoir. Alors pour expliquer comment peut naître en somme ce quelque chose à quoi se résume pour le psychanalyste moderne tout ce qui est du monde de la phantasy et de l’imagination, à savoir ce qui en anglais s’appelle le playing, il fait remarquer ceci : supposons que l’objet maternel arrive pour remplir juste à point nommé… à peine l’enfant a – t – il commencé à réagir pour avoir le sein, que la mère le lui apporte. Ici Monsieur WINNICOTT s’arrête à juste titre et pose le problème suivant : qu’est – ce qui permet dans ces conditions à l’enfant de distinguer l’hallucination, la satisfaction hallucinatoire de son désir, de la réalité ? En d’autres termes, avec ce point de départ nous aboutissons strictement à exprimer l’équation suivante : c’est qu’à l’origine, l’hallucination est absolument impossible à distinguer du désir complet. Est – ce qu’il ne vous semble pas que le paradoxe de cette confusion ne peut tout de même pas manquer d’être frappant ? Dans une perspective qui rigoureusement caractérise le processus primaire comme devant être naturellement satisfait d’une façon hallucinatoire, nous aboutissons à ceci : que plus la réalité est satisfaisante, si l’on peut dire, moins elle constitue une épreuve de la réalité, et que l’origine de la pensée d’omnipotence chez l’enfant est essentiellement fondée sur tout ce qui peut avoir réussi dans la réalité. Ceci peut se tenir d’une certaine manière, mais avouez que cela présente en soi – même quelque aspect paradoxal, et que la nécessité même d’avoir à recourir à quelque chose d’aussi paradoxal pour expliquer, en somme, un point pivot du développement du sujet est quelque chose qui prête à réflexion, voire à question. Je vais tout de suite à l’opposé de ce qui semble pouvoir être présenté en face de cette conception dont vous ne méconnaissez pas, je pense, que toute paradoxale déjà qu’elle soit… et franchement paradoxale… elle doit aussi avoir quelques conséquences. Elle a certainement toutes sortes de conséquences. Je vous les ai déjà signa-lées l’année dernière quand j’ai fait allusion à ce même article de Monsieur WINNICOTT, c’est à savoir qu’il n’y a pas d’autre effet, dans la suite de son anthropologie, que de lui faire classer dans le même ordre que les aspects fantasmatiques de la pensée, à peu près tout ce qu’on peut appeler spéculation libre. Je vous l’ai déjà dit l’année dernière : il y a là une assimilation complète de la vie fantasmatique avec tout ce qui est de l’ordre, pourtant extraordinairement élaboré spéculativement, à savoir de tout ce qu’on peut appeler les convictions, à peu près quelles qu’elles soient : politiques, religieuses ou autres. Ce qui est bien une sorte de point de vue que l’on voit s’insérer dans une sorte d’humour anglo – saxon, dans une certaine perspective de respect mutuel, de tolérance, et aussi de retrait. Il y a une série de choses dont on ne parle qu’entre guillemets ou dont on ne parle pas entre gens bien élevés, et ce sont pourtant des choses qui comptent quelque peu puisqu’elles font partie du discours intérieur, qu’on est loin de pouvoir réduire au […]. Mais laissons les aboutissements de la chose. Je veux simplement vous montrer ce qu’en face de cela une autre conception peut poser. D’abord, est – il si clair que l’on puisse purement et simplement appeler satisfaction ce qui se produit au niveau hallucinatoire, c’est – à – dire dans les différents registres où nous pouvons incarner en quelque sorte cette thèse fondamentale de la satisfaction hallucinatoire du besoin primordial du sujet au niveau du processus primaire ? Là – dessus, j’ai plusieurs fois introduit le problème. On dit : « Voyez le rêve », et on se rapporte toujours au rêve de l’enfant. C’est FREUD lui – même qui nous indique là – dessus la voie dans la perspective qu’il avait explorée, à savoir de nous indiquer le caractère fondamental du désir dans le rêve. Il a été amené à nous donner purement et simplement l’exemple du rêve de l’enfant comme type de la satisfaction hallucinatoire. De là, chacun sait que la porte est vite ouverte. Les psychiatres depuis longtemps avaient cherché à se faire une idée des rapports perturbés du sujet avec la réalité dans le désir. Par exemple en le rapportant à des structures analogues à celles du rêve. La perspective que nous introduisons ici ne nous permet pas d’apporter là une modification essentielle. Je crois qu’il est très important, au point où nous en sommes et en présence même des impasses et des difficultés que suscite cette conception d’une relation purement imaginaire du sujet avec le monde comme étant au principe même du développement de son rapport à la réalité, d’y opposer ceci, dont je vous montrais la place dans le petit schéma dont je ne cesserai pas de me servir et qui est celui – ci. Je le reprends dans sa forme la plus simple, dont je rappelle… dussé – je paraître le seriner un petit peu… ce dont il s’agit : c’est à savoir ici quelque chose qu’on peut appeler le besoin, mais que j’appelle d’ores et déjà le désir parce qu’il n’y a pas d’état originel, ni pur, du besoin et que dès l’origine, le besoin est motivé sur le plan du désir, c’est – à – dire de quelque chose qui chez l’homme est destiné à avoir un certain rapport avec le signifiant. Et que c’est dans la traversée par cette intention désirante [discours] de ce qui se pose pour le sujet comme la chaîne signifiante : soit que la chaîne signifiante ait déjà imposé ses nécessités dans sa subjectivité, soit que tout à l’origine il ne la rencontre que sous la forme de ceci : qu’elle est constituée d’ores et déjà chez la mère, qu’elle lui impose déjà chez la mère sa nécessité et sa barrière. Et vous savez qu’ici il la rencontre d’abord sous la forme de l’Autre, et qu’elle aboutit à cette barrière sous la forme du message où dans ce schéma, naturellement, il ne s’agit que d’en voir la projection, et où se situe sur ce schéma ce principe de plaisir. À savoir ce quelque chose qui, dans certains cas, sous certaines incidences, donne un trait primitif sous la forme du rêve disons le plus primitif, le plus confus même, celui que nous pouvons voir chez le chien : on voit qu’un chien de temps en temps, quand il est en sommeil, remue les pattes, il doit donc rêver et il a peut – être une satisfaction hallucinatoire de son désir. Comment pouvons – nous les concevoir ? De même, comment pouvons – nous les situer, et justement chez l’homme ? Je vous propose ceci : pour qu’au moins ça existe comme un terme de possibilité dans votre esprit et qu’à l’occasion vous vous rendiez compte que ça s’applique d’une façon plus satisfaisante.… ce qui est réponse hallucinatoire au besoin n’est pas le surgissement d’une réalité fantasmatique au bout du circuit inauguré par l’exigence du besoin : c’est l’apparition, au bout de cette exigence, de ce mouvement qui commence à être suscité dans le sujet vers quelque chose qui doit en effet désigner pour lui quelque linéament, c’est l’apparition au bout de cela de quelque chose qui bien entendu, n’est pas sans rapport avec ce besoin qu’il a : un rapport avec ce qu’on appelle l’objet mais qui fondamentalement dès je dirai l’origine, a ce caractère d’être quelque chose qui a un rapport tel avec cet objet que cela mérite d’être appelé un signifiant. Je veux dire quelque chose qui a essentiellement un rapport fondamental avec l’absence de cet objet, qui a déjà un caractère d’élément discret de signe.
Et FREUD lui–même ne peut pas faire autrement quand il articule ce mécanisme, cette naissance des structures inconscientes… consultez la lettre déjà citée par moi : la lettre 52 à Fliess, au moment où commence pour lui à se formuler un modèle de l’appareil psychique qui permette de rendre compte précisément du processus primaire …il faut qu’il admettre à l’origine que ce type d’inscription mnésique qui va répondre hallucinatoirement à la manifesta-tion du besoin n’est rien d’autre que ceci : un signe. C’est–à–dire quelque chose qui ne se caractérise pas seulement par un certain rapport avec l’image dans la théorie des instincts et de cette sorte de leurre qui peut suffire à éveiller le besoin et non pas à le remplir, mais quelque chose qui en tant qu’image, se situe déjà dans un certain rapport avec d’autres signifiants : avec le signifiant par exemple qui lui est directement opposé, qui signifie son absence, avec quelque chose qui est déjà organisé comme signifiant, déjà structuré dans ce rapport proprement fondamental qui est le rapport symbolique pour autant qu’il apparaît dans cette conjonction d’un jeu de la présence avec l’absence, de l’absence avec la présence, jeu lui–même lié ordinairement à une articulation vocale qui constitue déjà l’apparition d’éléments discrets de signifiants. En fait, ce que nous avons comme expérience, ce que même on produit au niveau des règles les plus simples de l’enfant, n’est pas une satisfaction. En quelque sorte, quand il s’agit de la faim toute simple, du besoin de la faim, c’est quelque chose qui se présente déjà avec un caractère d’excès, si je puis dire, d’exorbitant. C’est justement ce qu’on a déjà défendu à l’enfant, tel le rêve de la petite Anna FREUD : « cerises, fraises, framboises, flan… » Tout ce qui est déjà entré dans une caractéristique proprement signifiante puisque c’est déjà ce qui a été interdit… et non pas simplement ce qui répond à un besoin, au besoin de toute satisfaction de la faim …qui consiste à se présenter sous le mode de festin des choses qui passent les limites justement de ce qui est l’objet naturel de la satisfaction du besoin. Ce trait tout à fait essentiel se retrouve absolument à tous les niveaux, à quelque niveau que vous preniez ce qui se présente, comme satisfaction hallucinatoire. Et alors à l’inverse, que vous preniez les choses à l’autre bout… quand vous avez affaire à un délire où vous pouvez être tenté, faute de mieux, pendant un temps, avant FREUD, je dirai de chercher aussi quelque chose qui soit la correspondance d’une espèce de désir du sujet, vous y arrivez par quelques aperçus, quelques flash de biais, comme celui–là où quelque chose peut sembler représenter la satisfaction du désir. Mais n’est–il pas évident que le phénomène majeur le plus frappant, le plus massif, le plus envahissant de tous les phénomènes du délire ne soit pas n’importe quel phénomène, ne soit pas n’importe quelle chose qui se rapporte à une espèce de rêverie de satisfaction de désir ? C’est quelque chose d’aussi arrêté que l’hallucination verbale et avant toute autre chose… avant de savoir si cette hallucination verbale se passe à tel ou tel niveau, s’il y a là chez le sujet quelque chose comme une espèce de reflet interne sous forme d’hallucination psychomotrice qui est excessivement importante à constater, s’il y a projection ou autre …n’apparaît–il pas dès l’abord que dans la structuration de ce qui se présente comme hallucination, ce qui domine d’abord et ce qui même devrait servir de premier élément de classification : c’est sa structure dans le signifiant, c’est que ce sont des phénomènes structurés au niveau du signifiant, c’est que l’organisation même de ces hallucinations ne peut, même un instant, se penser sans voir que la première chose qu’il y a à apporter dans ce phénomène c’est que c’est un phénomène de signifiant. Voici donc une chose qui doit toujours nous rappeler que s’il est vrai qu’on puisse aborder sous cet angle la caractérisation de ce qu’on peut appeler le principe du plaisir, à savoir la satisfaction fondamentalement irréelle du désir, la différenciation, la caractéristique que la satisfaction hallucinatoire du désir existe, c’est qu’elle est absolument originelle, qu’elle se propose dans le domaine du signifiant et qu’elle implique comme tel un certain lieu de l’Autre… qui n’est d’ailleurs pas forcément un autre mais un certain lieu de l’Autre …pour autant qu’il est nécessité par la position de cette instance du signifiant. Vous remarquerez que dans une telle perspective, celle de ce petit schéma–ci : c’est donc là que nous voyons entrer en jeu dans cette espèce de partie externe en fin de compte du circuit qui est constitué par la partie de droite du schéma, à savoir, le besoin, qui ici est quelque chose qui se manifeste sous la forme d’une sorte de fin ou de queue de la chaîne signifiante, quelque chose qui bien entendu n’existe qu’à la limite, et où pourtant vous reconnaîtrez toujours, chaque fois que quelque chose parvient à ce niveau–là du schéma, la caractéristique du plaisir comme y étant attachée. Si c’est à un plaisir qu’aboutit le trait d’esprit, c’est très précisément pour autant que le trait d’esprit nécessite que quelque chose se réalise au niveau de l’Autre, qui a cette sorte de fin virtuelle vers une sorte d’au–delà du sens et qui pourtant est quelque chose qui en soi comporte une certaine satisfaction. Si donc c’est dans cette partie externe du circuit que le principe du plaisir trouve en quelque sorte à se schématiser, ici de même, c’est dans cette partie–là que le principe de réalité est. Il n’est pas concevable autrement, pour ce qui est du sujet humain pour autant que nous avons affaire à lui dans notre expérience. Il n’y a pas d’autre appréhension ni définition possible du principe de réalité pour le sujet humain : pour autant qu’il a à y entrer au niveau du processus secondaire, pour autant que le signifiant à l’origine de sa chaîne entre effectivement en jeu dans le réel humain comme une réalité originale. Il y a du langage, ça parle dans le monde, et à cause de cela il y a toute une série de choses, d’objets qui sont signifiés, qui ne le seraient absolument pas autrement, je veux dire s’il n’y avait pas en jeu, s’il n’y avait pas dans le monde, du signifiant. Et l’introduction du sujet à quelque réalité que ce soit n’est absolument pas pensable par une pure et simple expérience de quoi que ce soit dont il s’agisse : d’une frustration, d’une discordance, d’un heurt, d’une brûlure, de tout ce que vous voudrez. Il n’y a pas épellement pas à pas d’un Umwelt par l’homme, qui serait ainsi exploré d’une façon aussi immédiate et si l’on peut dire, tâtonnante, à ceci près que pour l’animal l’instinct vient à son secours, Dieu merci ! Parce que s’il fallait que l’animal reconstruise le monde, il n’aurait pas assez de toute sa vie pour le faire. Alors pourquoi vouloir que l’homme, qui lui a des instincts fort peu adaptés, fasse cette expérience du monde, en quelque sorte avec ses mains ? Le fait qu’il y ait du signifiant est absolument essentiel, et le principal truchement de son expérience de la réalité devient même presque réduit à une banalité, à une niaiserie que de le dire à ce niveau. Il intervient quand même par la voix. C’est bien manifeste naturellement de l’enseignement qu’il reçoit, de ce que lui apprend la parole de l’adulte, mais la marge importante que FREUD conquiert sur cet élément d’expérience est ceci : c’est que d’ores et déjà, avant même que l’apprentissage du langage soit élaboré sur le plan moteur, sur le plan auditif et sur le plan qu’il comprenne ce qu’on lui raconte, il y a déjà… dès l’origine, dès ses premiers rapports avec l’objet, dès son premier rapport avec l’objet maternel pour autant qu’il est cet objet primordial, primitif, celui dont dépend sa première survivance, subsistance dans le monde …cet objet déjà est introduit comme tel au processus de symbolisation, joue déjà un rôle qui introduit dans le monde l’existence du signifiant, ceci à un stade ultra précoce. Dites–vous le bien : dès que l’enfant commence simplement à pouvoir opposer deux phonèmes, ce sont déjà deux vocables, et avec deux, celui qui les prononce et celui auquel ils sont adressés… c’est–à–dire l’objet, c’est–à–dire sa mère …il y a déjà assez des quatre éléments pour contenir virtuellement en soi, toute la combinatoire d’où va surgir l’organisation du signifiant . Je vais maintenant passer à un nouveau et autre petit schéma, qui d’ailleurs a déjà été ici ébauché et qui va vous montrer quelles vont en être les conséquences, en même temps que vous vous rappellerez ce que, dans la dernière leçon, j’ai essayé de vous faire sentir. Nous avons dit que primordialement nous avions le rapport de l’enfant avec la mère, et il est vrai que c’est dans cet axe [I → M] que se constitue le premier rapport de réalité, je veux dire cette réalité est indéductible, et dans l’expérience ne peut être que reconstruite à l’aide de perpétuels tours de passe–passe, si on fait dépendre sa constitution uniquement des rapports du désir de l’enfant avec l’objet en tant qu’il satisfait ou ne satisfait pas son désir. Si on peut, à la grande limite, trouver quelque chose qui réponde à cela dans un certain nombre de cas de psychoses précoces, c’est toujours en fin de compte, à la phase dite dépressive du développement de l’enfant qu’on se reporte chaque fois que l’on fait intervenir cette dialectique. Il s’agit en réalité… pour autant que cette dialectique comporte un développement ultérieur infiniment plus complexe …de quelque chose de tout différent, à savoir que le rapport n’est pas simplement à l’origine : du désir de l’enfant à l’objet qui le satisfait ou qui ne le satisfait pas, mais… grâce à quelque chose qui est un minimum d’épaisseur, d’irréalité, que donne la première symbolisation …un repérage, si vous voulez déjà triangulaire de l’enfant : non pas par rapport à ce qui va apporter satisfaction à son besoin, mais par rapport au désir du sujet maternel qu’il a en face de lui. C’est ceci, et uniquement pour autant que quelque chose est déjà inauguré dans cette dimension ici représentée selon l’axe qu’on appelle « l’axe des ordonnées » en analyse mathématique : nous avons la dimension du symbole. Et à cause de ceci peut se concevoir que l’enfant, dans toute la mesure où il a à se repérer à l’endroit de ces deux pôles… et c’est d’ailleurs bien autour de cela que tâtonne Madame Mélanie KLEIN, sans pouvoir en donner la formule : c’est que c’est en effet autour d’un double pôle de la mère, elle l’appelle la bonne et la mauvaise mère …que l’enfant commence à prendre sa position. Ce n’est pas l’objet qu’il situe, c’est lui d’abord qu’il situe, et alors il va se situer en toutes sortes de points qui sont par là pour essayer de rejoindre ce qui est objet du désir de la mère, pour essayer, lui, de répondre au désir de la mère. C’est cela l’élément essentiel, et ceci pourrait durer extrêmement longtemps. Il n’y a, à la vérité, à partir de ce moment–là, aucune espèce de dialectique possible. C’est ici qu’il nous faut nécessairement faire intervenir qu’il est tout à fait impossible de considérer le rapport de l’enfant à la mère, d’abord parce qu’il est impossible de le penser et de n’en rien déduire. Mais il est également impossible, d’après l’expérience, de concevoir que l’enfant est dans ce monde ambigu que nous présentent les analystes kleiniens par exemple, dans lequel il n’y a de réalité que celle de la mère, et qui leur permet de dire que le monde primitif de l’enfant est à la fois suspendu à cet objet et entièrement auto–érotique, pour autant que l’enfant ne veut faire aucune différence là, entre un intérieur et un extérieur pour un objet auquel il est si étroitement lié qu’il forme littéralement avec lui un cercle fermé. En fait, chacun sait… il n’y a qu’à voir vivre un petit enfant …que le petit enfant n’est pas auto–érotique du tout, à savoir qu’il s’intéresse normalement, comme tout petit animal… et un petit animal somme toute plus spécialement intelligent que les autres …qu’il s’intéresse à toutes sortes d’autres choses dans la réalité. Évidemment, pas à n’importe lesquelles, mais il y en a une quand même à laquelle nous attachons une certaine importance et qui… puisque ici l’axe des abscisses c’est l’axe de la réalité …se présente tout à fait à la limite de cette réalité. Ce n’est pas un fantasme, c’est une perception. Je laisse de côté ceci, qui est énorme dans la théorie kleinienne… Je veux dire que chez elle… car c’est une femme de génie …on peut tout lui passer, mais chez les élèves, tout particulièrement informés en matière de psychologie, chez quelqu’un comme Suzanne ISAACS, qui était une psychologue, c’est impardonnable : à la suite de Mme Mélanie Klein, elle n’en est pas moins arrivée à articuler une théorie de la perception telle qu’il n’y a aucun moyen de distinguer la perception d’une introjection au sens analytique du terme ! Je ne peux pas au passage vous signaler toutes les impasses du système kleinien, j’essaye de vous donner un modèle qui vous permette d’articuler plus clairement ce qui se passe. Que se passe–t–il au niveau du stade du miroir ? C’est que le stade du miroir, à savoir la rencontre du sujet avec quelque chose qui est proprement une réalité et en même temps qui ne l’est pas, à savoir une image virtuelle jouant un rôle tout à fait décisif dans une certaine cristallisation du sujet que j’appelle Urbild, et qui se produit… je le mets en parallèle avec le rapport qui se produit entre l’enfant et la mère. En gros, c’est bien de cela qu’il s’agit : l’enfant conquiert là le point d’appui de cette chose à la limite de la réalité qui se présente, si l’on peut dire, pour lui d’une façon perceptive. Ce qui peut d’autre part s’appeler une image, au sens que ce mot a… pour autant que l’image a cette propriété dans la réalité …d’être ce signal captivant qui s’isole dans la réalité, qui attire de la part du sujet cette capture d’une certaine libido, d’un certain instinct, grâce à quoi il y a en effet un certain nombre de repères, de points perceptibles dans le monde, autour de quoi l’être vivant organise à peu près ses conduites. Pour l’être humain, il semble bien en fin de compte que ce soit là le seul repère qui subsiste. Il joue là son rôle, et il joue son rôle pour autant que justement il est à proprement parler leurrant et illusoire. C’est en cela qu’il vient au secours d’une activité qui, d’ores et déjà, est pour le sujet… en tant qu’il a à satisfaire le désir de l’autre …une activité qui déjà se propose dans la visée d’illusionner lui–même le désir de l’autre. L’enfant, pour autant que maintenant il va se constituer[…] Comme toute l’activité jubilatoire de l’enfant devant son miroir est à la fois à ce moment-là de se conquérir comme quelque chose qui à la fois existe et n’existe pas et par rapport à quoi il repère à la fois ses propres mouvements et aussi l’image de ceux qui l’accompagnent devant ce miroir, c’est autour de cette possibilité qui lui est ouverte… par une certaine expérience privilégiée dans la réalité qui a justement ce privilège d’une réalité virtuelle, irréalisée et saisie comme telle …que l’enfant va pouvoir conquérir ce quelque chose autour de quoi va littéralement se construire toute possibilité de réalité humaine. Ce n’est pas encore que le phallus… pour autant qu’il est cet objet imaginaire auquel l’enfant a à s’identifier pour satisfaire au désir de la mère …puisse d’ores et déjà se situer à sa place, mais la possibilité d’une telle situation est grandement enrichie par cette cris-tallisation du moi dans un certain repérage, lui, qui ouvre toute la possibilité de l’imaginaire. Et à quoi, en somme, assistons–nous ? Nous assistons à quelque chose qui est un double mouvement par quoi l’expérience de la réalité a introduit : sous la forme de l’image du corps [ i ], un élément illusoire et leurrant comme fondement essentiel du repérage du sujet par rapport à la réalité. Et dans toute cette mesure… dans la mesure de cet espace, de cette marge qui est offerte à l’enfant par cette expérience …la possibilité… dans une direction contraire …pour ses premières identifications du moi d’entrer dans un autre champ qui est défini comme homologue et inverse de celui qui est constitué par le triangle m i M : qui est celui–ci, celui entre m i E qui est le sujet en tant qu’il a à s’identifier, à se définir, à se conquérir, à se subjectiver : et aussi le pôle de la mère M E m : Et qu’est–ce que ce triangle–là ?
Et qu’est–ce que ce champ ? Et comment ce trajet qui, à partir de l’Urbild du moi, va permettre à l’enfant de se conquérir, de s’identifier, de progresser, comment pouvons–nous le définir ? En quoi est–il constitué ? Il est à proprement parler constitué en ceci, que cet Urbild du moi, cette première conquête ou maîtrise du soi que l’enfant fait dans son expérience à partir du moment où il a dédoublé le pôle réel par rapport auquel il a à se situer, le fait entrer dans ce trapèze E m i M : en tant qu’il s’identifie à des éléments multipliés de signifiants dans la réalité, je veux dire : où par toutes ces identification successives il est lui–même, il prend lui–même la fonction, le rôle d’une série de signifiants, entendez de hiéro-glyphes, de types, de formes et de présentations qui vont ponctuer sa réalité d’un certain nombre de repères qui en font d’ores et déjà une réalité truffée de signifiants. En d’autres termes, ce qui va constituer ici la limite, c’est cette formation qui s’appelle idéal du moi… vous allez voir pourquoi il est important que je vous la situe comme cela …c’est–à–dire ce à quoi le sujet s’identifie en allant dans la direction du symbolique, en partant du repérage imaginaire et en quelque sorte lui, préformé instinctuellement de lui–même à son propre corps, et pour autant que lui va s’engager dans une série d’identifications signifiantes dans la direction définie comme telle, comme opposée à l’imaginaire, à savoir comme utilisant l’imaginaire comme signifiant. Et l’identification qui s’appelle idéal du moi se fait au niveau paternel. Pourquoi ? Précisément en ceci qu’au niveau paternel le détachement est plus grand par rapport à la relation imaginaire qu’au niveau de la relation à la mère. Cette petite édification de schémas les uns sur les autres, ces petits danseurs se chevauchant, les jambes de l’un sur les épaules de l’autre, c’est bien de cela qu’il s’agit : c’est pour autant que le troisième de ce petit échafaudage, à savoir le père pour autant qu’il intervient pour interdire, c’est–à–dire pour faire passer ce qui est justement l’objet du désir de la mère au rang proprement symbolique, à savoir que c’est non seulement un objet imaginaire, mais qu’il est en plus détruit, interdit. C’est pour autant qu’il intervient comme personnage réel, comme « je » pour jouer cette fonction, que ce « je » va devenir quelque chose d’éminemment signifiant et permettre d’être le noyau de l’identification en fin de compte dernière, suprême résultat du complexe d’Œdipe qui fait que c’est au père que se rapporte la formation dite idéal du moi. Et ces oppositions de l’idéal du moi par rapport à l’objet du désir de la mère sont exprimées sur ce schéma en ceci : que si l’identification virtuelle et idéale du sujet au phallus, en tant qu’il est l’objet du désir de la mère, se situe là au sommet du premier triangle de la relation avec la mère, il s’y situe virtuellement : à la fois toujours possible et toujours menacé. Si menacé qu’effectivement il faut qu’il soit détruit à un moment donné par l’intervention du principe symbolique pur, représenté par le Nom du Père qui est là à l’état de présence voilée, mais une présence qui se dévoile… se dévoile non pas progressivement …se dévoile par une intervention d’abord décisive en tant qu’il est l’élément interdicteur et que justement cette espèce de recherche tâtonnante du sujet qui devrait aboutir… et qui aboutit dans certains cas …à cette relation exclusive du sujet avec la mère, non pas à une pure et simple dépendance, mais à ce quelque chose qui se manifeste dans toutes sortes de perversions par une certaine relation essentielle au phallus, soit que le sujet l’assume sous diverses formes : soit qu’il en fasse son fétiche, soit que nous soyons là au niveau de ce que l’on peut appeler la racine primitive de la relation perverse à la mère. C’est pour autant que dans cette identification à partir du moi le sujet… qui peut dans une certaine phase faire en effet un mouvement d’approchement, d’identification de son moi avec le phallus …essentiellement est porté dans l’autre direction, c’est–à–dire constitue un certain rapport qui lui, est marqué par les points termes qui sont là exprimés dans un certain rapport avec l’image du corps propre, c’est–à–dire à l’imaginaire pur et simple, à savoir la mère. D’autre part, comme terme réel, son moi en tant qu’il est susceptible… non pas simplement de se reconnaître, mais s’étant reconnu …de se faire lui–même élément signifiant et non plus simplement élément imaginaire dans son rapport avec la mère [ alors ] peuvent se produire ces successives identifications dont FREUD dans sa théorie du moi nous articule de la façon la plus ferme. C’est là l’objet de sa théorie du moi, C’est de nous montrer que le moi est fait d’une série d’identifications – reportez–vous au schéma – d’une série d’identifications à un objet qui est au–delà de l’objet immédiat, qui est le père en tant qu’il est au–delà de la mère. Ce schéma est essentiel à conserver parce qu’aussi il vous démontre que pour que ceci se produise correctement, complètement, et dans la bonne direction, il doit y avoir un certain rapport entre sa direction, sa rectitude, ses accidents, et le développement alors toujours croissant de la présence du père dans la dialectique du rapport de l’enfant avec la mère. Ce schéma, avec son double mouvement de bascule, à savoir que la réalité est conquise par le sujet humain pour autant qu’elle arrive à une certaine de ces limites sous la forme virtuelle de l’image du corps, et que d’une façon correspondante, c’est pour autant que le sujet introduit dans son champ d’expérience les éléments irréels du signifiant, qu’il arrive à élargir à la mesure où il l’est pour le sujet humain, le champ de cette expérience. Ceci est d’une utilisation constante et sans vous y référer vous vous trouverez perpétuellement glisser dans une série de confusions qui consistent à prendre littéralement des vessies pour des lanternes et une idéalisation pour une identification, une illusion pour une image, toutes sortes de choses qui sont loin d’être équivalentes et auxquelles nous aurons à revenir par la suite, et en nous référant à ce schéma. Il est bien clair par exemple que la conception que nous pouvons nous faire du phénomène du délire est quelque chose qui devrait facilement s’indiquer par la structure mise, promue, manifestée dans ce schéma, pour autant que nous voyons toujours dans le délire quelque chose qui assurément mérite le terme de régressif, mais non pas à la façon d’une espèce de reproduction d’un état antérieur, ce qui serait vraiment tout à fait abusif. Confondre avec ce phénomène la notion que l’enfant vit dans un monde de délire par exemple… qui semble être impliqué par la conception kleinienne. …est l’une des choses les plus difficilement admissibles qui soient, pour la bonne raison que cette phase psychotique, si elle est nécessitée par les prémisses de l’articulation kleinienne, nous n’avons aucune espèce d’expérience chez l’enfant de quoi que ce soit qui représente un état psychotique transitoire. Par contre, on conçoit fort bien sur le plan d’une régression, qui est structurale et non pas génétique, que le schéma permet d’illustrer… précisément par un mouvement inverse à celui qui est décrit ici par les deux flèches …l’invasion dans le monde des objets, de l’image du corps qui est si manifeste… je parle des délires du type schréberien …et inversement ici, ce quelque chose qui rassemble autour du moi tous les phénomènes du signifiant, au point que le sujet n’est plus en quelque sorte supporté en tant que moi que par cette trame continue d’hallucinations verbales signifiantes qui constitue à ce moment-là une sorte de repli vers une position initiale de la genèse de son monde, de la réalité. Voyons en somme quelle a été aujourd’hui notre visée. Notre visée est de situer définitivement le sens de la question que nous posons à propos de l’objet. La question de l’objet, pour nous analystes, est fondamentalement celle–ci : … parce que nous en avons constamment l’expérience, nous n’avons que cela à faire, de nous en occuper …quelle est la source et la genèse de l’objet illusoire ? Il s’agit de savoir si nous pouvons nous faire une conception suffisante de cet objet en tant qu’illusoire, simplement en nous référant aux catégories de l’imaginaire. Je vous réponds non, cela est impossible. Parce que l’objet illusoire… et ceci parce qu’on le connaît depuis excessivement longtemps depuis qu’il y a des gens qui pensent et des philosophes qui essayent d’exprimer ce qui est de l’expérience de tout le monde …chacun sait que l’objet illusoire, il y a longtemps qu’on en parlait, c’est le voile de Maya. C’est ce pourquoi il apparaît qu’un besoin tel que celui qui s’appelle le besoin sexuel manifestement réalise des buts qui sont au–delà, si l’on peut dire, de quoi que ce soit qui soit à l’intérieur du sujet. On n’a pas attendu FREUD : déjà Monsieur SCHOPENHAUER et bien d’autres avant lui y ont vu cette ruse de la nature qui fait que le sujet croit embrasser telle femme et qu’il est purement et simplement soumis aux nécessités de l’espèce. Ce côté du caractère fondamentalement imaginaire de l’objet, tout spécialement en tant qu’il est objet du besoin sexuel, était reconnu depuis longtemps et ne nous a pas fait faire un pas dans la direction de ce problème, qui est pourtant le problème essentiel. Pourquoi ce même besoin… qui serait soi–disant fait de ce qui, grossièrement, apparemment paraît bien être dans la nature réalisé par le caractère de leurre du fait que le sujet n’est sensible qu’à l’image de la femelle de son espèce – ceci en gros …pourquoi cela ne nous fait pas faire un pas dans le sens que pour l’homme, un petit soulier de femme peut très précisément être ce qui provoque chez lui ce surgissement d’énergie soi–disant destinée à la reproduction de l’espèce ? Le problème est là. Le problème est là, et le problème n’est soluble que pour autant que vous vous apercevez que l’objet dont il s’agit, en tant qu’il est objet illusoire, ne joue sa fonction chez le sujet humain, non pas en tant qu’image…si leurrante, si bien organisée naturellement comme leurre que vous le supposiez …mais en tant qu’élément signifiant dans une chaîne signifiante. J’y reviendrai. Nous sommes au bout aujourd’hui d’une leçon peut–être tout spécialement abstraite. Je vous en demande bien pardon, mais si nous ne posons pas ces termes, nous ne pourrons jamais arriver à comprendre : ce qui est ici et ce qui est là, ce que je dis et ce que je ne dis pas, ce que je dis pour contredire d’autres et ce que d’autres disent tout innocemment sans s’apercevoir de leurs contradictions. Il faut bien en passer par là, par la fonction que joue tel ou tel objet, fétiche ou pas, mais même simplement toute instrumentation d’une perversion. Il faut vraiment avoir la tête je ne sais où pour se contenter de termes comme masochisme ou sadisme par exemple, ce qui fournit naturellement toutes sortes de considérations admirables sur les étapes, les instincts, sur le fait qu’il y a je ne sais quel besoin moteur agressif nécessité par le fait de pouvoir arriver simplement au but de l’étreinte génitale. Mais enfin, pourquoi est–ce que dans ce sadisme et dans ce masochisme le fait d’être battu… il y a d’autres moyens d’exercer le sadisme et le masochisme …le fait d’être battu très précisément avec une badine, ou quoi que ce soit d’analogue, joue un rôle essentiel ? Et minimiser l’importance dans la sexualité humaine de cet instrument-là spécialement, qu’on appelle couramment le fouet, d’une façon plus ou moins élidée, symbolique, généralisée, c’est quand même quelque chose qui mérite quelque considération. Monsieur Aldous HUXLEY nous dépeint le monde futur où tout sera si bien organisé quant à l’instinct de reproduction [ 1984 ] qu’on mettra purement et simplement les petits fœtus en bouteille après avoir choisi ceux qui seront destinés à leur avoir fourni les meilleurs germes. Tout va très bien, et le monde devient quelque chose de si particulièrement satisfaisant que Monsieur Aldous HUXLEY, en raison de ses préférences personnelles, le déclare fondamentalement ennuyeux. Nous ne prenons pas parti, mais ce qui est intéressant, c’est qu’un auteur qui se livre à ces sortes d’anticipations, auxquelles nous n’attachons aucune espèce d’importance quant à nous, fait renaître le monde que lui connaît, et nous aussi, par l’intermédiaire d’une fille qui manifeste son besoin d’être fouettée. Il lui semble sans aucun doute qu’il y a là quelque chose qui est étroitement lié au caractère d’humanité du monde. C’est simplement ce que je veux vous signaler. Je veux vous signaler que ce qui est accessible à un romancier… et à quelqu’un qui sans aucun doute a l’expérience de la vie sexuelle …est tout de même aussi quelque chose qui pour nous, analystes, devrait nous arrêter : à savoir que si tout le tournant par exemple de l’histoire de la perversion dans l’analyse… à savoir le moment où on est sorti de la notion que la perversion est purement et simplement la pulsion qui émerge, c’est–à–dire le contraire de la névrose …on a attendu le signal du chef d’orchestre, c’est–à–dire le moment où FREUD a écrit On bat un enfant. Et que c’est autour de cette étude absolument d’une sublimité totale… parce qu’évidemment tout ce qui a été dit après n’est que la petite monnaie de ce qu’il y a là–dedans …c’est autour de l’analyse de ce fantasme de fouet que FREUD a véritablement à ce moment–là fait entrer la perversion dans sa véritable dialectique analytique : là où elle apparaît être, non pas la manifestation d’une pulsion pure et simple, mais être attachée à un contexte dialectique aussi subtil, aussi composé, aussi riche en compromis, aussi ambigu qu’une névrose. C’est à partir précisément de quelque chose qui va, non pas classer la perversion dans une catégorie de l’instinct de nos tendances, mais dans quelque chose qui l’articule précisément dans son détail, dans son matériel et – disons le mot – dans son signifiant. Chaque fois d’ailleurs que vous avez affaire à une perversion, il y a quelque chose qui correspond à une sorte de méconnaissance de ce que vous avez devant vous si vous ne voyez pas combien la perversion est attachée d’une façon fondamentale à une espèce de trame d’affabulation qui d’ailleurs est essentiellement susceptible de se transformer, de se modifier, de se développer, de s’enrichir. C’est même toute l’histoire de la perversion. Le fait que la perversion, d’autre part, se lie, dans certains cas de la façon la plus étroite… je veux dire cliniquement, dans l’expérience …à l’apparition, à la disparition, à tout le mouvement compensatoire d’une phobie qui, elle, montre évidemment le terme de l’endroit et de l’envers, mais dans un bien autre sens, au sens où deux systèmes articulés se composent et se compensent, et alternent l’un avec l’autre. C’est aussi quelque chose qui est bien fait pour nous faire articuler la pulsion dans un tout autre domaine que celui pur et simple de la tendance. C’est là–dessus, c’est sur l’accent de signifiant auquel répondent les éléments, le matériel de la perversion elle–même, que j’attire votre attention en particulier, puisqu’il s’agit pour l’instant de signifier ce dont il s’agit quant à l’objet. Qu’est–ce que veut dire tout ceci ? C’est que nous avons un objet, objet primordial qui reste sans aucun doute dominer la suite de la vie du sujet. Nous avons aussi, sans aucun doute et certainement, certains éléments imaginaires qui jouent le rôle cristallisant, et particulièrement tout ce qui comporte le matériel de l’appareil corporel : les membres et la référence du sujet à la domination de ses membres, l’image totale. Mais le fait que l’objet est pris dans une fonction qui est celle du signifiant et qui fait que, dans ce rapport constitué par l’existence d’une chaîne signifiante telle que nous la symbolisons par une série de S, S’, S”… et qu’il y ait en dessous cette série de significations qui fait que, de même que la chaîne supérieure progresse dans un certain sens, le quelque chose qui dans les significations – ou en dessous – progresse en sens contraire, c’est une signification qui toujours glisse, file et se dérobe, qui fait qu’en fin de compte le rapport foncier de l’homme à toute signification, du fait de l’existence du signifiant, est un objet d’un type spécial. Cet objet, je l’appelle objet métonymique. Je vous dis que son principe en tant que le sujet a un rapport avec lui, c’est pour autant que le sujet, lui, s’identifie imaginairement d’une façon tout à fait radicale, non pas à telle ou telle de ses fonctions d’objet qui répondrait à telle ou telle tendance partielle, comme on dit, mais qu’il y a quelque chose qui nécessite qu’il y ait là, quelque part, un pôle. À savoir dans l’imaginaire quelque chose qui représente ce qui toujours se dérobe, à savoir ce qui s’induit d’un certain courant de fuite de l’objet dans l’imaginaire, du fait de l’existence du signifiant. Cet objet–là, il a un nom, il est pivot, il est central dans toute la dialectique des perversions, des névroses et même purement et simplement de tout développement subjectif. Il s’appelle le phallus, et c’est cela que j’aurai à vous illustrer la prochaine fois.
hi man,how are you?
Today a reader,tomorrow a leader!
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So you are a man or woman?
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