samedi, juillet 27, 2024
Recherches Lacan

LXIII L'OBJET DE LA PSYCHANALYSE 1965 – 1966 Leçon du 8 juin 1966

Leçon du 8 juin 1966

 

[Ce schéma] prenez-le, à la valeur de ces espèces de bouchon de liège flottant sur une eau plus ou moins calme qui peuvent vous servir à repérer où vous avez laissé traîner un filet. Aussi bien ni ce schéma de droite, ni ces mots bizarres, mais dont j’espère que déjà vous dit quelque chose la résonance, n’ont bien sûr une valeur opératoire stricte; ce sont des repères, des flotteurs concernant ce que j’ai à vous dire aujourd’hui et où bien sûr j’essaierai de mettre les choses au point d’arrêt que comporte le fait que ceci est, pour cette année, mon dernier séminaire ouvert.

Pour conserver la note de gravité que certains ont eu le bon esprit de perce­voir dans certaines des choses que je disais la dernière fois, je vais repartir d’un point analogue qui est, qui m’a été fourni par un entretien que j’ai eu cette semaine avec un de mes amis mathématicien. «Dans la mathématique… me disait cet excellent ami, dont je n’omet le nom que parce qu’après tout je ne sais pas si je suis en droit de publier ces sortes d’ouvertures du cœur, elles ne sont pas communes chez les mathématiciens, ce sont des gens qui dans l’ensemble manquent un peu d’élan de ce côté-là; il n’en est pas de même chez ce person­nage distingué qui me disait : dans la mathématique… » – En somme, et peut-être après tout cet aveu lui était-il arraché par une certaine façon que j’avais de le harceler, d’essayer de lui tirer du nez le maximum de ce que je peux pour ces sortes de vermicules que je viens ensuite faire se tortiller devant vous sous la forme de ma topologie – « Dans la mathématique, remarquait-il, on ne dit pas de quoi on parle, – tout est dans ce “on ne dit”, – on le parle tout simplement; d’où un certain air, disait-il textuellement, de faire semblant ». Et c’est ce qu’il appelait d’un ton, comme ça, avec un grain qui n’est pas usuel dans ces sortes de dialogue, c’est ce qu’il appelait: « ce je ne sais quel air d’hypocrisie qu’il y a dans le discours mathématique ». je n’oserais, moi-même, avancer une chose semblable, si je ne le recueillais de la bouche d’un mathématicien lui-même, qui, il faut le dire est quelqu’un qui, à cet endroit, ne manque pas d’exigence. C’est comme si celui qui énonçait à un certain niveau de reprise ce discours mathé­matique, se trouvait toujours en posture de cacher quelque chose; mais là, mon mathématicien ne se trouve pas sans biais [biaiser?] car qu’il soit sur une atten­te de cette confidence qui tient aussi, peut-être – n’omettons rien d’aucune des faces de la situation, – au filet qu’il tend vers moi, à savoir ce que lui aussi de son côté désire extraire de ce bain dont je suis censé être le détenteur; il revient quand même sur ses pieds, sur sa position et ajoute qu’après tout ce qu’il cache, lui mathématicien, c’est strictement ce qu’il doit cacher. L’astuce du discours rationnel c’est d’arriver à le laisser caché : ce qu’on ne dit pas concernant exac­tement la matière, le sujet de la mathématique; ce dont on parle, en tout cas on le parle tout simplement.

Une petite parenthèse : il en résulte que les plus épais et seulement eux, seu­lement eux sachez-le bien, ils croient que la mathématique, elle parle de choses qui n’existent pas. Et si j’annonce que je fais un petit dessin, un petit crayon­nage en marge, c’est un plaisir comme ça que je vous donne en passant, mais ça n’est pas du tout l’axe de ce que je vais continuer à vous dire. Seulement je vais vous faire remarquer par exemple, que si vous ouvrez le livre de Musil, là dont on vient de faire un très joli film encore qu’un peu raté, les désarrois de l’élève Toerless, vous vous apercevrez que quand le lycéen est un peu fin, il peut y avoir les plus grands rapports entre le jour où son maître d’école patauge lamentablement pour lui rendre compte de ce qu’il en est des nombres imagi­naires et le fait qu’il se rue comme par hasard vers ce moment-là dans une configuration proprement perverse de ses rapports avec ses petits camarades. Tout ceci n’est qu’une annotation marginale. je voudrais reprendre et dire à la fois la différence et la parenté de la position du psychanalyste par rapport à celle du mathématicien. En fin de compte, et nous le verrons d’une façon pré­cise, à un certain niveau, lui non plus ne dit pas de quoi il parle. Seulement, c’est pour des raisons un peu différentes de celles du mathématicien. Vraiment comme tout le monde le sait, s’il ne dit pas de quoi il parle, ce n’est pas sim­plement parce qu’il n’en sait rien, c’est parce qu’il ne peut pas le savoir. C’est proprement ce que veut dire, qu’il y a de l’inconscient, de l’inconscient irré­ductible et de l’Urverdrängung. Mais peut-on dire que, à la façon dont le fait le mathématicien, il le parle tout simplement ? Il est bien évident qu’il n’est pas du tout dans la même position. D’une certaine façon, quelqu’un le parle, ce dont il s’agit, seulement c’est celui à qui il donne la parole, à savoir le patient. Il s’agit de savoir où il est, car il n’est pas pour rien dans cette position où il est, en tant qu’il fait que le patient parle. Car quand le patient parle, il parle à sa façon concernant ce dont il y aurait à dire, ce dont il parle et qui ne peut pas être dit.

La chose curieuse, c’est qu’il faut bien que les psychanalystes aussi parlent et qu’il en résulte non pas qu’ils parlent, comme le fait le mathématicien, tout sim­plement, ce dont il ne dit pas qu’il parle mais qu’il en parle à côté. Il y a un petit syndrome que les psychiatres ont trouvé depuis très longtemps, qui s’appelle le syndrome de Ganser, ce parler à côté qui caractérise le discours de la commu­nauté analytique. Peut-être que ce syndrome de Ganser va nous permettre d’éclairer un curieux jour latéral ou ambiant, ce qui s’appelle précisément la réponse à côté.

Bref le psychanalyste est amené à avoir cette sorte de discours qui retombe sur cette nécessité fondamentale, bien sûr, du discours, à savoir qu’il ait cours et vraiment pour entrer plus loin dans ce sujet, c’est aux métaphores de l’usage de la monnaie, non pas même la métaphorique, qu’il me faudrait dire, à savoir de la différence entre un certain discours qui a un cours forcé à l’intérieur de ce cercle et d’autre part de la façon dont il a en somme à se faire valoir sur le mar­ché d’échange des cercles externes. C’est quelque chose que j’ai essayé d’abor­der quand j’ai écrit un article que je me suis trouvé relire pour des raisons non tout à fait contingentes, puisqu’il s’agit de le faire reparaître avec tout un recueil, article sur les variantes de la technique, auquel vous pourrez vous reporter.

La question est tout de même celle-ci, pratique pour vous analystes, elle se formule d’une façon très gentille, très naïve : Est-ce qu’il est vraiment nécessai­re d’apprendre la topologie pour être psychanalyste ? Car en fin de compte, et ce n’est pas avec des bébés que ces dialogues s’échangent, c’est à cette sorte de question qu’une certaine impasse aboutit, quoique je suis amené à trancher parmi des notes beaucoup plus nuancées que j’avais jetées sur ce thème, mais il faut bien fendre la vague et j’ai d’autres choses importantes à vous dire aujour­d’hui pour la fendre et répondre à cette question. Quiconque la pose est déjà en mesure que je lui donne cette réponse. La topologie ce n’est pas quelque chose qu’il doit apprendre en plus, comme si la formation du psychanalyste consistait à savoir de quel pot de couleur on allait se peindre; il n’y a pas à se poser la ques­tion de savoir s’il doit ou non apprendre quelque chose concernant la topologie dont l’étiquette abrégée et, je dirais, imprécise dans laquelle je désigne le peu que j’en apporte ici, c’est que la topologie, c’est l’étoffe même dans laquelle il taille, qu’il le sache ou qu’il ne le sache pas, peu importe qu’il ouvre ou non un bou­quin de topologie. Du moment qu’il fait de la psychanalyse, c’est l’étoffe dans laquelle il taille, dans laquelle il taille le sujet de l’opération psychanalytique patron, robe, modèle. Ce qui peut être en cause dans ce qu’il a à découdre et à recoudre, si sa topologie est faite en se trompant, c’est au dépend de son patient.

Ce n’est pas d’hier, bien sûr, que j’ai essayé de former cette construction, ces réseaux, ces écriteaux indicateurs, ces réseaux orientés qui s’appellent successi­vement « schéma L » ou « schéma R », graphe ou… depuis quelques années l’usage des surfaces de l’analysis situs. Après tout ceux qui ont pu me voir tra­vailler, apporter ces choses, savent que je les ai construites, certes contre vents et marées mais pas uniquement par désir de déplaire à mon auditoire ancien et actuel, mais parce que je n’avais qu’à le suivre, ce plan à développer, dans le dis­cours même de mes patients ou de chacun de ceux tout au moins que je peux contrôler, qui viennent à ma portée pour faire ce qu’on appelle en psychanaly­se un contrôle, m’apportent toute crues, toute vives ces formules mêmes qui sont à l’occasion les miennes; les malades les disent strictement, rigoureuse­ment, exactement comme elles sont dites ici. Cette topologie, si je n’en avais pas eu quelque chose déjà comme un petit vent, mais les malades me l’aurait fait réinventer.

La question est donc claire, legs qu’on peut prendre de telle ou telle référen­ce à ce quelque chose dont le mathématicien ne dit pas ce que c’est, mais qu’il parle. Eh bien! il y a toutes les chances que ça nous déblaie un peu le chemin, que ça nous donne des instruments, ou à l’occasion [nous permette de] recon­naître ce à quoi nous avons affaire, ce que j’ai posé depuis le début du moment où je me suis mêlé de parler de la psychanalyse, à savoir la fonction du langage et le champ de la parole.

Et pour ceux qui conservent toujours dans la tête cette espèce d’objection « Oui, mais ce n’est pas tout! » je répéterai une fois de plus depuis le temps que je sue à le répéter, qu’en effet ce n’est pas tout, mais que tout ce qui vient à notre horizon dans la psychanalyse vient par là. Autrement dit, que pour ce qu’il en est de rester caché, beaucoup plus loin que caché, sans limite, inconnue, à peine approchée en quelques points d’accès, j’ai dit, ce que nous aussi nous ne disons que très rarement; au point même qu’il vaut mieux ne pas le dire, j’ai nommé la jouissance.

Nous n’aurions aucune espèce d’idée de cette dimension, de cette profondeur dont on ne peut pas dire qu’elle s’offre à nous puisqu’elle est interdite, mais qu’à tout le moins nous pouvons nommer la jouissance. Nous n’en aurions aucune espèce d’idée, si ce n’était la fondation du sujet dans le langage qui par voie de répercussion, en tant qu’il fonde en nous cet ordre, cette barrière, cette défense qui s’appelle le désir qui par répercussion, dis-je, ne nous forçait à interroger. Contre quoi nous défendons-nous ? Qu’en est-il de cette jouissance ? Question, bien sûr, que ne se pose aucun être qui ne soit l’être parlant! Qu’est-ce que pro­file pour vous le déroulement de cette ligne à droite ? Mais si vous avez quelque chose qui vous reste du schéma $, i, I, A, vous pouvez voir la disposition fondamentale qui va du S au champ du grand Autre qui vous désigne ce que) e vais vous rappeler tout à l’heure : à savoir que c’est de ce champ qui est retiré par le sujet, comme appartenance, l’objet a, que quelque chose est en jeu. Plus en deçà, concernant une autre fonction de l’autre puisque cet Autre, là, en arrière du sujet, à lui tout à fait caché et aperçu seulement comme en mirage là où il le pro­jette au champ de l’Autre, J, la jouissance est à placer. Ceci pour l’orientation générale de ce que j’ai à vous dire, aujourd’hui.

En effet la valeur foncière de l’objet de la jouissance est de nous montrer par quel engrenage, car nous n’avons rien d’autre jusqu’à présent, je mets au défi quelque philosophie que ce soit de nous rendre compte à présent du rapport qu’il y a entre le surgissement du signifiant et ce rapport de l’être à la jouissan­ce. Il y en a forcément un. Quel est-il? Effectivement, c’est dans le filet de la topologie subjective que se ramasse quelque chose de ce champ de la jouissan­ce; c’est très précisément, la chose en est en suspens en ce point où Freud nous a dit, c’est là le sens de ce qu’il dit : dans ce filet subjectif, dans ce qui fait que le sujet n’est pas immanent mais latent, évanouissant au réseau du langage, là-­dedans est pris la jouissance en tant qu’elle est jouissance sexuelle. C’est là l’ori­ginalité et l’abrupt, l’accent de ce que nous dit Freud. Mais pourquoi il en est ainsi ? Aucune philosophie, dis-je, actuellement ne nous rencontre. Et ces misé­rables avortons de philosophie que nous traînons derrière nous, comme des habits qui se morcellent, ne sont rien d’autre, depuis le début du siècle dernier, qu’une façon de batifoler plutôt que de s’attaquer à cette question qui est la seule sur la vérité et ce qui s’appelle – et que Freud a nommé – l’instinct de mort, le masochisme primordial de la jouissance, à savoir des métaphores, des reflets éclairs que projette sur cette question notre expérience. Toute la parole philosophique foire et se dérobe. Nous ne savons donc pas ce qu’il en est de cette prise au filet, dans ce champ redoutable et pourtant déjà annoncé, dans tout le fantasme de la tragédie; nous ne savons pas pourquoi quelque chose vient à notre expérience d’une façon contingente peut-être, avec Freud qui nous dit: ce qui se prend au champ de la parole et du langage, c’est ce qui de la jouis­sance a un rapport avec cet autre mystère laissé intact, je vous le ferai remar­quer, dans tout le développement de la doctrine analytique et qui s’appelle la sexualité.

Alors ce que j’appelle le doigt dans l’engrenage, c’est qu’il s’agit de bien autre chose que de rendre raison, nous n’en sommes pas à maîtriser le pourquoi de cette aventure, c’est déjà beaucoup que nous sachions comment on y entre, comment [on est] pris par le petit doigt; c’est peut-être là à faire quelques réflexions, celles qui s’imposent concernant la topologie de cette mécanique, il nous pourra venir quelque lumière sur ces raisons et ces limites. D’autant plus, comme il doit bien y avoir quelques temps que toute la mécanique fonctionne, à apercevoir les choses par ce bout nous en pourrons peut-être savoir beaucoup, à voir de quelle façon antérieurement on s’est obligé à ne pas voir.

Alors comment on y entre, c’est évidemment tout le sens de l’objet a, dans ce rapport à ce que nous avons inscrit comme nécessaire du lieu de l’Autre dans ce rapport qui s’établit par la demande et qui nous y pousse à partir du besoin? Quelque chose entre en jeu de très simple; c’est ce que de ce champ de l’Autre nous trouvons à récupérer notre propre corps, en tant que ça y est déjà, que le sein ne soit qu’une appartenance de ce corps égaré au champ de l’Autre par ce que nous appellerons, provisoirement de notre point de vue, une contingence biologique qui s’appelle simplement être mammifère. Nous sommes mammi­fères, mes petits amis, nous n’y pouvons rien! Et ça a beaucoup d’autres consé­quences. C’est, en général, accompagné de ce fait : d’avoir cet appareil bizarre qui s’appelle un pénis et qui fait que la copulation est soutenue par une certai­ne jouissance. Ça ne casse pas les manivelles, comme on dit, hein! Enfin c’en est une; une de celles qu’on a à la portée de la main. je vous fais marrer, mais c’est le centre de l’enseignement analytique. On a commencé par partir de là : « Pas toutouche ou on va te la couper ». Ça été une des premières vérités. On faisait comme ça, n’est-ce pas dans la vague de cette découverte formidable qui s’ap­pelait l’Œdipe. Il faut tout de même bien voir que c’est à ce niveau de vérité tri­viale que cet autre petit bateau du rapport avec le pénis est accroché dans l’énor­me affaire de l’Œdipe; ça devrait tout de même nous porter à la réflexion. Est­-ce que tout est là? En d’autres termes, nous voilà mis sur le tas de ce qu’il faut penser de la castration.

Ça a bien rapport avec les deux termes que je viens de mettre en avant : le cycle court de la jouissance sexuelle chez le mammifère. Ah! je n’ai pas perdu mon temps, cette année, à vous expliquer ce que ça peut être chez les punaises. Ça doit être insondable! Auprès de cela, la vôtre peut toujours… aller se rha­biller! C’est très important, cette remarque. La seconde, en effet, c’est comme beaucoup de choses, beaucoup de choses pour l’homme, c’est à la portée de la main pour la raison qu’il n’y a pas beaucoup d’êtres en dehors de lui qui ont une main. Les primates en font couramment toute la journée l’usage que j’ai évoqué tout à l’heure et ont, par conséquent, concernant la jouissance des problèmes beaucoup plus simples. Mais on remarquera que, par exemple simplement, chez le chien qui a sur le primate l’avantage d’entrer dans le champ de la parole humaine, tout ce qui se rapporte à ce frotti-frotta prend un degré de plus de complication; on ne peut admirer qu’une chose : c’est à quel point les chiens sont bien élevés. C’est de là qu’il faut partir. Vous voyez que, très vite, nous nous trouvons engagés dans une espèce de collusion qui est bien ce sur quoi se sont précipitées les personnes à chemin court, de collusion entre l’objet a de la demande et quelque chose qui concerne ce qu’on refuse de ou à l’objet de la jouissance. C’est justement qu’à en rester là, on n’ira pas loin; on n’ira pas loin parce que, à rester à ce niveau de la demande, à ce qui […] quelle appartenance du corps…

je n’ai pas parlé de l’autre, à savoir de la plus triviale, celle dont on dit qu’il nous est demandé par l’Autre moyennant quoi nous lui donnons ce que nous avons à donner avec notre corps, à le mettre au lieu de l’Autre, considéré comme dépotoir, comme champ d’épandage, à savoir ce que nous appelons pudique­ment, les fèces, le scybale, « scubala », ce qu’on rejette, c’est un mot très élégant et à la vérité disons qu’ils ont en général la fonction du déchet corporel. A limi­ter, comme il tend à se faire dans un certain horizon analytique, toute la dialec­tique des rapports du sujet à l’Autre à la demande, on aboutit à cette sphère limitée à la frustration, à la prévalence de l’Autre maternel, tout juste porté aux degrés de complication qu’on appelle le parent composé et on obtient, en effet, quelque chose d’assez fermé qui n’a vraiment qu’un seul inconvénient, c’est qu’on se demande, après ça, pourquoi il y a eu l’invention de l’Oedipe, alors que justement cette invention était originelle, qu’elle est sortie bille en tête toute armée du cerveau de Freud. C’est bien certain que c’est à ceci que se réfère cette dimension du désir pour autant que Freud l’a mise, lui aussi, d’abord et que c’est seulement autour d’elle que s’est édifié, que s’est découvert le mécanisme de la demande et qu’il n’est aucune demande, non seulement qui n’évoque mais qui littéralement ne s’évoque que de la formation à son horizon de l’appel du désir.

Disons que l’Autre au lieu d’être ce champ inerte où l’on récupère quelque chose à savoir ce sein qui est l’objet idéal, toujours manquant, qu’essaye dans toutes sortes d’appareillage de reproduire la machinerie humaine, en fin de compte que ce soit celui qui fait de la nage sous-marine ou qui s’envole dans les « cosmos », comme on dit maintenant, c’est toujours d’un petit appareil nourri­cier avec lui et formant circuit fermé qu’il s’abouche. Aucun besoin pour ça d’imager sa nostalgie de l’utérus maternel dans lequel, précisément, son appa­reillage était, à cet endroit, singulièrement déficient, – je veux dire dans le registre que je viens d’évoquer-, et d’une symbiose bien boiteuse. Le champ de l’Autre c’est cela qu’il s’agit d’intéresser dans le désir; le désir vient intéresser l’Autre. Et c’est là l’essence différente des deux autres objets a.

C’est pour cela que cette année j’ai fait pointer et même isoler, le paradig­me du premier de ces objets, à savoir le regard comme représentant le moment avancé de mon exposé; je ne me suis pas attardé aux autres dont nous avons suffisamment le maniement, – encore qu’il y a à revenir là-des­sus, – mais j’ai parlé du regard. Le regard a ce privilège d’être ce qui va à l’Autre, comme tel, c’est bien sûr. Il y a là toute une phénoménologie à laquelle on peut s’attarder, voire même on peut s’en régaler, mais puisque c’est une fente à quel moment fonctionne-t-il ? Quand il est ouvert ou fermé ? Il y a un rêve, dans la Traumdeutung, là-dessus, qui s’appelle « fermer les yeux » ? Consultez-le un petit peu, déjà tout est là, il y a une foule de ques­tions qui se posent mais, de cette fonction du regard, j’ai écarté tout pitto­resque, je n’ai pas demandé pourquoi, c’est à partir du moment où il est aveugle que Tirésias devient voyant.

Batifolages qui font la joie ordinaire de notre singulier milieu. J’ai donné la structure. Et comment avec le regard il entre en jeu, toujours complète, une topologie que j’ai décrite sur laquelle on ne peut revenir, qui est celle qui justi­fie l’existence de l’écran. Dans ce champ de l’Autre le regard est ce qui introduit l’écran et la nécessité, – qu’un de mes élèves, Melman, m’a fait récemment la remarque, qu’il est inscrit dans l’article de Freud, « Über Deckerinnerungen », sur les souvenir-écrans, la nécessité que le sujet s’inscrive dans le tableau. Il n’y est pas dit, bien sûr, cette topologie essentielle, si fondamentale à tout le déve­loppement freudien qu’elle est aussi importante que celle de l’Oedipe, cette topologie qui est la véritable assise et ce qui donne sa consistance à cette fonc­tion qu’on appelle, pourquoi? de la scène primitive.

Qu’est-ce que c’est ? Si ce n’est la nécessité de ces cadres, de ces portants que j’ai essayé cette année d’installer devant vous, pour vous y faire remarquer la condition structurale qui n’est peut-être, – c’est cela qui est à confirmer, – que l’envers, que la doublure, que le deuxième tour, grâce à quoi, déjà complet dans Freud, mais par personne jusqu’ici complété, parce que pas suivi dans l’ordre de son double tour, instaure à côté de la loi du désir en tant qu’il est le désir condi­tionné par l’Oedipe, cette loi qui lie de ce par quoi le sujet est accroché au lieu de l’Autre rend nécessaire ce certain ordre construit autour de l’objet du regard. Ce qui fait que quand cet objet de l’Autre vient se dresser sur quelque chose que nous appelons, comme vous voudrez, le tableau, la scène ou l’écran, ce qui est l’accrochage justement parent d’un terme dont, je pense, vous savez l’origine d’André Breton que j’appellerai l’Autre en tant que caractérisé par ce peu de réalité qui est toute la substance du fantasme mais qui est aussi peut-être toute la réalité à laquelle nous pouvons accéder.

Ceci mérite que nous ayons laissé, et non sans dessein, pour des nécessités d’exposé, à plus tard cet autre objet étrange en somme de se croiser avec l’objet du regard, j’ai dit la voix. Mais en tant que, lui, à venir manifestement de l’Autre, c’est néanmoins à l’intérieur que nous l’entendons. Si la voix, bien sûr, ce n’est pas seulement ce bruit qui se module dans le champ auditif mais ce qui choit dans cette rétroaction d’un signifiant sur l’Autre, qui est ce que nous avons défini comme condition fondamentale de l’apparition du sujet. Autrement dit, dans toute la mesure où vous entendez de tout ce que je dis peu de chose, c’est que vous êtes occupés par vos voix, comme tout le monde.

Et maintenant, il s’agit de savoir ce que veut dire dans tout ceci la fonction de la castration. La castration me semble liée à la fonction du désir en tant que dans ce champ de l’Autre elle est, littéralement, projetée à un point limite suffisam­ment indiquée dans le mythe par le meurtre et la mort du père et d’où découle la dimension de la loi. On oublie trop que dans le mythe ce n’est pas seulement la mère que le père accapare mais toutes les femmes et qu’après l’énoncé de la loi de l’inceste, il ne s’agit de rien d’autre que de signifier que toutes les femmes sont interdites tout autant que la mère; autrement l’histoire du complexe d’Œdipe a besoin de tellement de rallonge, à savoir que c’est par transfert que les autres femmes, etc. C’est un accident, comme si c’était un accident! Bref que le mythe d’Œdipe n’aurait autrement aucun sens. En d’autres termes, la castra­tion se présente, à la prendre par ce biais, comme quelque chose qui nous sug­gère de nous demander l’objet par quoi le sujet est intéressé dans cette dialec­tique de l’Autre, en tant cette fois qu’elle ne répond ni à la demande, ni au désir mais à la jouissance. Puisque nous partons d’une question posée par Freud de la jouissance des femmes, premier temps, répétons que la jouissance, ici donc, s’ouvre pour la première fois comme question, en tant que le sujet en est barré, ce que nous avions appelé autrefois dans notre discours sur l’Angoisse : embar­rassé! Bien sûr tout cela est resté un tout petit peu dans les airs, c’est certaine­ment de beaucoup le meilleur séminaire que j’ai fait; ceux qui ont eu le souci de s’en repaître dans les vacances qui ont suivi, peuvent en témoigner. Mais en ce moment-là j’avais tout un premier rang de sous-offs qui prenaient ardemment ce que j’écrivais mais ils pensaient tellement à autre chose qu’on conçoit qu’il ne leur en soit rien resté.

Embarrassé, il est, le sujet, devant cette jouissance. Et cette barrière qui l’em­barrasse, c’est très précisément le désir lui-même. C’est pour cela qu’il projette dans l’Autre, dans cet Autre dont Freud nous repère le mannequin sous la forme de ce père tué où il est facile de reconnaître le maître de Hegel, en tant qu’il se substitue au maître absolu. Le père est à la place de la mort et il est sup­posé avoir été capable de soutenir toute la jouissance. C’est vrai dans Freud, à part ceci que si dans Freud, nous pouvons nous apercevoir que c’est un mirage, ça n’est pas parce que c’est le désir du père qui mythiquement se pose à l’origi­ne de la loi, grâce à quoi ce que nous désirons a pour meilleure définition ce que nous ne voulons pas. Ce n’est pas parce que les choses sont ainsi que la jouis­sance est là, derrière le support du mythe de l’Œdipe, puis ce que j’ai appelé son mannequin. Il apparaît au contraire tellement bien que ce n’est là qu’un mirage que c’est, là aussi, que nous n’avons aucune peine à pointer l’erreur hégélienne, je parle de celle qui, dans la Phénoménologie de l’esprit, attribue au maître, à celui de la lutte à mort de pur prestige, – vous connaissez la rengaine, j’espère, – attribue au maître de garder par-devers lui le privilège de la jouissance; ceci sous le prétexte que l’esclave pour conserver sa vie y a renoncé, à cette jouis­sance. Je pense, déjà une fois, il y a quelques séminaires, avoir pointé un petit peu la question de ce côté-là. Car où prendre les lois de cette singulière dialec­tique? Qu’il suffirait de renoncer à la jouissance pour la perdre! Mais vous ne connaissez pas les lois de la jouissance!

C’est probablement le contraire, c’est même sûrement le contraire. C’est du côté de l’esclave que reste la jouissance et justement parce qu’il y a renoncé. C’est parce que le maître dresse son désir qu’il vient buter sur les marges de la jouissance. Son désir n’est même fait que pour cela, pour renoncer à la jouis­sance, et c’est pour cela qu’il a engagé la lutte à mort de pur prestige. De sorte que l’histoire hégélienne est une bonne plaisanterie qui se justifie assez qu’elle est totalement incapable d’expliquer quel peut bien être le ciment de la société des maîtres; alors que Freud la donne, comme cela, la solution: elle est tout sim­plement homosexuelle. C’est le désir, ça c’est vrai, de ne pas subir la castration, moyennant quoi les homosexuels ou plus exactement les maîtres sont homo­sexuels et c’est ce que Freud dit. Le départ de la société c’est le lien homosexuel, précisément dans son rapport à l’interdiction de la jouissance, la jouissance de l’Autre en tant qu’elle est ce dont il s’agit dans la jouissance sexuelle, à savoir de l’autre féminin.

Voilà ce qui dans le discours de Freud est la partie masquée. Il est extraordi­naire que toute masquée qu’elle soit, cette vérité qui s’étale à tout bout de champ, c’est le cas de le dire, dans son discours, pour ce qui en tout cas vient de notre expérience, à savoir que tout le problème de l’union sexuelle entre l’hom­me et la femme sur laquelle nous avons déversé toutes les conneries de notre stade prétendu génital, de notre fabuleuse oblativité, ce problème qui est vrai­ment celui sur lequel l’analyse a joué le rôle de l’obscurantisme le plus furieux et ce problème repose tout entier sur ceci : c’est la difficulté, l’extrême obstacle à ce que dans l’union intersexuelle, – l’union de l’homme et de la femme, – le désir s’accorde; autrement dit que la jouissance féminine, ce qu’on sait depuis toujours, depuis Ovide, lisez le mythe de Tirésias, il y a là vingt vers d’Ovide que j’ai mis dans mon premier rapport, celui de Rome, parce que c’est un point essentiel et que j’ai essayé de faire repasser depuis quand on a parlé de la sexua­lité féminine à Amsterdam. Ça a été du beau! Comment oublier la profonde disparité qu’il y a entre la jouissance féminine et la jouissance masculine ? C’est bien pour cela que dans Freud on parle de tout, d’activité, de passivité, de toutes les polarités que vous voudrez mais jamais de masculin-féminin, parce que ce n’est pas une polarité et que d’ailleurs, comme ce n’est pas une polarité, c’est tout à fait inutile d’essayer de parler de cette différence. Il y a un seul truche­ment de cette différence : c’est que dans la jouissance féminine peut entrer, comme objet, le désir de l’homme comme tel. Moyennant quoi la question du fantasme se pose pour la femme. Mais comme elle en sait probablement un petit bout de plus que nous, concernant le fait que le fantasme et le désir sont préci­sément des barrières à la jouissance, ceci ne simplifie pas sa situation.

Il est fâcheux que des vérités aussi premières dans le champ psychanalytique puissent prendre un air de scandale; mais il faut qu’elles soient avancées parce que c’est proprement là ce qui justifie le temps précis où nous en sommes de notre exposé, c’est-à-dire contrairement au fait qui fait que c’est telle ou telle appartenance du corps, objet chu du corps dans un certain champ qui organise la demande et le désir quant à ce dont il s’agit du rapport du désir à la jouissan­ce, en tant qu’il intéresse le sujet du sexe opposé. Le truchement n’est plus d’un objet, ni même d’un objet interdit, – de l’interdiction pédantesque, si je puis dire, qui est tout un registre de la castration freudienne, ça va de l’interdit porté sur la main du petit garçon ou de la petite fille jusqu’à la formation que vous recevez à l’Université, il s’agit toujours de nous empêcher de voir clair. Mais l’autre fonction de la castration qu’on confond avec la première est beaucoup plus profonde, c’est ce par quoi, – si un accord est possible, un accord, enten­dez-le à la façon dont je peux essayer de faire un échantillon de couleur – ce qui reproduira à côté de celle-ci quelque chose qui soit de la même teinte. C’est grâce au fait que cet objet qui est le pénis mais que nous sommes forcés de por­ter à cette fonction d’être épinglé phallus et traité d’une façon telle que celle qui est là, même que quand on se livre à cet exercice de l’accord, – ce sont des choses sur lesquelles par discipline je ne me suis pas étendu cette année, – mais c’est un autre registre que du visuel et du regard. Avec n’importe quel crayon de couleur on peut faire un petit mélange qui reproduit n’importe quel autre – je dis : n’importe quel et n’importe quoi – sauf à ce qu’on se permette quand ça ne marche pas, – ce qui se produit sur une assez grande marge – de se servir d’une des couleurs du trio pour le soustraire sur l’échantillon de l’autre côté. En d’autres termes, il y a certaines qualités de certains objets qu’il faut que nous fassions passer au signe négatif; en d’autres termes, il faut que dans le rapport homme-femme, l’objet contingent, l’objet caduc de la jouissance mammifère soit capable d’être négativé; il faut que l’homme s’aperçoive que la jouissance masturbatoire n’est pas tout et inversement que la femme s’ouvre à la dimension que cette jouissance-là lui manque.

Je ne dis pas là des choses bien sorcières mais c’est là le véritable fondement de la relation castrative, si nous voulons lui donner un sens quelconque quant à la façon dont elle fonctionne réellement. Dite comme je viens de vous le dire, ça finit par être tourné à la lapalissade. C’est dans ce cas-là que vous ne voyez pas où est le problème, à savoir quelle est la nature de ce signe négatif qu’il s’agit de porter sur cet objet, le phallus. Ce ne sont pas bien entendu, là, des choses que j’essaierai même d’aborder dans les dernières minutes de mon sémi­naire de cette année mais c’est précisément, pour répondre à de telles questions que celui de l’année prochaine, si Dieu lui prête faveur, s’appellera la Logique du fantasme.

Néanmoins je voudrais dès maintenant vous faire remarquer comme intro­duction à cette logique que la question de ce qu’il en est du négatif, comme on dit, ou de la négativité mériterait enfin que nous y prenions une orientation qui ne soit pas simplement parcellaire. Et pour non pas la déchiffrer mais la défri­cher je commencerai comme j’ai fait depuis toujours avec des instruments : la charrue de bois ouvrant un sillon sommaire, bien entendu, et c’est celui que je me suis amusé, ceci, depuis longtemps, je ne sais même pas si je l’ai laissé sortir jamais devant votre auditoire, à pointer de ces trois registres qui sont :

– Le premier, l’Imaginaire, et que j’écris comme ça d’une petite orthographe chinoise ce que nous disons tous, quand quoi? Quand dans un champ nous trouvons le vide. Et si vous croyez que c’est facile à expliquer ça, cette notion de champ et de vide! Bien sûr, le registre gestaltiste s’offre tout de suite, seulement la rapidité avec laquelle il se contamine vers une version symbolique dans la notion de classe, par exemple, qui prend justement de sa présence toute sa densité, doit nous rendre extrêmement prudent quant au maniement. Quoiqu’il en soit l’écrire de cette orthographe baroque, qui est celle dont je ne fais rien qu’une occasion de le mémoriser comme ins­trument transitoire, j’ai appelé cela : le «hiarien », écrit comme vous le voyez là. Il y a une chose qui est en tout cas bien tranchée et qui n’a rien à faire avec le « hiarien », c’est celui que j’exprime dans…

– La deuxième ligne, et sous cette forme… – après tout, je n’ai pas de raison de vous refuser l’anecdote, cette forme empruntée au langage d’un petit garçon qui était très intelligent puisque c’était mon frère – il « gniakavait », me dit-il, conjuguant ainsi bizarrement un verbe dont le radical serait « gniaka ». Eh bien, un registre du « gniaka » est absolument essentiel : ceci par quoi un état présent est supposé dériver de quelque chose qui fait qu’il est amputé de quelque chose. Ceci est la forme la plus radicale par quoi s’introduit toute une catégorie où nous aurons, justement, à nous orienter quant aux instaurations proprement symboliques de la négation. Car « gniaka », ça va très loin, ça peut être un manque, ça peut être aussi un point de départ : « gniaka » prendre un point de départ, on appelle cela le zéro, élément neutre.

 

Rien qu’à ce « gniaka » là vous avez ce qu’on appelle un groupe abélien. Ceci pour vous indiquer dans quelle voie nous serons amenés à ordonner nos réflexions, l’année prochaine; mais assurément ce « gniaka » n’est pas sans nous indiquer de revenir sur ce que nous avons dit l’année dernière quant à la fonc­tion du zéro comme suturant l’instance du sujet et d’articuler le rapport du sujet au désir et aussi à la castration. « Gniaka » mettre le signe négatif sur le pénis et la fonction phallique s’instaure avec tout l’usage absolument aveugle que nous savons en faire.

 

– Et puis il y a quelque chose pour quoi il n’y a pas de mot, ni d’épinglage, au moins dans mon registre, et ceci pour une bonne raison : c’est que, si je le dénommais ou que si je le supposais, il aurait quelque rapport avec cette fonction imaginaire ou celle de la symbolisation. Ce troisième terme celui que, depuis déjà trois ans que je suis ici, je vous apprends à connaître par quelque voie que je ne saurais dire être celle de la palpation, c’est bien plus, j’essaye, je sollicite, j’appelle de vous que vous vous identifiez à ce qu’on peut y appeler d’un langage mathématique le facteur for (t.o.r.), ce qui veut dire ce qu’il y a dans le réel, dans ce réel auquel nous avons affaire et qui est justement ce qu’il y a au-delà, au-dehors de cette nécessité qui nous contraint de ne conjoindre à la jouissance que ce peu de réalité du fantas­me; ce réel témoigne d’une certaine torsion. Cette torsion n’est pas l’anankè dont parle Freud, car anankè et logos ils sont tous les deux de l’ordre du symbolique. La seule nécessité contraignante est celle qu’impo­se le logos Et le réel n’entre au-delà, comme il est manifeste dans l’expé­rience, que pour, entre ces solutions nécessaires, – car il y a en a toujours plusieurs – désigner celle qui est impossible. Telle est la fonction du réel et sa torsion. Cette torsion c’est celle même que nous essayons de saisir au niveau de ce qui est notre champ que j’ai, tout au moins cette année, essayé de vous apporter le matériel qui vous permette pour la suite de ce que nous aurons à dire, de repérer comment se coupe dans une étoffe qui est com­mune, ce rapport du sujet à l’Autre, cet avènement du sujet dans le signi­fiant, grâce à quoi se soutient ce fantasme dans son rapport au réel, grâce à quoi l’opacité nous apparaît d’une jouissance infinie.

Vous voyez bien déjà ce qui est possible. Car nous avons d’autres éléments. Encore cette structure de groupe implique-t-elle qu’on puisse employer un quelconque de ces objets avec un signe négatif. Qu’est-ce que ceci veut dire ? Et où cela nous conduit-il ? C’est ce qui nous permettra, ce que j’espère faire la prochaine fois, de finir cette année avec quelque chose qui achève la définition structurale impliquant la fonction combinatoire de l’objet a et la valeur qu’il peut prendre comme tel dans ce qui est le fondement même de la dimension proprement freudienne du désir et du sujet, c’est à savoir la castration.

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