samedi, juillet 27, 2024
Recherches Lacan

LXI LES QUATRE CONCEPTS FONDAMENTAUX DE LA PSYCHANALYSE 1964 Leçon du 13 mai 1964

Leçon du 13 mai 1964

 

Quand je lis la dernière de mes lectures d’actualité dans le Psychoanalytic Quaterly, un article comme celui de M. Edward Glover intitulé ~ Freudian or neo-freudian », entièrement dirigé contre les constructions de M. Alexander, quand j’y ressens cette sordide odeur de renfermé, du fait qu’au nom de critères désuets une construction comme celle de M. Alexander, — mon Dieu! je n’ai pas hésité à l’attaquer de la façon la plus formelle, il y a déjà quatorze ans, au Congrès de Psychiatrie de 1950 — mais enfin! qui est la construction d’un homme de grand talent; quand je vois à quel niveau cette discussion est discutée, contre­battue, je me rends cette justice qu’à travers tous les avatars que ren­contre mon discours ici même et ailleurs, assurément on peut dire que ce discours obvie, fait obstacle à ce que l’expérience de l’analyse ne vous soit pas transmise d’une façon absolument crétinisante.

J e reprends, à partir de là, mon discours sur la pulsion. J’ai été amené à l’aborder au moment… qu’après avoir posé que le transfert dans l’ex­périence est ce qui manifeste la mise en action de la réalité de l’incons­cient en tant qu’elle est sexualité. Je me trouve arrêté pour poursuivre sur ce que comporte cette affirmation même.

Si nous sommes sûrs que la sexualité est là présente en action dans le transfert, c’est pour autant qu’elle se manifeste à certains moments à découvert sous la forme de l’amour. Or, c’est là ce dont il s’agit. Est-ce que l’amour représente le point sommet, le moment achevé, le facteur indis­cutable qui nous présentifie la sexualité dans l’hic et nunc du transfert?

A ceci obvie, s’oppose, objecte de la façon la plus claire, le texte non certes isolé, mais choisi par moi comme central, et non sans qu’on puis­se aucunement accuser ce choix d’arbitraire, puisque le texte dont il s’agit est le texte de Freud, qui a proprement pour objet les pulsions et leurs vicissitudes.

C’est ce texte que j’ai commencé d’aborder la dernière fois en essayant de faire sentir sous quelle forme problématique, autrement dit four­millante de questions, se présente l’introduction de la pulsion. J’espère qu’une part au moins importante de mon auditoire aura pu dans l’inter­valle se reporter à ce texte, soit qu’il s’agisse de personnes capables de le lire en allemand, ce qui me paraît éminemment souhaitable, soit, faute de mieux, qu’ils aient pu le lire, toujours plus ou moins improprement tra­duit, dans les deux autres langues de culture : l’anglais ou le français —la note la plus mauvaise étant assurément donnée à la traduction fran­çaise, sans que je m’attarde autrement à pointer les véritables falsifica­tions dont elle fourmille.

Néanmoins, même à une première lecture la plus sommairement superficielle, vous aurez pu vous apercevoir que cet article, encore qu’il ne l’annonce pas au départ, est entièrement divisé en deux versants pre­mièrement, l’articulation, et aussi bien le démontage, de ce que je vous ai appelé l’autre jour la pulsion — justement, comme montage, puis, deuxième versant, l’examen de ce qu’il faut concevoir comme étant non point […] mais, conformément à l’esprit de l’article, das Lieben, l’acte d’amour. Et qu’il est expressément formulé que l’amour ne saurait aucu­nement dans l’expérience, être confondu, être considéré comme le repré­sentant, ce qu’on pourrait appeler Ganze, comme ce qu’il appelle, ce que Freud articule met en question sous le terme de « die ganze Sexualstrebung », c’est-à-dire la tendance, les formes, la convergence de l’effort du sexuel, en tant qu’il s’achèverait en Ganze, en un tout saisis­sable qui en résumerait l’essence et la fonction.

« Kommt aber auf damit nicht zuher, ça ne va pas du tout comme ça», s’écrit-il au moment de répondre à cette sorte de suggestion, en quelque sorte ambiante, et que nous avons rendue, nous autres analystes, par toutes sortes de formules qui sont autant de tromperies, comme étant ce qui justifie la fonction de l’appréhension du terme de l’autre, par la voie d’une série d’objtectalisations partielles.

Tout l’article est là fait pour nous montrer qu’au regard de ce qu’on peut considérer, et de ce que Freud, bien sûr, considère comme étant la fonction finale de la sexualité, à savoir la reproduction, les pulsions telles qu’elles se présentent à nous dans le procès de la réalité psychique, sont des restes des pulsions au regard de cette fonction finale définie en termes biologiques, restes des pulsions partielles.

Les pulsions, dans leur structure, dans la tension qu’elles établissent, sont liées à quelque chose que nous pouvons appeler en l’occasion le fac­teur économique. Ce facteur économique dépend des conditions dans lesquelles s’exerce la fonction du principe du plaisir à un niveau que nous reprendrons quand le moment sera venu de notre discours sous le terme de Real-Ich. Disons tout de suite que ce Real-Ich, nous pouvons, dans une approximation rapide mais que dès maintenant vous pouvez tenir pour exacte, nous pouvons le concevoir comme étant l’appareil nerveux, le système nerveux central, en tant qu’il fonctionne non pas comme un système de relation, mais comme un système destiné à assu­rer des tensions internes, une certaine homéostase.

C’est en raison de cette réalité de l’Ich, du système homéostastique, que la sexualité n’intervient, n’entre en jeu que sous la forme des pul­sions partielles. La pulsion serait précisément cette sorte de montage par quoi la sexualité participe à la vie psychique d’une façon qui doit se conformer à la structure de béance qui est celle de l’inconscient.

En d’autres termes, si nous plaçons aux deux extrêmes de ce qui est notre expérience analytique, le refoulé — le refoulé primordial, ce refou­lé est un signifiant; ce qui s’édifie par-dessous pour constituer le symp­tôme, nous pouvons l’inscrire, le considérer comme échafaudage, tou­jours de signifiants. Refoulé et symptôme sont homogènes et réductibles à des fonctions de signifiants. Leur structure, quoi qu’elle s’édifie par succession, comme tout édifice, est quand même, au terme, au produit fini, inscriptible en termes synchroniques.

A l’autre extrémité, celle de notre interprétation, cette interprétation concerne ce facteur d’une structure temporelle spéciale, que j’ai essayé de définir par la métonymie. L’interprétation, dans son terme, pointe, non pas essentiellement les étapes de la construction, mais le désir auquel, dans un certain sens, dans le sens du vecteur que j’essaie ici de vous faire sentir, elle est identique. Le désir, c’est en somme l’interprétation elle-même. Dans l’intervalle, la sexualité, sous la forme des pulsions partielles, ne s’était pas manifestée comme dominant toute l’économie de cet intervalle, comme y mettant la présence sexuelle. Toute notre expé­rience se réduirait à une mantique à laquelle le terme neutre d’énergie psychique pourrait alors convenir, mais où il manquerait, à proprement parler, ce qui y constitue la présence, le Dasein de la sexualité.

La lisibilité du sexe dans l’interprétation des mécanismes inconscients est toujours rétroactive. Elle ne serait que de la nature de l’interprétation si, effectivement, à chaque instant de l’histoire, les pulsions partielles, nous pouvons d’elles être assurés qu’elles sont intervenues efficacement en temps et lieu. Et ceci non pas seulement comme on a pu le croire au début de l’expérience analytique, sous la forme en quelque sorte erra­tique, dispersée, bloc de glace errant, arraché à ce qui est, par rapport au développement de l’enfant, la grande banquise, la sexualité de l’adulte intervenant comme séduction sur un sujet immature.

Si la sexualité s’est avérée tout de suite, et je dois dire avec une pré­gnance dont après coup on peut être surpris, à savoir que dès les Trois essais sur la théorie de la sexualité, Freud a pu poser comme essentiel ce qui lui est apparu alors comme perversion polymorphe, comme sexualité aberrante, comme rupture du charme d’une prétendue inno­cence, innocence infantile, cette sexualité, pour s’être imposée si tôt, je dirai presque trop tôt, nous a fait passer trop vite sur l’examen de ce qu’elle représente en son essence. C’est à savoir qu’au regard de l’ins­tance de la sexualité, tous les sujets sont à égalité, depuis l’enfant jus­qu’à l’adulte, qu’ils n’ont affaire qu’à ce qui, de la sexualité, passe dans les réseaux de la constitution subjective, dans les réseaux du signifiant, que la sexualité ne se réalise que par l’opération des pulsions en tant qu’elles sont pulsions partielles, partielles au regard de la finalité bio­logique de la sexualité.

L’intégration de la sexualité à une dialectique du désir passe par la mise en jeu de ce qui, dans le corps, méritera ici que nous le désignions par le terme d’appareil, si vous voulez bien entendre par là ce dont le corps, au regard de la sexualité, peut s’appareiller, ce qui veut dire que ceci est distinct de ce dont les corps peuvent s’apparier.

Ce qui domine, à la lecture de ce texte de Freud, se rassemble dans une expérience dont s’est donné à nous, de façon incroyablement précoce, comme une donnée et qu’on n’a pas eu le temps d’élaborer, ce qui explique aussi tout cet embrouillis de la discussion autour des pulsions, comme sexuelles, des pulsions, comme étant les pulsions du moi, et la variation de la frontière. Ce qui résout presque d’emblée le paradoxe scandaleux pour certains, de ce qu’il ait fallu en venir au-delà des pul­sions telles qu’on avait cru pouvoir les rassembler sous le titre des pul­sions de vie comme de pulsions de mort, c’est qu’on ne voit pas ce qu’il en est de la pulsion. A savoir que s’il est vrai qu’elle représente mais qu’elle ne fait que représenter, et partiellement, la courbe de ce que veut dire chez le vivant l’accomplissement de la sexualité, comment s’étonner que son dernier terme soit la mort, puisque la présence du sexe chez le vivant est liée à cette mort?

Et si j’ai fait aujourd’hui reproduire au tableau cette citation, plus exactement ce n’est pas une citation, c’est un fragment d’Héraclite recueilli dans l’ouvrage monumental où Diels a rassemblé ce qui nous reste épars de l’époque présocratique, xxx (bios), écrit-il, et ceci nous émerge comme de ses leçons de sagesse dont on peut dire, qu’avant tout le circuit de notre élaboration scientifique, elles vont au but et tout droit bi0s, et à un accent près, ce n’est pas la vie mais c’est l’arc) Héraclite nous dit: « A l’arc est donné ce nom bios, (l’accent serait sur la premiè­re syllabe si c’était la vie), mais son œuvre, c’est la mort. »

Ce que la pulsion intègre, et d’emblée, dans toute son existence, c’est une dialectique de l’arc; et je dirai même du tir à l’arc. C’est là seulement ce par quoi nous pouvons situer sa place dans l’économie psychique —ce qu’il importe de voir, dans ce que Freud nous introduit par la voie, je dirai, elle-même des plus traditionnelles. Faisant usage à tout moment des ressources de la langue, et n’hésitant pas à se fonder sur ce quelque chose qui n’est pourtant caractéristique que de certains systèmes lin­guistiques, celui des trois voies : active, passive et réfléchie.

Ceci pourtant n’est qu’une enveloppe où nous devons voir qu’autre chose est cette réversion signifiante, autre chose ce qui l’en habille, c’est-à-dire au niveau de chaque pulsion, l’aller et retour fondamental où elle se structure, entre deux pôles dont il est remarquable qu’il ne puisse les désigner qu’en termes de ce quelque chose qui est le verbe : beschauen et beschaut werden, voir et être vu, quälen et gequält werden, tourmenter, être tourmenté. Mais ce que, dès l’abord, il pose, il nous présente comme étant fondamentalement acquis, c’est que nulle part de ce parcours, chaque pulsion partielle ne peut être séparée de son aller et retour, de sa réversion fondamentale — le caractère circulaire du parcours de la pul­sion. J’insiste, pour définir le fonctionnement de ce montage qu’il intro­duit initialement, sur la dimension de cette Verkehrung.

Mais quand il l’illustre, et nous verrons qu’il est remarquable de savoir quelle pulsion il va choisir pour l’illustrer, très nommément la Schaulust, la joie de voir, et ce qu’il ne peut désigner autrement que par l’accolement des deux termes, « sadomasochisme ». Quand il parlera de ces deux pulsions, et plus spécialement de la troisième, il tiendra à bien marquer que ce n’est pas de deux temps qu’il s’agit dans ces pulsions, mais de trois. Il faut bien distinguer que ce qui n’est que ce retour en cir­cuit de la pulsion, de ce qui apparaît mais aussi bien de ne pas apparaître dans ce troisième temps, à savoir l’apparition, d’ein neues Subjekt, qu’il faut entendre non pas comme ceci, qu’il y en aurait déjà un, à savoir le sujet de la pulsion, mais que il est nouveau de voir apparaître un sujet. Et ce sujet, qui est proprement l’autre, apparaît en tant que la pulsion pu fermer son cours circulaire, et ce n’est qu’avec l’apparition du sujet au niveau de l’autre que peut être réalisé ce qu’il en est de la fonction de la pulsion.

C’est bien là-dessus précisément, que j’entends maintenant attirer votre attention. Ce circuit que vous voyez ici dessiné par la courbe de cette flèche (Drang, à l’origine) partante et redescendante, qui ici, franchissant la surface constituée par ce que je vous ai défini la dernière fois comme, comme le bord, considéré dans la théorie comme la source, la Quelle, la zone dite érogène dans la pulsion, cette tension est toujours boucle et constitue, dans tout ce qu’elle soutient de l’économie du sujet, quelque chose qui ne peut être désolidarisé de son retour sur la zone érogène.

Il s’éclaircit le mystère du zielgehemmt, de cette forme que peut prendre la pulsion, d’atteindre sa satisfaction sans avoir pour autant atteint quoi? Son but, en tant qu’il serait défini par la fonction biolo­gique, par la réalisation effective de l’appariage reproductif. Mais ce n’est pas là le but de la pulsion partielle. Quel est-il? Suspendons-le encore, mais penchons-nous sur ce terme de but et sur les deux sens qu’il peut présenter et que, pour les différencier, j’ai choisi ici de noter par une langue dans laquelle ils sont particulièrement expressifs, l’an­glais. Le aim — quelqu’un que vous chargez d’une mission, ça ne veut pas dire, lui dire ce qu’il doit rapporter! ça veut dire, lui dire par quel chemin il doit passer. The aim, c’est le trajet. Le but a une autre forme qui est le goal. Le Goal, ça n’est pas non plus, dans le tir à l’arc, le but, ça n’est pas l’oiseau que vous abattez, c’est d’avoir marqué le coup, d’avoir atteint votre but.

Ce qu’il en est de la pulsion est ceci : si elle peut être satisfaite sans avoir atteint ce qui, au regard d’une totalisation biologique de la fonc­tion, serait la satisfaction à sa fin de reproduction, si elle peut être tout autre chose, c’est qu’elle est pulsion partielle, et que son but n’est point autre chose que ce retour en circuit. Et ceci est présent dans Freud.

Quelque part, il nous dit que le modèle idéal qui pourrait être donné de l’autoérotisme, c’est une seule bouche qui se baiserait elle-même —comme tout ce qui se trouve sous sa plume, métaphore lumineuse, éblouissante même, mais dont on pourrait dire qu’elle ne demande peut-être qu’à être complétée d’une certaine question. Est-ce que dans la pul­sion, cette bouche n’est pas ce qu’on pourrait appeler une bouche fléchée, une bouche cousue, quelque chose où nous voyons, dans l’analyse, poin­ter au maximum dans certain silence l’instance pure de la pulsion orale se refermant sur sa satisfaction. En tout cas ce qui force à distinguer cette satisfaction du pur et simple autoérotisme de la zone érogène, c’est ce quelque chose que nous confondons trop souvent avec ce sur quoi la pul­sion se referme. Cet objet qui n’est en fait que la présence d’un creux, d’un vide occupable, nous dit Freud, par n’importe quel objet, et dont nous ne connaissons l’instance que sous la forme de la fonction de l’ob­jet perdu a, celui dont il faut dire qu’il n’est pas l’origine de la pulsion orale. Il n’est pas introduit au titre de la primitive nourriture, il est intro­duit au fait de ce qu’aucune nourriture ne satisfera jamais la pulsion orale, si ce n’est à contourner cet objet éternellement manquant.

Ce circuit, la question est seulement pour nous de savoir où il se branche, et d’abord s’il est en quelque sorte revêtu d’une caractéristique de spirale. Si le circuit de la pulsion orale se continue, s’engendre, comme se continuant par la pulsion anale, par exemple, celle-là qui est dite constituer, par rapport à la pulsion orale, le stade suivant. Si, en d’autres termes, ce manque, cette insuffisance centrale est la forme qui serait dialectique, de l’opposition s’engendrerait le progrès. C’est déjà pousser bien loin la question pour des gens qui nous ont habitués à tenir, au nom de je ne sais quel mystère du développement, la chose comme déjà acquise, inscrite en quelque sorte dans l’éveil de possibili­tés organiques.

Ceci paraît se soutenir du fait qu’effectivement, pour ce qui est de l’émergence de la sexualité sous sa forme « achevée », c’est bien en effet à un processus organique que nous avons affaire. Mais il n’y a aucune rai­son d’étendre ce fait à la relation entre les autres pulsions partielles. Il n’y a aucun rapport d’engendrement d’une des pulsions partielles à la suivante, le passage de la pulsion orale à la pulsion anale ne se produit pas par un procès de maturation, mais par l’intervention de quelque chose qui n’est pas du champ de la pulsion : par l’intervention, le ren­versement de la demande de l’autre. Et si nous faisons intervenir les autres pulsions dont la série peut être établie, et après tout, résumée à un nombre assez court, il est tout à fait clair que vous seriez bien embarras­sés de faire entre la Schaulust, la pulsion scopique, voire ce que je distin­guerai en son temps comme la pulsion invoquante, de faire le moindre rapport de déduction ou de genèse, de situer dans une succession histo­rique, définissable en stades, sa place par rapport aux pulsions que je viens de nommer.

Il n’y a aucune métamorphose naturelle de la pulsion orale en pulsion anale, et quelles que soient, à l’occasion, les apparences que puisse nous donner le jeu, du symbole que constitue, en d’autres contextes, le prétendu objet anal, à savoir les fèces, par rapport au phallus, dans son inci­dence négative, ceci ne nous permet à aucun degré, (l’expérience nous le démontre) de considérer qu’il y a continuité de la phase anale à la phase phallique, qu’il y a rapport de métamorphose naturelle.

La pulsion, nous devons la considérer, comme Freud nous l’indique, sous la rubrique de la konstante Kraft qui la soutient comme une tension stationnaire, et jusqu’aux métaphores qu’il nous donne, pour exprimer ces issues, Schuss dit-il, qu’il traduit immédiatement par l’image qu’elle supporte dans son esprit, celle d’une fusée de lave, émission matérielle de la déflagration énergétique qui s’y produit en divers temps successifs, qui viennent précisément à venir, les uns après les autres, compléter cette forme de trajet de retour. Est-ce que nous ne voyons pas là, dans la métaphore freudienne elle-même, s’incarner cette structure fondamenta­le, quelque chose qui sort d’un bord qui en redouble, si l’on peut dire, la structure fermée de ce trajet qui y retourne, rien d’autre n’assurant sa consistance que ce qui est de l’objet, à titre de quelque chose qui doit être contourné?

Quoi en résulte? C’est que, ce que nous révèle cette articulation que nous sommes amenés à faire de la pulsion dans sa forme radicale, de ce que nous pourrions appeler sa manifestation comme mode d’un sujet acéphale (car tout s’y articule en terme de tension et n’a de rapport au sujet que de communauté topologique), c’est pour autant que l’incons­cient, j’ai pu vous l’articuler comme se situant dans ces béances, que la distribution des investissements signifiants instaure dans le sujet, et se figurent dans l’algorithme en losange que je mets au cœur de tout rap­port proprement de l’inconscient entre la réalité et le sujet. C’est pour autant que quelque chose, dans l’appareil du corps est strictement struc­turé de la même façon, c’est en raison de cette unité topologique des béances en jeu, que la pulsion prend son rôle dans le fonctionnement de l’inconscient.

Suivons maintenant Freud, suivons Freud quand il nous parle de la Schaulust, voir, être vu. Est-ce là la même chose? Comment est-il même soutenable que ce le puisse être autrement qu’à l’inscrire en termes de signifiants? Ou y a-t-il alors quelque autre mystère? Il y a un tout autre mystère, et, pour vous y introduire, il n’est que de considérer ce que la Schaulust est, se manifeste dans la perversion. Je souligne que la pulsion n’est pas la perversion. Que ce qui constitue le caractère énigmatique de la présentation de Freud, tient précisément à ce qu’il veut nous donner: c’est une structure radicale et dans laquelle le sujet n’est point encore placé. Ce qui définit la perversion, nous y reviendrons dans la suite, c’est justement la façon dont le sujet s’y place. — il s’y place d’une façon qui rend plus ou moins claire la structure de la pulsion. Dans la perversion, il s’y place d’une façon tout à fait claire. Et pour voir comment la dialectique de Freud nous promeut, nous suggère de nous introduire, il n’est que de considérer atten­tivement son texte. Le précieux des textes de Freud dans cette matière où il défriche, c’est qu’à la façon des bons archéologues, il laisse le travail de la fouille en place, de sorte que même si elle est inachevée, nous pouvons savoir ce que veulent dire les objets déterrés.

Quand M. Fenichel passe par là-dessus, il fait comme on faisait autre­fois, il ramasse tout, il le met dans ses poches et dans des vitrines, sans ordre, ou tout au moins, dans un ordre complètement arbitraire, de sorte que personne n’y retrouve plus rien.

Ce qui se passe dans le voyeurisme? Au moment du voyeurisme, au moment de l’acte du voyeur, où est le sujet, où est l’objet? Je vous l’ai dit. Le sujet n’est pas là en tant qu’il s’agit de voir, de la pulsion de voir, mais en tant que le sujet est pervers. En tant qu’il est pervers, il ne se situe qu’à l’aboutissement de la boucle, à savoir, quant à ce qu’il en est de l’objet. C’est ce que ma topologie écrite au tableau ne peut pas vous faire voir, mais vous permet d’admettre : pour autant que la boucle tour­ne autour de l’objet, l’objet est là, missile, c’est avec lui que dans la per­version la cible est atteinte.

L’objet est ici regard, et regard qui est le sujet, qui l’atteint, qui fait mouche dans le tir à la cible, et je n’ai qu’à vous rappeler ce que j’ai dit en son temps de l’analyse de Sartre. Si cette analyse fait surgir l’instance du regard, ça n’est pas au niveau de l’autre dont le regard surprend le sujet en train de voir par le trou de la serrure, c’est que l’autre le sur­prend, lui, sujet, comme tout entier regard caché.

Et vous saisissez là l’ambiguïté de ce dont il s’agit quand nous parlons de la pulsion scopique. Le regard est cet objet perdu et soudain retrou­vé, dans la conflagration de la honte, par l’introduction de l’autre. Jusque-là, qu’est-ce que le sujet cherche à voir? Ce qu’il cherche à voir, sachez-le bien, c’est l’objet en tant qu’absence. Ce que le voyeur cherche et trouve, ce n’est qu’une ombre, une ombre derrière le rideau. Il y fan­tasmera n’importe quelle magie de présence, la plus gracieuse des jeunes filles, même si de l’autre côté il n’y a qu’un athlète poilu; ce qu’il cherche, ce n’est pas, comme on le dit, le phallus, mais justement son absence, d’où la prééminence, précisément, de certaines formes comme objet de sa recherche.

Ce qu’on regarde, c’est ce qui ne peut pas se voir. Si déjà, grâce à l’in­troduction de l’autre, ce qu’il en est de la structure de la pulsion, ici, apparaît, elle ne se complète vraiment que dans sa forme renversée, dans sa forme de retour, qui est la vraie pulsion active dans toute pulsion —c’est quand elle se complète. Dans l’exhibitionnisme, on voit que ce qui est visé par le sujet, c’est ce qui se réalise dans l’autre. De la visée véri­table du désir, c’est l’autre, en tant que forcé, au-delà de son implication, ce n’est pas seulement la victime, en tant que refermée à quelque autre qui la regarde.

C’est ainsi que dans ce texte, nous avons la clé, le nœud de ce qui a fait tellement d’obstacle à la compréhension du masochisme. Freud, ici, arti­cule de la façon la plus ferme qu’au départ, si l’on peut dire, de la pul­sion sadomasochiste, la douleur n’est pour rien, qu’il s’agit d’une Herschait, d’une Bewältigung, d’une violence faite à quoi? A quelque chose qui a si peu de nom que Freud vient et en même temps recule à envisager le cas, conforme à tout ce que je vous énonce sur la pulsion, où nous pouvons en trouver le premier modèle sur une violence que le sujet se fait, à des fins x de maîtrise, à lui-même.

Il y recule. Et pour de bonnes raisons. L’ascète qui se flagelle le fait pour un tiers. Or, ce n’est point là ce qu’il entend saisir, il veut seulement désigner le pédicule, le retour, l’insertion sur le corps propre, du départ et de la fin de la pulsion.

« Mais à quel moment voyons-nous, dit Freud, s’introduire, dans la pulsion sadomasochiste, la possibilité de la douleur?» La possibilité de la douleur subie par ce qui est devenu, à ce moment-là, le sujet de la pul­sion. C’est en tant, nous dit-il, que la boucle s’est refermée, que c’est d’un pôle à l’autre qu’il y a eu réversion, que l’autre est entré en jeu, que le sujet s’est pris pour terme, terminus de la pulsion, à ce moment-là, la douleur entre en jeu, en tant que le sujet l’éprouve de l’autre. Il devien­dra, pourra devenir, dans cette déduction théorique à proprement parler, un sujet sadique, en tant que la boucle achevée de la pulsion aura fait entrer en jeu l’action de l’autre, et que ce dont il s’agit dans la pulsion qui ici enfin se révèle, se sera produit, à savoir que le chemin de la pulsion est la seule forme de transgression qui soit permise au sujet par rapport au principe du plaisir.

Le sujet s’apercevra que son désir n’est que vain détour à la pêche, à l’accrochage de la jouissance de l’autre, pour autant que l’autre inter­venant, il s’apercevra qu’il y a une jouissance au-delà du principe du plaisir.

Ce forçage du principe du plaisir par l’incidence de la pulsion partiel­le, voilà ce par quoi nous pouvons concevoir que ces pulsions partielles, ambiguës, installées sur la limite d’une Erhaltungstrieb, du maintien d’une homéostase, de sa capture par la figure voilée qui est celle de la sexualité, nous la voyons, nous commençons de voir à quel niveau ce dont il s’agit se dévoile.

C’est pour autant que la pulsion nous témoigne du forçage du princi­pe du plaisir qu’il nous est, en même temps, témoigné qu’au-delà du Real-Ich, une autre réalité intervient, dont nous verrons par quel retour c’est elle en dernier terme qui, ce Real-Ich, lui a donné sa structure et sa diversification.

 

J.-A. Miller — Est-ce que vous croyez qu’on pourrait dire en conclu­sion que la pulsion ne concerne le réel que par sa limite, limite du réel, c’est-à-dire rapport qui a ses bornes, autrement dit, que la relation de la pulsion au réel n’est pas celle d’un effort et d’un obstacle, mais d’un inté­rieur et d’un extérieur dans un espace réversible, c’est-à-dire qui s’en­roule sur lui-même, si bien qu’on pourrait dire qu’il y a deux espaces qui échangent leur extérieur et leur intérieur ne gardant, pour se distinguer, que cette opposition stable, à savoir que l’un est marqué par la sexualité et l’autre…

Alors, est-ce qu’on pourrait caractériser le rapport de la pulsion au réel de telle façon qu’on pourrait dire que la pulsion c’est le rapport au réel d’un sujet qui est entré dans le réel; alors que le besoin est le rapport au réel d’un sujet qui n’y est pas entré, c’est-à-dire qui, à proprement parler, n’existe pas ou n’est pas encore. Et que, lorsque le sujet se met à être, son objet se met à n’être pas?

Qu’est-ce que c’est que l’entrée dans le réel d’un sujet? Dans le réel d’un sujet, l’entrée dans le réel d’un sujet, ça doit être se mettre à se situer dans l’espace du grand Autre et le besoin d’un sujet ainsi situé dans cet espace, le besoin d’un tel sujet se repère par rapport au grand Autre, ce qui fait que la réalité de l’objet de ce besoin s’oblitère par là même, c’est-à-dire devient symbolique d’une demande d’amour s’adressant au grand Autre.

Donc, l’objet de la pulsion peut être défini comme symbole d’une demande au grand Autre, cet objet étant lui-même, si l’on veut, non-être, ou absent, ou néantisé.

Est-ce qu’on peut encore caractériser ce rapport d’une autre façon comme une relation d’emprunt sélectif, c’est-à-dire la pulsion emprun­tant au réel les objets, cet emprunt se caractérisant par les caractères sui­vants : la discontinuité, c’est-à-dire que l’emprunt est toujours d’élé­ments […] ou par la métamorphose que cet emprunt fait subir (idem) et par la combinaison, le montage, la composition.

Alors, je voudrais que cette réaction soit corrigée, contestée et ensui­te, je voudrais vous porter une sorte d’ultimatum qui serait : distinguer par les définitions conceptuelles d’une forme identique d’une part, l’ob­jet de la pulsion, l’objet du fantasme, l’objet du désir. Et j’entends par définition d’une forme identique, que vous définissiez:

 

1 —     la situation et le comportement du sujet en face de ces objets;

2 —     que vous déterminiez le champ dans lequel cet objet, tant pour l’ob­jet de la pulsion que la coupure de la demande […];

3 —     que vous définissiez…

 

J.     Lacan — Recommencez à me dire les 1, 2, 3.

 

J. -A. Miller —1 — L’objet de la pulsion, l’objet du fantasme, et l’objet du désir par la

situation du sujet à l’égard de chacun de ces objets;

2 —     par le champ de chacun de ces objets, ou le lieu de chacun de ces objets;

3 —     par la fonction de chacun de ces objets; mais que ces définitions soient brèves et rigoureuses.

J. Lacan — L’objet de la pulsion, il me semble que c’est ce que je vous ai apporté aujourd’hui, qui doit vous permettre de le situer.

Si je dis que c’est au niveau de ce que j’ai appelé métaphoriquement, une subjectivation acéphale, une subjectivation sans sujet, un os, une structure, un tracé qui représente, en somme, l’autre face de la topologie, qui fait en somme qu’un sujet, nous disons de par ses rapports au signi­fiant est si vous voulez un sujet troué, ces trous, ils viennent bien de quelque part.

Qu’est-ce que Freud nous apprend, dans ses premières constructions qui peuvent être dessinées au tableau, ses premiers réseaux de carrefours signifiants, qui se stabilisent de quelque chose qui, chez le sujet, est des­tiné à maintenir au maximum ce que j’ai appelé homéostase. Ce qui ne veut pas simplement dire dépassement d’un certain seuil d’excitation mais aussi répartition des voies et même, il emploie des métaphores assi­gnant un diamètre à ces voies, qui permettent le maintien, la dispersion toujours égale d’un certain investissement.

Quelque part Freud dit formellement, c’est la pression de ce qui dans la sexualité est à refouler pour maintenir le principe du plaisir, qui a per­mis sur la base de cet appareil (ajoutons même, admirablement riche et, il y en a trop bien sûr, il y a trop de cellules dans le système nerveux cen­tral pour y loger tout ce que nous pouvons y loger, mais c’est de la façon dont elles fonctionnent en tant que lieu de ce que j’ai appelé cette homéostase, de l’investissement du Real-Ich, qu’elle a pris cette forme qui y instaure ces courants de dérivation constants, de déplacement constant de l’excitation), qui fait qu’en quelque sorte l’incidence, qui peut venir, qui peut venir biologiquement de la pression de cet x que Freud appelle libido, a permis, Freud l’articule quelque part, en propres termes, a permis le progrès de l’appareil mental lui-même, en tant que tel. L’instauration par exemple, dans l’appareil mental, de cette possibi­lité d’investissement que nous appelons Aufmerksamkeit, possibilité d’attention.

La détermination, le progrès du fonctionnement du Real-Ich, à la fois satisfaire au principe du plaisir et en même temps qui est investi sans défense par les montées de la sexualité, voilà qui est responsable de sa structure.

A ce niveau, nous ne sommes même pas forcés de faire entrer en ligne de compte aucune subjectivation à proprement parler du sujet, le sujet est un appareil. Cet appareil représente quelque chose de lacunaire, et c’est dans la lacune que le sujet instaure cette fonction d’un certain objet en tant qu’objet perdu. Ceci c’est le statut de l’objet a en tant qu’il est présent dans la pulsion.

L’objet du fantasme n’est, encore que le sujet y soit fréquemment inaperçu mais il y est toujours, dans le fantasme, où qu’il se présente, dans le rêve, dans la rêverie, dans n’importe quelles formes plus ou moins développées, plus ou moins présentées, le sujet se situe lui-même comme déterminé par le fantasme.

Le fantasme est le soutien du désir, ça n’est pas l’objet qui est le sou­tien du désir. Le sujet se soutient comme désirant par rapport à un ensemble signifiant toujours beaucoup plus complexe, et ceci se voit assez à la forme de scénario qu’il prend, où lui, le sujet plus ou moins reconnaissable et quelque part, et comme à proprement parler, schizé, divisé, il est habituellement double dans son rapport à cet objet qui, fré­quemment, ne montre pas plus sa véritable figure.

J e reviendrai la prochaine fois sur ce que j’ai appelé structure de la perversion. C’est à proprement parler un effet inverse du fantasme. C’est le sujet qui se détermine lui-même comme objet dans sa rencontre avec la division de la subjectivité.

J e vous montrerai — je n’ai pu aujourd’hui que m’arrêter là, à cause de l’heure et je le déplore — que le sujet, comme lui-même assumant ce rôle de l’objet, c’est exactement ce qui soutient la réalité de la situation de ce qu’on appelle pulsion sadomasochique et qui n’est qu’un seul point dans la situation masochique elle-même. C’est pour autant que le sujet se fait l’objet d’une volonté autre — nous verrons aussi ce que veut dire le mot volonté, à cette occasion —, c’est là que non seulement se clôt, mais seulement se constitue ce qu’il en est de la pulsion sadomaso­chique.

Ce n’est que dans un deuxième temps, comme Freud nous l’indique dans ce texte, que le désir sadique est possible par rapport à un fantas­me, le désir sadique existe dans une foule de configurations, à savoir aussi bien dans les névroses, mais ce n’est pas encore le sadisme.

Le sadisme comme tel, en tant qu’il est vécu par le sadique et qu’il ne peut être soutenu que par une profonde référence à l’autre, qui vient à un certain non pas demi-tour, mais quart de tour qui a été fait dans la situation où il se place, en un point — je vous prie de vous y reporter

— que j’ai défini dans mon article, « Kant avec Sade », qui est paru dans Critique en avril 1963, le sadique occupe effectivement lui-même, à proprement parler, la place de l’objet, mais sans le savoir, au bénéfice d’un autre pour la jouissance duquel il exerce son action de pervers sadique.

Vous voyez donc là plusieurs possibilités de la fonction de l’objet, de l’objet a, qui jamais ne se trouve comme visée du désir. Il est ou pré-subjectif, ou comme le fondement d’une identification du sujet, ou comme le fondement d’une identification déniée par le sujet, c’est en ce sens que le sadisme n’est que la dénégation du masochisme. Et cette for­mule permettra d’éclairer beaucoup de choses concernant la nature véritable du sadisme.

Mais l’objet du désir au sens commun, courant du mot, ce que nous croyons, je dirai, est, ou un fantasme qui est en réalité le soutien du désir

— ce n’est pas l’objet du désir, ou un leurre.

Sur ce sujet du leurre, qui pose en même temps toutes les questions préalables que vous avez posées tout à l’heure concernant le rapport du sujet au réel, c’est chose curieuse ce dans quoi nous permettra de nous avancer l’analyse que Freud lui-même donne de l’amour.

La nécessité où est Freud de se référer au rapport de l’Ich au réel pour introduire la dialectique de l’amour, alors que, à proprement par-1er, et d’une certaine façon le réel neutre est le réel désexualisé, car c’est de cela dont il s’agit, n’est pas intervenu au niveau de la pulsion.

C’est là ce qui sera pour nous le plus enrichissant, concernant ce que nous devons concevoir de la fonction de l’amour, à savoir, qu’il indique déjà sa structure fondamentalement narcissique.

Qu’il y ait un réel, ce n’est absolument pas douteux, que le sujet n’ait de rapport, de rapport constructif avec ce réel que dans la dépendance, étroite alors, du principe du plaisir, du principe du plaisir non forcé par la pulsion, c’est ce qui, la prochaine fois, nous permettra de voir que là est la source et l’origine, là est le point d’émergence de cet objet d’amour. Toute la question est de savoir comment cet objet d’amour peut tenir à remplir un rôle analogue à cet objet tel que je viens de vous le définir, c’est-à-dire à l’objet du désir. Sur quelles équivoques, sur quelles ambiguïtés repose la possibilité, pour l’objet d’amour, de devenir objet de plaisir.

Est-ce que je vous ai donné quelques lumières par cet exposé?

J.-A. Miller — Quelques lumières et quelques obscurités.

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