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Recherches Lacan

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1967-10-22 Discours de clôture des journées sur les psychoses

Des journées d’études sur les psychoses furent organisées à la Maison de la Chimie, à Paris, les 21 et 22 octobre 1967. Les interventions parurent dans Recherches Décembre 1968 Enfance aliénée II. Parmi les intervenants non membres de l’E.F.P. : D.W. Winnicott, D. Cooper, R. Laing. Nous reproduisons telle quelle la transcription de Jacques Lacan dans Recherches non sans inviter le lecteur à prendre connaissance de la note à son sujet, datée du 26 06 1968.

(143)Mes amis,

Je voudrais d’abord remercier Maud Mannoni, à qui nous devons la réunion de ces deux jours, et donc, tout ce qui a pu s’en dégager. Elle a réussi dans son dessein, grâce à cette extraordinaire générosité, caractéristique de sa personne, qui lui a fait payer auprès de chacun, de son effort, le privilège d’amener de tous les horizons quiconque pouvait donner réponse à une question qu’elle a faite sienne. Après quoi, à s’effacer devant l’objet, elle en faisait interrogations recevables.

Pour partir de cet objet qui est bien centré, je voudrais vous en faire sentir l’unité à partir de quelques phrases que j’ai prononcées il y a quelque vingt ans dans une réunion chez notre ami Henri Ey, dont vous savez qu’il a été dans le champ psychiatrique français, ce que nous appellerons un civilisateur. Il a posé la question de ce qu’il en est de la maladie mentale d’une façon dont on peut dire qu’au moins a-t-elle éveillé le corps de la psychiatrie en France, à la plus sérieuse question sur ce que ce corps lui-même représentait.

(144)Pour ramener le tout à sa plus juste fin, je devais contredire l’organo-dynamisme dont Ey s’était fait le promoteur. Ainsi sur l’homme en son être, m’exprimais-je en ces termes : « Loin que la folie soit la faille contingente des fragilités de son organisme, elle est la virtualité permanente d’une faille ouverte dans son essence. Loin qu’elle soit pour la liberté une insulte (comme Ey l’énonce), elle est sa plus fidèle compagne, elle suit son mouvement comme une ombre. Et l’être de l’homme non seulement ne peut être compris sans la folie, mais il ne serait pas l’être de l’homme, s’il ne portait en soi la folie comme la limite de sa liberté ».

ÀÊ partir de là, il ne peut pas vous paraître étrange qu’en notre réunion aient été conjointes les questions portant sur l’enfant, sur la psychose, sur l’institution. Il doit vous paraître naturel que nulle part plus qu’en ces trois thèmes, soit évoquée plus constamment la liberté. Si la psychose est bien la vérité de tout ce qui verbalement s’agite sous ce drapeau, sous cette idéologie, actuellement la seule à ce que l’homme de la civilisation s’en arme, nous voyons mieux le sens de ce qu’à leur témoignage font nos amis et collègues anglais dans la psychose, de ce qu’ils aillent justement dans ce champ et justement avec ces partenaires à instaurer des modes, des méthodes où le sujet est invité à se proférer dans ce qu’eux pensent comme des manifestations de leur liberté.

Mais n’est-ce pas là une perspective un peu courte, je veux dire, est-ce que cette liberté suscitée, suggérée par une certaine pratique s’adressant à ces sujets, ne porte pas en elle-même sa limite et son leurre ?

Pour ce qui est de l’enfant, de l’enfant psychotique, ceci débouche sur des lois, lois d’ordre dialectique, qui sont en quelque sorte résumées dans l’observation pertinente que le Dr Cooper a faite, que pour obtenir un enfant psychotique, il y faut au moins le travail de deux générations, lui-même en étant le fruit à la troisième.

Que si enfin la question se pose d’une institution qui soit proprement en rapport avec ce champ de la psychose, il s’avère que toujours en quelque point à situation variable y prévale un rapport fondé à la liberté.

Qu’est-ce à dire ? Assurément pas que j’entende ainsi d’aucune façon clore ces problèmes, ni non plus les ouvrir comme on dit, ou les laisser ouvert. Il s’agit de les situer et de saisir la référence d’où nous pouvons les traiter sans nous-mêmes rester pris dans un certain leurre, et pour cela de rendre compte de la distance où gîte la corrélation dont nous sommes nous-mêmes prisonniers. Le facteur dont il s’agit, est le problème le plus brûlant à notre époque, en tant que, la première, elle a à ressentir la remise en question de toutes les structures sociales par le progrès de la science. Ce à quoi, pas seulement dans notre domaine à nous psychiatres, mais aussi loin que s’étendra notre univers, nous allons avoir affaire, et toujours de façon plus pressante : à la ségrégation.

(145)Les hommes s’engagent dans un temps qu’on appelle planétaire, où ils s’informeront de ce quelque chose qui surgit de la destruction d’un ancien ordre social que je symboliserai par l’Empire tel que son ombre s’est longtemps encore profilée dans une grande civilisation, pour que s’y substitue quelque chose de bien autre et qui n’a pas du tout le même sens, les impérialismes, dont la question est la suivante : comment faire pour que des masses humaines, vouées au même espace, non pas seulement géographique, mais à l’occasion familial, demeurent séparées ?

Le problème au niveau où Oury l’a articulé tout à l’heure du terme juste de ségrégation, n’est donc qu’un point local, un petit modèle de ce dont il s’agit de savoir comment nous autres, je veux dire les psychanalystes, allons y répondre : la ségrégation mise à l’ordre du jour par une subversion sans précédent. Ici n’est pas à négliger la perspective d’où Oury pouvait formuler tout à l’heure qu’à l’intérieur du collectif, le psychotique essentiellement se présente comme le signe, signe en impasse, de ce qui légitime la référence à la liberté.

Le plus grand péché, nous dit Dante, est la tristesse. Il faut nous demander comment nous, engagés dans ce champ que je viens de cerner, pouvons être en dehors cependant.

Chacun sait que je suis gai, gamin même on dit : je m’amuse. Il m’arrive sans cesse, dans mes textes, de me livrer à des plaisanteries qui ne sont pas du goût des universitaires. C’est vrai. Je ne suis pas triste. Ou plus exactement, je n’ai qu’une seule tristesse, dans ce qui m’a été tracé de carrière, c’est qu’il y ait de moins en moins de personnes à qui je puisse dire les raisons de ma gaieté, quand j’en ai.

Venons pourtant au fait que si nous pouvons poser les questions comme il s’est fait ici depuis quelques jours, c’est qu’à la place de l’X qui est en charge d’y répondre, l’aliéniste longtemps, puis le psychiatre, quelqu’un d’ailleurs a dit son mot qui s’appelle le psychanalyste, figure née de l’œuvre de Freud.

Qu’est cette œuvre ?

Vous le savez, c’est pour faire face aux carences d’un certain groupe que j’ai été porté à cette place que je n’ambitionnais en rien, d’avoir à nous interroger, avec ceux qui pouvaient m’entendre, sur ce que nous faisions en conséquence de cette œuvre, et pour cela d’y remonter.

Juste avant les sommets du chemin que j’instaurais de sa lecture avant d’aborder le transfert, puis l’identification, puis l’angoisse, ce n’est pas hasard, l’idée n’en viendrait à personne, si cette année, la quatrième avant que mon séminaire prît fin à Sainte Anne, j’ai cru devoir nous assurer de l’éthique de la psychanalyse.

(146)Il semble en effet que nous risquions d’oublier dans le champ de notre fonction qu’une éthique est à son principe, et que dès lors, quoi qu’il puisse se dire, et aussi bien sans mon aveu, sur la fin de l’homme, c’est concernant une formation qu’on puisse qualifier d’humaine qu’est notre principal tourment.

Toute formation humaine a pour essence, et non pour accident, de réfréner la jouissance. La chose nous apparaît nue, – et non plus à travers ces prismes ou lentilles qui s’appellent religion, philosophie,… voire hédonisme, car le principe du plaisir, c’est là le frein de la jouissance.

C’est un fait qu’à la fin du 19ème siècle et non sans quelque antinomie avec l’assurance prise de l’éthique utilitariste, Freud a ramené la jouissance à sa place qui est centrale, pour apprécier tout ce que nous pouvons voir s’attester, au long de l’histoire, de morale.

Qu’a-t-il fallu de remuement, j’entends aux bases pour que ce gouffre en réémerge à quoi nous jetons en pâture deux fois par nuit ? deux fois par mois ? notre rapport avec quelque conjoint sexuel ?

Il n’est pas moins remarquable que rien n’a été plus rare en nos propos de ces deux jours que le recours à l’un de ces termes qu’on peut appeler le rapport sexuel (pour laisser de côté l’acte), l’inconscient, la jouissance.

Ce ne veut pas dire que leur présence ne nous commandait pas, invisible, mais aussi bien, dans telle gesticulation derrière le micro, palpable.

Néanmoins, jamais théoriquement articulée.

Ce qui s’entend (inexactement) de ce que Heidegger nous propose du fondement à prendre dans l’être-pour-la-mort, prête à cet écho qu’il fait retentir des siècles, et des siècles d’or, du pénitent comme mis au cœur de la vie spirituelle. Ne pas méconnaître aux antécédents de la méditation de Pascal le support d’un franchissement de l’amour et de l’ambition, ne nous assure que mieux du lieu commun, jusqu’en son temps, de la retraite où se consomme l’affrontement de l’être-pour-la-mort. Constat qui prend son prix de ce que Pascal, à transformer cette ascèse en pari, la clôt en fait.

Sommes-nous pourtant à la hauteur de ce qu’il semble que nous soyons, par la subversion freudienne, appelés à porter, à savoir l’être-pour-le-sexe ?

Nous ne semblons pas bien vaillants à en tenir la position.

Non plus bien gais. Ce qui, je pense, prouve que nous n’y sommes pas tout à fait.

(147)Et nous n’y sommes pas en raison de ce que les psychanalystes disent trop bien pour supporter de le savoir, et qu’ils désignent grâce à Freud comme la castration : c’est l’être-pour-le-sexe.

L’affaire s’éclaire de ceci que Freud a dit en historiettes et qu’il nous faut mettre en épingle, c’est que, dès qu’on est deux, l’être-pour-la-mort, quoi qu’en croient ceux qui le cultivent, laisse voir au moindre lapsus que c’est de la mort de l’autre qu’il s’agit. Ce qui explique les espoirs mis dans l’être-pour-le-sexe. Mais en contraste, l’expérience analytique démontre que, quand on est deux, la castration que le sujet découvre, ne saurait être que la sienne. Ce qui pour les espoirs mis dans l’être-pour-le-sexe, joue le rôle du second terme dans le nom des Pecci-Blunt : celui de fermer les portes qui s’étaient d’abord grandes ouvertes.

Le pénitent perd donc beaucoup à s’allier au psychanalyste. Au temps où il donnait le ton, il laissait libre, incroyablement plus que depuis l’avènement du psychanalyste, le champ des ébats sexuels, comme il est sous forme de mémoires, épîtres, rapports et traits plaisants, maints documents pour l’attester. Pour le dire, s’il est difficile de juger justement si la vie sexuelle était plus aisée au XVIIe ou au XVIIIe siècle qu’au nôtre, le fait par contre que les jugements y aient été plus libres à concerner la vie sexuelle, se décide en toute justice à nos dépens.

Ce n’est certes pas trop de rapporter cette dégradation à la « présence du psychanalyste », entendue dans la seule acception où l’emploi de ce terme ne soit pas d’impudence, c’est-à-dire dans son effet d’influence théorique, précisément marqué du défaut de la théorie.

À se réduire à leur présence, les psychanalystes méritent qu’on s’aperçoive qu’ils ne jugent ni mieux ni plus mal des choses de la vie sexuelle que l’époque qui leur fait place, qu’ils ne sont dans leur vie de couple pas plus souvent deux qu’on ne l’est ailleurs, ce qui ne gêne pas leur profession puisqu’une telle paire n’a rien à faire dans l’acte analytique.

Bien sûr la castration n’a de figure qu’au terme de cet acte, mais couverte de ceci qu’à ce moment le partenaire se réduit à ce que j’appelle l’objet a, – c’est-à-dire, comme il convient, que l’être-pour-le-sexe a à s’éprouver ailleurs : et c’est alors dans la confusion croissante qu’y apporte la diffusion de la psychanalyse elle-même, ou de ce qui ainsi s’intitule.

Autrement dit ce qui institue l’entrée dans la psychanalyse provient de la difficulté de l’être-pour-le-sexe, mais la sortie, à lire les psychanalystes d’aujourd’hui, n’en serait rien d’autre qu’une réforme de l’éthique où se constitue le sujet. Ce n’est donc pas nous, Jacques Lacan, qui ne nous fions qu’à opérer sur le sujet en tant que passion du langage, mais bien ceux qui l’acquittent d’en obtenir l’émission de belles paroles.

(148)C’est à rester dans cette fiction sans rien entendre à la structure où elle se réalise, qu’on ne songe plus qu’à la feindre réelle et qu’on tombe dans la forgerie.

La valeur de la psychanalyse, c’est d’opérer sur le fantasme. Le degré de sa réussite a démontré que là se juge la forme qui assujettit comme névrose, perversion ou psychose.

D’où se pose à seulement s’en tenir là, que le fantasme fait à réalité son cadre : évident là !

Et aussi bien impossible à bouger, n’était la marge laissée par la possibilité d’extériorisation de l’objet a.

On nous dira que c’est bien ce dont on parle sous le terme d’objet partiel.

Mais justement à le présenter sous ce terme, on en parle déjà trop pour en rien dire de recevable.

S’il était si facile d’en parler, nous l’appellerions autrement que l’objet a.

Un objet qui nécessite la reprise de tout le discours sur la cause, n’est pas assignable à merci, même théoriquement.

Nous ne touchons ici à ces confins que pour expliquer comment dans la psychanalyse, on fait si brièvement retour à la réalité, faute d’avoir vue sur son contour.

Notons qu’ici nous n’évoquons pas le réel, qui dans une expérience de parole ne vient qu’en virtualité, qui dans l’édifice logique se définit comme l’impossible.

Il faut déjà bien des ravages exercés par le signifiant pour qu’il soit question de réalité.

Ceux-ci sont à saisir bien tempérés dans le statut du fantasme, faute de quoi le critère pris de l’adaptation aux institutions humaines, revient à la pédagogie.

Par impuissance à poser ce statut du fantasme dans l’être-pour-le-sexe (lequel se voile dans l’idée trompeuse du « choix » subjectif entre névrose, perversion ou psychose), la psychanalyse bâcle avec du folklore un fantasme postiche, celui de l’harmonie logée dans l’habitat maternel. Ni incommodité, ni incompatibilité ne sauraient s’y produire, et l’anorexie mentale s’en relègue comme bizarrerie.

On ne saurait mesurer à quel point ce mythe obstrue l’abord de ces moments à explorer dont tant furent évoqués ici. Tel celui du langage abordé sous le signe du malheur. Quel prix de consistance attend-on d’épingler comme préverbal ce moment juste à précéder l’articulation patente de ce autour de quoi semblait fléchir la voix même du présentateur : la gage ? La gâche ? J’ai mis du temps à reconnaître le mot : langage.

(149)Mais ce que je demande à quiconque a entendu la communication que je mets en cause, c’est oui ou non, si un enfant qui se bouche les oreilles, on nous le dit, à quoi ? à quelque chose en train de se parler, n’est pas déjà dans le postverbal, puisque du verbe il se protège.

En ce qui concerne une prétendue construction de l’espace qu’on croit saisir là naissante, il me semble plutôt trouver le moment qui témoigne d’une relation déjà établie à l’ici et au là-bas qui sont structures de langage.

Faut-il rappeler qu’à se priver du recours linguistique, l’observateur ne saurait que manquer l’incidence éventuelle des oppositions caractéristiques dans chaque langue à connoter la distance, fût-ce à entrer par là dans les nœuds que plus d’une nous incite à situer entre l’ici et le là-bas ? Bref il y a du linguistique dans la construction de l’espace.

Tant d’ignorance, au sens actif qui s’y recèle, ne permet guère d’évoquer la différence si bien marquée en latin du taceo au silet.

Si le silet y vise déjà, sans encore qu’on s’en effraye, faute du contexte « des espaces infinis », la configuration des astres, n’est-ce pas pour nous faire remarquer que l’espace en appelle au langage dans une toute autre dimension que celle où le mutisme pousse une parole plus primordiale qu’aucun mom-mom.

Ce qu’il convient d’indiquer ici, c’est pourtant le préjugé irréductible dont se grève la référence au corps tant que le mythe qui couvre la relation de l’enfant à la mère n’est pas levé.

Il se produit une élision qui ne peut se noter que de l’objet a, alors que c’est précisément cet objet qu’elle soustrait à aucune prise exacte.

Disons donc qu’on ne la comprend qu’à s’opposer à ce que ce soit le corps de l’enfant qui réponde à l’objet a : ce qui est délicat, là où ne se fait jour nulle prétention semblable, laquelle ne s’animerait qu’à soupçonner l’existence de l’objet a.

Elle s’animerait justement de ce que l’objet a fonctionne comme inanimé, car c’est comme cause qu’il apparaît dans le fantasme.

Cause au regard de ce qu’est le désir dont le fantasme est le montage.

Mais aussi bien par rapport au sujet qui se refend dans le fantasme en s’y fixant d’une alternance, monture qui rend possible que le désir n’en subisse pas pour autant de retournement.

Une plus juste physiologie des mammifères à placenta ou simplement la part mieux faite à l’expérience de l’accoucheur (dont on peut s’étonner qu’elle se contente en fait de (150)psychosomatique des caquets de l’accouchée sans douleurs) serait le meilleur antidote à un mirage pernicieux.

Qu’on se souvienne qu’à la clef, on nous sert le narcissisme primaire comme fonction d’attraction intercellulaire postulée par les tissus.

Nous fûmes les premiers à situer exactement l’importance théorique de l’objet dit transitionnel, isolé comme trait clinique par Winnicott.

Winnicott lui-même se maintient, pour l’apprécier, dans un registre de développement.

Sa finesse extrême s’exténue à ordonner sa trouvaille en paradoxe à ne pouvoir que l’enregistrer comme frustration, où elle ferait de nécessité besoin, à toute fin de Providence.

L’important pourtant n’est pas que l’objet transitionnel préserve l’autonomie de l’enfant mais que l’enfant serve ou non d’objet transitionnel à la mère.

Et ce suspens ne livre sa raison qu’en même temps que l’objet livre sa structure. C’est à savoir celle d’un condensateur pour la jouissance, en tant que par la régulation du plaisir, elle est au corps dérobée.

Est-il loisible ici d’un saut d’indiquer qu’à fuir ces allées théoriques, rien ne saurait qu’apparaître en impasse des problèmes posés à l’époque.

Problèmes du droit à la naissance d’une part, – mais aussi dans la lancée du : ton corps est à toi, où se vulgarise au début du siècle un adage du libéralisme, la question de savoir, si du fait de l’ignorance où ce corps est tenu par le sujet de la science, on va venir en droit, ce corps, à le détailler pour l’échange.

Ne discerne-t-on pas de ce que j’ai dit aujourd’hui la convergence ? En épinglerons-nous du terme de l’enfant généralisé, la conséquence ? Certains antimémoires tiennent ces jours-ci l’actualité (pourquoi anti – sont-ils ces mémoires ? Si c’est de n’être pas des confessions, nous avertit-on, n’est-ce pas là depuis toujours la différence des mémoires ?). Quoiqu’il en soit l’auteur les ouvre par la confidence d’étrange résonance dont un religieux lui fit adieu : « J’en viens à croire, voyez-vous, en ce déclin de ma vie, lui dit-il, qu’il n’y a pas de grandes personnes ».

Voilà qui signe l’entrée de tout un monde dans la voie de la ségrégation.

N’est-ce pas de ce qu’il faille y répondre que nous entrevoyons maintenant pourquoi sans doute Freud s’est senti devoir réintroduire notre mesure dans l’éthique, par la jouissance ? et n’est-ce pas tenter d’en agir avec vous comme avec ceux dont c’est la loi dès lors, que de vous quitter sur la question : quelle joie trouvons-nous dans ce qui fait notre travail ?

 

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