ÉTHIQUE
- éthique L07 13 : Pour ARISTOTE en effet, s’agissant d’un certain type de désir, il n’y a pas de problème éthique. /…/ Un très grand champ de ce qui pour nous constitue le corps des désirs sexuels est tout bonnement classé par ARISTOTE dans la dimension des anomalies monstrueuses -c’est le terme de bestialité qu’il use à leur propos. Ce qui se passe à ce niveau ne ressortit pas d’une évaluation morale. Les problèmes éthiques que pose ARISTOTE /…/ se situent /…/ ailleurs. /…/ Si l’on considère que l’ensemble de la morale d’ARISTOTE n’a point perdu de son actualité dans la morale théorique, se trouve mesuré exactement à cet endroit ce que comporte de subversion une éxpérience, la nôtre /…/.
- éthique L07 19-20 : L’éthique de l’analyse /…/ comporte l’effacement /…/ d’une dimension dont il suffit de dire le terme pour s’apercevoir ce qui nous sépare de toute l’articulation éthique avant nous /…/ Sans doute avons-nous appris à atomiser ce trauma [d’où s’engendre la mauvaise habitude] /…/ dont l’essence même de l’inconscient s’inscrit dans un autre régistre que celui sur quoi, dans l’Ethique, ARISTOTE lui-même met l’accent d’un jeu de mots éthos/éihos. /…/ L’éthique dans ARISTOTE est une science du caractère. Formation du caractère, dynamique des habitudes /…/ dressage, éducation. /…/ Dans ARISTOTE, le problème est celui d’un Bien, d’un Souverain Bien.
- éthique L07 30-31 : Lisez l’Éthique à Nicomaque /…/ franchissez les passages qui vous sembleraient trop compliqués /…/ surtout ne vous embarrassez pas de tout saisir paragraphe par paragraphe, mais essayez d’abord de lire de bout en bout, et vous en aurez sûrement la recompense. Une chose en tout cas s’en dégagera /…/ il tend à se référer à un ordre. Cet ordre se présente comme science, epistémé, science de ce qui doit être fait, ordre non contesté qui définit la norme d’un certain caractère éthos. Le problème se pose alors de la façon dont cet ordre peut être établi dans un sujet. /../ L’établissement de l’éthos est posé comme différenciant l’être vivant de l’être inanimé, inerte. Comme ARISTOTE le fait remarquer, si vous lancer une pierre en l’air, elle ne prendra pas l’habitude de sa trajectoire, tandisque l’homme, lui, prend l’habitude. C’est là l’éthos. Et cet éihos . /…/ Il s’agit de l’obtenir conforme à l’éithos, c’est-à-dire à un ordre qu’il faut rassembler, dans la perspective logique qui est celle d’ARISTOTE, en un Souverain Bien. /…/. [discours conforme=orthos logos]. Comment se fait-il que subsiste ce qu’ARISTOTE articule comme intempérance? /…/ Le problème est pour ARISTOTE /…/ d’élucider le rapport qu’il peut y avoir entre l’akolasia, l’intempérance, et le défaut manifesté concernant ce qui est la vertu essentielle de celui à qui il s’adresse, à savoir le maître.
- éthique L07 36 : Le plaisir dans ARISTOTE est une activité, comparée à la fleur qui se dégage de l’activité de la jeunesse -c’en est en quelque sorte le rayonnement. De surcroît, c’est aussi le signe de l’épanouissement d’une action, au sens propre de l’energéia, terme où s’articule la praxis véritable, comme comportant en elle-même sa propre fin.
- éthique L07 38-39 : L’appareil supportant le principe de réalité [Dans l’Esquisse] n’est-il pas singulièrement proche de ce qu’articule ARISTOTE. /…/ Cette construction [de l’hallucination] n’est pas sans rapport avec ce que développe ARISTOTE lorsqu’il pose la question de savoir comment celui qui sait peut être intempérant /…/ Il donne aussi une tentative de solution /…/ sous la forme d’un certain syllogisme du désirable. Je crois que le conquième chapitre du Livre VII sur le plaisir vaut la peine d’être lu tout entier. A côté de la proposition universelle -il faut goûter à tout ce qui est doux-, il y aurait une mineure particulière concrète -ceci est doux. /…/ le désir, en tant qu’il est sous-jacent à la proposition universelle, ferait surgir le jugement erroné concernant l’actualité du prétendu doux, vers lequel l’activité se précipite. Nous ne pouvons manquer de penser que FREUD, qui avait assisté en 1887 au cours de BRENTANO sur ARISTOTE, transpose ici, dans la perspective de sa mécanique hypothétique, l’articulation proprement éthique du problème /…/.
- éthique L07 46 : Il ne faut voir dans l’apparence d’un idéal de réduction mécanistique qui s’avoie dans l’Entwurf, que la compensation, la contrepartie de la découverte freudienne des faits de la névrose, est dès le principe aperçue dans la dimension éthique où elle se situe effectivement. Ce qui nous le montre, c’est que le conflit y est au premier plan, et que dès l’abord ce conflit est /…/ massivement d’ordre moral. /…/. FREUD ne vient là que comme un successeur. /…/ J’ai parlé d’ARISTOTE, parce que je crois que l’Ethique à Nicomaque est le premier livre vraiment articulé /…/ autour du problème de l’éthique.
- éthique L07 261: toute méditation sur le bien de l’homme, depuis l’origine de la pensée moraliste /…/ s’est faite en fonction de l’index du plaisir. Je dis tout, depuis PLATON, depuis ARISTOTE/…/ et à travers la pensée chrétienne elle-même dans Saint THOMAS.
- éthique L07 286-288: La catharsis liée par le texte [de BREUER et FREUD] au problème de l’abréaction, et qui est déjà expressément invoquée à l’arrière-plan, a des origines antiques, qui se centrent sur la formule d’ARISTOTE au début du sixième chapitre de sa Poétique, où celle-ci articule longuement ce qui est exigible dans l’ordre des genres pour qu’une oeuvre soit définie comme une tragédie. /…/ Nous traduisons habituellement cette catharsis par quelque chose comme purgation. /…/ Je vous dirai qu’au XVIème siècle, un nommé Denis LAMBIN, reprenant ARRISTOTE, met au premier plan la fonction rituelle de la tragédie, et le sens cérémoniel de la purification. /…/ En fait, ne l’oublions pas, le terme de catharsis reste singulièrement isolé dans la Poétique où nous le recueillons. /…/ De la Poétique nous n’avons qu’une partie, à peu près la moitié. /…/ Nous savons qu’il y en avait davantage parce qu’ARISTOTE dit, au livre VIII /…/ cette catharsis sur laquelle je me suis expliqué ailleurs dans la Poétique. /…/ La catharsis est ici l’apaisement obtenu d’une certane musique dont ARISTOTE [attend un effet d’enthousiasme, apaisement par le plaisir].
- éthique L07 298: [Une histoire dans HERODOTE, au 3° Livre] c’est une femme à qui on [les Perses] offre à la suite de ses lamentations le choix d’une personne à gracier dans sa famille /…/ et elle explique pourquoi elle préfère son frère à son mari /…/ Ces deux vers sont cités environ 80 ans après par ARISTOTE au 3° Livre de sa Rhétorique. [Pourquoi? à cause de leur caractère scandaleux].
- éthique L07 300-1 Antigone : Créon /…/ il veut le bien. Le chef est celui qui conduit la communauté. Il est là pour le bien de tous. Quelle est sa faute? ARISTOTE nous le dit /…/ amartia. /…/ erreur de jugement. /…/ Minerve ne se lève qu’au crépuscule /…/ [l’éthique] est dans ARISTOTE, science du bonheur.
- éthique L07 319: Sophocle c’est l’humanisme /…/ donnant l’idée d’une mesure proprement humaine entre l’enracinement dans les idéaux archaïques /…/ et l’inflexion vers le pathos /…/ que déjà ARISTOTE reprochait à EURIPIDE. /…/ L’homme est pour nous en train de se décomposer, comme par l’effet d’une analyse spectrale dont je vous donne ici un exemple en cheminant au joint entre l’imaginaire et le symbolique [I/R].
- éthique L07 323: A la fin CRÉON va revenir tenant dans ses bras /…/ le corps de son fils qui s’est suicité /…/ Le Choeur dit /…/ il ne s’agit pas là d’un malheur qui lui soit étranger, mais autos amarton, de sa propre erreur. /…/ C’est le sens sur lequel insiste ARISTOTE, et à mon avis, il a tort /…/ Ce n’est pas vrai que pour CREON, le contre-héros /…/ soit amarton. /…/ Le fruit mortel que CREON recueille dans son obstination et ses commandements insensés c’est ce fils mort qu’il a dans ses bras. Il a été amarton, il a fait une erreur.
- éthique L07 333: Le travail que vous nous avez donné aujourd’hui a fait sentir à notre assemblé /…/ l’idée des structures autour desquelles KANT regroupe et dissocie à la fois l’idée du beau. Nous aurions pu placer en arrière-fond l’idée de plaisir chez ARISTOTE, et citer la très jolie définition qu’il nous en donne dans la Rhétorique. Celà nous servira de point-pivot /…/ pour reprendre /…/ la question de l’effet de la tragédie. Malgré que nous croyions toujours devoir en référer à ARISTOTE, cet effet ne saurait se suffire de l’idée de catharsis morale.
- éthique L07 339 : Ce que j’ai articulé cette année est destiné à vous montrer /…/ la distance parcourue, disons depuis ARISTOTE et à vous faire sentir /…/ combien nous sommes loin de toute formulation d’une discipline du bonheur. Dans ARISTOTE, il y a une discipline du bonheur. Il montre les chemins /…/ qui réalisent une fonction de vertu. Cette vertu s’obtient par la mésotés, qui est loin d’être seulement un juste milieu /…/ mais qui doit permettre à l’homme de choisir ce qui raisonnablement peut le faire se réaliser dans son bien propre.
- éthique L07 372 : .La purification ne peut s’obtenir, comme il est clair à lire simplement la phrase d’ARITOTE, que pour autant que l’on a à tout le moins situé le franchissement de ses limites, qui s’appellent la crainte et la pitié.
- éthique L09 21/03/62 317: Pas un pas de notre conduite éthique ne peut, malgré l’apparence, /…/ se soutenir sans un repérage exact de la fonction du désir [celle du tyran dans l’exemple de KANT].
- éthique L20 10 : La jouissance c’est ce qu ne sert à rien. /…/ Le surmoi c’est l’impératif de la jouissance: Jouis. C’est bien la que se trouve le point tournant qu’interroge le discours analytique. Sur ce chemin, dans ce temps de l’après-coup que j’ai laissé passer, j’ai essayé de montrer que l’analyse ne nous permettait pas de nous en tenir à ce dont j’étais parti, /…/ soit à l’Ethique d’ARISTOTE. Un glissement au cours de âges s’est fait /…/ qui de la considération de l’être qui était celle d’ARISTOTE, a conduit à l’utilitarisme de BENTHAM, c’est-à-dire à la théorie des fictions, démontrant du langage la valeur d’usage, soit le statut d’outil. C’est de là que je suis revenu à interroger ce qu’il en est de l’être, du souverain bien comme objet de contemplation, d’où on avait cru jadis pouvoir édifier une éthique.
- éthique L20 41: la Génèse? Elle ne nous raconte rien d’autre que la création -de rien en effet- de quoi? -de rien d’autre que de signiiants. Dès que cette création surgit, elle s’articule de la nomination de ce qui est. N’est-ce pas la création dans son essence? Alors qu’ARISTOTE ne peut manquer d’énoncer que, s’il y a jamais eu quelque chose, c’était depuis toujours que c’était là; ne s’agit-il pas, dans l’idée créationniste, de la création à parti de rien, et donc du signifiant?N’est-ce pas là ce que nous trouvons dans ce qui, à se refléter dans une conception du monde, s’est énoncé comme révolution copernicienne? /…/ La notion de quart de tour évoque la révolution, mais certes pas dans le sens où révolution est subversion. /…/ Mais s’il y a eu révolution /…/ ce n’est certes pas au niveau de COPERNIC. /…/ la virée éternelle des étoiles de la dernière sphère supposait selon ARISTOTE la sphère immobile, cause première du mouvement de celle qui tournent.
- éthique L20 49-52 : ARISTOTE & FREUD. En traitant il y a longtemps, très longtemps, de l’éthique de la psychanalyse, je suis parti de rien moins que de l’Ethique à Nicomaque d’ARISTOTE. /…/ c’est manifestement intraduisible. /…/ Il n’est pas forcé du tout qu’ARISTOTE, ce soit impensable. /…/ ARISTOTE ce n’est pas plus compréhensible que ce que je vous raconte. /…/ Mais il est clair que cette autre satisfaction dont je parlais à l’instant, c’est exactement celle /…/ des universaux, du Bien, du Vrai, du Beau. /…/ De même que le discours que j’essaie, moi, d’amener au jour, il ne vous est pas tout de suite accessible à l’entendre, de même, d’où nous sommes, il n’est pas non plus facile d’entendre le discours d’ARISTOTE. /…/ Qu’est-ce qu’il prend dans son filet, dans son réseau /…/ qu’est-ce qu’il poursuit?
- éthique L20 55-58: Vous remarquerez que j’ai parlé de l’essence, tout comme ARISTOTE. /…/. Ça veut dire que ces vieux mots sont tout à fait utilisables /…/ c’est à cela que je suis passé tout de suite après ARISTOTE. /…/ L’utilitarisme, ça ne veut pas dire autre chose que ça -les vieux mots /…/ c’est à quoi ils servent qu’il faut penser. /…/ Il faut user /…/ des vieux mots. C’est ça l’utilitarisme. Et ça a permis un grand pas pour décoller des vieilles histoires d’universaux où on était engagé depuis PLATON et ARISTOTE. /…/ En somme cette jouissance [des universaux], si elle vient à celui qui parle, et pas pour rien, c’est parce que c’est un petit prématuré. Dans FREUD on en a des taces. S’il a parlé d’Urverdrängung, de refoulement primordial, c’est bien parce que justement le vrai /…/ n’est pas premier -il est second. On la refoule cette jouissance parce qu’il ne convient pas qu’elle soit dite. /…/ Elle ne convient pas /…/ au rapport sexuel. A cause de ce qu’elle parle, ladite jouissance, lui, le rapport sexuel, n’est pas. /…/ le premier effet du refoulement, c’est qu’elle parle d’autre chose. C’est ce qui fait de la métaphore le ressort. /…/ C’est à partir de ce pas à pas /…/ qu’il nous faut aborder cet éclairage que peuvent prendre l’un de l’autre ARISTOTE et FREUD.
- éthique L20 61 : J’ai appelé une autre satisfaction, la satisfaction de la parole. /…/ c’est celle qui répond à la jouissance qu’il fallait juste /…/ Ce juste, ce justement est un /…/ tout juste réussi, ce qui donne l’envers du raté. /…/ Nous avons là justifié ce qu’ARISTOTE apporte de la notion de la justice comme le juste milieu. /…/ Si ARISTOTE ne se comprend pas si aisement /…/ c’est bien là ce qui me justifiait quant à moi à vous dire que lire ne nous oblige pas à tout comprendre. Il faut lire d’abord.
- éthique L21 19/3 118 : Si donc je vous réveille, à l’endroit de ce dont tout de même notr antique kalonagathos nous permet de dater la formule dans le Souverain Bien d’ARISTOTE, quand j’ai fait L’Ethique de la psychanalyse, c’est à l‘Ethique à Nicomaque que je me suis référé.
- éthique TÉLÉVISION : 36 : le discours scientifique et le discours hystérique ont presque la même structure, ce qui explique l’erreur que FREUD nous explique de l’espoir d’une thermodynamique dont l’inconscient trouverait dans l’avenir de la science sa posthume explication /…/ Nous tenons à l’âme comme la tique à la peau du chien. Car cette fameuse moindre tension dont FREUD articule le plaisir, qu’est-ce d’autre que l’Ethique d’ARISTOTE. /…/ quoi qu’il en soit, je m’en suis tenu à NICODÈME et à EUDÈME, soit à ARISTOTE, pour en différencier vigoureusement l’éthique de la psychanalyse, -dont je frayé la voie toute une année.
- éthique TÉLÉVISION 61 : L’éthos [l’habitude], comme dit ARISTOTE, n’a pas plus à faire avec l’éthique, dont il remarque l’homonymie sans parvenir à l’en cliver, que n’en a le lien conjugal. Comment, sans soupçonner l’objet qui à tout cela fait pivot, non eythos, mais éthos, l’objet “a” pour le nommer, pouvoir en établir la science. Il est vrai qu’il restera à accorder cet objet du mathème que La science, la seule encore à ex-sister: La physique, a trouvé dans le nombre et la démonstration.