INDÉCIDABLE
Indécidable L14, 10/05/67, LEF n°5 p.68: Or je souligne à nouveau qu’on n’a trouvé dans aucun système formel la possibilité de l’acte sexuel. Vous me direz que cela ne prouve rien, puisque l’on sait aujourd’hui très bien cerner ce domaine qui a pour statut d’être non-décidable, et que l’on peut le définir logiquement. Alors cet Autre, comment le définir, et quel est son domaine? /…/ L’Autre c’est le corps.
Indécidable L16 11/12/68: Qu’un autre niveau se dessine d’une démonstration possible, qu’un énoncé n’y soit pas démontrable, mais qu’il devient très singulier et très étrange qu’en certains cas ce pas-démontrable lui-même échappe pour quelque chose qui s’énonce dans le même champ, c’est-à-dire que ne pouvant même pas être affirmé qu’il n’est pas démontrable une dimension distincte s’ouvre qui s’appelle le non-décidable. Ces échelles non pas d’incertitude mais de défaut dans la structure logique, sont-ce elles-mêmes qui peuvent nous permettre d’appréhender que le sujet comme tel pourrait en quelque sorte y trouver son appui, son statut /…/ pour s’y identifier comme identique au défaut même du discours.
Indécidable L17 08/04/70: L’intervalle dont quelqu’un joue à y intervenir dans la psychanalyse n’est figurable que de la distance de l’écrit à la parole. Ce n’est que de l’écrit qu’a pu se sustenter une logique, la logique dite mathématique, dont les sceptiques auraient la surprise de constater qu’elle obtient l’assurance irréfutable du vrai sur des assertions aussi peu vides que, par exemple: “Un système défini comme de l’ordre de la mathématique n’obtient la consistance d’obtenir toujours des partages du vrai et du faux qu’à se confirmer d’être incontesté, soit d’exiger que l’indémontrable de formule se vérifie ailleurs”. Ou encore: “cet indémontrable relève d’autre part d’une démonstration qui en décide indépendamment de sa vérité”; ou encore: “Il y a un indécidable qui s’articule de ce l’indémontrable ne saurait être même décidé.
Indécidable L18, 16/06/71: S’il existe -on le suppose- quelque chose de défini, c’est ce que nous appelons castration, qui aurait le privilège de parer à ce quelque chose dont l’indécidable fait le fond du rapport sexuel, pour autant que la jouissance y doit être ordonnée. Au regard de ceci, qui ne me semble pas évitable, -je parle de ces énoncés- la dramaturgie de contrainte qui fait le quotidien du discours analytique est tout à fait contraire à /…/ ce qu’il en est des rituels d’initiation /…/ Il s’agit encore de savoir ce que veut dire une contrainte; une contrainte n’est jamais que quelque chose d’un tout autre ordre que la prétendue prévalence d’une prétendue supériorité physique ou autre; elle se supporte précisément de signifiants, et, si c’est à la loi, à la règle des dits signifiants que de tels sujets veulent bien se soumettre, c’est bien pour des raisons.
Indécidable L24 10/05/77, Ornicar?. 17-18, p.10: Un nommé Gödel /…/ a démontré qu’il y a de l’indécidable. Il le démontre sur quel terrain? Sur le plus mental de tous les mentaux /…/ à savoir ce qui compte. Ce qui compte c’est l’arithmétique. Je veux dire que c’est l’arithmétique qui développe le comptable. La question est de savoir s’il y a des Uns qui sont indénombrables. C’est ce qu’a promu Cantor. Mais cela reste douteux, étant donné que nous ne connaissons rien que de fini, et que le fini est toujours dénombrable. Est-ce la faiblesse du mental? C’est simplement la faiblesse de ce que j’appelle l’imaginaire.
Indécidable Sc4 p.35: A passer dans son discours /…/ de tout savoir-faire du corps /…/ l’analyse, -d’évoquer une sexualité de métaphore, métonymique à souhait par ses accès les plus communs, ceux dits pré-génitaux (à lire extra-) prend figure de révéler la torsion de la connaissance.