MANÉ THÉCEL PHARÈS
Mané, Thécel, Pharès E455 [Lacan, 1966, p. 455]: « Quelqu’un devant qui se répète toujours à point nommé sur la muraille le phénomène de l’inscription des mots “”Mané, Thécel, Pharès”, fussent-ils tracés en caractères cunéiformes, ne peut indéfiniment n’y voir que festons et astragales. Même s’il le lit comme on lit dans le marc de café, ce qu’il lira ne sera jamais si bête, pourvu qu’il lise, fût-ce comme M. Jourdain sans savoir ce que c’est que lire. »
Mané, Thécel, Pharès L02 346 : « Depuis toujours, l’homme a cherché à conjoindre le réel et le jeu de symboles. Il a écrit des choses sur les murs, il a même imaginé que des choses, Mané, Thécel, Pharès, s’écrivaient toutes seules sur les murs, il a mis des chiffres à l’endroit où s’arrêtait, à chaque heure du jour, l’ombre du soleil. Mais enfin les symboles restaient toujours à la place où ils étaient faits pour être. Englués dans ce réel, on pouvait croire qu’ils n’en étaient que le repérage. La nouveauté, c’est qu’on leur a permis de voler de leurs propres ailes. Et ce, grâce à /…/ une porte. »
Mané, Thécel, Pharès. symbolique 1953 : “Le symbolique, l’imaginaire et le réel”) :Ce que le psychanalyste d’aujourd’hui épargne à l’analysant, c’est bien ce que nous avons dit plus haut : ce n’est pas ce qui le concerne, qu’il est bientôt prêt à gober puisqu’on y met les formes, les formes de la potion… Il ouvrira son gentil petit bec de bécot ; il l’ouvrira, l’ouvrira pas. Non, ce que le psychanalyste ouvre, puisque lui-même s’en couvre, c’est qu’il puisse se dire quelque chose, sans qu’aucun sujet le sache. Méné méné, thékel, oupharsin. Si ça apparaît sur le mur pur que tout le monde le lise, ça vous fout un empire par terre. La chose est rapportée en bon lieu.
Mané, Thécel, Pharès. symbolique 1953 : “Le symbolique, l’imaginaire et le réel”) :
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Mané, Thécel, Pharès; lettre Sainte Anne séminaire sur le savoir du psychanalyste, donné à l’hôpital Sainte Anne, à Paris (3 février 1972) pour y lire la marque de la passion : « Ce qu’il y a de mieux dans ce qui s’écrase quelque part, ce curieux élan qu’on appelle l’amour, c’est la lettre, c’est la lettre qui peut prendre d’étranges formes. Il y avait un type comme ça, il y a 3000 ans, qui était certainement à l’acmé de ses succès, de ses succès d’amour, qui a vu apparaître sur le mur quelque chose que j’ai déjà commenté Méné, méné, thékel, oupharsin qu’ça disait ; d’habitude, je ne sais pourquoi, on articule Mané, Thécel, Pharès… »
Mané, Thécel, Pharès; L22 186 triméthylamine. Passage où Lacan évoque le spectacle qu’offre au rêveur la gorge déployée d’Irma, à quoi correspond le passage suivant : « Freud, juste avant ou juste après, se fait opérer, par Fliess ou un autre, des cornets du nez. Il y a là une horrible découverte, celle de la chair qu’on ne voit jamais, le fond des choses, l’envers de la face, du visage, les secrétats par excellence, la chair dont tout sort, au plus profond du mystère, la chair en tant qu’elle est souffrante, qu’elle est informe, que sa forme est par soi-même quelque chose qui provoque l’angoisse. Vision d’angoisse, identification d’angoisse, dernière révélation du tu es ceci – Tu es ceci, [tat tvam asi] qui est le plus loin de toi, ceci qui est le plus informe. C’est devant cette révélation du type Mané, Thécel, Pharès, que Freud arrive, au sommet de son besoin de voir, de savoir, qui s’exprimait jusqu’alors dans le dialogue de l’ego avec l’objet. » /…/Et toujours à propos de la formule qui apparaît dans ce rêve de Freud, quelques pages plus loin (p. 189), il poursuit : « Il en sort en caractères gras, au-delà de ce vacarme des paroles, comme le Mané, Thécel, Pharès de la Bible, la formule de la triméthylamine. »