NOUS
- NOUS KS 388; Les noms du père; 10/11/63.”Bien sûr, nous-mêmes parlons depuis longtemps déjà et nous nous détachons de toute conception du sujet qui en fait un pur corrélat de l’intelligent à l’intelligible, du nous antique, de toute foi faite à la connaissance. Ici l’angoisse se montre en position cruciale. Ici ARISTOTE, pour la tradition antique, agonia, pathos local qui s’apaise dans l’impassibilité du tout. Il reste quelque chose de la position antique jusque dans la pensée positiviste, celle sur laquelle se fonde et vit maintenant encore, la science dite psychologique .
- NOUS L10 8/5/63, p.5 : La cause donc, la cause surgit toujours en corrélation du fait que quelque chose est omis dans la considération de la connaissance, quelque chose qui est précisément le désir qui anime la fonction de la connaissance [point aveugle de la connaissance]./…/ Déjà bien avant FREUD -ai-je besoin d’évoquer NIETZSCHE- /…/ d’autres ont mis en question ce qu’il y a de désir sous la fonction de connaître; d’autres se sont interrogés sur ce que veut PLATON, qui lui fasse croire à la fonction centrale, originelle, créatrice, du Souverain bien, sur ce que veut ARISTOTE, qui, lui, fait croire à ce singulier premier moteur qui vient se mettre à la place du anaxagorique /…/ et qui soutient tout le cosmos. [LACAN dénonce le mythe de l’origine psychologique de la connaissance] .
- NOUS L22, p. 116;. Ce qui distingue la science moderne de la science antique, laquelle se fonde de la réciprocité du nous et du monde, entre ce qui pense et ce qui est pensé, c’est justement la fonction de l’un. De l’Un en tant qu’il n’est là […] que pour représenter la solitude, le fait que l’un ne se noue véritablement avec rien de ce qui semble à l’Autre sexuel.
- NOUS L22 18/2 ORN4 105 : Quand on pose le savoir comme immanent au réel, on l’y met sous la forme du nous, de la toute-puissance, à savoir que c’est Lui qui fait marcher la machine, grâce à quoi le réel sait ce qu’il a à faire. /…/ Voltaire croyait à l’Être suprême/…/ Ça ne pouvait être loin de la toute-science. /…/ ARISTOTE était populiste, c’est l’artisan qui donne le modèle de ses causes. Toute la superbe du nous se réduit à ça, ce qui fait que sa théorie a été accueillie à bras ouverts partout où la métaphore du potier prime. Une main divine a fait le pot. Mais Dieu s’occupe-t-il toujours de le faire tourner? Le laisse-t-il tourner tout seul? Raffinements du savoir.
- NOUS Sc2 66 Scilicet n° 2, p. 66 : […] à un Ulysse abordant un rivage inconnu, une fumée au premier chef laisse présumer que ce n’est pas une île déserte. Notre fumée est donc signe […] du producteur de feu [Philoctète, par. ex.] […] Mais l’évidence que ce ne soit pas pour faire signe à Ulysse que les fumeurs campent, nous suggère plus de rigueur au principe du signe. Ce qu’elle nous fait sentir, comme au passage, ce qui pêche à voir le monde comme phénomène, c’est que le noumène, de ne pouvoir dès lors faire signe qu’au nous, soit au suprême quelqu’un, signe d’intelligence toujours, démontre de quelle pauvreté procède la vôtre à supposer que tout fait signe : c’est le quelqu’un de nulle part qui doit tout manigancer. […] Quand on reconnaîtra la sorte de plus-de-jouir qui fait dire “ça c’est quelqu’un”, on sera sur la voie d’une manière dialectique peut-être plus active que la chair du Parti, employée comme baby-sitter de l’histoire. Cette voie, la psychanalyse pourrait l’éclairer de sa passe.