SUSPENS
suspens L05 89 : Essayons donc de schématiser ce qui se passe dans ce temps d’arrêt [suspens] qui, en quelque sorte, par une voie singulière, en baïonnette /…/ décale la communication de la demande par rapport à son accès à la satisfaction.
suspens L06 137 : /…/ dans la relation du sujet à l’Autre la réponse se fait rétroactivement et ailleurs /…/ au-delà de cette demande /…/ il y a place pour la réponse /…/ là schématisée par un S signifiant de A barré S(A), c’est-à-dire que l’Autre lui aussi est marqué par le signifiant /…/. Mais par contre, respecter, viser, explorer, utiliser ce que déjà on exprime au-delà de ce lieu de la réponse chez le sujet, et qui est représenté par la situation imaginaire où lui même se pose [Ansatz], se maintient, se suspend comme dans une position qui assurément participe par certains côtés des artifices de la défense, c’est bien cela qui fait l’ambiguïté de tellement de manifestations du désir, du désir pervers par exemple.
suspens L06 156-7 : /…/ Autre chose est ce qui s’articule dans ces signifiants refoulés et qui est toujours une demande, autre chose est le désir, pour autant que le désir est quelque chose par quoi le sujet se situe, du fait de l’existence du discours, par rapport à cette demande. /…/ La restitution du sens du fantasme, c’est-à-dire de quelque chose d’imaginaire, vient entre les deux lignes, entre l’énoncé de l’intention du sujet et ce quelque chose que d’une façon décomposée il lie, cette intention profondément morcelée, fragmentée, réfractée par la langue. Entre les deux est ce fantasme où d’habitude il suspend son rapport à l’être.
suspens L09 7/6/ 548 : Les émotions [de l’hystérique] sont en quelque sorte des caduques du comportement, des parties chues reprises comme signifiant. /…/ Que ceux qui ont vu le film “Rashomon” se souviennent de ces étranges intermèdes qui soudain suspendent les combattants, qui vont chacun séparément faire sur eux-mêmes trois petits tours, faire à je ne sais quel point inconnu de l’espace une paradoxale révérence. Ceci fait partie de la lutte, de même que dans la parade sexuelle Freud nous apprend à reconnaître une espèce de paradoxe interruptif d’incompréhension, scansion.
suspens L11 106 : Cette temporalité très particulière que j’ai définie par le terme d’arrêt et qui crée derrière elle sa signification, c’est elle qui fait la distinction du geste et de l’acte.
suspens L11 107 : j’ai marqué là la suture, la pseudo-identification, qu’il y a entre ce que j’ai appelé le temps d’arrêt terminal du geste, et ce que, dans une autre dialectique que j’ai appelée dialectique de la hâte identificatoire, je mets comme premier temps, à savoir l’instant de voir. Ça se recouvre mais ça , n’est certainement pas identique, puisque l’un est initial et l’autre terminal.