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Recherches Lacan

LXI LES QUATRE CONCEPTS FONDAMENTAUX DE LA PSYCHANALYSE 1964 Leçon du 22 avril 1964

Leçon du 22 avril 1964

 

J’ai introduit la dernière fois le concept de transfert. Vous avez pu le remarquer, je l’ai fait d’une façon problématique, en me fondant sur les difficultés qu’il impose à l’analyste.

J’ai pris, à moi offert par la rencontre, le hasard du dernier article publié dans l’organe le plus officiel de la psychanalyse, l’International Journal of Psychoanalysis, l’article de Szasz’ qui va jusqu’à mettre en cause l’utilisation dans l’analyse de la notion de transfert comme ouvrant la porte à une effectuation du rôle de l’analyste dont le carac­tère serait, en elle-même, d’être en somme sans contrôle puisqu’en rai­son des repères (j’ose le croire, eux-mêmes problématiques) que prend Szasz pour en discuter — à savoir les repères du logico-positivisme, ce qui consiste à interroger directement l’effet de sens du signifiant comme étant quelque chose qui se détermine de l’extérieur, que son emploi en rapport avec telle ou telle réalité supposait être des données.

Dans l’occasion, c’est par rapport à ce qui se manifestera d’actuel dans le traitement que l’analyste va pointer, pour le patient, ce qui s’y produit d’effets de discordance plus ou moins manifestes à l’endroit de ce qu’on appellera la «réalité de la situation analytique», à savoir les deux sujets qui y sont présents.

Et bien sûr, Szasz n’a pas de peine à opposer les deux pôles de ce qui peut s’y produire, à savoir

—        les cas où cet effet de discordance bien évident prendra par exemple l’illustration de quelque chose dont nous ne sommes point étonnés de le voir surgir sous la plume humoristique d’un Spitz, d’un vieux de la vieille qui en connaît un bout, pour savoir ce qui convient, à prendre des exemples exemplaires et, pour tout dire, à bien amuser son public! Prenant comme exemple le cas où une de ses patientes, dans un rêve qu’on appelle «de transfert», c’est-à-dire de réalisations amoureuses avec son analyste (en l’occasion lui, Spitz), le voit pour­vu d’une chevelure aussi blonde qu’abondante, ce qui à toute person­ne qui a entrevu le crâne en œuf du personnage, et il est assez connu pour être célèbre, apparaître bien évidemment un point sur lequel l’analyste pourra montrer au sujet à quelles distorsions les effets de l’inconscient l’ont poussé!

—        Mais assurément, quand il s’agira de qualifier une conduite du patient comme étant, à l’endroit de l’analyste, à visée désobligeante, « de deux choses l’une, nous dit Szasz, ou bien le patient est d’accord, ou s’il ne l’est pas, qui tranchera, sinon la position principielle que l’analyste a toujours raison ? » ce qui nous rejette vers ce pôle à la fois manifestement mythique et idéalisant, de ce que Szasz appelle « l’intégrité de l’analyste », ce dont nous nous demandons ce que cela peut bien vou­loir dire si ce n’est le rappel à la dimension de la vérité!

Je ne puis donc situer l’article de Szasz que dans cette perspective où lui-même ne peut le considérer comme opérant qu’à titre proprement, non point heuristique, mais éristique, qu’au titre de nous manifester, dans la réflexion en impasse d’un analyste, la présence d’une véritable crise de conscience dans la fonction analytique, dans la fonction de l’analyste.

Cette crise de conscience, voilà qui d’une certaine façon, dirais-je, ne nous intéresse que de façon tout à fait latérale, si nous-mêmes avons le sentiment et pouvons trouver, avoir tracé des voies qui n’y butent nul­lement, pour tout dire, d’avoir montré la voie où un tel écueil, pour autant qu’après tout, il ne fait que profiler de la façon la plus aiguë, la plus extrême, et même jusqu’à un certain point que forcer ce à quoi aboutirait certaine pente, si on s’y laissait aller, non pas tellement de pratique de l’analyse de transfert, qu’une certaine façon unilatérale de la théoriser.

Ceci nous indique assurément les dangers de cette pente, mais c’est une pente que nous avons nous-mêmes depuis assez longtemps dénoncée en montrant qu’est ailleurs la ligne de visée, pour que nous n’en soyons affecté qu’à titre de confirmation d’une réflexion personnelle de quelqu’un qui, aussi bien, doit montrer par là quelque retour, quelque réaction qui se produit, qui ne peut manquer de se produire dans cette pente de l’analyse que j’ai associée la dernière fois, à une certaine aire sociologique, à un certain idéal de conformisation individuelle qui don­nerait, en quelque sorte, la mesure et l’emploi de la pratique analytique dans cette configuration sociale déterminée que j’ai désignée par son nom.

Et, pour nous ramener aux données, je dirais presque phénoménolo­giques qui nous permettent de replacer le problème là où il est, je vous ai indiqué la dernière fois, en concluant, que dans ce rapport de l’un à l’autre, quel qu’il soit, qui s’instaure dans l’analyse, une dimension est éludée dans cette façon, je le souligne, unilatérale de présenter le trans­fert. C’est que l’un des deux s’adresse à l’autre. Sans doute, la notion du transfert nous permettra de savoir en quels termes et pourquoi, sur quels présupposés (et sans doute, ces présupposés doivent avoir quelque chose à faire avec le phénomène du transfert) mais sans même avoir à nous y référer, il est clair que cette relation s’instaure sur un plan qui n’est point réciproque, qui n’est point symétrique. Nous n’avons pas là en effet à nous étonner, que c’est ce que Szasz constate (très à tort pour la déplorer)

—        que dans ce rapport de l’un à l’autre s’institue la dimension, en effet, d’une recherche de la vérité; où l’un est supposé, est supposé savoir, tout au moins en savoir plus que l’autre,

—        et que de celui qui est supposé savoir, la dimension surgit, aussitôt que penser, qui est que, non seulement il ne faut pas qu’il se trompe, mais aussi bien qu’on peut le tromper, que le « se trompe » aussi, du même coup, est rejeté, sur le sujet, que ce n’est pas simplement que le sujet est si l’on peut dire, soit si l’on peut dire d’une façon statique dans le manque, dans l’erreur. C’est que d’une façon E…], dans le dis­cours, dans ce vers quoi il s’avance, dans ce qu’il articule, par son dis­cours, il peut, il doit, il est essentiellement situé à la dimension de « se tromper».

Que même, comme le remarque à très juste titre un analyste, dont je prendrai à plusieurs reprises, aujourd’hui, le repère, pour marquer, chez lui aussi, une certaine courbe, une certaine évolution de sa pensée concernant le transfert… C’est Nunberg, Nunberg dans l’année 1951, volume XXXII de l’International Journal of Psychoanalysis.

C’est un article qu’il intitule… Non, c’est plus tôt, en 1926, dans le volume VII, c’est un article qu’il intitule The will to recovery, c’est-à-dire « la volonté », non pas à proprement parler « de guérison » : reco­very c’est ‘restauration’, ‘retour’ (le mot est fort bien choisi) et il s’in­terroge sur ce qui peut, en somme, motiver chez le patient, chez le patient dont chacun sait que son symptôme, la théorie nous le dit, son symptôme est fait pour lui apporter certaines satisfactions, sinon satis­faction, assurément (la chose est doctrinée) du plaisir, qu’est-ce qui peut en fin de compte pousser le patient à venir recourir à l’analyste, à demander quelque chose qu’il appelle, lui, « la santé »?

Par beaucoup d’exemples (et non des moins humoristiques) Nunberg n’a pas de peine à montrer qu’il ne faut pas faire beaucoup de pas dans l’analyse pour voir quelquefois éclater ce qui a motivé le patient. Comme la visée profonde, sans doute non avouée d’abord, couverte de termes généraux, de sa recherche de ce qu’il appelle sa « santé », son « équilibre », c’est justement sa visée inconsciente, nous ne disons, non point à longue portée, mais dans sa portée la plus immédiate.

Et quel abri par exemple du recours à l’analyse pour rétablir la paix de son ménage parce que quelques boiterie est survenue dans sa fonc­tion sexuelle ou quelque désir extra-conjugal! Ce que le patient s’avè­re dès les premiers temps viser, à proprement parler, c’est (sous la forme d’une suspension provisoire de ses relations de présence à son foyer, de mise à l’écart de son conjoint) précisément ce qu’il désire, à savoir ce qui est dans le sens directement contraire de ce qu’il est venu proposer comme but premier de son analyse, s’adressant à son analyste — à savoir précisément, non pas la restitution de son ménage, mais sa rup­ture!

Nul doute donc que nous nous trouvions là, enfin au maximum, dans l’acte même de l’engagement de l’analyse et donc certainement aussi dans ses premiers pas, mis au contact de la profonde ambiguïté de toute assertion du patient; du fait qu’elle a, par elle-même et très essen­tiellement, une double face et que, pour dire le mot, ce soit d’abord comme s’instituant dans et même par un certain mensonge que nous voyons s’instaurer la dimension de la vérité. En quoi elle n’est à pro­prement pas parler ébranlée, puisque déjà le mensonge comme tel se propose, se pose lui-même dans cette dimension de la vérité; que cet accrochage initial, que toute l’expérience analytique dans la relation du sujet au signifiant (non pas en tant que c’est lui qui en dispose, mais que le rapport avec le signifiant le constitue et l’institue comme sujet), c’est là le repère dont ce n’est pas en vain que nous avons voulu d’abord le mettre au premier plan d’une rectification générale de la théorie analy­tique car il est aussi premier et constituant dans l’instauration de l’ex­périence analytique que, nous l’avons souligné, il doit être conçu comme premier et constituant dans la fonction de l’inconscient dans ce qu’elle a de plus radical.

Sans doute c’est limiter là, dans notre incidence didactique quant à l’analyse, l’inconscient à ce qu’on pourrait appeler sa plate-forme la plus étroite — si étroite qu’elle est semblable au tranchant du couteau. Mais c’est par rapport à ce point de division que nous pouvons ne pas faire d’erreur du côté d’aucune substantification, de ce dont il peut s’agir, de ce qu’il y a à manier dans l’expérience analytique.

A prendre les choses, à les centrer, sur le schéma à quatre coins de notre graphe, distinguant sciemment le plan de l’énonciation du plan de l’énoncé, à l’illustrer à l’occasion de ce qu’une pensée logicienne trop formelle y introduit d’absurdité; en marquant par exemple l’impasse, voire le paradoxe, en voyant une antinomie de la raison dans l’énoncé du « je mens », alors que chacun sait qu’il n’y a point la moindre anti­nomie […] qu’il est tout à fait faux de reprendre, de répondre à ce « je mens » que « si tu dis « je mens » c’est que tu dis la vérité et donc tu ne mens pas » et ainsi de suite, il est tout à fait clair que le « je mens » ce n’est pas seulement ce qui fait sens, malgré son absurdité qu’il est sou­tenable, il est parfaitement valable.

Le ‘je’ qui énonce, le ‘je’ de l’énonciation n’est pas le même que le ‘je’ de l’énoncé, c’est-à-dire le shifter qui, dans l’énoncé, le désigne.

Il est tout à fait concevable que, du point où j’énonce, formule d’une façon tout à fait valable que le ‘je’, le ‘je’ qui à ce moment-là formule l’énoncé est en train de mentir, qu’il a menti peu avant, qu’il ment après, ou même qu’en disant «je mens», il affirme qu’il a, à formuler cette parole, l’intention de tromper, il n’y a pas à aller très loin de nous pour en illustrer l’exemple : l’historiette juive rendue célèbre du train que l’un des deux partenaires de l’histoire affirme à l’autre qu’il va prendre. «Je vais à Lemberg », lui dit-il, à quoi l’autre lui répond

« Pourquoi me dis-tu que tu vas à Lemberg puisque tu y vas vraiment? Et que, si tu me le dis, c’est que, c’est pour que je croie que tu vas à Cracovie ».

Ce dont il s’agit, dans cette division de l’énoncé à l’énonciation, fait qu’effectivement, si nous pointons le ‘je’ du «je mens»…

—        au niveau de la chaîne de l’énoncé où le ‘mens’ est un signifiant fai­sant partie, au niveau de l’Autre, du trésor du vocabulaire. Où le ‘je’, ‘je’ se détermine rétroactivement, devient signification engendrée au niveau de l’énoncé.

—        Ce qu’il produit au niveau de l’énonciation, c’est effectivement ici un « je te trompe » qui en est le résultat, mais qui provient de quelque chose qui est ici le point d’où l’analyste attend le sujet dans la recherche analytique et, lui renvoyant, selon la formule, son propre message dans sa signification véritable, c’est-à-dire sous une forme inversée, lui dit « dans ce ‘je te trompe’, ce que tu envoies comme message, c’est ce que moi je t’exprime. Ce faisant, tu dis la vérité. »

Dans l’effort, dans le cheminement de tromperie où le sujet s’aven­ture, l’analyste est en posture de formuler ce « tu dis la vérité», et notre interprétation n’a jamais de sens que dans cette dimension.

Je voudrais ici, un instant, vous indiquer d’une façon en quelque sorte toute courte, parce qu’elle se présente à notre portée, la ressour­ce que nous offre ce schéma vis-à-vis de la démarche fondamentale, qui est celle dont j’ai fait dater la possibilité [de la découverte] de l’in­conscient, qui est bien là depuis toujours, qui était là au temps de Thalès, qui était là au niveau de modes de relations inter-humaines les plus primitifs, mais d’où date la possibilité de ce que j’ai appelé sa découverte.

Si nous reportons, sur ce schéma, il faudra sans doute que j’aille vite, le ‘je pense’ cartésien, observez bien comment s’opérerait la chose. Assurément la distinction de l’énonciation à l’énoncé est ce qui en fait le glissement toujours possible, et si l’on peut dire le point d’achoppe­ment éventuel. Car si quelque chose est, par procès du cogito, institué, c’est ici un cogitans, une dimension, le registre de la pensée en tant qu’il est extrait d’une opposition à l’étendue, qui reste actuellement son point le plus fragile, mais qui, assurément, lui assure un statut suffisant, dans l’ordre de la constitution signifiante.

Que l’ego ici puisse se désigner comme ce qui en est la conséquence, ceci en effet donne sa certitude au niveau de l’énonciation, au cogito qui prend cette place. Mais il faut le dire, le statut du « je pense » est aussi réduit, aussi minimal, aussi ponctuel, et pourrait aussi bien être affecté de cette connotation du « ça ne veut rien dire » que le « je mens » de tout à l’heure.

Car le « je pense », réduit à cette ponctualité d’être un « je pense » qui ne s’assure que du doute absolu concernant toute signification du « je pense », a peut-être même un statut encore plus fragile que celui où on a pu attaquer le « je mens ».

Dès lors j’oserai qualifier, dans son effort de certitude, le «je pense» cartésien, de participer d’une sorte, je ne dirai même pas de prématura­tion, d’avortement, et c’est là qu’est la différence du statut que donne au sujet la dimension découverte de l’inconscient. Cartésien, il est de toute la différence de quelque chose qui, concernant la certitude du sujet, est celle d’un avortement, à ce que nous appellerons quoi? Une promesse, quelque chose dont la plate-forme est plus large que cet homuncule. Je vais reprendre le terme tout à l’heure, pour désigner ce que je veux dire, à savoir le désir qui est là à situer au niveau du cogito. Que tout ce qui anime, ce dont parle toute énonciation, c’est du désir!

Là encore, je vous fais observer que j’ai dit désir, et le désir tel que je le formule par rapport à ce que Freud nous apporte. Dès le départ de ses assertions, il en dit plus. Je vais dire quoi tout à l’heure mais dès maintenant, je reprends ce terme ‘d’avorton’, ‘d’homuncule’.

Si je puis ainsi épingler la fonction du cogito cartésien, c’est qu’elle est illustrée par la retombée, par la rechute qui ne manque pas de se produire dans l’histoire de ce qu’on appelle la pensée, c’est de prendre ce je du cogito pour le petit homuncule qui depuis longtemps est repré­senté chaque fois qu’on veut faire de la psychologie, ce fameux « petit homme qui est dans l’homme » qui depuis longtemps a été dénoncé dans sa fonction par la pensée, même présocratique, à savoir qui rend raison de l’unité ou de la discordance psychologique par la présence à l’intérieur de l’homme d’un petit homme qui le gouverne, qui est le conducteur du char qui est le point dit, de nos jours, «de synthèse».

En d’autres termes, dans notre vocabulaire à nous, qui fait de l’~ par quoi nous symbolisons le sujet en tant que déterminé, constitué comme second par rapport au signifiant, et pour l’illustrer, je souligne que la chose peut se présenter de la façon la plus simple dans le trait unaire (le premier signifiant, c’est la coche, par où il est marqué par exemple que le sujet à ce moment-là a tué une bête; moyennant quoi, dans sa mémoire, ne s’embrouillera pas, que quand il en aura tué dix autres, il ne se souviendra plus laquelle est laquelle); et que c’est à partir de ce trait unaire, dont le sujet est d’abord marqué, dont le sujet lui-même se repère, et d’abord et avant tout comme tatouage, premier des signi­fiants, que le sujet secondement, quand cet un est institué, le compte c’est un ‘un’. Et c’est au niveau, non pas de l’Un mais du ‘un’, ‘un’ qu’il a d’abord, lui, à se situer comme sujet.

En quoi déjà les deux ‘un’ se distinguent et se marque la première schize qui fait que le sujet, comme sujet, se distingue non pas de ce qu’il désigne du signe par rapport auquel d’abord il a pu se constituer comme sujet. C’est de la confusion de cette fonction de ~ avec le i (a), c’est-à-dire l’image de l’objet a en tant que c’est ainsi que le sujet ne voit, lui, redoublé, se voit comme constitué par l’image reflétée, momentanée, précaire de la maîtrise, s’imagine homme justement et seulement de ce qu’il s’imagine.

Tout repérage, tout repérage du sujet dans la pratique analytique, par rapport à la réalité telle qu’on la suppose nous constituant, revient à déjà tomber dans le piège, dans la dégradation, dans la chute, de cette constitution du sujet, comme isolat psychologique.

Et tout départ pris du rapport de cet isolat à un contexte réel, peut avoir sa raison d’être dans telle ou telle spéculation psychologisante, dans telle institution d’expériences de psychologues. Elle peut produi­re des résultats, avoir des effets, permettre d’instituer des tables. Bien sûr, ce sera toujours dans des contextes où c’est nous qui la faisons, la réalité. Par exemple, quand nous proposons au sujet des tests, qui sont des tests par nous organisés, c’est le domaine de validité de ce qu’on appelle la psychologie, mais cela n’a rien à faire avec le niveau où s’ins­titue, où nous soutenons l’expérience psychanalytique.

Et n’oublions pas qu’à l’instituer ainsi, nous poussons les choses à un point qui, si je puis dire, renforce incroyablement le dénuement du sujet.

Car ce que j’ai appelé isolat psychologique, loin d’être la vieille, ou toujours jeune, la vieille monade instituée comme traditionnellement centre de connaissance (car la monade leibnizienne, par exemple, n’est point isolée, elle est centre de connaissance, elle est ce qui dans le cos­mos est ce centre d’où quelque chose que nous appellerons, selon les inflexions, contemplation ou harmonie, viendra à s’exercer, elle n’est point séparable d’une cosmologie), l’isolat psychologique, institué dans le concept du ‘moi’, tel qu’il vient par une déviation, déviation qui, je pense, n’est qu’un détour dans la pensée psychanalytique, vient à jouer comme sujet, si l’on peut dire « en détresse » dans le rapport à une réa­lité — dont il va s’agir pour l’instant, pour nous, de repérer comment même elle est conçue dans l’analyse — est quelque chose qu’il convient aussi ici de situer pour en voir, par rapport à ce que l’analyse effective­ment profile à son horizon comme ouverture, pour en voir le paradoxe.

Je veux d’abord marquer, à titre simplement de pointage, de repère, que cette façon de théoriser l’opération est en plein discord, en plein déchirement avec ce que, par ailleurs, l’expérience nous amène à pro­mouvoir et que nous ne pouvons pas éliminer du texte analytique, à savoir la fonction de l’objet interne.

Ici les termes d’introjection ou de projection sont utilisés au petit bonheur. Je ne sais pas si nous aurons ou n’aurons pas le temps enfin de pointer comment il s’agit de les rectifier, mais assurément si quelque chose, même dans cette voie, dans ce contexte de théorisation boiteuse, quelque chose nous est donné, vient au premier plan, c’est de toutes parts, je dirais presque sous quelque horizon de l’expérience que l’ana­lyste là constitue sa propre expérience, c’est cette fonction de l’objet interne qui a fini à l’extrême par se polariser, dans ce « bon » ou « mau­vais objet»; autour de quoi de certains ont tourné tout ce qui, dans la conduite de sujets, d’un sujet, représente distorsion, inflexion, peur, paradoxale, corps étranger dans la conduite. Et à quoi, aussi bien [que] dans le point opératoire ou l’intervention de l’analyste, certains dans des conditions d’urgence, celles par exemple, de la sélection des sujets à l’usage de tels ou tels emplois diversement directeurs, cybernétiques, responsables (quand il s’agit de former des pilotes d’aviation ou des conducteurs de locomotive) certains ont pointé qu’il s’agissait de concentrer la focalisation d’une analyse rapide, voire d’une analyse éclair, voire de l’usage de certains tests dits de personnalité.

Nous ne pouvons point ne pas poser, dans ce mode de conception du rapport du moi à la réalité, la question du statut de cet objet interne. Est-il un objet de perception? Par où l’abordons-nous? Où vient-il? Dans la suite de cette rectification, en quoi consisterait l’analyse du transfert? Je ne fais ici qu’en pointer le repère puisque aussi bien, nous aurons à y revenir par le détour qu’il nous faut maintenant parcourir. Je vais pourtant maintenant, tout de suite, vous indiquer quelque chose qui ne sera ici qu’un schéma d’approche, qu’un modèle, et un modèle qu’il conviendra que nous perfectionnions beaucoup. Prenez-le donc pour modèle problématique. Mais le pouvoir d’adhérence du schéma généralement centré sur la fonction de la rectification de l’illu­sion, est telle que jamais trop prématurément, je [ne] pourrai lancer quelque chose qui, à tout le moins, y fasse obstacle, y apporte quelque chose qui déroute à tout le moins, si ceci ne recentre pas encore…

Je vais ici représenter au tableau quelque chose, un schéma, qui nous permette de situer comment s’ordonne le problème. L’inconscient, s’il est ce que je vous ai dit, quelque chose de marqué par une pulsation temporelle, si l’inconscient c’est ce qui se referme dès que ça s’est ouvert, si la répétition d’autre part, ce n’est simplement que cette sté­réotypie de la conduite, mais si c’est répétition par rapport à quelque chose de toujours manqué, vous voyez bien, d’ores et déjà que le trans­fert ne saurait par lui-même, tel qu’on nous le représente comme mode d’accès à ce qui se cache, à ce qui est occulté dans l’inconscient, être qu’une [voie] précaire. Car si le transfert n’est que répétition, il sera répétition toujours du même ratage.

Car si le transfert prétend, à travers cette répétition, restituer la continuité d’une histoire, c’est à éveiller, à réanimer, à faire resurgir quoi? Un rapport de l’inconscient que vous représente comme, de sa nature, syncopé.

Nous voyons donc que le transfert comme mode opératoire ne sau­rait se suffire de se confondre, comme pratiquement on le fait, avec l’ef­ficace de la répétition, avec la restauration de ce qui est occulté dans l’inconscient, voire avec la purification, la catharsis des éléments inconscients!

—        Quand je vous parle de l’inconscient comme de quelque chose de ce qui apparaît dans la pulsation temporelle, l’image peut vous venir de la nasse qui s’entrouvre au fond de quoi va se réaliser la pêche du poisson.

—        L’inconscient est, selon la figure de la besace, ce quelque chose de réservé, de refermé, à l’intérieur, où nous avons, nous, à pénétrer du dehors. Mais c’est précisément là qu’il convient d’en renverser la topologie dans un schéma que vous aurez à faire se recouvrir avec celui que j’ai donné dans mon article Remarques sur un certain dis­cours de Daniel Lagache concernant le moi idéal et l’idéal du moi. d’où le sujet se voit, à savoir où se forme cette image réelle et inversée de son propre corps qui est donné dans le schéma du moi (je vous prie de vous reporter à ce schéma et à ce texte et au rôle du miroir concave), que là d’où le sujet se voit, ce n’est pas là d’où il se regarde.

Il se voit dans l’espace de l’Autre, mais le point d’où il se voit est aussi dans cet espace de l’Autre. Or, c’est bien ici d’où le sujet se regar­de et même, d’où il parle. En tant qu’il parle, c’est ici au lieu de l’Autre qu’il commence à constituer ce mensonge véridique par où s’amorce quelque chose qui participe du désir, du désir au niveau de l’inconscient

La nasse dont il s’agit, et particulièrement concernant son orifice, à savoir ce qui constitue sa structure essentielle (le sujet, nous devons le considérer comme étant à l’intérieur), ce qui est important n’est point ce qui y entre, conformément à la parole de l’Evangile, mais ce qui en sort.

Mais le mode sous lequel nous pouvons concevoir cette fermeture de l’inconscient, c’est l’instance, l’apparition, l’incidence d’une façon aussi nécessaire que rythmique de quelque chose qui joue le rôle d’obtura­teur. Cet obturateur, il est ici, dans ce schéma. Il faut, pour vous imager ce modèle simplifié, apprendre purement et simplement, comme l’ap­pelle l’aspiration, la succion, si je puis dire, à l’orifice de la masse de l’objet

C’est la bascule, c’est la mise en jeu de l’objet a à ce point de batte­ment, à cet orifice par où émerge, dans cette image que vous pouvez aussi bien faire semblable à ces grandes boules dans lesquelles se bras­sent les numéros à tirer d’une loterie, ce qui effectivement se concocte, au départ, à partir dans ce grand jeu, dans cette grande roulette, des pre­miers énoncés de l’association libre, ce qui peut en sortir de bon, ça sort, dans l’intervalle où l’objet a ne bouche pas l’orifice.

Cette structure imagée, sommaire, brutale, élémentaire, « philoso­phie à coups de marteau » si vous voulez en l’occasion, c’est ce qui vous permet de restituer, dans sa contre position réciproque, la fonction constituante du symbolique, dans ce nœud du sujet, au pair et impair de sa retrouvaille, avec ce qui vient s’y présentifier dans l’action effec­tive de la manœuvre analytique.

Ceci est complètement bien sûr! insuffisant, mais tout à fait impor­tant à mettre au premier plan, comme un concept « bulldozer » si je puis dire, pour essayer de restituer ce qu’il faut pour concevoir d’abord à la fois comment peuvent s’accorder la notion que le transfert, à la fois obstacle à la remémoration, est en même temps présentification de ce dont il s’agit, à savoir de ce quelque chose d’essentiel qui, la fermeture de l’inconscient, qui est le manque, toujours à point nommé de la bonne rencontre.

Je pourrais, tout ceci, l’illustrer de la multiplicité des formules (et évidemment de leur discordance) que les analystes ont donnée ce qui est de la fonction du transfert. Je ne puis, bien sûr, en parcourir tout le champ, mais je vous prie de suivre au moins quelques opérations de tri élémentaire si vous avez par vous-même la curiosité d’en prendre connaissance.

Il est bien certain qu’autre chose sont le transfert et la fin théra­peutique. Le transfert ne se confond pas avec cette fin. Il ne se confond pas non plus avec un simple moyen. Les deux extrêmes de ce qui a été formulé dans la littérature analytique sont ici situés. Combien de fois lirez-vous des formules qui viennent à associer par exemple, le transfert avec l’identification, avec cette référence au point I tel que je le situais tout à l’heure, alors que ce n’est qu’un temps d’arrêt, qu’une fausse terminaison de l’analyse qui est très fréquem­ment d’ailleurs posée pour être sa terminaison normale, que sans doute son rapport avec le transfert est étroit — mais précisément en ce par quoi le transfert n’a pas été analysé. A l’inverse, vous verrez formuler la fonction du transfert comme point d’appui, comme moyen de cette rectification réalisante contre laquelle va tout mon discours d’aujourd’hui.

Or, il est impossible de situer le transfert correctement dans aucune de ces références. Puisque de, réalité il s’agit, c’est effectivement sur ce plan que j’entends porter la critique. Le transfert, poserai-je aujour­d’hui en aphorisme introductif de ce que j’aurai à dire la prochaine fois, le transfert est ceci de capital, effectivement de clé quant à l’expé­rience analytique, qu’il est la mise en acte, de quoi? Non pas de l’illu­sion, non pas de quelque chose qui irait à nous pousser dans le sens identificatoire aliénant sur le point imaginaire qu’est aucune confor­misation — fût-ce à un modèle idéal dont l’analyste, en aucun cas, ne saurait être le support, le transfert est la mise en acte de la réalité de l’inconscient.

Or, c’est cela que j’ai laissé en suspens dans le concept de l’incons­cient, chose singulière, c’est ceci qui est de plus en plus oublié que je n’ai pas rappelé jusqu’à présent.

J’espère dans la suite pouvoir vous justifier pourquoi il en est ainsi, pourquoi, de l’inconscient, j’ai tenu en somme à vous rappeler l’inci­dence que nous pourrons appeler de l’acte constituant du sujet au niveau de l’inconscient : parce qu’il est celui qu’il s’agit, pour nous, de soutenir. Mais n’omettons pas qu’au premier chef, quand Freud nous a apporté la dimension de l’inconscient, n’oublions pas tout ce qu’il y avait d’associé derrière. Non seulement d’associé mais jusqu’au bout, jusqu’à son terme, de souligné par Freud comme lui étant strictement consubstantiel, à savoir la sexualité.

Pour avoir toujours plus oublié ce que veut dire cette relation de l’in­conscient au sexuel, nous verrons que l’analyse a hérité d’une concep­tion de la réalité qui n’a plus rien à faire avec ce qu’était la réalité telle que Freud la situait au niveau du processus secondaire.

C’est donc poser le transfert, vous ai-je dit, comme la mise en acte de la réalité de l’inconscient que nous serons amenés, la prochaine fois, à repartir, pour y remettre les assises, grâce à quoi une conceptualisation positive peut en être donnée.

 

Dr Rosolato — Je peux vous dire les réflexions que j’ai faites pendant votre séminaire. D’abord une analogie; votre schéma ressemble singu­lièrement à un œil. Dans quelle mesure le a jouerait le rôle de cristal­lin? Dans quelle mesure, par exemple, ce cristallin pourrait avoir un rôle de cataracte dans certains cas, c’est une analogie…

Il n’en demeure pas moins que, par exemple, ce que j’aimerais, ce serait que vous précisiez ce que vous pouvez dire de l’idéal du moi et du moi idéal en fonction et très précisément de ce schéma.

Pour le reste, la mise en acte de la réalité de l’inconscient, à propos du transfert, oui, mais par « mise en acte», qu’entendez-vous? Il est certain qu’il y a un rapport entre le transfert et l’inconscient. Je vois cela écrit dans cette formule. Mais il me semble que d’abord, « réalité de l’inconscient » dans la mesure où nous sommes sur le plan de la réalité psychique, mais « mise en acte », je pense que, peut-être, c’est important dans votre formule.

 J. Lacan — Figurez-vous que je l’ai souligné. ‘Mise en acte’, c’est un mot promesse, en ce sens que ça veut dire que les gens savent bien faire intervenir la fonction de l’acte comme tel et que, — bien sûr je la dis­tingue tout à fait en cette occasion, puisque cet acte ne peut prendre…, cet ‘acte’ n’est pas dire ‘conduite’. Il ne s’agit pas là de l’objectivation des conduites telle qu’elle est mise en valeur en mode objectivant dans la perspective que je contrebats, c’est-à-dire dans celle qui juge, jauge à la similitude, à la similitude formelle des conduites dans la réflexion, ce qu’il y a d’efficace et de convaincant à faire valoir. — J’ai bien parlé [d’acte], et non pas de conduite. Ce terme ‘acte’ se situe au niveau de ce qui est constituant du sujet. Donc, j’aurai à reprendre ça et si vous vou­lez à introduire ici une ponctuation, une promesse de tête de chapitre suivant cette référence [à] mettre en valeur.

C’est bien ça que je veux dire et que je crois qu’il faut dire comme essentiel au départ pour que le transfert ne soit pas le lieu d’alibi, de mode opératoire insuffisant, pris par des biais et des détours qui n’en sont pas forcément pour autant inopérants et qui rendent compte des limites, par exemple, de l’intervention analytique, des fausses défini­tions qu’on peut donner de cette terminaison, et que j’ai nommément pointé aujourd’hui comme il s’agit quand j’ai parlé de ce que, de ce dont tels ou tels auteurs se contentent comme définition de la fin de l’analyse, quel que soit ce qu’ils font efficacement eux-mêmes dans leur pratique, comme Balint par exemple, quand il parle de l’identification à l’analyste.

C’est un point très important. C’est d’ailleurs pour ça que j’y reviens à l’instant en vous répondant. C’est tout à fait cohérent avec une certaine façon de considérer le transfert. Si vous ne prenez pas le transfert à ce niveau qui je dois le dire, n’a pas été pleinement, ni du tout même, illustré aujourd’hui, mais qui sera le sujet de ma prochai­ne conférence, vous ne pouvez en saisir jamais que des incidences par­tielles, des incidences qui mènent à la confondre soit avec d’autres concepts soit à faire des choix partiellement de son efficace et la place qu’il pourrait occuper.

Quant aux remarques que vous avez faites, c’est amusant. Il faut, dans tout ce qui est de la topologie, il faut toujours se garder très sévèrement de ce qui lui donne fonction de Gestalt. Ce qui ce veut pas dire que certaines Gestalt, certaines formes vivantes, ne nous donnent pas quelque­fois, si je puis dire, la sensation d’être une espèce d’effort du biologique, pour, en l’espace et notre espace réel quoi qu’en pense Kant, qui a bel et bien trois dimensions, essayer de forger quelque chose qui ressemble à ces torsions de ces objets topologiques fondamentaux que je vous ai développés dans l’année du séminaire sur l’identification, à savoir par exemple, celle de cette mitre dont vous vous souvenez sûrement que c’est une surface rejetée dans l’espace à trois dimensions, qui se recoupe elle-même, ce qui ne veut rien dire d’autre d’ailleurs, je pourrai très bien vous désigner tel ou tel point ou plan ou un organe, nous paraît figurer l’effort touchant, si on peut dire, de la vie, pour rejoindre ces configurations topologiques qui ont d’ailleurs leur intérêt. Je n’ai justement pas voulu ici compliquer la chose et présenter trop de difficultés à une partie de mes auditeurs, je n’ai justement pas voulu me servir de ces considérations topologiques pourtant bien simples qui m’auraient forcé en tout cas, à les introduire d’une façon un peu développée.

Mais, enfin, il est certain que c’est seulement ces considérations topologiques qui peuvent par exemple nous donner l’image de ce dont il s’agit quand ce qui est à l’intérieur est aussi à l’extérieur. Or, c’est pour ça qu’elles sont particulièrement nécessaires quand il s’agit de l’in­conscient. Car, qu’est-ce que je vous dis là en disant qu’au niveau de l’inconscient commence à se présentifier […] trompeur, je vous le représente à la fois comme étant ce qui est de l’intérieur du sujet, mais qui ne se réalise qu’au dehors, c’est-à-dire dans ce lieu de l’autre où seu­lement il peut prendre son statut.

Ceci ne peut véritablement être imagé que dans une configuration topologique telle que l’intérieur soit l’extérieur et inversement. Et par conséquent, bien autre chose qu’une sphère, une nuance. C’est une nasse d’une toute autre configuration et vous savez qu’après tout, on fait des bouteilles de vin qui représentent assez bien… c’est une nasse, une nasse dans laquelle on se débrouille d’une façon très particulière puisqu’on ne peut à la fois dire qu’on est au dehors quand on est au dedans et inversement, à l’occasion, et de toutes autres formes ana­logues. Elles ont été bien utiles, mais je ne peux pas ici me servir de tout l’acquis de mes séminaires antérieurs pour la bonne raison qu’une par­tie de mon auditoire y est neuf.

Donc j’ai employé le schéma pur et simple de la nasse et j’ai intro­duit simplement la notion de l’obturateur. Que l’objet soit obturateur, il s’agit de savoir comment encore, bien sûr, il n’est pas purement et simplement cette sorte d’obturateur passif, de bouchon que, pour com­mencer de lancer votre pensée sur une certaine piste, j’ai voulu là, ima­ger. J’en donnerai une représentation plus perfectionnée où vous verrez peut-être encore à retrouver telles ou telles analogies qui vous montre­raient sa parenté avec la structure de l’œil. Ça n’est à la fois pas par hasard que l’œil soit fait ainsi, et fait ainsi, je dirai, dans toute l’échelle animale, ce qui semble déjà avoir frappé […] ce dont, chose très curieu­se, il ne semble avoir tiré à proprement parler, aucune conclusion.

Mais il est, en effet, tout à fait singulier que la structure de l’œil ne nous présente une forme générale qui soit si facilement évoquée chaque foi que nous essayons de figurer chronologiquement les relations du sujet au monde. Ce n’est sans doute pas par hasard. Encore convien­drait-il, naturellement, de ne pas nous précipiter là-dessus pour y adhé­rer d’une façon trop étroite. Quoi qu’il en soit, puisque vous avez fait cette remarque sur (idem), je n’en profiterai que pour une chose, pour vous marquer la différence qu’il y a avec un schéma analogue que fait Freud, qui est celui qu’il fait quand il donne le schéma de l’Id et quand il représente le moi étant la lentille par laquelle 1’ Unbewusstsein, la per­ception-conscience vient à opérer sur la masse amorphe. C’est un sché­ma qui vaut ce qu’il vaut, qui est tout aussi limité dans sa portée que le mien d’une certaine façon. Mais vous pouvez remarquer quand même la différence, c’est que, si j’avais voulu y mettre le moi, quelque part, c’est le i(a) que j’aurais mis. Or c’est le a.

 

1 Szasz, «The concept of transferance»,Journal of Psychoanalysis. 1963, 44 : 432-443.

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