samedi, juillet 27, 2024
Recherches Lacan

LI LES ÉCRITS TECHNIQUES DE FREUD 1953 – 1954 Leçon du 17 Février 1954

Leçon  du 17 Fevrier 1954

Pour reprendre les choses où nous les avons laissées, le vous dirai qu’au­jourd’hui j’ai l’intention de commencer de vous emmener dans cette région qui peut être dite avoir été délimitée par nos propos de la dernière fois, mais qui est très exactement celle où nous avançons depuis le début dans ce commentaire des Écrits techniques, la région plus exactement comprise entre la formation du symbole et le discours du Moi.

J’ai donné aujourd’hui, au séminaire que nous allons poursuivre ensemble, le titre : Analyse du discours et analyse du Moi.

Je ne peux pas dire que je remplirai un titre aussi ambitieux en une seule séance, c’est plutôt une façon d’ouvrir pour vous sur un certain nombre de pro­blèmes et de points de vue. Je dirai qu’en opposant ces deux termes je fais quelque chose qui se substitue à la classique opposition de l’analyse du maté­riel, comme on dit, à l’analyse des résistances.

En fait, pour appeler un terme qui a été mis en valeur la dernière fois par M. Hyppolite, l’usage du terme d’Aufhebung dans le texte sur la Verneinung, qu’il a bien voulu nous commenter en vous rappelant le sens très particulier, très complexe, maniable, car en allemand ce terme est en même temps nier, suppri­mer, mais aussi conserver dans la suppression, soulever. Nous avons là évidem­ment l’exemple d’un concept qui ne saurait être trop approfondi pour réfléchir à ce que nous faisons dans ce dialogue, comme l’ont remarqué depuis quelque temps les psychanalystes.

Bien entendu, nous avons affaire au Moi du sujet avec toutes ses limitations, ses défenses, tout son caractère, et l’on peut dire que toute la littérature des écrits analytiques est comme embarrassée pour définir exactement quel est ce mode de rapport, quel est ce mode d’action, quelle est cette fonction que joue en effet ce Moi auquel nous avons affaire dans l’opération, le progrès où il se trouve que nous sommes proposés, par la situation, à le conduire, le faire avancer.

Il est certain que toutes les discussions, élaborations récentes qui se sont faites autour de cette fonction du Moi, celles qui parlent de ce Moi de l’analysé comme devant être le point solide, l’allié de l’analyste dans le grand oeuvre ana­lytique sont toujours, manifeste dans leur contenu, progrès, de singulières contradictions. Car, comme j’ai pris soin de le souligner à maintes reprises, à maints tournants, il est très difficile – sauf à aboutir à la notion d’une espèce pas seulement de bipolarité, de bifonctionnement du Moi, mais à proprement par­ler de splitting, distinction radicale entre deux Moi – de concevoir comment ce Moi de l’analyse, pas moins qu’une grande tradition philosophique, se présente comme maître d’erreurs, siège des illusions, lieu d’une passion qui lui est propre et va essentiellement à la méconnaissance. Il y a des termes, quand on les lit sous ce langage, parfois un peu déconcertant par ce caractère chosiste qui est celui d’Anna Freud dans Le Moi et les mécanismes de défense, je vous assure qu’il y a des paragraphes de son livre où on a à la fois le sentiment qu’elle parle du Moi comme quelque chose qui est dans l’atmosphère et le style de compréhension que nous essayons de maintenir ici, et d’un autre côté qu’elle parle du petit homme qui est dans l’homme, quelque chose qui aurait une sorte de vie sub­jective, autonome, dans le sujet, et qui serait là à se défendre, « père, gardez-vous à droite; père, gardez-vous à gauche» contre ce qui peut l’assaillir, du dehors comme du dedans. Mais d’un autre côté, si nous le prenons sous l’angle d’une description du style moraliste, elle parle incontestablement du Moi comme le siège d’un certain nombre de passions qui ne sont… dans un style qui n’est pas indigne de ce que La Rochefoucauld peut dire et signaler, à tout instant, des ruses de l’amour-propre.

Cette situation d’une fonction dynamique, pour appeler les choses par leur nom, du Moi dans le dialogue analytique, reste donc – et ceci apparaît bien mieux encore chaque fois que nous avons abordé les principes de la technique – jusqu’à présent semble-t-il, faute d’une situation rigoureuse, profondément contradictoire.

Je crois que beaucoup d’entre vous ont lu ce livre d’Anna Freud, qui est assez lu, sur Le Moi et les mécanismes de défense. Il est extrêmement instructif; et cer­tainement on peut y relever – parce que c’est un livre assez rigoureux – en quelque sorte les points dans lesquels apparaissent en son discours même – jus­tement parce qu’il a une certaine rigueur – les failles de sa démonstration, qui sont encore plus sensibles quand nous abordons ce qu’elle essaie de nous don­ner, à savoir des exemples.

Ce qu’elle définit, par exemple, les passages très significatifs quand elle essaie de nous dire quelle est la fonction du Moi. Il est bien certain qu’en effet elle nous dit .«Dans l’analyse, le Moi ne se manifeste que par ses défenses»,c’est-à-dire pour autant qu’il s’oppose à ce qui est à proprement parler le travail analytique. Est-ce à dire que tout ce qui s’oppose au travail analytique soit défense du Moi ? Elle reconnaît à d’autres endroits que ceci ne peut être main­tenu; elle reconnaît qu’il y a d’autres éléments de résistance que les défenses du Moi. Et c’est comme cela que j’ai commencé à aborder le problème avec vous, dans le biais que nous avons pris, les Écrits techniques de Freud. Par conséquent, il y a là… beaucoup de problèmes abordés ici qu’on veut bien penser d’une façon rigoureuse, c’est-à-dire la plume en main, de ce texte qui a la valeur d’une sorte de legs, vraiment bien transmis, de la dernière élaboration de Freud autour du Moi.

Quelqu’un qui nous est proche dans la Société, un jour, a usé en parlant d’Anna Freud d’un terme – il a été saisi, je ne sais pourquoi, d’un élan lyrique, ce cher camarade – il l’a appelée « le fil à plomb de la psychanalyse », au Congrès de 1950. Eh bien, le fil à plomb ne suffit pas dans une architecture, il y a quelques autres instruments supplémentaires, un niveau d’eau, par exemple. Enfin, le fil à plomb n’est pas mal; ça nous permet de situer la verticale de cer­tains problèmes.

Cela nous servira d’introduction à ce que vous allez voir; je désire aborder aujourd’hui, maintenant, la tradition du séminaire.

je crois que ce n’est pas une mauvaise introduction à quelque chose que… je vais demander à Mlle Gélinier de vous présenter au cœur de notre problème, à savoir un article de Mélanie Klein qui s’intitule L’importance de la formation du symbole dans le développement du Moi.

je ne crois pas que ce soit une mauvaise façon de l’introduire que de vous proposer un texte d’Anna Freud concernant ce qu’elle appelle la façon dont elle entend l’analyse des enfants, et spécialement les défenses du Moi, dans un exemple technique analytique.

Voici, par exemple, un petit exemple qu’elle nous apporte : il s’agit, dit-elle, d’une de ses patientes, qui se fait analyser pour un état d’anxiété grave qui trouble sa vie et ses études, et qui se fait analyser pour obéir à sa mère. Ce fai­sant, dit-elle,

« Quand elle commence l’analyse, son comportement à mon égard reste amical… [citation]… l’anxiété et sa préhistoire. »

Est-ce qu’il ne vous semble pas que dans ce court texte, ce que nous voyons sous la forme de cette nécessité, ce besoin en somme d’analyser la défense du Moi. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de rien d’autre que d’un corrélatif, d’une erreur. Vous le voyez dans le texte, c’est en tant qu’Anna Freud a pris tout de suite les choses sous l’angle de la relation duelle, d’elle et de la malade, exactement, pour autant qu’elle­même, Anna Freud, reconnaît qu’elle a pris cette défense de la malade pour ce en quoi elle se manifestait, à savoir une ironie, voire une agression contre elle, Anna Freud, c’est-à-dire très exactement pour autant qu’elle a ressenti, perçu, sur le plan de son Moi, à elle Anna Freud – vous voyez en quoi ceci se relie à ce que j’élaborais, ou commentais, indiquais, dans la conférence sur laquelle je vous posais cette question tout à l’heure – et pour autant qu’elle a pris les mani­festations, appelons-les, c’est très juste de défense du Moi, qu’elle les a prises, je dirais, dans une relation duelle, avec elle, Anna Freud, et qu’elle a voulu tout aussitôt du même coup en faire une manifestation de transfert selon la formule incomplète, quoique souvent donnée, au point qu’elle peut passer pour clas­sique, de la reproduction d’une situation, sans autrement préciser comment cette situation est structurée.

En d’autres termes, tout de suite elle a commencé d’interpréter dans le sens : chercher à comprendre la relation duelle selon le prototype de la rela­tion duelle, c’est-à-dire la relation du sujet à sa mère; et elle s’est trouvée en somme devant une position qui non seulement piétinait, mais était parfaite­ment stérile.

Et qu’est-ce qu’elle appelle avoir analysé la défense contre les affects? Il ne semble pas qu’on puisse, d’après ce texte y voir autre chose que sa propre com­préhension, à elle, Anna Freud, que ce n’était pas dans cette voie qu’elle pou­vait progresser. En d’autres termes que nous nous trouvons une fois de plus devant ce problème sur lequel je crois que je mets le mieux l’accent distinctif en vous manifestant la différence qu’il y a entre cette interprétation duelle où l’ana­lyste entre dans une rivalité de Moi à Moi avec l’analysé, et l’interprétation qui fait quelque progrès, dans quoi ? dans le sens de structuration symbolique du sujet, qui est au-delà de la structure actuelle de son Moi.

Autrement dit, nous revenons à la question de quelle Bejahung, de quelle assomption par le Moi, de quel oui s’agit-il dans le progrès analytique ? Quelle est la Bejahung qu’il s’agit d’obtenir et qui constitue la révélation, le dévoile­ment essentiel au progrès d’une analyse ?Quelque part, Freud – dans un cri qui n’est pas hors de notre cercle, puis­qu’il l’appelle lui-même « De la technique psychanalytique », qui est dans l’Abrégé de psychanalyse – nous dit quelque chose comme ceci « Un pacte est conclu. C’est ce pacte qui constitue toute la situation analy­tique. »

C’est une façon de présenter les choses entre l’analysé et l’analyste : le Moi malade du patient lui promet une franchise totale,

« […] de récupérer et de gouverner les domaines perdus de son psychisme. C’est ce pacte qui constitue la situation analytique ».

Eh bien, la question que je posais dans ma dernière conférence, plus ou moins formulée, impliquée, était celle-ci: notre savoir, sans doute, vient au secours de son ignorance. Mais il y a aussi notre ignorance; notre ignorance qui n’est pas seulement notre ignorance de la situation – je dirais situation dans le registre détermination symbolique de son sujet, celui qui est en face de nous – il y a aussi, bien sûr, pourquoi pas ? une certaine part d’ignorance dans le repérage, je dirais le repérage structural de ces diverses situations symboliques. Le caractère origi­nel détermine une certaine constellation symbolique dans l’inconscient du sujet, constellation qu’il faut concevoir toujours structurée, organisée selon un certain ordre, et un ordre qui est complexe. Ce n’est pas pour rien que le mot « com­plexe » est venu, nous pouvons dire, par une espèce de force interne – car vous savez que ce n’est pas Freud même qui l’a inventé, c’est Jung – à la surface de la théorie analytique, il indique assez par lui-même que quand nous allons à la découverte de l’inconscient, ce que nous rencontrons, ce sont des situations structurées, organisées, complexes. Que Freud nous en ait donné ce que nous pouvons appeler le premier modèle, l’étalon, sous la forme du complexe d’Oedipe… Vous savez bien, je pense tout au moins que ceux d’entre vous qui ont suivi depuis assez longtemps ce séminaire ont pu voir précisément – à pro­pos du commentaire des cas les moins sujets à caution, parce que vraiment les plus richement délinéés par Freud lui-même, à savoir deux, voire trois de ses cinq grandes psychanalyses – savent combien, à mesure que nous approfondissons la relation du complexe d’Oedipe, nous voyons qu’il pose de problèmes, d’ambi­guïtés, et je dirais que tout le développement de l’analyse, en somme, a été fait d’une successive mise en valeur de chacune des tensions qui sont impliquées dans ce triangle, et qui nous force à voir tout autre chose qu’un bloc massif, triangu­laire, qu’on résume dans la classique formulation de l’attrait sexuel pour la mère et de la rivalité avec le père.

Vous savez qu’au milieu du complexe d’Oedipe, et dès l’origine, le caractère profondément symétrique dans la structure de chacune de ces relations duelles, en tout cas qui relient le sujet tant au père qu’à la mère; qu’en particulier la dis­tinction de la relation narcissique ou imaginaire avec le père d’avec la relation symbolique, et aussi d’avec certaine relation que nous devons bien appeler réelle, ou résiduelle par rapport à cette architecture qui est celle proprement qui nous touche et nous intéresse dans l’analyse, montre assez déjà sur un point la complexité de la structure, bref qu’il n’est point inconcevable que certaine autre direction de recherche ne nous permette d’élaborer le mythe oedipien tel qu’il a été jusqu’ici formulé.

D’ailleurs on n’a guère décollé, malgré toute la richesse du matériel, comme on dit, qui a été abordé, inclus à l’intérieur de cette relation oedipienne. On n’a guère abordé beaucoup plus que le schéma qui nous a été donné par Freud lui-même. Il n’est pas du tout impensable que nous n’arrivions – et je pense que j’ar­riverai au cours des temps – à vous le montrer, à donner du complexe œdipien, en le maintenant dans son essentiel, bien entendu, car il est, vous le verrez pour­quoi, véritablement fondamental, non pas seulement fondamental pour toute compréhension du sujet, mais il est fondamental pour toute réalisation symbo­lique par le sujet de ce soi-même qui est le Ça, l’inconscient, et qui n’est pas sim­plement une série de pulsions inorganisées, comme une partie de l’élaboration théorique de Freud tendrait à le faire penser, en allant jusqu’à formuler que seul le Moi a dans le psychisme une organisation, toujours et essentiellement… mais parole instituant le sujet dans une certaine relation complexe.

Le progrès de l’analyse, nous l’avons vu la dernière fois à propos des deux étapes que Freud met en relief de l’apparition du refoulé dans le dénié, et du fait que la réduction même de cette négation ne nous donne pas pour autant de la part du sujet quelque chose qui est quoi ? justement la Bejahung.

Là il faudrait regarder et de près la valeur des critères que nous exigeons, sur lesquels d’ailleurs nous sommes d’accord avec le sujet pour obtenir une Bejahung particulièrement satisfaisante. Vous verriez combien en fait le pro­blème est complexe, qu’on reprend sous l’angle de ce qu’on pourrait appeler l’authentification par le sujet de ce que Freud lui-même appelle la reconstruc­tion analytique où est la source de l’évidence, ces vides à l’aide de quoi le sou­venir doit être revécu. Qu’est-ce que ça veut dire ? Nous savons bien que « revécu » est quelque chose d’une nature particulière, qui met en question toute la signification de ce qu’on appelle le sentiment de réalité; que, pour tout dire, c’est à très juste titre que Freud rappelle que nous ne pourrons après tout jamais faire confiance intégralement à la mémoire.

Qu’est-ce que donc que nous exigeons, ou plus exactement ce dont nous nous satisfaisons quand le sujet nous dit qu’effectivement les choses sont arri­vées à ce point de déclic, comme l’écrit Fenichel quelque part, où le sujet a le sentiment d’une véridique… Qu’est-ce que c’est ?

Il est certain que ceci nous porte au cœur du problème du sentiment de réalité; et vous avez vu à propos du commentaire, l’autre jour de M. Hyppolite, j’ai poussé dans ce sens une indication à propos de l’exemple très significatif de L’homme aux loups, à savoir de quelque chose qui se mani­feste à peu près comme ceci, qui a presque l’air trop transparent, trop concret, sensible sous cette forme quasi algébrique; en somme, le réel, ou ce qui est perçu comme réel, si vous vous souvenez de ce que je vous ai fait remarquer comme dans la genèse de l’hallucination de L’homme aux loups, le réel est, en somme, ce quelque chose qui résiste absolument à la symbolisation. Et en fin de compte, le maximum de sentiment de réel dans sa brûlante manifesta­tion, à savoir cette réalité irréelle, hallucinatoire, dont vous verrez tout à l’heure reparaître le terme dans le texte de Mélanie Klein, il n’y a rien de plus manifeste dans le sentiment dit du réel que quand le réel donne… correspond au réel. Et là, le plus saisissant, eh bien, en effet, ça correspond à une étape de la vie de L’homme aux loups, la symbolisation, la réalisation du sens du plan génital, a été verworfen, comme je vous l’ai fait remarquer. Aussi n’avons-­nous donc point à nous étonner que certaines interprétations, qu’on appelle interprétations de contenu, ne soient en effet non seulement pas du tout réa­lisées par le sujet, ne sont ni réalisées, ni symbolisées, puisque précisément elles se manifestent à une étape où elles ne peuvent à aucun degré donner au sujet la seule révélation qui soit possible de sa situation dans ce domaine interdit, qui est son inconscient; elles ne peuvent pas le lui donner tant qu’elle n’est pas complète; que c’est justement parce que nous sommes encore, soit sur le plan de la négation, soit sur le plan de la négation de la négation, mais quelque chose n’est pas franchi, qui est justement au-delà du discours, qui

nécessite un certain saut dans le discours, et précisément dans cette mesure qu’il n’y a qu’Aufhebung du refoulement, et non pas disparition de ce refou­lement.

je reprends, pour bien conclure ce que je veux dire dans le texte d’Anna Freud; ce qu’elle appelle analyse des défenses contre l’affect, c’est seulement l’étape de compréhension de sa propre compréhension, par où elle s’aperçoit qu’elle se fourvoie; une fois qu’elle s’est aperçue qu’elle se fourvoie, en consi­dérant, en partant du sentiment que la défense contre l’affect du sujet est une défense contre elle-même, et où elle s’est, elle, accrue, pour… se substituer à la mère du sujet, de lui faire comprendre que c’est là une attitude, c’est ça qu’elle dit quand elle dit qu’elle a analysé le transfert. C’est quand elle abandonne cette première étape que vraiment elle peut analyser la résistance de transfert; et qui la mène à quoi ? à quelqu’un qui n’est pas là, à un tiers, à quelque chose qui, elle ne nous en indique pas plus, doit beaucoup ressembler dans la structure géné­rale à la position de Dora, c’est-à-dire pour autant qu’effectivement le sujet s’est identifié à son père, et que dans cette identification, en effet, son Moi s’est struc­turé d’une certaine façon, et que cette structuration du Moi, qui est désignée là en tant que défense, est en effet une part, la part la plus superficielle, de cette identification par laquelle se rejoint le plan le plus profond de la reconnaissance de la situation du sujet dans l’ordre symbolique, c’est-à-dire ce en quoi elle assume dans un ordre de relation symbolique qui est celui qui couvre tout le champ des relations humaines, et dont la cellule initiale est, si vous voulez, le complexe d’Oedipe, et où se situe le sujet, c’est-à-dire, là, d’une façon où, peut-être, il entre en conflit avec son sexe.

je laisse la parole à Mlle Gélinier, qui va vous montrer, en opposition avec ce qui chez Anna Freud est toujours d’abord abord du Moi, comme si vraiment le Moi était, Anna Freud : personne armée d’un fil à plomb, – elle le souligne d’ailleurs – c’est d’abord une position médiane, rationnelle, au maximum, au sens où nous l’avons entendu l’autre jour après le commentaire du texte de Freud, une position essentiellement intellectualiste, si on peut dire – elle le dit quelque part : tout doit être mené dans l’analyse de cette position médiane, modérée, qui est celle du Moi. Et c’est d’abord une sorte d’éducation, de per­suasion, d’approche du Moi que tout part. Et c’est là que tout doit revenir.Nous allons voir en contraste avec cette position d’Anna Freud, et ce n’est pas pour rien que ces deux dames, qui ont des analogies, des rivalités mérovin­giennes, se sont opposées, car vous allez voir d’où part et quel est le point de vue de Mélanie Klein, pour aborder des problèmes qui sont ceux que pose un sujet particulièrement difficile, dont on se demande comment Anna Freud aurait pu, avec lui, faire usage de cette espèce de position de rééducation préa­lable d’un Moi que nous appelons fort, faible – mais qu’est-ce que ça veut dire, dans l’analyse, « Moi fort », « Moi faible » ? – Comment pour Mélanie Klein le problème est abordé, et pouvoir juger du même coup laquelle est le mieux dans l’axe de la découverte freudienne.

Mlle GÉLINIER- C’est un article qui date de 1930 et s’intitule Importance de la formation du symbole dans la formation de l’ego.

Il m’a paru difficile de le résumer. Il a fallu juxtaposer des notions que j’ai eu du mal à raccorder. je ne vais pas en répéter tout à fait le plan. je vais commen­cer par exposer le cas de l’enfant en question, un garçon de quatre ans, pour que la question posée apparaisse plus concrètement. je vous dirai ensuite ce qui est l’introduction du chapitre, comment elle conçoit en général le passage d’un cer­tain stade à un autre, et ensuite comment elle applique ces considérations, com­ment elle comprend à travers ces considérations le cas de l’enfant, l’amorce du traitement qu’elle nous donne, sa compréhension du traitement. Pour finir, je dirai comment j’ai régi là-devant.

Il s’agit d’un enfant, garçon de quatre ans, qui a les caractéristiques suivantes il a un niveau général de développement qui correspond, dit-elle, à 15 à 18 mois; un vocabulaire très limité, et plus que limité, incorrect : il déforme les mots et les emploie mal à propos la plupart du temps; alors qu’à d’autres moments on se rend compte qu’il en connaît le sens; elle insiste sur le fait le plus frappant cet enfant n’a pas le désir de se faire comprendre; il ne cherche pas à communi­quer; elle trouve qu’il n’a aucune adaptation au réel et aucune relation émo­tionnelle; il est dépourvu d’affect dans toutes les circonstances de la vie quotidienne; il ne réagit pas, ni à la présence ni à l’absence de sa mère ou de sa nurse; il ne montre aucune anxiété dans aucune circonstance; il ne joue pas. Ses seules activités plus ou moins ludiques seraient d’émettre des sons et se com­plaire dans des sons sans signification, auxquels on ne peut pas donner de signi­fication, dans des bruits. Il est tout à fait insensible à la douleur physique; il ne réagit pas quand il se fait mal. Vis-à-vis des adultes, mère, père, nurse, il a deux attitudes tour à tour. Elle explique cela vis-à-vis du vocabulaire: ou bien il s’op­pose, systématiquement; par exemple, quand on veut lui faire répéter des mots, ou il ne les répète pas, ou il les déforme, ou alors, s’il prononce les mots cor­rectement, il paraît leur enlever leur sens, et il les mouline, il les répète d’une façon stéréotypée; bien que les mots soient corrects, ça ne veut plus rien dire. Par ailleurs, il ne recherche jamais aucune caresse de ses proches, de ses parents.

Et elle finit 1a description en insistant sur sa maladresse physique; deux choses d’une part ί1 est maladroit en général, et mal coordonné, plus précisément, ί1 se montre incapable de tenir des ciseaux et des couteaux, alors qu’il manipule très bien sa cuiller à table.

Voilà les éléments d’histoire de l’enfant. À 1a naissance, la mère n’avait pas de lait suffisamment, et il n’était pas bon; elle a tenu pourtant à le nourrir pendant sept semaines; et pendant sept semaines il a dépéri continuellement. Au bout de sept semaines, on lui a proposé une nourrice, mais il a refusé le sein. Ensuite, on lui a proposé le biberon, il l’a refusé. Quand est arrivé l’âge des nourritures solides, i1 les a également refusées, ί1 ne veut pas mordre. Depuis le départ il a eu des troubles digestifs importants, un peu plus tard, des hémorroïdes et un prolapsus anal.

L’enfant est toujours un grand anorexique; il l’a toujours été; c’est le symp­tôme qui cédera le plus difficilement au traitement.

Elle dit que de plus cet enfant n’a jamais été entouré d’amour vrai. Sa mère était anxieuse, peu maternelle. Son père et sa nurse, très indifférents. À deux ans il a eu un apport affectif positif : une nouvelle nurse, qui, elle, était aimante et affectueuse; et une grand-mère avec qui il a eu un contact. A partir de ce moment, l’enfant a été propre. Il est arrivé à contrôler ses excréments et à le dési­rer, pour 1a nurse, semble-t-il, pour lui faire plaisir. Il a fait ce que Mélanie Κleίn appelle « tentative d’adaptation »; il est partiellement arrivé, a appris un certain nombre de mots, a augmenté tout d’un coup son vocabulaire, mais a continué à l’employer mécaniquement. Ιl s’est montré sensible à des interdictions de la nurse, une seule concernant la masturbation; elle l’a appelé « méchant garçon », et depuis il ne s’est plus, du moins on ne l’a plus vu se masturber.

Donc une certaine amélioration : augmentation du vocabulaire, tentative d’adaptation aux objets. Mais l’anorexie continue. Il ne tient toujours pas mieux couteaux et ciseaux, et refuse d’absorber quelque nourriture que ce soit, autre que liquide ou bouillie.Ce que Mélanie Klein souligne en terminant cette description, c’est que mal­gré ces progrès faits à travers la présence de la nurse, i1 n’avait aucun contact émotionnel avec 1a nurse; quelques progrès superficiels, mais le contact émo­tionnel réel n’existait pas pour autant.

Le problème que se pose Mélanie Κlein en prenant cet enfant en traitement est simplement: pourquoi une telle absence de contact avec les êtres humains et avec les choses ? Que se passe-t-il ? Comment décrire une pareille situation ? je vous demande maintenant de laisser de côté le cas clinique de l’enfant, qui s’appelle Dick, pour revenir aux considérations théoriques qui forment le début du chapitre et introduisaient en réalité ce cas.

Ces considérations théoriques, j’ai eu beaucoup de mal à les résumer; ce qui m’a paru difficile est qu’elle passe continuellement, dans le texte, du plan des contenus, de ce que dit l’enfant, au plan des structures, et sans dire qu’elle y passe. Et on est toujours perdu entre les deux.

Elle centre ces considérations théoriques autour du problème suivant comment un enfant, un être humain peut-il passer du stade sadique-oral, je vais préciser, au stade suivant, qui est le stade du symbolisme ? Le stade sadique-oral, elle le décrit surtout, et c’est ça qui est difficile, par le contenu, ce que vous savez tous : comment l’enfant désire s’approprier le corps de 1a mère, le contenu du corps de la mère; comment il se fait une équivalence entre le contenu du corps et les excréments, les enfants possibles, le pénis du père dans le corps de 1a mère; comment l’enfant, introjectant tout cela, est ensuite envahi de mauvaises choses, qu’il n’a plus qu’à expulser, pour les réintrojec­ter de nouveau. Elle décrit un cercle vicieux, dont on ne voit pas comment ί1 peut être rompu, en fait, d’introjections et d’expulsions – et où moi je n’ai pas compris où elle situait l’enfant lui-même; on ne voit que le circuit, mais pas le sujet lui-même.

LACAN – C’est bien justement de cela qu’il s’agit.

Mlle GELINIER – Alors, elle se pose la question suivante: le sujet, l’enfant est anxieux de quoi? Du sadisme qu’il éprouve, qu’il manifeste à l’égard de 1a mère, du corps de 1a mère, des contenus du corps de 1a mère et de ses équivalents; ί1 est anxieux de détruire la mère, et aussi de se détruire lui-même en retour, puis­qu’il introjecte la mère, donc son propre sadisme; ί1 est anxieux de détruire l’ob­jet d’amour et de se détruire lui-même.

Χ – C’est bien compliqué, tout ça.

Mlle GELINIER – OUI. C’est très compliqué.

Alors, elle pense que cette anxiété déclenche le premier mode de défense, que l’on peut décrire, un mode de défense qu’elle dit fondamentalement différent des mécanismes de dépression ultérieurs.

LACAN – S’appuyant sur un texte de Freud, disant qu’à l’origine il doit γ avoir quelque chose d’autre que tout ce que nous pouvons insérer dans les structures autour de 1a notion du Moi. Évidemment, puisque nous sommes avant 1a formation du Moi.

Mlle GELINIER – Ces mécanismes de répression sont de deux sortes : l’ex­pulsion, rejet à l’extérieur de son propre sadisme; et détruire cet objet dange­reux. – Mais ce que je ne comprends pas c’est que ces mécanismes de défense ne sortent pas du cercle vicieux, puisqu’ils le reproduisent. Je ne comprends pas comment elle-même s’y retrouve?

La question est: comment l’enfant peut-il sortir de cette situation anxieuse… LACAN -… Anxiogène…

Mlle GÉLINIER -… De cette situation anxiogène, dont l’origine est son propre sadisme ?

Là elle introduit la notion de symbolisme, en se référant à Ferenczi et Jones pour qui le symbolisme est le fondement de toute sublimation et de toute action sur le monde extérieur.

Cela, c’est presque le plus important du texte. Et j’espère avoir bien compris comment elle comprend la notion de symbolisme. Pour elle, le symbolisme est le fait que le sujet fait une équation, une égalité entre lui corporel, son corps, lui entier, ou les parties de son corps, le corps de la mère, pénis, vagin, enfants, excréments, et des objets externes. Pour elle, le symbolisme est une égalité mise entre le corps propre et les objets externes.

Elle pense alors que c’est en réalisant de pareilles équations multiples… LACAN – Le terme d’équation, d’ailleurs, est dans Freud, à propos de l’article où il montre les équivalences dans les structures anales, là où il présente le grand schéma même dessiné, objectivé, où il montre l’équivalence : enfant = phallus = excréments, etc.

Mlle GÉLINIER – Elle pense donc que c’est en réalisant le plus grand nombre possible – et ça c’est très important à souligner – de ces équations que l’enfant sortira le mieux de son anxiété.On arrive à la situation suivante : l’enfant, pour soulager son anxiété, la pro­jette, la distribue sur le monde extérieur, les objets.

LACAN – Vous êtes bien sûre qu’il y a ça?

Mlle GÉLINIER – Oui. Elle dit que ce sont ces équations multiples qui sont les fondements des relations à la réalité et au monde extérieur en général. Et elle ajoute que c’est plus tard l’ego qui sera capable, mais elle ne dit pas comment… LACAN – Oui, ça c’est exact.

Mlle GÉLINIER -… de faire surgir sous cette réalité, qui n’en est pas une, puisque ce n’est que de l’anxiété projetée, la vraie réalité – qu’elle ne précise pas non plus.

Elle conclut qu’on voit bien que pour que le Moi se développe bien, que pour que l’anxiété du sadisme de la phase orale, soit dépassée, il faut qu’il y ait une certaine quantité minimum d’anxiété, faute de quoi le sujet ne la distribuerait pas sur le monde extérieur; mais qu’il n’en faut pas trop; c’est toute une ques­tion de quantité optimum; il faut que l’ego puisse la tolérer pour la maîtriser. Elle ne précise pas non plus la maîtrise.Maintenant elle reprend ses considérations générales à propos du cas de Dick, garçon de quatre ans.

Elle pense que Dick, et cela elle ne le justifie pas du tout, a une capacité constitutionnelle de son Moi à tolérer l’anxiété. Elle pense ensuite – et elle le jus­tifie plus loin, d’une manière que je ne comprends pas – que les pulsions géni­tales, proprement génitales, ont été particulièrement précoces chez Dick. Et que ces pulsions génitales ont entraîné une moindre tolérance des pulsions sadiques et des défenses accrues contre les pulsions sadiques. Et alors, dit-elle, Dick n’a pas pu, parce qu’il avait trop peur de son sadisme, étant trop génital, supportant trop mal ce sadisme, n’a pas pu faire cette distribution d’anxiété sur les objets du monde extérieur; mais seulement sur deux ou trois objets, qu’elle cite, qui étaient les seules activités ludiques de Dick : l’intérêt pour les trains, pour les gares, pour les portes – les trois choses qu’il manipulait.

LACAN – Peut-être, là, faites-vous quand même une élision, me semble-t-il, qui est importante si vous la maintenez, de la description que vous avez faite du cas clinique; il y avait quelque chose d’autre qui est le comportement de Dick chez Mélanie Klein.

Mlle GÉLINIER -J’y passe après.

LACAN – Parce que ce que vous venez de dire, les histoires concernant les portes, les gares et les trains, c’est surtout chez Mélanie Klein, que ça a lieu. Mlle GÉLINIER – Là, c’est ce qu’elle dit avant. Elle pense que les seules dis­tributions faites sur l’extérieur, étant donné son anxiété, sont les trains, les gares, les portes; et que ces trois objets représentent symboliquement : le train, le pénis, la gare, la mère, et les boutons de portes.

Et elle pense que la distribution d’anxiété sur les objets s’est arrêtée là. Cet arrêt de la distribution de l’anxiété sur le monde extérieur constitue le manque de contact de Dick, qui n’est en contact avec rien, parce qu’il n’a pas distribué son anxiété sur l’extérieur.

Et alors, elle dit que c’est sa peur de son sadisme, sa défense contre son sadisme qui, de même, le rend incapable de tout acte agressif, comme de mordre, de manipuler les ciseaux et les couteaux. Et cette même défense l’empêche de traduire en fantasmes tout ce qu’il vit, sa relation sadique au corps de la mère.

Ensuite, elle nous raconte les premières séances d’analyse, très résumées, et l’attitude de Dick pendant les premières séances.

Il est entré chez elle; il a quitté sa nurse sans aucune émotion, a erré sans but dans la pièce de traitement, ne s’est intéressé à aucun objet, a fait des mou­vements tout à fait incoordonnés, désordonnés, sans signification, une mimique figée, un regard tout à fait perdu et absent; et, dit-elle,« Comme si je n’étais pas autre chose qu’un meuble, aucune de ses atti­tudes ne s’adressait à moi. »Elle insiste sur le fait que Dick avait pour elle une conduite, une attitude dif­férente des grands névrosés qu’elle traite habituellement. Elle décrit les névro­sés les plus névrosés, qui se mettent dans un coin ou se cachent. Elle insiste

« C’est comme s’il avait été dans le vide ».

Et, connaissant son intérêt pour les trains et les gares, et connaissant que c’était son seul investissement anxieux d’objets, elle a pris un grand train qu’elle a mis à côté d’un petit train.

LACAN – Vous êtes sûre qu’il y a ça, qu’elle connaissait ça? Elle ne connais­sait rien de pareil, elle lui a foutu le train dans les mains.

X – Si. Elle le connaissait; elle le savait avant.

LACAN – D’ailleurs, ça ne change pas grand-chose.

Mlle GÉLINIER – Il appelle le grand train «papa-train», et le petit train « Dick-train». Il prend le petit Dick-train, le fait rouler jusque sous la fenêtre. Et déjà elle verbalise: « La gare, c’est maman. Dick va dans Maman ».

Alors, à ce moment-là, l’enfant lâche le train et court à toutes jambes dans un espace sombre entre deux portes, dans la double porte de la salle de consultation. Elle va, et il dit :

«  noir ». Elle verbalise : « C’est noir dans Maman ».

À ce moment-là, l’enfant questionne en disant : « nurse », mais d’une voix qui, cette fois, avait un sens : il demande sa nurse, ce qu’il ne faisait jamais. Elle répond : « Nurse reviendra bientôt. »

L’enfant répète ces mots, d’une manière intelligente, ils ont un sens qui cor­respondait à la situation. Et Mélanie Klein remarque qu’à partir de ce jour-là elle pense qu’il a appris ces mots, qu’il s’en est rappelé. Il les a réutilisés par la suite correctement.

À la séance suivante, il entre dans la salle de traitement tout à fait de la même façon; mais cette fois-ci, il va dans le coin noir et il met le Dick-train dans ce coin noir et veut qu’il y reste.

Et il répète : « est-ce que nurse vient ? »

À la troisième fois, il va aussi dans le coin noir derrière la commode, et là il est très anxieux, et pour la première fois il appelle l’analyste auprès de lui. L’analyste remarque que le fait qu’il investisse un plus grand nombre d’ob­jets, la commode, le coin noir de la porte, en plus des trains correspond avec un sentiment de dépendance vis-à-vis de la nurse et d’elle-même, puisqu’il réclame leur présence, avec la première anxiété exprimée, manifestée, qui est d’appeler la nurse.

Ensuite, à la quatrième séance, il désigne un petit wagon à charbon en disant « cut » [couper].

L’analyste lui donne une paire de ciseaux. Il essaie de malmener le contenu du petit wagon à charbon, mais n’y arrive pas. L’analyste prend les ciseaux à son compte, le sadisme à son compte, et fait elle-même le dépeçage du contenu du wagon à charbon.

Une fois que c’est fini, l’enfant prend le tout, le jette dans un tiroir, et dit « parti ». Alors elle verbalise : « Dick voulait enlever, couper, les excréments du corps de sa mère. »

La fois suivante, il revoit le même wagon à charbon, le cache, anxieux, sous les autres jouets. Elle lui répète son anxiété. Il ressort le wagon à charbon. Elle lui dit qu’il a voulu prendre et couper ce qu’il y avait dans le corps de sa mère. A ce moment-là l’enfant de nouveau court dans l’espace sombre entre les deux pièces; et, dit Mélanie Klein, il montre bien que l’espace sombre entre les deux pièces représentait aussi le corps de sa mère, car quand je lui ai dit qu’il voulait « attaquer l’intérieur du corps de sa mère », avec ses ongles il gratte, c’est-à-dire répète la même chose, il abîme l’intérieur du corps de sa mère.

Il n’y a rien d’autre dans ce qu’elle donne comme contenu, sinon que ces mêmes) eux sadiques se continuent. Il distribue de plus en plus sur un plus grand nombre d’objets; sont intervenus ensuite : le lavabo, d’autres jeux, le buffet.

Voilà comment, ensuite, elle commente ces quelques indications d’analyse qu’elle nous donne, et comment elle comprend le cas de Dick.

Elle répète que ce qui a fait qu’il se défende plus fortement qu’un autre contre son sadisme était son développement génital précoce; et là elle donne comme signes de ce développement génital précoce le fait que quand l’enfant venait par exemple de vouloir manger un petit jouet, un petit personnage-jouet, qui repré­sentait le pénis du père, après l’avoir fait, il montrait des sentiments de pitié pour le personnage ainsi lésé; et s’apitoyait, et voulait restituer ce qu’il avait voulu lui prendre et posséder. Sa capacité précoce de sympathie, de sentir ce que sent l’autre, c’est ce qu’elle donne comme signe de développement génital précoce. De ce fait-là, il a retiré son intérêt de tout le corps extérieur, qui était le corps, le pénis, et tout cela est devenu dangereux, agressif; il s’est coupé de la réalité, et le développement des fantasmes s’est arrêté.

Cela me semble extraordinaire. Il se réfugie dans un seul fantasme, dans le fantasme du corps vide et sombre, noir, de la mère. Et il retire son intention des objets extérieurs qui représentaient le contenu du corps de la mère.

Voilà comment elle comprend l’action analytique pour Dick. Elle pense que les interprétations qu’elle a données – elle souligne un point de technique en disant que d’habitude elle n’interprète jamais sur un matériel aussi unique, elle attend d’avoir le matériel; mais là comme il n’y avait qu’une sorte de matériel, elle a agi tout de suite, elle pense que d’avoir résolu ou atteint le problème inconscient a entraîné une sédation de l’anxiété. Cette détente de l’anxiété a permis un nouvel afflux d’anxiété, et ainsi, chaque fois, à chaque nouvelle interprétation, et que chaque anxiété ainsi tombée après l’interpréta­tion se distribuait, comment elle l’avait décrit au départ, sur les objets exté­rieurs; que d’ailleurs on le voit bien, parce que quand dans le traitement, comme dans la vie courante, il avait contact et s’intéressait à un nombre d’êtres qui allait croissant.

Elle décrit ses progrès généraux : il peut être plus agressif, s’intéresse à des objets de plus en plus nombreux; le transfert avec elle est plus fort; le vocabu­laire s’augmente; elle dit qu’il apprend des mots nouveaux et qu’il se souvient de davantage de mots; il devient plus affectueux avec sa mère et avec son père. Elle ne précise pas, mais son attitude se modifie; il semble aborder une phase œdipienne.

Elle fait une sorte de conclusion de la compréhension théorique de tout cela, en répétant que pouvoir maîtriser l’anxiété mieux, c’est pouvoir la dis­tribuer sur des objets et des intérêts plus nombreux; et qu’ainsi les quantités d’anxiété sont régularisées. L’ego devient de ce fait capable de les tolérer et de les maîtriser.

Si l’on veut résumer, on peut dire que l’enfant part d’un stade initial où domi­nent les mécanismes d’introjection et l’expulsion, un stade d’identification généralisée, et qu’il doit passer à un stade de formation symbolique, dont l’iden­tification est une sorte de précurseur; des identifications symboliques seraient à la base de toutes les sublimations et activités ultérieures; et que cette instau­ration du stade symbolique permettra le libre jeu de la fantaisie, du fantasme, le passage entre les deux se fait par la distribution de l’anxiété, qui investit des objets du monde extérieur de plus en plus nombreux.

J’ai laissé tomber la fin du chapitre sur le diagnostic.

LACAN – Là, vous avez bien fait. Car pour aujourd’hui, ça suffit.

Mlle GÉLINIER – je vais donner mes réactions personnelles sur ce texte. je me suis centrée autour de la notion de symbolisme, qui m’apparaissait capi­tale, tout entière posée là-dedans. Mais avant je dois dire qu’on pourrait faire sur presque chacun des paragraphes de ce texte des remarques qui ont rendu pour moi la compréhension difficile; comme, par exemple, celles-ci, des choses qui me semblent contradictoires, tout le temps, j’en relèverai une ou deux.

LACAN – Bon. Allons-y.

Mlle GÉLINIER – Par exemple, elle dit que l’enfant retirait son intérêt du monde extérieur, des objets, qu’il niait ce monde extérieur, parce que trop dan­gereux; et elle dit,

« Donc il n’y a pas de relation. » Cela me semble contradictoire.

S’il nie quelque chose, c’est qu’il nie une relation; et que cette relation, donc ces objets, sont investis de quelque chose qu’il cherche à nier. S’il nie, c’est qu’il y a quelque chose. Pour moi, il semble, il faudrait, on ne peut pas être satisfait par sa description clinique au départ, disant que Dick n’a de relation avec rien. Il me semble qu’il y a des relations, mais qu’il les nie, parce que ces relations sont dangereuses.

Aussi le passage où elle dit qu’il se réfugie dans le fantasme du corps vide et noir de sa mère. Et, dit-elle,

« Il retire son intérêt des objets qui représenteraient le contenu de ce corps enfants, excréments, pénis… »

je ne peux pas comprendre comment un fantasme pourrait être morcelé comme ça, comment l’enfant pourrait être rassuré à l’intérieur du corps et que cet inté­rieur du corps n’implique pas tout le reste; il faut qu’il soit quelque part. Peut-­on prendre un petit morceau de quelque chose ? Là, je ne peux pas comprendre.

Une troisième chose sur laquelle… qui m’a paru tout à fait curieuse, com­ment elle comprend le fait que Dick récupère du vocabulaire. Elle a l’air de pen­ser qu’à partir du commencement où elle le soigne il apprend des mots, comme s’il se mettait à avoir de la mémoire et à désirer apprendre. Cela m’a frappée, parce que j’ai eu l’occasion de faire l’investigation d’un enfant, il avait l’âge de Dick : cinq ans; il avait exactement le même tableau clinique; il n’y a aucune dif­férence particulière; toutes ces histoires de vocabulaire étaient semblables… Et à partir du moment où il s’est mis à parler, c’était très clair. Dans ce cas-là, il n’apprenait pas des mots, il les savait, mais il ne niait plus de les savoir. Autrement dit, il avait tout un acquis de syntaxe et de vocabulaire, mais il les niait; de même qu’il niait ses relations avec les objets extérieurs. Et alors elle pense qu’il s’est mis à apprendre des mots.J’arrive, pour terminer, à sa notion, à la critique de sa notion de symbolisme. Si j’ai bien compris, il semble que pour elle, donc, le symbolisme soit un pro­cédé très simple, unilinéaire, sans dessus ni sans dessous, qui est une équation entre le corps, total ou partiel, et des objets du monde extérieur. Alors il se pose des questions. C’est qu’en décrivant cela elle note très bien – et elle y insiste beaucoup – la corrélation dans le temps entre l’avènement du symbolisme, le moment où il y a symbolisme, c’est quand l’enfant fait le renforcement de l’ego. Mais elle n’explique pas la liaison. Elle ne la rend pas compréhensible; elle montre que ça va à peu près ensemble, et la fonction de l’ego n’est pas du tout précisée, ni même abordée.

Il semble qu’elle considère, elle, le symbolisme comme un mécanisme, parmi d’autres, d’adaptation. Bien sûr, elle dit qu’il est fondamental, et que sans lui rien ne pourrait aller, parce que, Dick n’ayant pas acquis ce mécanisme, il est stoppé. Mais pour elle ce mécanisme n’est qu’un mécanisme parmi d’autres, qui ne change pas la structure de l’ensemble du sujet, mais rend plus facile et plus pos­sible la tâche de l’ego qui est de maîtriser l’anxiété et s’adapter.

Et enfin elle ne rend pas du tout compte comment cette distribution d’anxiété sur les objets, c’est-à-dire comment de ce monde fantasmatique on passe à des relations avec un vrai réel, un réel réel. Elle dit qu’un ego plus fort peut le faire; mais comment ? Et qu’est-ce que c’est, ce réel, elle ne le dit pas du tout.

Alors, voilà comment il semble que je formulerais ces problèmes pour me les rendre cohérents : c’est de considérer le premier stade d’où elle part, le stade de la phase sadique-orale, dont elle décrit surtout les contenus. Si on considère que ce stade, surtout du point de vue de sa structure, de son organisation, on peut peut-être dire que tout y est à la fois fantasmatique et réel, dans ce sens qu’il n’y a encore ni réel ni fantasmatique vrai, puisque rien ne le différencie; c’est un pré­réel et un pré-fantasmatique.

LACAN – D’ailleurs elle le dit, elle le formule « unreal reality ».

Mlle GÉLINIER – Il semble que ce stade est caractérisé par une indifférencia­tion du tout, et que le sujet n’y est rien d’autre que ce double mouvement d’introjection et d’expulsion qui est un cercle vicieux, et dont tous les moments sont angoissants, que ce soit le moment d’introjection, ou le moment d’expul­sion; par introjection du sadisme, et expulsion de ce qui est bon.

LACAN – Si vous voulez. Mais c’est plutôt ce qui est mauvais qui est expulsé.

Mlle GÉLINIER – Oui. Mais il expulse tout à la fois.

je dois dire que l’anticipation d’une structure nouvelle se présente toujours d’abord sous la négativité avant de passer à une autre forme. Et dans ce cas la négativité est le sadisme. Mais tant que cette négativité demeure dans ce registre d’indifférenciation, où le réel et le fantasmatique sont confondus, dans quel ego ressent-il le quasi-réel ? On reste toujours dans le cercle vicieux, parce que cette négativité ne peut pas aller à son terme où elle serait structurante et ferait pas­ser à un autre stade de différenciation, où s’effectuerait la différenciation du fan­tasmatique et du réel. Dans le cas de Dick, il semble que ce passage se soit fait par l’intervention de l’analyste, qui intervient ici comme un troisième terme; qui, dans ce cas, com­prend le fantasme, le valorise, permet le sadisme, parce que par la verbalisation il différencie le symbolique du réel; il rend symbolique le corps de la mère et rend symbolique le sadisme.

LACAN – Elle lui fout le symbolisme avec la dernière brutalité. Elle com­mence tout de suite par lui flanquer les interprétations majeures; elle le flanque dans une verbalisation absolument brutale, et presque aussi révoltante pour nous que pour n’importe quel lecteur, de ce que c’est que le mythe œdipien

« Tu es le petit train, tu veux foutre ta mère. » C’est sa méthode!

Évidemment, cela prête à toutes sortes de discussions théoriques, qui ne peu­vent pas être dissociées du diagnostic du cas. Mais il est certain qu’à la suite de cette intervention il se produit quelque chose, et tout est là!

Mlle GÉLINIER-Elle, elle semble penser qu’il se produit quelque chose parce qu’elle a…

LACAN – Ce que vous expliquez, le manque de contact, c’est le défaut de l’ego. Ce sujet a, à proprement parler, un ego qui n’est pas formé. Et la façon dont elle distingue justement, jusque dans la profonde indifférence, apathie, absence, de ce sujet au début, dont elle le distingue, dont elle le tranche avec les autres névrosés, c’était déjà assez significatif. Mais ce qui est tout à fait clair, c’est en somme quoi? Ce qui correspond à ce que je vous ai dit, ce qui n’est pas sym­bolisé, c’est la réalité, avant toute formation de symbole. On peut dire que ce jeune sujet, c’est ça qui le limite. Il est tout entier dans la réalité à l’état pur, inconstituée, ce qui n’est pas différencié; c’est ce qu’elle nous montre, c’est l’in­térêt pour les objets en tant que distincts, en tant qu’objets de l’intérêt humain, en grand nombre, en objets équivalents, c’est le développement de ce monde infini d’objets qui constitue un monde humain. Et ce qu’elle nous indique, ce en quoi son texte est précieux, parce qu’elle est ce qu’on pourrait appeler quel­qu’un, une thérapeute, une femme d’expérience, elle sent ces choses, elle les exprime mal, on ne peut pas le lui reprocher. En tout cas, en vérité, la théorie de l’ego est incomplète, elle n’est peut-être pas décidée à la donner, et c’est ce qui manque.

Mais ce qu’elle explique très bien, c’est ceci, je suis forcé d’aller vite aujour­d’hui, et je reprendrai la prochaine fois; ce qu’elle montre est ceci, que si les objets du monde humain se démultiplient, se développent, avec la richesse qui constitue l’originalité de ce monde, c’est dans la mesure où, dans une sorte de processus d’expulsion, lié à l’instinct de destruction primitif, ces objets, dans leur première signification que nous appellerons, si vous voulez, affective, pour aller vite aujourd’hui, puisque nous avons un peu exorcisé ce mot et compris ce qu’il veut dire; c’est d’une certaine relation primitive à la racine même instinc­tuelle de l’être qu’il s’agit, dans la mesure où ces objets se créent, apparaissent, par un processus d’expulsion et de destruction, et également qu’à mesure que se produisent ces éjections par rapport au monde du sujet primitif, non encore organisé dans le registre de la réalité proprement humaine, communicable, que surgit à chaque fois, quoi? Un type d’identification qui, disons, n’est pas sup­portable. L’anxiété n’est pas une espèce d’énergie que le sujet aurait à répartir pour constituer les objets; d’ailleurs il n’y a aucune tournure de phrase, à pro­prement parler, dans ce sens. L’anxiété est toujours définie comme surgissant, « arising ».

À chacun de ces rapports objectaux correspond un mode d’identification dont l’anxiété est à proprement parler le signal. Chaque fois que le sujet s’iden­tifie avec quoi que ce soit, et ici c’est quelque chose qui précède l’identification qui est à proprement parler moïque, même quand l’identification moïque sera faite, toute nouvelle réidentification du sujet [fera surgir] l’anxiété, anxiété au sens où anxiété est tentation, vertige, re-perte du sujet pour se retrouver à ces niveaux extrêmement primitifs; l’anxiété est telle qu’effectivement il ne peut pas se produire, ce jeu où le sujet introduit pour chaque objet d’anxiété, mais ce n’est qu’une connotation; anxiété c’est un signal, comme Freud, a toujours, lorsqu’il a approché la notion d’anxiété, très bien senti et formulé, que c’était une sorte de signal, une qualité, une coloration subjective.

Cette anxiété c’est précisément ce qui en somme ne se produit pas, car le sujet ne peut même pas arriver à cette sorte d’identification qui serait déjà une ébauche de symbolisme. Il reste en face de la réalité, ce sujet, si paradoxal que ce soit, il vit dans la réalité; il est dans le bureau de Mélanie Klein, il n’y a pas pour lui d’autre, il n’y a pas pour lui de lui-même, il y a une réalité pure et simple; l’intervalle entre les deux portes, c’est le corps de sa mère. Les trains et tout ce qui s’ensuit, c’est quelque chose, mais qui n’est ni nommable ni nommé, avant que Mélanie Klein n’ose, avec ce quelque chose qu’elle, a, cette espèce d’instinct de brute, qui lui a fait d’ailleurs perforer cette espèce de. somme de la connaissance, qui était jusque-là impénétrable, elle ose lui parler et parler à un être qui littéralement lui a donné toute l’appréhension possible auparavant, qu’au sens symbolique du terme c’est un « être qui ne répond pas » ; il est là comme si elle n’existait pas, comme si elle était un meuble; elle lui parle, c’est-à-dire qu’elle donne littéralement leur nom à ce quelque chose qui quand même participe du symbole, puisque ça peut être immédiatement nommé, mais qui n’est littéralement, à proprement parler, jusque-là, pour le sujet que réalité pure et simple; et c’est en cela que prend sa signification le terme de « prématuration » qu’elle emploie pour dire que ce sujet a atteint en sorte déjà le stade génital; c’est vrai, pour autant que le stade génital, après toute la phase de symbolisation des fantasmes, liés par ces allers et retours des identifications du sujet qui, dans la mesure où il les ébauche, les retire, en refait, avec d’autres objets, à côté, donne aux objets majeurs de sa primitive identification une série d’équivalents, qui démultiplient son monde et permettent, à travers l’imaginaire, de donner les cadres à ce réel infiniment plus développé, plus complexe, qui est le réel humain.

C’est dans la mesure où le sujet ne peut pas faire ces allers et retours, où il est immédiatement dans une réalité qui signifie, à son niveau de réalité, qui est quelque chose d’absolument déshumanisé; parce qu’il n’y a pas développement, il n’y a pas à l’origine cette série d’allers et retours qui se substituent à une série d’objets, parce que chaque fois l’anxiété arrête l’identification définitive, la fixa­tion de la réalité, c’est, on peut dire, une réalité déjà symbolisée, puisqu’on peut lui donner un sens, mais puisqu’elle est avant toute espèce de mouvements, d’al­lers et venues; c’est une symbolisation anticipée, primaire, figée, une seule et unique primaire identification, quelque chose qui a un nom : « le vide », et « le noir », qui est ce qui répond dans la structure propre du su) et à « humain » à l’origine, et essentiellement, comme je l’ai indiqué, « béant », qui n’a pas pleine­ment le contact, naturellement et simplement devant cette béance, et dans cette béance, ne compte qu’un certain nombre d’objets, très limité, de la réalité, qu’il ne peut même pas nommer. Qu’est-ce à dire? Vous l’avez très bien remarqué; il ne peut pas les nommer, à un certain niveau, car il a déjà une certaine appré­hension des vocables, disons que de ces vocables il n’a pas fait la Bejahung, il ne les assume pas; chose paradoxale, précisément, dans la fonction où chez lui existe à ce niveau-ci, si paradoxal que ça paraisse, une possibilité d’empathie qui est beaucoup plus grande que la normale, c’est ce que Mélanie Klein semble indiquer, car il est tellement bien en rapport avec la réalité… rarement, mais d’une façon distante, pas anxiogène… Quand Mélanie Klein a les petits copeaux d’un crayon, morcelage de ce qui n’est pas encore fait, car n’oublions pas que c’est quand on commence à démolir, que s’articule le petit… et aussi le déclen­chement du mécanisme quand il voit les petits copeaux de crayon sur le corsage de Mélanie Klein, il dit poor Melanie Klein. Voyez-vous l’indication du sens dans lequel le problème se pose ?

J’y reviendrai la prochaine fois, où nous nous trouverons au cœur du pro­blème du rapport du symbolisme et du réel, et pris à l’angle, à son point d’ori­gine de genèse, le plus difficile. Vous en voyez également le rapport avec la région que nous avons désignée l’autre jour dans le commentaire de M. Hyppolite; la fonction du destructionnisme dans la constitution de la réa­lité humaine.

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