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Recherches Lacan

LXXIV L'insu que sait de l'une bévue s'aile à mourre 1976 – 1977 Leçon du 14 décembre 1976

Leçon du 14 décembre 1976

Il n’y a pas à donner de commentaires. Comme la dernière fois je vous ai parlé de quelque chose comme ça qui n’est pas une sphère dans une autre, qui est ce qu’on appelle un tore, il en résulte – c’était ce que je voulais vous indiquer par-là, mais c’était allusif – qu’aucun résultat de la science n’est un progrès. Contrairement à ce qu’on s’imagine, la science tourne en rond, et nous n’avons pas de raison de penser que les gens du silex taillé avaient moins de science que nous. La psychanalyse notamment n’est pas un progrès, puisque ce que je veux vous indiquer, puisque malgré tout je reste près de ce sujet, la psychanalyse notamment n’est pas un progrès, c’est un biais pratique pour mieux se sentir. Ce mieux se sentir, il faut le dire, n’exclut pas l’abrutissement…

Tout indique, avec l’indice de soupçon que j’ai fait peser sur le tout, qu’en fait il n’y a de tout que criblé et pièce à pièce. La seule chose qui compte, c’est qu’une pièce a ou non-valeur d’échange. C’est la seule définition du tout. Une pièce vaut dans toutes circonstances, ceci veut dire, ceci ne veut dire que circonstance qualifiée comme toute valoir, homogénéité de valeur… Le tout n’est qu’une notion de valeur, le tout, c’est ce qui vaut dans son genre, ce qui vaut dans son genre un autre de la même espèce d’unité.

Nous avançons là tout doucement vers la contradiction de ce que j’ai appelé l’une-bévue. L’une-bévue est ce qui s’échange malgré que ça ne vaille pas l’unité en question. L’une-bévue est un tout faux. Son type, si je puis dire, c’est le signifiant, le signifiant-type, c’est-à-dire, exemple, il n’y en a pas de plus type que le même et l’autre. Je veux dire qu’il n’y a pas de signifiant plus type que ces deux énoncés. Une autre unité est semblable à l’autre. Tout ce qui soutient la différence du même et de l’autre, c’est que le même soit le même matériellement. La notion de matière est fondamentale en ceci qu’elle fonde le même. Tout ce qui n’est pas fondé sur la matière est une escroquerie matériel-ne-ment.

Le matériel se présente à nous comme corps-sistance, je veux dire sous la subsistance du corps, c’est-à-dire de ce qui est consistant, ce qui tient ensemble à la façon de ce qu’on peut appeler un con* [* corps ? (JP Bénard)], autrement dit une unité. Rien de plus unique qu’un signifiant, mais en ce sens limité qu’il n’est que semblable à une autre émission de signifiant. Il retourne à la valeur, à l’échange. Il signifie le tout, ce qui veut dire, il est le signe du tout. Le signe du tout, c’est le signifié, lequel ouvre la possibilité de l’échange. Je souligne à cette occasion ce que j’ai dit du possible, il y aura toujours un temps — c’est ça que ça veut dire — où il cessera de s’écrire, où le signifié ne tiendra plus comme fondant la même valeur, l’échange matériel. Car la même valeur est l’introduction du mensonge, il y a échange, mais non matérialité même.

Qu’est-ce que l’autre comme tel ? C’est cette matérialité que je disais à l’instant, c’est-à-dire que j’épinglais du signe singeant l’autre. Il n’y a qu’une série d’autres, tous les mêmes en tant qu’unité, entre lesquels une bévue est toujours possible, c’est-à-dire qu’elle ne se perpétuera pas, qu’elle cessera comme bévue. Voilà. Tout ça, c’est des vérités premières, mais que je crois devoir vous rappeler.

L’homme pense. Ça ne veut pas dire qu’il ne soit fait que pour ça. Mais ce qui est manifeste, c’est qu’il ne fait que ça de valable, parce que valable veut dire — et rien d’autre, c’est pas une échelle de valeur, l’échelle de valeur, comme je vous le rappelle, tourne en rond — valable ne veut rien dire que ceci que ça entraîne la soumission de la valeur d’usage à la valeur d’échange. Ce qui est patent, c’est que la notion de valeur est inhérente à ce système du tore et que la notion d’une-bévue dans mon titre de cette année veut dire seulement que — on pourrait également dire le contraire — l’homme sait plus qu’il ne croit savoir. Mais la substance de ce savoir, la matérialité qui est dessous, n’est rien d’autre que le signifiant en tant qu’il a des effets de signification. L’homme parle-être comme j’ai dit ce qui ne veut rien dire d’autre qu’il parle signifiant, avec quoi la notion d’être se confond.

Ceci est réel., Réel ou vrai ? Tout se pose, à ce niveau tentatif, comme si les deux mots étaient synonymes. L’affreux, c’est qu’ils ne le sont pas partout. Le vrai, c’est ce qu’on croit tel ; la foi et même la foi religieuse, voilà le vrai qui n’a rien à faire avec le réel. La psychanalyse, il faut bien le dire tourne dans le même rond. C’est la forme moderne de la foi, de la foi religieuse. A la dérive, voilà où est le vrai quand il s’agit de réel. Tout cela parce que manifestement — depuis le temps, on le saurait, si ce n’était pas manifeste — manifestement il n’y a pas de connaissance. Il n’y a que du savoir au sens que j’ai dit d’abord, à savoir qu’on se goure… Une bévue, c’est ce dont il s’agit, tournage en rond de la philosophie. Il s’agit de substituer un autre sens au terme système du monde qu’il faut bien conserver, quoique de ce monde on ne peut rien dire de l’homme, sinon qu’il en est chu. Nous allons voir comment, et ça a beaucoup de rapport avec le trou central du tore.

Il n’y a pas de progrès, parce qu’il ne peut pas y en avoir. L’homme tourne en rond si ce que je dis de sa structure est vrai, parce que la structure, la structure de l’homme est torique. Non pas du tout que j’affirme qu’elle soit telle. je dis qu’on peut essayer de voir où en est l’affaire, ce d’autant plus que nous y incite la topologie générale. Le système du monde jusqu’ici a toujours été sphéroïdal. On pourrait peut-être changer ! Le monde s’est toujours peint, jusqu’à présent, comme ça pour ce qu’ont énoncé les hommes, s’est peint à l’intérieur d’une bulle. Le vivant se considère lui-même comme une boule, mais avec le temps il s’est quand même aperçu qu’il n’était pas une boule, une bulle. Pourquoi ne pas s’apercevoir qu’il est organisé, je veux dire ce qu’on voit du corps vivant, qu’il est organisé comme ce que j’ai appelé trique l’autre jour.

Voilà, j’essaye de dessiner ça comme ça. II est évident que c’est bien à ça que ça aboutit, ce que nous connaissons du corps comme consistant. On appelle ça ecto, ça endo et puis autour il y a le méso. C’est comme ça que c’est fait ; ici il y a la bouche et ici le contraire, la bouche postérieure. Seulement cette trique n’est rien d’autre qu’un tore. Le fait que nous soyons toriques va assez bien en somme avec ce que j’ai appelé l’autre jour, trique. C’est une élision de l’o : t () rique.

Alors ceci nous amène à considérer que l’hystérique dont chacun sait qu’il est aussi bien mâle que femelle l’hystorique si je me permets ce glissement, il faut considérer en somme qu’elle n’est — je la féminise pour l’occasion, niais comme vous allez voir que je vais y mettre de l’autre côté mon poids, ça me suffira largement à vous démontrer que je ne pense pas qu’il n’y ait des hystériques que féminines — l’hystorique n’a en somme pour la faire consister qu’un inconscient, c’est la radicalement autre. Elle n’est même qu’en tant qu’autre. Eh bien, c’est mon cas. Moi aussi, je n’ai qu’un inconscient. C’est même pour ça que j’y pense tout le temps. C’en est au point que — je peux vous en témoigner – ceci est au point que je pense l’univers torique et que ça ne veut rien dire d’autre, c’est que je ne consiste qu’en un inconscient auquel, bien sûr, je pense nuit et jour, ce qui fait que l’une-bévue devient inexacte. Je fais tellement peu de bévues que c’est la seule chose — bien sûr, j’en fais de temps en temps, ça n’a que peu d’importance ; il m’arrive de dire dans un restaurant « Mademoiselle, on est réduit a ne manger que des écrevisses à la nage », tant que nous en sommes là, à faire utile erreur de ce genre, ça ne va pas loin. En fin de compte, je suis un hystérique parfait, c’est-à-dire sans symptôme sauf de temps en temps cette erreur de genre en question.

 

Il y a quand même quelque chose qui distingue l’hystérique, je dirais, de moi dans l’occasion. Mais je vais essayer de vous le présenter. Vous voyez comme on est maladroit. Voila. Ça c’est deux — je colore celui-là pour donner le sens — ça veut dire ça un tore qui fait chaîne avec un autre. Chacun sait, parce que je l’ai déjà indiqué la dernière fois, que si vous faites une coupure ici et si vous rabattez le tore vous obtenez ceci quelque chose qui se présente comme ça c’est-à-dire qui reproduit ce que j’ai appelé tout à l’heure la trique, à ceci près que ce que j’ai dessiné tout à l’heure comme ceci est là à l’intérieur de la trique. La différence entre l’hystérique et moi, et moi qui en somme à force d’avoir un inconscient l’unifie avec mon conscient, la différence est ceci, c’est qu’en somme l’hystérique est soutenue dans sa forme de trique, est soutenue par une armature. Cette armature est en somme distincte de son conscient. Cette armature, c’est son amour pour son père. Tout ce que nous connaissons de cas énoncés par Freud concernant l’hystérique, qu’il s’agisse d’Anna O., d’Emmy von N., ou de n’importe quelle autre, l’autre von R., par exemple, la monture, c’est ce quelque chose que j’ai désigné tout à l’heure comme chaîne, chaîne des générations. Il est bien clair qu’à partir du moment où on s’engage dans cette voie, il n’y a pas de raison que ça s’arrête, à savoir qu’ici il peut y avoir quelque chose d’autre qui fasse chaîne et qu’il est question de voir — ça ne peut pas aller très loin — de voir comment ceci à l’occasion fera trique à l’endroit de l’amour, de l’amour du père en question.

 

Ça ne veut pas dire que ça soit tranché et qu’on puisse ici schématiser le retournement de ce tore autour du tore 2, appelons-le comme ça, qu’on puisse le schématiser par une trique. Il y a peut-être quelque chose qui fait obstacle, et très précisément tout est là ; le fait que la chaîne inconsciente s’arrête aux rapports des parents est oui ou non fondé, rapport de l’enfant aux parents.

Si je pose la question de qu’est-ce que c’est qu’un trou ? Il faut me faire confiance, ça a un certain rapport avec la question. Un trou comme ça, de sentiment, ça veut dire ça quand je craque la surface. Je veux dire par là que, d’intuition, notre trou c’est un trou dans la surface. Mais une surface a un endroit et un envers, c’est bien connu, et ça signifie donc qu’un trou, c’est le trou de l’endroit, plus le trou de l’envers. Mais comme il existe une bande de Mœbius, qui a pour propriété de conjoindre l’endroit qui est ici avec l’envers qui est là, est-ce qu’une bande de Mœbius est un trou ?

Il est évident qu’elle en a bien l’air. Ici il y a un trou, mais est-ce un vrai trou ? Ce n’est pas clair du tout, pour une seule raison, comme je l’ai déjà fait remarquer, qu’une bande de Moebius n’est rien d’autre qu’une coupure, et qu’il est facile de voir que, si ceci est défini comme un endroit, c’est une coupure entre un endroit et un envers. Parce que, il suffit que vous considériez cette figure, il est tout à fait facile de voir que si ici est l’endroit, c’est ici un envers, puisque c’est l’envers de cet endroit et que, ici, la coupure est entre un endroit et un envers, grâce à quoi, dans la bande de Moebius, si nous la coupons en deux, l’endroit et l’envers redeviennent, si je puis dire, normaux à savoir que, quand une bande de Moebius coupée en deux, on va la parcourir, il est facile d’imaginer ce qu’on trouve, à savoir qu’à partir du moment où il y a deux tours, il y aura un endroit distinct de l’envers.

 

C’est bien en quoi une bande de Mœbius est essentiellement capable de se dédoubler; et ce qu’il faut remarquer, c’est ceci, c’est qu’elle se dédouble de la façon suivante qui permet le passage. C’est bien malheureux que je n’aie pas pris mes précautions. Voici la bande de Mœbius telle qu’elle se redouble, telle qu’elle se redouble et qu’elle se montre compatible avec un tore. C’est bien pourquoi je suis attaché à considérer le tore comme étant capable d’être découpé selon une bande de Moebius. Et il suffit, il y suffit -voilà le tore – il suffit qu’on y découpe non pas une bande de Mœbius, mais une bande de Moebius double. C’est très précisément ce qui va nous donner une image de ce qu’il en est du lien du conscient à l’inconscient. Le conscient et l’inconscient communiquent et sont supportés tous les deux par un monde torique. C’est en quoi, c’est la découverte, découverte qui s’est faite par hasard, non pas que Freud ne s’y soit pas acharné, mais il n’en a pas dit le dernier mot. Il n’a nommément jamais énoncé ceci, c’est que le monde soit torique. Il croyait, comme l’implique toute notion de la psyché, qu’il y avait ce quelque chose que j’ai tout à l’heure écarté en disant une boucle, et une autre boucle autour de la première, celle-ci étant au milieu, il a cru que, il y avait une vigilance, une vigilance qu’il appelait la psyché, une vigilance qui reflétait point par point le cosmos. Il en était au fait de ce qui est considéré comme vérité commune, c’est que la psyché est le reflet d’un certain monde.

Que j’énonce ceci au titre, je vous le répète, de quelque chose de tentatif, parce que je ne vois pas pourquoi je serais plus sûr de ce que j’avance, quoiqu’il y ait beaucoup d’éléments qui en donnent le sentiment, et nommément d’abord ce que j’ai donné de la structure du corps, du corps considéré comme ce que j’ai appelé trique.

Que l’être vivant, tout être vivant, se dénomme comme trique, c’est ce que, un certain nombre d’études, d’ailleurs anatomiques grossières, se sont vues toujours confirmer. Que le tore soit quelque chose qui se présente comme ayant deux trous autour de quoi quelque chose consiste, c’est ce qui est de simple évidence. Je vous le répète, il n’a pas été nécessaire de construire beaucoup d’appareils nommément microscopiques, c’est une chose qu’on sait depuis toujours, depuis simplement qu’on a commencé de disséquer, qu’on a fait de l’anatomie la plus macroscopique.

Qu’on puisse, le tore, le découper de façon telle que ça fasse une bande de Moebius, à double tour, c’est certainement à remarquer. D’une certaine façon, ce tore en question est lui-même un trou et d’une certaine façon représente le corps. Mais que ceci soit confirmé par le fait que cette bande de Moebius que j’ai déjà choisie pour exprimer le fait que la conjonction d’un endroit et d’un envers est quelque chose qui symbolise assez bien l’union de l’inconscient et du conscient, est une chose qui vaut la peine d’être retenue.

Une sphère, pouvons-nous la considérer comme un trou dans l’espace ? C’est évidemment très suspect. C’est très suspect parce que ça suppose, ça suppose ce qui ne va pas de soi, le plongement dans l’espace. C’est également vrai pour le tore, et c’est bien en quoi c’est à diviser le tore en deux feuillets, si je puis m’exprimer ainsi, en deux feuillets capables de faire un double tour, que nous retrouvons la surface, c’est-à-dire quelque chose qui à nos yeux est plus assuré, est plus assuré en tout cas pour fonder ce qu’il en est du trou.

 

Il est clair que ce n’est pas d’hier que j’ai fait usage de ces enchaînements. Déjà pour symboliser le circuit, la coupure du désir et de la demande, je m’étais servi de ceci, à savoir du tore. J’en avais distingué deux modes, à savoir ce qui faisait le tour du tore, et d’autre part ce qui faisait le tour du trou central. A cet égard l’identification de la demande à ce qui se présente comme ceci, et du désir à ce qui se présente comme ceci, était tout à fait significatif.

Il y a quelque chose dont j’ai fait état la dernière fois, à savoir ceci qui consiste en un tore, dans un tore. Si ces deux tores vous les marquez, les deux, d’une coupure, en les rabattant, en rabattant les deux coupures, si je puis m’exprimer ainsi, concentriquement, vous ferez venir ce qui est à l’intérieur à l’extérieur, et inversement c’est ce qui est à l’extérieur qui viendra à l’intérieur. C’est très précisément en quoi me frappe ceci que la mise en valeur, comme enveloppement, de ce qui est à l’intérieur est quelque chose qui n’est pas sans avoir à faire avec la psychanalyse.

 

Que la psychanalyse s’attache, ce qui est à l’intérieur, à savoir l’inconscient, à le mettre au dehors, est quelque chose qui évidemment a son prix, a son prix, mais, qui n’est pas sans poser une question. Parce que si nous supposons qu’il y a 3 tores, pour appeler les choses par leurs noms, qu’il y a 3 tores qui sont nommément le Réel, l’Imaginaire et le Symbolique, qu’est-ce que nous allons voir à retourner si je puis dire le Symbolique ? Chacun sait que c’est ainsi que les choses se présenteront, et que le Symbolique vu du dehors comme tore, se trouvera, par rapport à l’Imaginaire et au Réel, se trouvera devoir passer dessus celui qui est dessus, et dessous celui qui est dessous. Mais que voyons-nous à procéder comme d’ordinaire par une coupure, par une fente pour retourner le Symbolique ? Le Symbolique retourné ainsi,… voilà ce que donnera le Symbolique retourné ainsi : il donnera une disposition complètement différente de ce que j’ai appelé le nœud borroméen, à savoir que le Symbolique enveloppera totalement, à en retourner le tore symbolique, enveloppera totalement l’Imaginaire et le Réel. C’est bien en quoi l’usage de la coupure par rapport à ce qu’il en est du Symbolique présente quelque chose qui risque en somme, à la fin d’une psychanalyse, de provoquer quelque chose qui se spécifierait d’une préférence donnée entre tout à l’inconscient. Je veux dire que, si les choses sont telles que ça s’arrange un peu mieux comme çà pour ce qui est la vie de chacun, à savoir de mettre l’accent sur cette fonction, cette fonction du savoir de l’une-bévue par lequel j’ai traduit l’inconscient, ça peut, effectivement s’arranger mieux. Mais c’est une structure tout de même d’une nature essentiellement différente de celle que j’ai qualifiée du nœud borroméen. Le fait que l’Imaginaire et le Réel soient tout entiers en somme inclus dans quelque chose qui est issu de la pratique de la psychanalyse elle-même, est quelque chose qui fait question. Il y a quand même là un problème. je vous le répète, ceci est lié au fait que, ce n’est pas en fin de compte la même chose, la structure du nœud borroméen, et celle que vous voyez là. Quelqu’un qui a expérimenté une psychanalyse est quelque chose qui marque un passage, qui manque un passage, – bien entendu ceci suppose que mon analyse de l’inconscient en tant que fondant la fonction du Symbolique soit complètement recevable. Il est pourtant un fait, c’est que, apparemment, et je peux le confirmer, réellement, le fait d’avoir franchi une psychanalyse, est quelque chose qui ne saurait être en aucun cas ramené a l’état antérieur, sauf bien entendu à pratiquer une autre coupure, celle qui serait équivalente à une contre-psychanalyse. C’est bien pourquoi Freud insistait pour qu’au moins les psychanalystes refassent ce qu’on appelle couramment deux tranches, c’est-à-dire fassent une seconde fois la coupure que je désigne ici comme étant ce qui restaure le nœud borroméen dans sa forme originale.

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