samedi, juillet 27, 2024
Recherches Lacan

LVIII Le transfert 1960 – 1961 Leçon du 24 mai 1961

Leçon du 24 mai 1961

Qu’est-ce que nous allons faire du côté de Claudel dans une année où le temps ne nous est plus maintenant encore large pour formuler ce que nous avons à dire sur le transfert ?

 

Notre propos, par certains côtés, peut vous donner [le] < ce > sentiment du moins pour quelqu’un de moins avertit < que > tout de même tout ce que nous avons dit a un axe commun dont je pense < que > je l’ai assez articulé pour que vous vous soyez aperçus que c’est cela qui est l’essentiel de ma visée cette année.

 

Et pour désigner ce point j’essaierai de vous le préciser ainsi. On a beaucoup parlé du transfert depuis que l’analyse existe, on en parle toujours. Il est clair que ce n’est pas simplement un espoir théorique, que nous devons quand même savoir ce qu’est-ce dans quoi nous nous déplaçons sans cesse, au moyen de quoi nous soutenons ce mouvement.

 

Je vous dirai que l’axe de ce que je vous désigne cette année est quelque chose qui peut se dire ainsi : en quoi devons-nous nous considérer comme intéressés par le transfert ? Cette espèce de déplacement de la question ne signifie pas pour autant que nous tenions pour résolue la question de ce qu’est le transfert lui-même. Mais c’est justement en raison des différences de points de vue très profondes qui se manifestent dans la communauté analytique, non seulement actuellement mais dans les étapes de ce que l’on a pensé sur le transfert – il apparaît des divergences qui sont sensibles – que je crois que ce déplacement est nécessaire pour que nous arrivions à nous rendre compte de ce qui, de la cause de ces divergences, [permet en < lacune >] <permettant > de concevoir ce « faute de quoi » elles se sont produites, [et] < est > ce qui peut aussi permettre de concevoir que nous tenons toujours pour certain que chacun de ces points de vue sur le transfert a sa vérité, est utilisable.

 

La question que je pose n’est pas celle du contre-transfert. Ce qu’on a mis sous la rubrique du contre-transfert est une espèce de [vase de] < vaste > fourre-tout d’expériences qui comporte ou qui semblerait comporter à peu près tout ce que nous sommes capables d’éprouver dans notre métier. C’est vraiment rendre la notion désormais tout à fait inutilisable de prendre les choses ainsi, car il est clair que c’est faire entrer toutes sortes d’impuretés dans la situation. Il est clair que nous sommes hommes, et comme tels affectés de mille façons par la présence du malade < et > le problème même de ce qu’il s’agit de faire dans un cas défini par ses coordonnées toutes particulières ; mettre tout cela sous le registre du contre-transfert, l’ajouter à ce qui doit être considéré essentiellement comme notre participation au transfert, c’est rendre vraiment la suite des choses impossible.

 

Cette participation qui est la nôtre au transfert, comment pouvons-nous la concevoir, et est-ce que ce n’est pas cela qui va nous permettre de situer très précisément ce qui est le cœur du phénomène du transfert chez le Sujet, [l’analyste] < l’analysé > ? Il y a quelque chose qui est peut-être suggéré [commun] < comme un > « peut-être » du moins « pourquoi pas » si vous voulez, c’est qu’il se pourrait que la nécessité seule de répondre au transfert fût quelque chose qui intéressât notre être, que ce ne fût pas simplement la définition d’une conduite à tenir, d’un handling, de quelque chose d’extérieur à nous, d’un how to do, comment faire ? Il se pourrait, et, si vous m’entendez depuis des années, il est certain que tout ce qu’implique ce vers quoi je vous mène, c’est que ce dont il s’agit dans notre implication dans le transfert, c’est quelque chose qui est de l’ordre de ce que je viens d’appeler en disant que cela intéresse notre être.

 

Et après tout, même c’est si évident que même ce qui peut m’être le plus opposé dans l’analyse (je veux dire qui est le moins articulé de ce qui se révèle des façons d’aborder la situation analytique aussi bien dans son départ que dans son arrivée de la façon pour laquelle je peux avoir le plus d’aversion), c’est tout de même de ce côté-là qu’on aura entendu un jour dire comme une espèce de remarque massive – il ne s’agissait pas du transfert mais de l’action de l’analyste – que « l’analyste agit moins par ce qu’il dit et par ce qu’il fait que par ce qu’il est ». Ne vous y trompez pas, la façon de s’exprimer me paraît tout ce qu’il y a de plus heurtante, dans la mesure justement où elle dit quelque chose de juste et où elle le dit d’une façon qui ferme tout de suite la porte, elle est bien faite justement pour me mettre en boule.

 

En fait c’est depuis le départ toute la question. Ce qui est donné quand on définit la situation « objectivement », c’est [ceci] que pour le malade l’analyste joue son rôle transférentiel précisément dans la mesure où pour le malade il est ce qu’il n’est pas… justement sur le plan de ce qu’on peut appeler la réalité. Ceci permet de juger le degré, l’angle de déviation du transfert, justement dans la mesure où le phénomène du transfert va nous aider à faire le malade s’apercevoir, à cet angle de déviation, jusqu’à quel point il est loin du réel à cause de ce qu’il produit, en somme à l’aide du transfert, de fictif.

 

Et pourtant il y a du vrai. Il est certain qu’il y a du vrai dans ceci que l’analyste intervient par quelque chose qui est de l’ordre de son être, c’est un fait d’abord d’expérience. Puisque c’est tout de même quelque chose qui est tout ce qu’il y a de plus probable, pourquoi y aurait-il besoin de cette mise au point, de cette correction de la position subjective, de cette recherche dans la formation de l’analyste dans cette expérience où nous essayons de le faire descendre ou monter, si ce n’était pas pour que quelque chose dans sa position soit appelé à fonctionner d’une façon efficace, dans un rapport qui d’aucune façon n’est décrit par nous comme pouvant entièrement s’épuiser dans une manipulation, fut-elle réciproque ?

 

Aussi bien tout ce qui s’est développé à partir de Freud, après Freud, concernant la portée du transfert met en jeu l’analyste comme un existant. Et on peut même diviser ces articulations du transfert d’une façon assez claire qui n’épuise pas la question, qui recouvre assez bien les tendances, si vous voulez ces deux tendances, comme on s’exprime, de la psychanalyse moderne dont j’ai donné les éponymes – mais d’une façon qui n’est pas exhaustive, c’est simplement pour les épingler – avec Mélanie Klein d’un côté et Anna Freud de l’autre.

 

Je veux dire que la tendance Mélanie Klein a tendu à mettre l’accent sur la fonction d’objet de l’analyste dans la relation transférentielle. Bien sûr ça n’est pas là le départ de la position, mais c’est dans la mesure où elle restait, cette tendance – même si vous voulez vous pouvez dire que c’est Mélanie Klein la plus fidèle à la pensée freudienne, à la tradition freudienne – la plus fidèle, qu’elle a été amenée à articuler la relation transférentielle en termes de fonction d’objet pour l’analyste. Je m’explique. Dans la mesure où dès le départ de l’analyse, dès les premiers pas, dès les premiers mots, la relation analytique est pensée par Mélanie Klein comme dominée par les fantasmes inconscients qui sont là tout de suite ce à quoi il nous faut viser, ce à quoi nous avons affaire, ce que dès le départ je ne dis pas que nous devons mais nous pouvons interpréter, c’est dans cette mesure que Mélanie Klein a été amenée à faire fonctionner l’analyste, la présence analytique dans l’analyste, l’intention de l’analyste pour le sujet comme bon ou comme mauvais objet.

 

Je ne dis pas que c’est là une conséquence nécessaire, je crois même que c’est une conséquence qui n’est nécessaire qu’en fonction des défauts de la pensée kleinienne. C’est justement dans la mesure où la fonction du fantasme, encore qu’aperçue de façon très prégnante, a été par elle insuffisamment articulée, c’est le grand défaut de l’articulation kleinienne, [c’est] que même chez ses meilleurs acolytes ou disciples qui certes plus d’une fois s’y sont efforcés, la théorie du fantasme n’a jamais vraiment abouti.

 

Et pourtant il y a beaucoup d’éléments extrêmement utilisables. La fonction, par exemple, primordiale de la symbolisation y a été articulée, accentuée d’une façon qui par certains côtés va jusqu’à être très satisfaisante. En fait toute la clé de la correction nécessitée par la théorie du fantasme dans Mélanie Klein est tout entière dans le symbole que je vous donne du fantasme S < > a, qui peut se lire, S barré désir de a. Le S, il s’agit de savoir ce que c’est, ce n’est pas simplement le corrélatif noétique de l’objet, il est dans le fantasme. Bien sûr ça n’est pas facile, sauf à faire le tour que je vous fais refaire par mille modes d’approche, par mille façons d’exercer cette expérience du fantasme. C’est dans ce que nécessite l’approche de cette expérience que vous comprendrez mieux, si déjà vous avez cru entrevoir quelque chose ou simplement si jusqu’ici cela vous a paru obscur, que vous comprendrez ce que j’essaie de promouvoir avec cette formalisation.

 

Mais poursuivons. L’autre versant de la théorie du transfert est celui qui met l’accent sur ceci qui n’est pas moins irréductible et est aussi plus évidemment vrai, que l’analyste est intéressé dans le transfert comme sujet. C’est évidemment à ce versant que se réfère cette accentuation qui est mise, dans l’autre mode de pensée du transfert, sur l’alliance thérapeutique.

 

Il y a une véritable cohérence interne entre ceci et ce qui l’accompagne, ce corrélat de l’analyste, mode de concevoir le transfert qui est le second, celui pour lequel j’ai épinglé Anna Freud (qui le désigne en effet pas mal mais elle n’est pas la seule) qui met l’accent sur les pouvoirs de l’ego. Il ne s’agit pas simplement de les reconnaître objectivement, il s’agit de la place qu’on leur donne dans la thérapeutique. Et là qu’est-ce qu’on vous dira ? C’est qu’il y a toute une première partie du traitement où il n’est même pas question de parler, de penser à mettre en jeu ce qui est à proprement parler du plan de l’inconscient. Vous n’avez d’abord que défenses, c’est le moindre de ce qu’on pourra vous dire, ceci pendant un bon bout de temps. Ceci se nuance plus dans la pratique que dans ce qui se doctrine, c’est [de] <à> deviner à travers la théorie qui en est faite. Ce n’est pas tout à fait la même chose de mettre au premier plan, ce qui est combien légitime, l’importance des défenses et d’arriver à théoriser les choses jusqu’à faire de l’ego lui-même une espèce de masse d’inertie qui peut même être conçue (et c’est le propre de l’école de Kris, Hartmann et des autres) comme comportant après tout, disons-le, des éléments pour nous irréductibles, ininterprétables en fin de compte.

 

C’est à ça qu’ils aboutissent et les choses sont claires, je ne leur fais pas dire ce qu’ils ne disent pas, ils le disent. Et le pas plus loin, c’est qu’après tout il en est très bien ainsi, et que même on devrait le rendre encore plus irréductible cet ego, y rajouter des défenses. Après tout c’est un mode concevable de mener l’analyse. Je ne suis pas du tout, en ce moment, en train d’y mettre même une connotation de jugement de rejet, c’est comme ça. Ce qu’on peut dire en tout cas c’est que, comparé à <ce que> l’autre versant tranchant formule, il ne semble pas que ce soit ce côté là qui soit le plus freudien, c’est le moins qu’on puisse dire.

 

Mais nous avons autre chose à faire, n’est-ce pas, dans notre propos d’aujourd’hui, de cette année, que de revenir sur cette connotation de l’excentricité à laquelle nous avons donné, dans les premières années de notre enseignement, tellement d’importance. On a pu y voir quelque intention polémique alors que je vous assure que c’est bien loin de ma pensée. Mais ce dont il s’agit, c’est de changer le niveau d’accommodation de la pensée. Les choses ne sont plus tout à fait pareilles maintenant, mais ces déviations prenaient [vraiment] dans la communauté analytique une valeur vraiment fascinante qui allait jusqu’à ôter le sentiment qu’il y avait des questions.

 

Restaurée une certaine perspective, remise au jour une certaine inspiration grâce à quelque chose qui n’est aussi que restauration de la langue analytique, je veux dire de sa structure, <de> ce qui a servi à la faire surgir au départ dans Freud, la situation est différente. Et le seul fait, même pour ceux qui ici peuvent se sentir un petit peu égarés par le fait que nous allions à toute pompe en un endroit de mon séminaire sur Claudel, qu’ils ont le sentiment tout de même que cela a le rapport le plus étroit avec la question du transfert, prouve bien à soi tout seul qu’il y a quelque chose de suffisamment changé, qu’il n’y a plus besoin d’insister sur le côté négatif de telle ou telle tendance. Ce ne sont pas les côtés négatifs qui nous intéressent mais les côtés positifs, ceux par lesquels ils peuvent servir pour nous aussi bien et du point où nous sommes d’éléments de construction.

 

Alors, pourquoi ça peut-il nous servir ce que j’appellerai par exemple d’un mot bref cette mythologie claudélienne ? C’est amusant… je dois vous dire que j’ai été moi-même surpris en relisant ces jours-ci un truc que je n’avais jamais relu parce qu’on l’a publié non corrigé ; c’est Jean Wahl qui l’a fait au temps où je faisais des petits discours ouverts à tous au Collège philosophique. C’était quelque chose sur la névrose obsessionnelle dont je ne me souviens plus comment il est intitulé, Le mythe du névrosé je crois – vous voyez que nous sommes déjà au cœur de la question – Le mythe du névrosé où à propos de « l’homme aux rats » je montrais la fonction des structures mythiques dans le déterminisme des symptômes. Comme j’avais à le corriger, j’ai considéré la chose comme impossible. Avec le temps, bizarrement, je l’ai relu sans trop de mécontentement et j’ai eu la surprise d’y voir – on m’aurait coupé la tête je ne l’aurais pas dit – que j’y parlais du père humilié. Il devait y avoir des raisons pour ces choses-là. Ce n’est quand même pas parce que j’ai rencontré l’u accent circonflexe que je vous en parle. Alors reprenons.

 

Qu’est-ce que l’analysé vient chercher ? Il vient chercher ce qu’il y a à trouver ou, plus exactement, s’il cherche c’est parce qu’il y a quelque chose à trouver. Et la seule chose qu’il y a à trouver à proprement parler c’est le trope par excellence, le trope des tropes, ce qu’on appelle son destin. Si nous oublions qu’il y a un certain rapport entre l’analyse et cette espèce de chose qui est de l’ordre de la figure, au sens où le mot figure peut s’employer pour dire figure du destin, comme on dit aussi bien figure de rhétorique et que c’est pour cela que l’analyse n’a pas même pu faire un pas sans [ce] <que surgisse le mythe>, cela veut dire qu’on oublie simplement ses origines.

 

Il y a une chance c’est que parallèlement… Dans l’évolution de l’analyse elle-même il y a une sorte de glissement qui est le fait d’une pratique toujours plus insistante, toujours plus prégnante, exigeante dans ses résultats à fournir, ainsi donc l’évolution de l’analyse a pu risquer de nous faire oublier l’importance, le poids de cette formulation des mythes, du mythe à l’origine. Heureusement ailleurs on a continué à beaucoup s’y intéresser, de sorte que c’est un détour, quelque chose qui nous revient peut-être plus légitimement que nous croyons ; nous y sommes peut-être pour quelque chose à cet intérêt de la fonction du mythe.

 

J’y ai fait allusion, plus qu’allusion, je l’ai articulé depuis longtemps, depuis le premier travail d’avant le séminaire – le séminaire était tout de même commencé, il y avait des gens qui venaient le faire avec moi, chez moi – sur « l’homme aux rats ». C’est déjà le fonctionnement, la mise en jeu de l’articulation structurale du mythe telle qu’elle est appliquée depuis (et d’une façon suivie, systématique, développée par Lévi-Strauss par exemple dans son séminaire à lui) déjà ceci j’ai essayé de vous <en> montrer la valeur, le fonctionnement, pour expliquer ce qui se passe dans l’histoire de l’homme aux rats.

 

Pour ceux qui ont laissé passer les choses ou qui ne le savent pas, l’articulation structuraliste du mythe, c’est ce quelque chose prenant un mythe dans son ensemble, je veux dire l’epos, l’histoire, la façon dont ça se raconte de bout en bout pour construire une sorte de modèle qui est uniquement constitué par une série de connotations oppositionnelles à l’intérieur du mythe, [les] <des> fonctions intéressées dans le mythe, par exemple <dans> le mythe d’Œdipe, le rapport père-fils, l’inceste [par exemple]. Je schématise bien sûr, je veux dire que je réduis pour vous dire de quoi il s’agit. On s’aperçoit que le mythe ne s’arrête pas là, à savoir [les] <qu’à la> génération suivante – si c’est un mythe, ce terme de génération ne peut pas être conçu comme simplement la suite de l’entrée des acteurs – il faut toujours qu’il y en ait ; quand les vieux sont tombés, il y en a des petits qui reviennent pour que ça recommence.

 

Il y a une [conférence] <cohérence> signifiante en ce qui se produit dans la constellation qui suit la première constellation, et c’est cette cohérence qui nous intéresse. Il se passe quelque chose que vous connoterez comme vous voudrez, les frères ennemis, puis d’autre part la fonction d’un amour transcendant qui va contre la loi, comme l’inceste, mais manifestement situé à l’opposé dans sa fonction, en tout cas ayant des relations que nous pouvons définir par un certain nombre de termes oppositionnels avec la figure de l’inceste.

 

Bref, je passe ce qui se passe au niveau d’Antigone. C’est un jeu dans lequel il s’agit justement d’y détecter les règles qui lui donnent sa rigueur, et remarquez qu’il n’y a pas d’autre rigueur concevable que celle qui s’instaure dans le jeu justement. Bref, ce qui nous permet dans la fonction du mythe, dans ce jeu dans lequel les transformations s’opèrent selon certaines règles et qui se trouvent de ce fait avoir une valeur révélatrice, créatrice de configurations supérieures, de cas particuliers illuminants par exemple, bref, <de> démontrer cette même sorte de fécondité qui est celle des mathématiques, c’est de cela qu’il s’agit <dans> l’élucidation des mythes.

 

Et ceci nous intéresse de la façon la plus directe, puisqu’il ne peut se faire que nous n’abordions le sujet auquel nous avons affaire dans l’analyse sans rencontrer ces fonctions du mythe. C’est un fait prouvé par l’expérience. En tout cas [c’est] dès les premiers pas de l’analyse [s’aider] <Freud s’était> soutenu par cette référence au mythe, dès la Traumdeutung et dès les lettres à Fliess : le mythe d’Œdipe. [ne peut pas se faire non plus] Le fait que nous l’élidions, nous mettions entre parenthèses, que nous essayions de tout exprimer, la fonction par exemple du conflit entre tendances primordiales jusqu’aux plus radicales, les défenses contre toute l’articulation connotée topiquement dans l’accent de l’ego, dans la thèse sur le narcissisme la fonction de l’ego idéal, d’un certain ça comme permettant d’articuler toute notre expérience sous le mode économique comme on dit, il ne peut pas se faire qu’aller dans ce sens et perdre l’autre [bord] <pôle> de référence ne représente à proprement parler ce qui dans notre expérience doit se [coter] <noter> comme, à proprement parler au sens positif que ça a pour nous, un oubli. Ça n’empêche pas que l’expérience qui se continue puisse être une expérience analytique, c’est une expérience analytique qui oublie ses propres termes.

 

Vous voyez que je reviens, comme je fais souvent et comme je fais presque toujours après tout, à articuler des choses alphabétiques. Ce n’est pas uniquement par plaisir de l’épellement, quoiqu’il existe, mais [ce qui] <ceci> permet de poser dans leur caractère tout à fait [dru] <cru> les vraies questions qui se posent. La vraie question qui se pose, là où elle commence, ça n’est pas seulement… [de ceci] est-ce que c’est ça l’analyse en fin de compte, une introduction du sujet à son destin ? Bien sûr que non. Ce serait nous placer dans une position démiurgique qui n’a jamais été celle occupée par l’analyste.

 

Mais alors pour rester à ce niveau tout à fait de départ et massif, il y a une sorte de formule qui prend bien sa valeur de se dégager tout naturellement de ces façons de poser la question qui en valent bien d’autres. [c’est] Avant, que nous nous croyions assez malins et assez forts pour parler de je ne sais quoi qui serait « une normale » ; en fait, nous ne nous sommes jamais crus si forts ni si malins pour ne pas sentir tant soit peu flageoler notre plume chaque fois que nous nous sommes attaqués à ce sujet de ce que c’est qu’une normale. Jones a écrit là-dessus un article, il faut dire qu’il n’avait pas froid aux yeux, il faut dire aussi qu’il s’en tire pas trop mal, mais aussi on voit la difficulté.

 

Quoi qu’il en soit il faut bien que nous mettions l’accent là-dessus, c’est que ça n’est vraiment que par un escamotage que nous pouvons même faire entrer en jeu une notion quelconque dans l’analyse de normalisation. C’est par une partialisation théorique, c’est quand nous considérons les choses sous un certain angle, quand nous nous mettons par exemple à parler de maturation instinctive, comme si c’était là tout ce dont il s’agit. Nous nous livrons alors à ces extraordinaires [vaticinations] <ratiocinations> confinant à une prêcherie moralisante qui est tellement de nature à inspirer la méfiance et le recul. Faire entrer sans plus une notion normale de quoi que ce soit qui ait un rapport quel qu’il soit avec notre praxis, alors que justement ce que nous y découvrons, c’est à quel point le sujet prétendu, dit « normal » <est> justement ce qui est fait pour nous inspirer, quant à ce qui permet ses apparences, la suspicion la plus radicale et la plus assurée, quant à ces résultats… il faut tout de même savoir si nous sommes capables d’employer la notion de normal pour quoi que ce soit qui soit à l’horizon de notre pratique.

 

Alors limitons-nous pour l’instant à la question. Est-ce que l’effort de déchiffrage, quelque chose qui repère la figure du destin, ce qu’est le destin… est-ce que nous pouvons dire que la maîtrise que nous en avons pris nous permet d’obtenir [quoi ?] disons le [moindre] <moins de> drame possible, l’inversion du signe ? Si la configuration humaine à laquelle nous nous attaquons c’est le drame, tragique ou pas, est-ce que nous pouvons nous contenter de cette visée du moins de drame possible ? Un sujet bien averti un bon averti en vaut deux – s’arrangera pour tirer sa petite épingle du jeu. Après tout, pourquoi pas ? Prétention modeste. Ça n’a jamais en rien correspondu non plus, vous le savez bien, à notre expérience. Ce n’est pas ça.

 

Mais je prétends que la porte par laquelle nous pouvons entrer pour dire des choses qui aient seulement quelque bon sens, je veux dire que nous ayons le sentiment d’être dans le fil de ce que nous avons à dire, c’est ceci qui comme toujours est un point, plus près de nous que ce point où tout bêtement se capture la prétendue évidence, ce qu’on appelle le sens commun où tout bêtement s’amorce le carrefour, à savoir dans le cas présent du destin, du normal. Il y a tout de même quelque chose, si nous avons découvert, si on nous a appris à voir dans la figure des symptômes quelque chose qui a rapport à cette figure du destin, il y a tout de même quelque chose, c’est que nous ne le savions pas avant et maintenant nous le savons, ça n’est donc pas de l’extérieur. Et en quelque sorte de ce que nous puissions, par ce savoir, ni nous permettre, ni permettre au sujet de se mettre de côté et que ça continue pour ceux qui continuent à marcher dans le même sens, ceci est un schéma tout à fait absurde et grossier pour la raison que le fait de savoir ou de ne pas savoir est essentiel à ces figures du destin. [Que cette simplification dans le langage des figures développées que sont les mythes, ne se rapporte pas au langage mais à l’implication en étant pris dans le langage qui sescendu le jeu de la parole pour compliquer l’affaire, ses rapports avec un « Umwelt » quelconque.]  Il se développe des figures où il y a des points nécessaires, des points irréductibles, des points majeurs, des points de recroisement qui sont ceux que j’ai essayé de figurer dans le graphe par exemple.

 

Tentative dont il ne s’agit pas de savoir si elle n’est pas boiteuse, si n’est pas incomplète, si elle ne pourra pas peut-être beaucoup plus harmonieusement, suffisamment être construite ou reconstruite par quelqu’un d’autre, dont je veux simplement ici évoquer la visée parce que cette visée d’une structure minimale de ces quatre, de ces huit points de recroisement paraît nécessitée par la seule confrontation du sujet et du signifiant. Et c’est déjà beaucoup que de pouvoir y soutenir la nécessité, de ce seul fait, d’une Spaltung du sujet.

 

Cette figure, ce graphe [ces points repérés, aussi les yeux, l’attention, ce qui] nous permet de réconcilier avec notre expérience du développement la fonction véritable de ce qui est trauma. N’est pas trauma simplement ce qui a un moment fait irruption, a fêlé quelque part une sorte de structure qui paraît imaginée comme totale – puisque c’est à ça qu’a servi à certains la notion de narcissisme – c’est que certains événements viennent se situer à une certaine place dans cette structure, ils l’occupent, ils y prennent la valeur signifiante tenant cette place chez un sujet déterminé, c’est cela qui fait la valeur traumatique d’un événement.

 

D’où l’intérêt de faire un retour sur l’expérience du mythe. Dites-vous bien, pour les mythes grecs nous ne sommes pas tellement bien placés parce que nous avons bien des variantes, nous en avons même pas mal mais, si je puis dire, ce ne sont pas toujours de bonnes variantes. Je veux dire que nous ne pouvons pas garantir l’origine de ces variantes. Pour tout dire, ce ne sont pas des variantes contemporaines, ni même co-locales. C’est des réarrangements plus ou moins allégoriques, romancés et, bien sûr, ça n’est pas utilisable de la même façon que peut l’être telle ou telle variante recueillie en même temps, qu’offre la cueillette d’un mythe dans une population américaine du nord ou du sud, comme par exemple ce que nous permet de faire le matériel apporté par un <Franz> Boas ou par quelque autre.

 

Et aussi bien aller chercher le modèle de ce qu’il advient du conflit œdipien quand y entre justement à tel ou tel point le savoir comme tel à l’intérieur du mythe, aussi bien y aller tout à fait ailleurs, dans la fabrication shakespearienne d’Hamlet, comme je l’ai fait pour vous il y a deux ans et comme d’ailleurs j’avais toute licence de le faire puisque dès l’origine Freud avait pris les choses comme cela. Vous avez vu que ce que nous avons cru pouvoir y connoter c’est quelque chose qui se modifie en un autre point de la structure, et d’une façon particulièrement passionnante, puisque c’est un point tout à fait particulier, aporique du sujet, du rapport au désir que Hamlet a promu à la réflexion, à la méditation, à l’interprétation, à la recherche, au casse-tête structuré qu’il représente. [que] Nous avons assez bien réussi à faire sentir la spécificité de ce cas, par cette différence – contrairement au père du meurtre œdipien, lui, le père tué dans Hamlet, ça n’est pas « il ne savait pas » qu’il faut dire, il savait. Non seulement il savait, mais ceci intervient dans l’incidence subjective qui nous intéresse, celle du personnage central, du seul personnage, d’Hamlet. C’est un drame tout entier inclus dans le sujet Hamlet. On lui a bien fait savoir que le père a été tué, et on le lui a fait savoir assez pour qu’il en sache long sur ce que c’est de savoir par qui. En disant ça, je ne fais que répéter ce que Freud dès l’origine a dit.

 

Voilà l’indication d’une méthode par où il nous est demandé de mesurer ce qu’introduit notre savoir sur la fonction de la structure <dans la structure> elle-même. Pour dire les choses massivement et d’une façon qui me permet de repérer à sa racine ce dont il s’agit ici, à l’origine de toute névrose – comme Freud le dit dès ses premiers écrits – il y a non pas ce qu’on a interprété depuis comme une frustration, quelque chose comme ça, un arriéré laissé ouvert dans l’informe, mais une Versagung c’est-à-dire quelque chose qui est beaucoup plus près du refus que de la frustration, qui est autant interne qu’externe, qui est vraiment mis par Freud en une position – [connotant] <connotons> là de ce terme qui a tout au moins des résonances vulgarisées par notre langage contemporain – dans une position existentielle. <Cette> position ne met pas la normale, la possibilité de la Versagung, puis la névrose, mais une Versagung originelle au-delà de quoi il y aura la voie, <la bifurcation>, soit de la névrose soit de la normale, l’une ne valant ni plus ni moins que l’autre par rapport à ce départ de la possibilité de la Versagung. Et ce que le terme de sagen impliquait dans cette Versagung intraduisible saute aux yeux, ce n’est possible que dans le registre du sagen, je veux dire en tant que le sagen n’est pas simplement l’opération de la communication mais [le dit] <le dire>, mais l’émergence comme telle du signifiant en tant qu’il permet au sujet de se refuser.

 

Ce que je peux vous dire, c’est que ce refus originel, primordial, ce pouvoir dans ce qu’il a de préjudiciel par rapport à toute notre expérience, eh bien il n’est pas possible d’en sortir, autrement dit, nous analystes, nous n’opérons, et qui ne le sait, que dans le registre de la Versagung, et c’est tout le temps. Et c’est pour autant que nous nous dérobons, qui ne le sait, que toute notre expérience, notre technique est structurée autour de quelque chose qui s’est exprimé d’une façon tout à fait balbutiante dans cette idée de non-gratification qui n’a jamais été nulle part dans Freud. Il s’agit d’approfondir ce qu’est cette Versagung spécifiée. Cette Versagung implique une direction progressive qui est celle que nous mettons en jeu dans l’expérience analytique. Je vais recommencer à reprendre les termes que je crois utilisables dans le mythe claudélien lui-même pour vous permettre de voir comment en tout cas c’est une façon <imagée> spectaculaire d’imager comment nous sommes les messagers, les véhicules de cette Versagung spécifiée.

 

Que ce soit le mythe d’Œdipe ce qui se passe dans Le pain dur, je crois que maintenant vous n’en doutez plus. Que vous y retrouviez presque mes jeux de mots, que ce soit précisément <au moment> où Louis de Coûfontaine et Turelure – c’est au moment même où se formule cette espèce de demande de tendresse, c’est la première fois que ça arrive, il est vrai que c’est dix minutes avant qu’il le bousille – sont face à face, où Louis lui dit : « quand même tu es le père », vraiment doublé de ce « tuez le père » que le désir de la femme, de Lumîr lui a suggéré, [et superposant] <c’est superposé> littéralement d’une façon qui je vous assure n’est pas simplement le fait d’un bon hasard de français. Alors qu’est-ce que ça veut dire ce qui nous est représenté là sur la scène ? Ce que ça veut dire d’une façon énoncée, c’est que c’est à ce moment-là et de par là que le petit [a il] <Louis> devient un homme. Louis de Coûfontaine, on le lui dit, n’aura pas assez de toute sa vie pour porter ce parricide, mais aussi de ce moment-là il n’est plus un jean-foutre qui rate tout et qui se fait ravir sa terre par des tas de méchants et de petits malins. Il va devenir un fort bel ambassadeur, capable de toutes les crapuleries, ça ne va pas sans corrélation.

 

Il devient le père. Non seulement il le devient mais quand il en parlera plus tard, dans Le père humilié, à Rome, il dira : « je l’ai beaucoup connu – il n’a jamais voulu en entendre parler – ce n’était pas l’homme qu’on croit », laissant entendre les trésors sans doute de sensibilité et d’expérience qui s’étaient accumulés sous la caboche de cette vieille frappe. Mais il est devenu le père, bien plus, c’était sa seule chance de le devenir et, pour des raisons qui sont liées au niveau antérieur de la dramaturgie, l’affaire était bien mal emmanchée.

 

Mais ce qui est rendu sensible par la construction, l’intrigue est bien qu’en même temps et de ce fait il est châtré. À savoir que le désir du petit garçon, ce désir soutenu d’une façon si ambiguë, [il le dit] <qui le lie> à la nommée Lumîr, eh bien il n’aura pas son issue pourtant facile, toute simple. Il l’a à la portée de sa main, il n’a qu’à la ramener avec lui dans la Mitidja et tout ira bien, ils auront même beaucoup d’enfants, mais il y a quelque chose qui se produit. D’abord on ne sait pas trop si c’est qu’il en a envie ou qu’il n’en a pas envie, mais il y a une chose certaine, c’est que la bonne femme, elle, n’en veut pas. Elle lui a fait : « tu descends papa », elle s’en va vers son destin à elle, qui est le destin d’un désir, d’un vrai désir d’un personnage claudélien.

 

Car, disons-le, l’intérêt qu’il y a à vous introduire dans ce théâtre même s’il a pour tel ou tel, selon ses penchants, une odeur de sacristie qui peut plaire ou déplaire, la question n’est pas là, c’est que c’est quand même une tragédie. Et c’est bien drôle que ça ait amené ce monsieur à des positions qui ne sont pas des positions faites pour nous plaire, mais il faut s’en accommoder et au besoin chercher à le comprendre. C’est tout de même de bout en bout de Tête d’Or au Soulier de satin la tragédie du désir. Alors le personnage qui en est, à cette génération, le support, la nommée Lumîr laisse tomber son précédent conjoint, le nommé Louis de Coûfontaine, et s’en va vers son désir qui nous est tout à fait clairement dit être un désir de mort. Mais par là c’est elle – c’est ici que je vous prie de vous arrêter sur la variante du mythe – qui lui donne justement quoi ? c’est pas la mère évidemment, puisque c’est Sygne de Coûfontaine, non il y en a une autre qui est la femme du père, elle est à une place qui n’est évidemment pas celle de la mère quand elle s’appelle Jocaste – le père, je vous [le montrais est] <le montre, est> toujours à l’horizon de cette histoire d’une façon bien marquée. Et cette incidence du désir, celle qui a réhabilité notre fils exclu, notre enfant non désiré, notre objet partiel à la dérive, qui le réhabilite, qui le réinstaure, qui recrée avec lui le père en déconfiture, eh bien le résultat, c’est de lui donner la femme du père. Vous voyez bien ce que je vous montre. Il y a là une décomposition exemplaire de la fonction de ce qui dans le mythe freudien, œdipien est conjugué sous la forme de cette espèce de creux, de centre d’aspiration, de point vertigineux de la libido que représente la mère. Il y a une décomposition structurale.

 

Il est tard mais je ne voudrais quand même pas vous laisser sans vous indiquer, c’est le temps qui nous force à couper là où nous sommes, ce vers quoi je vais vous laisser. Après tout ce n’est pas une histoire faite pour tellement nous étonner, nous qui sommes déjà un peu durcis par l’expérience, que la castration en somme ce soit quelque chose de fabriqué comme ça : soustraire à quelqu’un son désir et en échange c’est lui qu’on donne à quelqu’un d’autre, dans l’occasion à l’ordre social. C’est Sichel qui a la fortune, tout naturel que ce soit elle en somme qu’on épouse. En plus la nommée Lumîr a très bien vu le coup, car si vous lisez le texte, elle lui a très bien expliqué : « Tu n’as qu’une chose à faire maintenant, c’est épouser la maîtresse de ton papa ». Mais l’important est cette structure. Et je vous dis que ça n’a l’air de rien parce que nous connaissons ça en quelque sorte couramment mais on l’exprime rarement comme ça. Vous avez bien entendu, je pense, ce que j’ai dit : on retire au sujet son désir et en échange on l’envoie sur le marché où il passe dans l’encan général

 

Mais est-ce que ce n’est pas ça justement (et illustré alors d’une bien autre manière et faite cette fois pour réveiller notre sensibilité endormie) [qui] au départ, à l’étage au-dessus, celui peut-être qui peut nous éclairer plus radicalement sur le départ, est-ce que ce n’est pas ça qui se passe au niveau de Sygne, et là d’une façon bien faite pour nous émouvoir un peu plus ? À elle on lui retire tout, [sans] <ce serait trop> dire que ce soit pour rien – nous laissons ça – mais il est aussi tout à fait clair que c’est pour la donner, elle, en échange de ce qu’on lui retire, à ce qu’elle peut le plus abhorrer. Vous verrez, je suis amené à terminer presque d’une façon trop spectaculaire en en faisant jeu et énigme, c’est bien plus riche que ce que je suis en train de poser devant vous comme un point d’interrogation.

 

Vous le verrez la prochaine fois articulé d’une façon beaucoup plus profonde, je veux vous laisser à rêver. Vous verrez qu’à la troisième génération c’est le même coup qu’on veut faire à Pensée, seulement voilà, ça n’a pas le même départ, ça n’a pas la même origine et c’est ça qui nous instruira et même qui nous permettra de poser des questions concernant l’analyste. C’est le même coup qu’on veut lui faire. Naturellement là, les personnages sont plus gentils, ils sont tous bien en or, même celui qui veut lui faire le même coup, à savoir le nommé Orian. C’est bien certainement pas pour son mal, c’est pas pour son bien non plus. Et il veut la donner aussi à quelqu’un d’autre dont elle n’a pas envie, mais cette fois la gosse ne se laisse pas faire, elle accroche son Orian au passage, à la sauvette sans doute, juste le temps qu’il ne soit plus qu’un soldat du Pape, mais froid. Et puis l’autre, ma foi, il est très galant homme… [et alors il résilie] Qu’est-ce que ça veut dire ? Je vous ai déjà dit que c’était un beau fantasme, cela n’avait pas dit son dernier mot. Mais enfin c’est quand même assez pour que je vous laisse une question suspendue de ce que nous allons justement pouvoir en faire concernant certains effets qui sont ceux du fait que, nous, nous entrons pour quelque chose dans le destin du sujet.

 

Il y a tout de même quelque chose aussi qu’il faut que j’accroche avant de vous quitter, c’est que c’est pas complet de résumer en quelque sorte ainsi les effets sur l’homme de ceci qu’il devient sujet de la loi. Ce n’est pas [non] seulement de ce que tout ce qui est du cœur, de soi, lui est retiré, et [qu’il lui] <que lui> soit donné en échange au train-train de cette trame qui noue entre elles des générations, c’est que, pour justement que ce soit une trame qui noue entre elle des générations, une fois <close> cette opération dont vous voyez la curieuse conjugaison d’un moins qui ne se redouble pas d’un plus, eh bien il doit encore quelque chose une fois close cette opération. C’est là que nous reprendrons la question la prochaine fois.

 

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