samedi, juillet 27, 2024
Recherches Lacan

LX L'angoisse 1962 – 1963 Leçon du 16 janvier 1963

Leçon du 16 janvier 1963

 

Je voudrais arriver à vous dire aujourd’hui un certain nombre de choses sur ce que je vous ai appris à désigner par l’objet a, cet objet a vers lequel nous oriente l’aphorisme que j’ai promu la dernière fois concernant l’angoisse, qu’elle n’est pas sans objet. C’est pour cela que l’objet a vient cette année au centre de notre propos. Et si effectivement il s’inscrit dans le cadre de ce dont j’ai pris le titre comme étant l’angoisse, c’est justement en raison de ceci que c’est essentiellement par ce biais qu’il est possible d’en parler, ce qui veut dire encore que l’angoisse est sa seule traduction subjective. Si a qui vient ici a pourtant été introduit dès longtemps et, dans cette voie qui vous l’amène, s’est donc annoncé ailleurs, il s’est annoncé dans la formule du fantasme $ D a, désir de a, ceci est la formule du fantasme en tant que support du désir.

Mon premier point sera donc de rappeler, d’articuler, d’ajouter une précision de plus certainement pour ceux qui m’ont ouï, non impossible à conquérir par eux-mêmes, encore que le souligner aujourd’hui ne me semble pas inutile; au premier point – j’espère arriver jusqu’à un point autre – et pour préciser cette fonction de l’objet en tant que nous la définissons analytiquement comme objet du désir, le mirage issu d’une perspective qu’on peut dire subjectiviste, je veux dire qui, dans la constitution de notre expérience, met tout l’accent sur la structure du sujet. Cette ligne d’élaboration que la tradition philosophique moderne a porté à son point le plus extrême, disons aux alentours de Husserl, par le dégagement de la fonction de l’intentionnalité, c’est ce qui nous fait captifs d’un malentendu, concernant ce qu’il convient d’appeler l’objet du désir. L’objet du désir ne peut être conçu à la façon dont on nous enseigne qu’il n’est nul noème, nulle pensée de quelque chose qui ne soit tournée vers quelque chose, seul point autour duquel peut tourner l’idéalisme dans sa voie vers le Réel.

Est-ce qu’il en est ainsi concernant le désir? Pour ce niveau de notre oreille qui existe chez chacun et qui a besoin d’intuition, je dirai : « Est-ce que l’objet du désir est en avant ? » C’est là le mirage dont il s’agit et qui a stérilisé tout ce qui dans l’analyse a entendu s’avancer dans le sens dit de la relation d’objet. C’est pour le rectifier que j’ai déjà passé par bien des voies. C’est une nouvelle façon d’accentuer cette rectification que je vais vous avancer maintenant. Je ne la ferai pas aussi développée qu’il conviendrait sans doute, réservant, je l’espère, cette formulation pour quelque travail qui pourra vous parvenir par une autre voie. Je pense qu’à la plupart des oreilles, il sera suffisant d’entendre les formules massives par lesquelles je crois pouvoir me contenter d’accentuer aujourd’hui ce point que je viens d’introduire.

Vous savez combien, dans le progrès de l’épistémologie, l’isolement de la notion de cause a produit de difficultés. Ce n’est pas sans une succession de réductions qui finissent par l’amener à la fonction la plus ténue et la plus équivoque que la notion de cause a pu se maintenir dans le développement de ce qu’au sens le plus large nous pouvons appeler notre physique.

Il est clair d’autre part que, à quelque réduction qu’on la soumette, la fonction, si l’on peut dire, mentale de cette notion ne peut être éliminée, réduite à une sorte d’ombre métaphysique. Nous pensons bien qu’il y a quelque chose dont c’est trop peu dire que ce soit un recours à l’intuition qui le fasse subsister, qui reste autour de cette fonction de la cause; et je prétends que c’est à partir du réexamen que nous pourrions en faire, à partir de l’expérience analytique, que toute Critique de la Raison Pure, mise au jour de notre science, pourrait rétablir un juste statut de la cause.

J’ose à peine dire, pour l’introduire – car après tout, ce que je vais formuler n’est là que fait de discours et à peine ancré dans cette dialectique – je dirai donc, pour fixer notre visée, ce que j’entends vous faire entendre.

L’objet, l’objet a, cet objet qui n’est pas à situer dans quoi que ce soit d’analogue à l’intentionalité d’un noème qui n’est pas dans l’intentionnalité du désir, cet objet doit par nous être conçu comme la cause du désir, et pour reprendre ma métaphore de tout à l’heure, l’objet est derrière le désir.

C’est de cet objet a que surgit cette dimension dont l’omission, dont l’élision, dont l’élusion dans la théorie du sujet a fait l’insuffisance jusqu’à présent de toute cette coordination dont le centre se manifeste comme théorie de la connaissance, gnoséologie. Aussi bien cette fonction de l’objet, dans la nouveauté topologique structurale qu’elle exige, est-elle parfaitement sensible dans les formulations de Freud, et nommément dans celles concernant la pulsion.

Qu’il me suffise pour – si vous voulez le contrôler sur un texte, je vais vous renvoyer à cette XXXIIe leçon de l’Introduction à la psychanalyse, celle qui est trouvable dans ce qu’on appelle la nouvelle série des Vorlesungen, celle que je citai la dernière fois – il est clair que la distinction entre le Ziel, le but de la pulsion et l’objet est quelque chose de bien différent de ce qui s’offre d’abord à la pensée, que ce but et cet objet seraient à la même place. Et les énonciations de Freud que vous trouverez à cette place, à la leçon que je vous désigne, emploient des termes bien frappants dont le premier est le terme de eingeschoben; l’objet se glisse là-dedans, passe quelque part, c’est le même mot qui sert pour la Verschiebung qui désigne le déplacement, l’objet dans sa fonction essentielle de ce quelque chose qui se dérobe dans le niveau de saisie qui est proprement le nôtre est la comme tel pointé.

D’autre part, il y a, à ce niveau, l’opposition expresse des deux termes äußeres, externe, extérieur, et inneres, intérieur. Il est précisé que l’objet sans doute est à situer äußeres, dans l’extérieur, et d’autre part que la satisfaction de la tendance ne trouve à s’accomplir que pour autant qu’elle rejoint quelque chose qui est à considérer dans l’Inneres, l’intérieur du corps, c’est là qu’elle trouve sa Befriedigung, sa satisfaction. C’est là aussi vous dire que ce que j’ai introduit pour vous, comme fonction topologique, nous sert à formuler de façon claire que ce qu’il convient d’introduire ici pour résoudre  cette impasse, cette énigme, c’est là notion d’un extérieur d’avant une certaine intériorisation; de l’extérieur qui se situe ici, en a avant que le sujet au lieu de l’Autre, se saisisse en X dans cette forme spéculaire qui introduit pour lui la distinction du moi et du non-moi.

C’est à cet extérieur, à ce lieu de l’objet d’avant toute intériorisation qu’appartient – si vous voulez bien essayer de reprendre la notion de cause – que cette notion de cause, vous dis-je, appartient.

Je vais l’illustrer immédiatement de la façon la plus simple à la faire entendre à vos oreilles; car aussi bien m’abstiendrai-je aujourd’hui de faire de la métaphysique. Pour l’imager, ce n’est pas hasard que je me servirai du fétiche comme tel, où se dévoile cette dimension de l’objet comme cause du désir. Car ne n’est pas le petit soulier, ni le sein, ni quoi que ce soit où vous incarniez le fétiche, qui est désiré; mais le fétiche cause le désir qui s’en va s’accrocher où il peut, sur celle dont il n’est pas absolument nécessaire que ce soit elle qui porte le petit soulier, le petit soulier peut être dans ses environs; il n’est même pas nécessaire que ce soit elle qui porte le sein, le sein peut être dans la tête. Mais, ce que tout un chacun sait, c’est que, pour le fétichiste, il faut que le fétiche soit là, qu’il est la condition dont se soutient le désir.

Et j’indiquerai ici, en passant, ce terme, je crois peu usité en allemand et que les traductions vagues que nous avons en français, laissent tout à fait échapper, c’est, quand il s’agit de l’angoisse, le rapport que Freud indique avec la Libidohaushaltl. Nous avons là à faire à un terme qui est entre Aushaltung qui indiquerait quelque chose de l’ordre de l’interruption, de la levée, et Inhalt qui serait le contenu. Ce n’est ni l’un ni l’autre; c’est le soutien de la libido. Pour tout dire, ce rapport à l’objet dont je vous parle aujourd’hui, c’est ici dirigé, indiqué d’une façon qui permet de faire la synthèse entre la fonction de signal de l’angoisse et son rapport quand même avec quelque chose que nous pouvons appeler, dans les soutiens de la libido, une interruption.

Nous allons y revenir puisque c’est là l’un des points que j’entends avancer devant vous aujourd’hui. Supposant m’être suffisamment fait entendre par cette référence au fétiche, sur cette différence maxima qu’il y a de deux perspectives possibles concernant l’objet comme objet du désir, dans une précision de ce dont il s’agit, quand je mets a d’abord dans une précession essentielle, je l’illustrerai un peu plus avant. Toute la suite de notre discours ne cessera de l’illustrer toujours plus avant. Mais déjà je veux vous faire entendre bien ce dont il s’agit, où va nous conduire notre recherche, c’est que c’est au lieu même où votre habitude mentale vous indique de chercher le sujet; ce quelque chose qui malgré vous se profile comme tel comme sujet à la place où par exemple Freud indique la source de la tendance, enfin la où il y a ce que, dans le discours, vous articulez comme étant vous, là où vous dites je, c’est là, à proprement parler, qu’au niveau de l’inconscient se situe a. A ce niveau, vous êtes a, l’objet, et chacun sait que c’est là ce qui est intolérable et pas seulement au discours lui-même, qui après tout le trahit. Je vais tout de suite l’illustrer par une remarque destinée à introduire quelque déplacement, quelque ébranlement même concernant les ornières où vous êtes habitués à laisser les fonctions dites du sadisme et du masochisme, comme s’il ne s’agissait là que du registre d’une sorte d’agression immanente et de sa réversibilité.

C’est justement dans la mesure où il convient d’entrer dans leur structure subjective que vont apparaître les traits de différence dont l’essentiel est celui que je vais désigner maintenant. Si le sadisme peut s’imager, dans une forme qui n’est qu’un schéma abrégé des mêmes distinctions qu’organise le graphe, en une formule à quatre sommets du type de celle qu’ici je désigne, nous avons ici le côté de A, de l’Autre, et ici celui, disons, du sujet S, de ce je encore inconstitué, de ce sujet justement à interroger, à réviser à l’intérieur de notre expérience, dont nous savons seulement qu’il ne saurait, en aucun cas, coïncider avec la formule traditionnelle du sujet, à savoir ce qu’il peut avoir d’exhaustif dans tout rapport avec l’objet.

Si quelque chose est là, qui s’appelle le désir sadique, avec tout ce qu’il comporte d’énigme, il n’est articulable, il n’est formulable que pour cette schize, cette dissociation, qu’il vise essentiellement à introduire chez l’autre, en lui imposant, jusqu’à une certaine limite, ce qui ne saurait être toléré, à la limite exactement suffisante où se manifeste, apparaisse chez l’autre, cette division, cette béance qu’il y a de son existence de sujet à ceci qu’il subit, qu’il peut pâtir dans son corps. Et c’est tellement de cette distinction, de cette division, de cette béance comme essentielle qu’il s’agit, et qu’il s’agit d’interroger, qu’en fait ce n’est pas tellement la souffrance de l’autre qui est cherchée dans l’intention sadique, que son angoisse – précisément ici j’articule, je désigne, je note ce petit signe $ 0 – dans les premières formules que je crois dans ma deuxième leçon de cette année, j’ai introduites concernant l’angoisse, je vous ai appris à lire par le terme non pas O, vous disais-je, mais zéro – l’angoisse de l’autre, son existence essentielle comme sujet par rapport à cette angoisse, voilà ce que le désir sadique s’entend à faire vibrer.

Et c’est pour cela que, dans un de mes séminaires passés, je n’ai pas hésité à en rapporter la structure comme proprement homologue à ce que Kant a articulé comme condition de l’exercice d’une raison pure pratique, d’une volonté morale à proprement parler, et, pour tout dire, à y situer le seul point où peut se manifester un rapport avec un pur bien moral.

Je m’excuse de la brièveté de ce rappel. Ceux qui ont assisté à ce rapprochement s’en souviennent; ceux qui n’ont pas pu y assister verront, je pense, dans pas trop longtemps à paraître, ce que j’ai pu en reprendre dans une préface à La philosophie dans le boudoir, qui était précisément le texte autour duquel j’avais organisé ce rapprochement.

Ce qui est important aujourd’hui et la seule chose sur laquelle j’entends apporter un trait nouveau, c’est que ce qui caractérise le désir sadique est proprement qu’il ne sait pas que dans l’accomplissement de son acte, de son rite – car il s’agit proprement de ce type d’action humaine où nous trouvons toutes les structures du rite – ce qu’il ne sait pas, c’est ce qu’il cherche; et ce qu’il cherche, c’est à proprement parler à se réaliser, à se faire apparaître lui-même, à qui, puisqu’en tout cas à lui-même cette révélation ne saurait rester qu’obtuse, à se faire apparaître lui-même comme pur objet, fétiche noir. C’est là à quoi se résume, à son terme dernier, la manifestation du désir sadique, en tant que celui qui en est l’agent va vers une telle réalisation. Aussi bien, si vous évoquez ce qu’il en est de la figure de Sade, vous apercevez-vous alors que ce n’est pas par hasard si, ce qui s’en dégage, ce qui en reste, par une sorte de transsubstantiation avec le cours des âges, avec l’élaboration imaginaire dans les générations de sa figure, c’est une forme, précisément une forme pétrifiée.

Toute différente est, vous le savez, la position du masochiste pour qui cette incarnation de lui-même comme objet est le but déclaré, qu’il se fasse chien sous la table ou marchandise, item dont on traite dans un contrat en le cédant, en le vendant parmi d’autres objets à mettre sur le marché; bref, son identification à cet autre objet que j’ai appelé l’objet commun, l’objet d’échange, c’est la route, c’est la voie où il recherche justement ce qui est impossible, qui est de se saisir pour ce qu’il est, en tant que comme tous il est un a. Pour savoir en quoi ça l’intéresse tellement cette reconnaissance qui reste tout de même impossible, c’est bien sûr ce que beaucoup de conditions particulières dans son analyse pourront révéler. Mais avant même de pouvoir les comprendre, ces conditions particulières, il y a certaines conjonctions qu’il s’agit bien ici d’établir et qui sont les plus structurables. C’est ce que nous allons tenter maintenant de faire.

Entendez bien que je n’ai pas dit, sans plus, que le masochiste atteint à son identification d’objet. Comme pour le sadique, cette identification n’apparaît que sur une scène. Seulement, même sur cette scène, le sadique ne se voit pas, il ne voit que le reste. Il y a aussi quelque chose que le masochiste ne voit pas – nous verrons quoi peut-être tout à l’heure, mais ceci me permet d’introduire tout de suite quelques formules dont la première est ceci que se reconnaître comme objet de son désir, au sens où aujourd’hui je l’articule, c’est toujours masochiste. Cette formule a l’intérêt de vous en rendre sensible la difficulté, car c’est bien commode de se servir de notre petit guignol et de dire que s’il y a du masochisme, c’est parce que le surmoi est bien méchant, par exemple. Nous savons bien sûr que nous faisons, à l’intérieur du masochisme, toutes les distinctions nécessaires, le masochisme érogène, le masochisme féminin, le masochisme moral. Mais comme le seul énoncé de cette classification fait un petit peu l’effet de ce que je pourrais dire si je disais : « il y a ce verre, il y a la foi chrétienne, et il y a la baisse de Wall Street », ceci doit nous laisser tout de même un petit peu sur notre faim. Si le terme de masochisme peut prendre un sens, il conviendrait d’en trouver une formule qui fut un peu plus unitaire; et si nous disions que le surmoi est la cause du masochisme, nous ne quitterions pas trop cette intuition satisfaisante, à ceci près que, comme nous avons dit, avant, que l’objet est la cause du désir, nous verrions que le surmoi participe, au moins qu’il participe de la fonction de cet objet, en tant que cause, telle que je l’ai introduite aujourd’hui pour vous faire sentir jusqu’à quel point c’est vrai. Je pourrais le faire entrer dans le catalogue, dans la série de ces objets tels que nous aurons à les déployer devant vous en l’illustrant, cette place, de tous les contenus, si vous voulez, qu’elle peut avoir et qui sont énumérables. Si je ne l’ai pas fait d’abord, c’est pour que vous ne perdiez pas la tête à les voir comme contenu, à croire que c’est les mêmes choses où vous vous êtes toujours retrouvés concernant l’analyse. Car ce n’est pas vrai. Si vous croyez pouvoir savoir la fonction du sein maternel, ou celle du scybale, vous savez bien quelle obscurité reste dans votre esprit concernant le phallus; et quand il s’agira de l’objet qui vient immédiatement après, je vous le livre tout de même, histoire de donner à votre curiosité une pâture, c’est-à-dire l’œil en tant que tel, vous ne savez plus là du tout. C’est pourquoi il ne convient de s’approcher qu’avec prudence, et pour cause. Si c’est cet objet dont il s’agit quand en fin de compte c’est là l’objet sans lequel il n’est pas d’angoisse, c’est que c’est bien un objet dangereux. Soyons donc prudents puisqu’il manque. Ce me sera pour l’immédiat l’occasion de faire apparaître en quel sens j’ai dit, ceci a retenu l’oreille d’un de mes auditeurs, j’ai dit, il y a deux leçons, ceci que si le désir et la loi étaient la même chose, c’est pour autant et en ce sens que le désir et la loi ont leur objet commun.

Il ne suffit donc pas ici de se donner à soi-même le réconfort qu’ils sont, l’un par rapport à l’autre, comme les deux côtés de la muraille, ou comme l’endroit et l’envers. C’est faire trop bon marché de la difficulté. Et, pour aller droit au point qui vous le fait sentir, je dirai que ça n’est pas pour autre chose que de la faire sentir que vaut le mythe central qui a permis à la psychanalyse de démarrer, qui est le mythe de l’Œdipe. Le mythe de l’Œdipe ne veut pas dire autre chose, c’est qu’à l’origine le désir, le désir du père et la loi ne sont qu’une seule et même chose et que le rapport de la loi au désir est si étroit que seule la fonction de la loi trace le chemin du désir ; que le désir, en tant que le désir de la mère, pour la mère, est identique à la fonction de la loi. C’est en tant que la loi l’interdit qu’elle impose de la désirer ; car après tout la mère n’est pas en soi l’objet le plus désirable. Si tout s’organise autour de ce désir de la mère, si c’est à partir de là que se pose la femme qu’on doit préférer, car c’est de cela qu’il s’agit, soit autre que la mère, qu’est-ce que cela veut dire ? Sinon qu’un commandement s’impose, s’introduit dans la structure même du désir ; que pour tout dire on désire au commandement. Qu’est-ce que tout le mythe de l’Œdipe veut dire, sinon que le désir du père est cela qui a fait la loi.

Le masochisme prend dans cette perspective la valeur et la fonction d’apparaître et d’apparaître clairement — c’est son seul prix, au masochiste — quand le désir et la loi se retrouvent ensemble ; car ce que le masochiste entend faire apparaître — et j’ajoute sur sa petite scène, car il ne faut jamais oublier cette dimension — c’est quelque chose où le désir de l’Autre fait la loi.

Nous en voyons tout de suite un des effets, c’est que lui-même, le masochiste, apparaît dans cette fonction que j’appellerai celle du déjet, de ce qui est cet objet, le nôtre, le a dont nous parlons, dans l’apparence du déjeté, du jeté au chien, aux ordures, à la poubelle, au rebut de l’objet commun, faute de pouvoir le mettre ailleurs. C’est un des aspects où peut apparaître le a tel qu’il s’illustre dans la perversion. Et ceci n’épuise pas d’aucune façon ce que nous ne pouvons cerner qu’en le contournant, à savoir la fonction du a. Mais puisque j’ai pris ce biais du masochisme, que je l’ai introduit, il faut que nous nous livrions à d’autres repérages pour situer cette fonction du a. Vous en voyez un au niveau du masochisme. Je vous rappelle qu’il faut d’abord prendre pour sa fonction de corrélation massive que l’effet central de cette identité qui conjugue le désir du père à la loi, c’est le complexe de castration, au moment où la loi naît par cette mue, mutation mystérieuse du désir du père, après qu’il ait été tué. La conséquence, et aussi bien dans l’histoire de la pensée analytique que dans tout ce que nous pouvons concevoir comme liaison la plus certaine, c’est en tout cas le complexe de castration. C’est pourquoi vous avez déjà vu apparaître dans mes schémas la notation — φ à la place où a manque.

Donc, premier point aujourd’hui, je vous ai parlé de l’objet comme cause du désir. Deuxième point, je vous ai dit, se reconnaître comme l’objet de son désir, c’est toujours masochiste ; je vous ai indiqué à ce propos ce qui se profilait pour nous comme présentation — sous une certaine incidence du surmoi, je vous ai indiqué une particularité en quelque sorte dépréciée — de ce qui se passe à la place de cet objet a sous la forme du — φ. Nous arrivons à notre troisième point, celui qui concerne justement cette possibilité des manifestations de l’objet a comme manque. Elle lui est structurale. Et c’est pour le faire concevoir que ce schéma, cette image destinée à vous le rendre familier, est depuis un certain temps déjà pour vous présentifié et rappelé.

L’objet a au niveau de notre sujet analytique, de la source de ce qui subsiste comme corps qui, en partie, pour nous, nous dérobe si je puis dire sa propre volonté, cet objet a c’est ce roc dont parle Freud. Cette réserve dernière irréductible de la libido dont il est tellement pathétique de le voir dans ces textes littéralement ponctuer les contours chaque fois qu’il le rencontre. Je ne finirai pas ma leçon aujourd’hui sans vous dire où il convient que vous alliez rénover cette conviction. Ce petit a, à la place où il est, au niveau où il pourrait être reconnu, si c’était possible — car bien sûr tout à l’heure, vous ai-je dit que se reconnaître comme objet de son désir c’est toujours masochiste — si c’était possible, le masochiste ne le fait que sur la scène. Et vous allez voir ce qui s’opère quand il ne peut plus y rester, sur la scène.

Nous ne sommes pas toujours sur la scène, malgré que la scène s’étende fort loin, et jusqu’au domaine de nos rêves. En tant que pas sur la scène et restant en deçà, et cherchant à lire dans l’Autre de quoi il retourne, nous ne trouvons la en X (schéma) que le manque.

C’est cette liaison, coordination de l’objet avec son manque nécessaire la où le sujet se constitue au lieu de l’Autre, c’est-à-dire aussi loin que possible, au-delà même de ce qui peut apparaître dans le retour du refoulé, et constituant l’Urverdrängung, l’irréductible de l’incognito, puisque aussi bien nous ne pouvons pas dire absolument l’inconnaissable puisque nous en parlons, c’est là que se structure, que se situe ce que, dans notre analyse du transfert, j’ai produit devant vous par le terme agalma.

C’est pour autant que cette place vide est visée comme telle que s’institue sa dimension toujours, et pour cause, plus ou moins négligée du transfert. Que cette place en tant qu’elle puisse être cernée par quelque chose qui est matérialisé dans cette image, un certain bord, une certaine ouverture, une certaine béance où la constitution de l’image spéculaire montre sa limite, c’est là le lieu élu de l’angoisse.

Ce phénomène de bord, dans ce qui s’ouvre comme cette fenêtre et dans des occasions privilégiées, marque la limite illusoire de ce monde de la reconnaissance, de celui que j’appelle la scène. Que ce soit lié à ce bord, à cet encadrement, à cette béance qui est illustrée dans ce schéma au moins deux fois, dans ce bord ici du miroir et aussi bien dans ce petit signe 0. Que ce soit là le lieu de l’angoisse, c’est ce que vous devez toujours retenir comme le signal de ce qu’il y a à chercher au milieu.

Le texte de Freud auquel je vous prie de vous référer — car c’est un texte toujours plus stupéfiant à lire par cette double face des faiblesses, des insuffisances, qui aux novices apparaissent tout d’abord comme les premières à relever dans le texte de Freud et de la profondeur avec laquelle tout ce sur quoi il vient buter — révèle à quel point Freud était là autour de ce champ même que nous essayons de dessiner. Bien sûr, il convient d’abord que vous soyez familiers avec le texte de Dora ; il peut, à ceux qui ont entendu mon discours sur le Banquet, rappeler cette dimension toujours éludée quand il s’agit du transfert, et de l’autre dimension entre parenthèses, à savoir que le transfert n’est pas simplement ce qui reproduit une situation, une action, une attitude, un traumatisme ancien, et ce qui le répète. C’est qu’il y a toujours une autre coordonnée, celle sur laquelle j’ai mis l’accent à propos de l’intervention analytique de Socrate, à savoir nommément dans les cas où j’évoque un amour présent dans le réel, et que nous ne pouvons rien comprendre au transfert si nous ne savons pas qu’il est aussi la conséquence de cet amour-là ; que c’est à propos de cet amour présent — et les analystes doivent s’en souvenir en cours d’analyse — d’un amour qui est présent de diverses façons, mais qui au moins qu’ils s’en souviennent, quand il est là visible, que c’est en fonction de cet amour, disons réel, que s’institue ce qui est la question centrale du transfert, à savoir celle que se pose le sujet concernant l’agalma à savoir ce qui lui manque. Car c’est avec ce manque qu’il aime. Ce n’est pas pour rien que depuis toujours je vous serine que l’amour c’est de donner ce qu’on n’a pas. C’est même le principe du complexe de castration ; pour avoir le phallus, pour pouvoir s’en servir, il faut justement ne pas l’être.

Quand on retourne aux conditions où il apparaît qu’on l’est — car on l’est aussi bien pour un homme, ça ne fait pas de doute, et pour une femme, nous redirons par quelle incidence elle est amenée à l’être — eh ! Bien c’est toujours fort dangereux.

Qu’il me suffise de vous demander avant de vous quitter de relire attentivement ce texte entièrement consacré aux rapports de Freud avec sa patiente, avec cette fille, je vous le rappelle, dont il dit que l’analyse fait apparaître que c’est essentiellement autour d’une déception énigmatique concernant la naissance dans sa famille, l’apparition à son foyer d’un petit enfant, qu’elle s’est orientée vers l’homosexualité. Avec une touche d’une science de l’analogie absolument admirable, Freud aperçoit ce qu’il y a dans cet amour démonstratif de la jeune fille pour une femme de réputation suspecte assurément, vis-à-vis de laquelle elle se conduit, nous dit Freud, d’une façon essentiellement virile. Et si l’on s’en tient à lire simplement ce qui est là, mon dieu, virilité, nous sommes tellement habitués à en parler sans savoir que nous ne nous apercevons pas que ce qu’il entend là accentuer, c’est ce que j’ai essayé de présentifier devant vous de toutes les façons en accentuant quelle est la fonction de ce qu’on appelle l’amour courtois ; elle se comporte comme le chevalier qui souffre tout pour sa dame, se contente des faveurs les plus exténuées, les moins substantielles ; elle préfère même n’avoir que celles-là, et qui, enfin, plus l’objet de son amour peut aller plus à l’opposé dans ce qu’on pourrait appeler la récompense, plus il le surestime et l’élève, cet objet, d’éminente dignité. Quand manifestement toute la rumeur publique ne peut manquer de lui imposer qu’effectivement la conduite de sa bien-aimée est des plus douteuses, cette dimension d’exaltation ne voit que s’ajouter la visée supplémentaire et renforcée, de la sauver. Tout ceci est admirablement souligné par Freud et vous savez comment la fille en question a été amenée à sa consultation ; c’est pour autant qu’un jour, cette liaison menée au su et vraiment au défi de toute la ville, dans le style dont tout de suite Freud a aperçu le rapport de provocation par rapport à quelqu’un de sa famille — et il apparaît bien vite et très certainement que c’est son père — cette liaison prend fin par une rencontre. La jeune fille en compagnie de sa bien-aimée, nous dit-on, croise son père sur le chemin du bureau du père en question, ce père qui lui jette un regard irrité ; la scène dès lors se passe très vite. La personne pour qui sans doute cette aventure n’est qu’un divertissement assez obscur et qui commence manifestement à en avoir assez et qui ne veut pas sans doute s’exposer à de grandes difficultés, dit à la jeune fille que cela a assez duré et qu’on s’en tienne la désormais ; qu’elle cesse de lui envoyer, comme elle le fait tous les jours, des fleurs sans compter, de s’attacher étroitement à ses pas. Et là-dessus la fille immédiatement se balance par-dessus un endroit — vous vous rappelez qu’il était un temps où j’explorais minutieusement les cartes de Vienne pour permettre de donner son plein sens au cas du Petit Hans -, je n’irai pas, aujourd’hui, jusqu’à vous dire l’endroit où très probablement se trouve quelque chose de comparable à ce que vous voyez encore du côté du boulevard Pereire, à savoir un petit fossé au fond duquel il y a des rails pour un petit chemin de fer qui maintenant ne marche plus, c’est de la que la fille se balance, niederkommt, se laisse tomber.

Il y a plusieurs choses à dire à propos de ce niederkommen. Si je l’introduis ici, c’est parce que c’est un acte dont il ne suffit pas de dire, de rappeler l’analogie avec le sens de niederkommen dans le fait de l’accouchement pour en épuiser le sens. Ce niederkommen est essentiel à toute subite mise en rapport du sujet avec ce qu’il est comme a.

Ce n’est pas pour rien que le sujet mélancolique a une propension telle, et toujours accomplie avec une rapidité fulgurante, déconcertante, à se balancer par la fenêtre. La fenêtre, en tant qu’elle nous rappelle cette limite entre la scène et le monde, nous indique ce que signifie cet acte par où, en quelque sorte, le sujet fait retour à cette exclusion fondamentale où il se sent, au moment même où se conjugue dans l’absolu d’un sujet, dont nous seuls, analystes, pouvons avoir l’idée, cette conjonction du désir et de la loi. C’est proprement ce qui se passe au moment de la rencontre par le couple, de la chevalière de Lesbos et de son objet karéninien si je puis m’exprimer ainsi, avec le père. Car il ne suffit pas de dire que le père a jeté un regard irrité pour comprendre comment a pu se produire le passage à l’acte. Il y a quelque chose qui tient là au fond même de la relation, à la structure ; car de quoi s’agit-il ? Disons-le en termes brefs, je vous crois suffisamment préparés pour que vous les entendiez : la fille, pour laquelle l’attachement au père, et la déception en raison de la naissance du jeune frère, si mon souvenir est bon, cette déception a été dans sa vie le point tournant, va donc quoi faire ? Faire de sa castration de femme ce que fait le chevalier à l’endroit de sa dame à qui précisément, il offre le sacrifice de ses prérogatives viriles ; pour en faire, elle, le support de ce qui est lié dans le rapport d’une inversion à ce sacrifice même à savoir, la mise à la place du manque, justement de ce qui manque au champ de l’Autre, à savoir sa garantie suprême, ceci que la loi est bel et bien le désir du père, qu’on en est sûr, qu’il y a une loi du père, un phallus absolu 0.

Sans doute, ressentiment et vengeance sont-ils décisifs dans le rapport de cette fille avec son père. Le ressentiment et la vengeance sont cela, cette loi, ce phallus suprême. Voici où je le place ; c’est elle qui est ma dame, et puisque je ne peux pas être ta femme soumise et moi ton objet, je suis celui qui soutient, qui crée le rapport idéalisé à ce qui est de moi-même insuffisance, ce qui a été repoussé. N’oublions pas que la fille a cessé, a lâché la culture de son narcissisme, ses soins, sa coquetterie, sa beauté, pour devenir chevalier servant de la dame.

C’est dans la mesure où tout ceci vient dans cette simple rencontre et, au niveau du regard du père, où cette scène vient aux regards du père, que se produit ce que nous pourrons appeler, nous référant au premier tableau que je vous ai donné des coordonnées de l’angoisse, le suprême embarras ; que l’émotion — reportez-vous à ce tableau, vous en verrez les coordonnées exactes — l’émotion par la subite impossibilité de faire face à la scène que lui fait son amie, s’y ajoute. Les deux conditions essentielles de ce qui s’appelle à proprement parler passage à l’acte, — et ici je m’adresse à quelqu’un qui m’a demandé de devancer un peu ce que je peux avoir à dire sur cette distinction de l’acting-out, nous aurons à y revenir-, les deux conditions du passage à l’acte comme tel sont réalisées. Ce qui vient à ce moment-là au sujet, c’est son identification absolue à ce petit a, à quoi elle se réduit. La confrontation de ce désir du père, sur lequel tout dans sa conduite est construit, avec cette loi qui se présentifie dans le regard du père, c’est ceci, par quoi elle se sent définitivement identifiée, et du même coup rejetée, déjetée hors de la scène.

Seul le laissez tomber, le se laisser tomber peut le réaliser. Le temps me manque aujourd’hui pour vous indiquer dans quelle direction va ceci ; à savoir que la notation célèbre de Freud, dans le deuil, de l’identification à l’objet, comme étant ce sur quoi porte quelque chose qu’il exprime comme une vengeance de celui qui ressent le deuil, ce n’est pas suffisant. Nous portons le deuil et nous ressentons les effets de dévaluation du deuil, pour autant que l’objet dont nous portons le deuil était, à notre insu, celui qui s’était fait, que nous avons fait le support de notre castration.

La castration, elle nous retourne ; et nous nous voyons pour ce que nous sommes, en tant que nous serions essentiellement retournés à cette position de la castration. Vous sentez bien que le temps me presse et qu’ici je ne peux que donner une indication ; mais ce qui désigne bien à quel point c’est de cela qu’il s’agit, ce sont deux choses ; c’est la façon dont Freud sent que, quelque avance spectaculaire que fasse la patiente dans son analyse, ça lui passe si je puis dire comme de l’eau sur les plumes d’un canard ; et s’il néglige nommément cette place qui est celle du petit a dans le miroir de l’Autre par toutes les coordonnées possibles, bien sûr, sans avoir les éléments de ma topologie, mais on ne peut pas le dire plus clairement ; car il dit ici : « là, ce devant quoi je m’arrête, je bute, dit Freud, c’est quelque chose comme ce qui se passe dans l’hypnose ». Or, qu’est-ce qui se passe dans l’hypnose ? C’est que le sujet dans le miroir de l’Autre est capable de lire tout ce qui est là, au niveau de ce petit vase pointillé, tout ce qui est spécularisable, on y va. Ce n’est pas pour rien que le miroir, le bouchon de carafe, voire le regard de l’hypnotiseur, sont les instruments de l’hypnose. La seule chose qu’on ne voit pas dans l’hypnose, c’est justement le bouchon de la carafe lui-même, ni le regard de l’hypnotiseur qui est la cause de l’hypnose. La cause de l’hypnose ne se livre pas dans les conséquences de l’hypnose. L’autre référence, le doute de l’obsessionnel. Et sur quoi porte-t-il le doute radical qui fait aussi que les analyses d’obsessionnels se poursuivent pendant des temps et des temps et très bellement ? C’est une véritable lune de miel, une cure d’obsessionnel, entre l’analyste et l’analysé ; pour autant que ce centre où Freud nous désigne très bien quelle sorte de discours tient l’obsessionnel, à savoir : « Il est vraiment très bien, cet homme-là ; il me raconte les plus belles choses du monde, l’ennui c’est que je n’y crois pas tout à fait ». Si elle est centrale, c’est parce qu’elle est là, enΧ.

Dans le cas de la jeune homosexuelle, ce dont il s’agit, c’est justement ce qui doit nous éclairer, à savoir une certaine promotion du phallus comme tel, à la place du a et c’est là — j’ai scrupule à le dire — parce qu’aussi bien c’est un texte si merveilleusement éclairant que je n’ai pas besoin de vous en donner les autres propriétés ; mais je vous prie de ne pas les prendre pour une de ces ritournelles auxquelles on nous a habitués, des Objektwahl. Cet homme dont il s’agit, conclut son texte, à savoir la distinction des éléments constitutionnels et des éléments, peu importe lesquels, historiques de la détermination de l’homosexualité, et de l’isolement, comme tel étant le même champ propre de l’analyse, de l’objet, Objektwahl, le choix de l’objet, le distinguant comme tel, comme comportant des mécanismes qui sont originaux ; tout tourne bien effectivement autour du rapport du sujet à a.

Le paradoxe est celui qui confine à ce que la deuxième fois je vous ai indiqué comme le point où Freud nous lègue la question de savoir comment opérer au niveau du complexe de castration, et désigné par ceci, qui est inscrit dans l’observation et dont je m’étonne que ce ne soit pas l’objet le plus commun de l’étonnement parmi les analystes, que cette analyse se termine en ceci que Freud la laisse tomber.

Car avec Dora, j’y reviendrai, nous pouvons mieux articuler maintenant ce qui s’est passé ; tout est loin, très loin, d’être maladresse et l’on peut dire que si Dora n’a pas été analysée jusqu’au bout, Freud a vu clair jusqu’au bout. Mais ici où la fonction du petit a de l’objet est en quelque sorte si prévalente dans l’observation de l’homosexuelle qu’elle a été jusqu’à passer dans le réel, dans un passage à l’acte dont il comprend pourtant tellement bien la révélation symbolique, Freud donne sa langue au chat : « Je n’arriverai à rien », se dit-il, et il la passe à un confrère féminin. C’est lui qui prend l’initiative de la laisser tomber.

Je vous laisserai sur ce terme pour le livrer à vos réflexions, car vous sentez bien que ce souci vise une référence essentielle dans la manipulation analytique du transfert.

 

1 — Erreur probable de Lacan entre Libido Aushalt et Libidohaushalt : cf. texte de Freud.

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