vendredi, mars 29, 2024
Recherches Lacan

TRAIT UNAIRE

TRAIT UNAIRE

  1. trait unaire L04 p. 414: Le regard de l‘Autre /…/ comment le sujet l’intériorise-t-il? Ce regard de l’Autre, nous devons le concevoir  comme s’intériorisant par un signe. Ça suffit. Ein Einziger Zug. Il n’y a pas besoin de tout un champ d’organisation et d’une introjection massive. Ce point grand I du trait unique, ce signe de l’assentiment de l’Autre, du choix d’amour que le sujet peut opérer, est là quelque part et se règle dans la suite du jeu du miroir. Il suffit que le sujet aille y coïncider dans son rapport avec l’Autre pour que ce  petit signe, cet Einziger Zug, soit à sa disposition. Il y a lieu de distinguer radicalement l’Idéal du moi et le moi idéal. Le premier est une introjection symbolique, alors que le second est la source d’une projection imaginaire. La satisfaction narcissique qui se développe dans le rapport au  moi idéal dépend de la possibilité de référence à ce terme symbolique primordial /…/ Ein Einziger Zug.

 

  1. trait unaire L09 21/02/62, p.209 KANT: Le renversement de la position de l’Un fait que de l’Einheit kantienne, nous considérons que nous passons [p.210: « des vertus de la norme aux vertus de l’exception »] à l’Einzigheit, à l’unicité exprimée comme telle.

 

  1. trait unaire L09 06/12/61, p.72: Ceci pour vous introduire à ce qui fait l’essence du signifiant et dont ce n’est pas pour rien que je l’illustrerai le mieux de sa forme la plus simple /…/ l’Einziger Zug.

 

  1. trait unaire L09 07/03/62 p.258: Le zoologiste /../ c’est parce qu’il détache la « mamme » qu’il peut identifier l’absence de mamme. Le sujet comme tel est moins un. C’est à partir de là, du trait unaire en tant qu’exclu qu’il décrète qu’il y a une classe où universellement il ne peut y avoir absence de « mamme ».

 

  1. trait unaire L09 09/05/62, p.429: Revenons au fantasme et au petit « a », pour saisir ce dont il s’agit dans cette imaginification [du symbolique: iS] propre à sa place dans le fantasme. /…/ nous ne pouvons l’isoler dans son corrélatif du $, du fait que l’émergence de la fonction de l’objet du désir, comme petit « a » dans le fantasme est corrélative de cette sorte de fading, d’évanouissement du symbolique, qui est cela même que j’ai articulé la dernière fois /…/ comme exclusion déterminée par la dépendance même du sujet de l’usage du signifiant. C’est pourquoi c’est en tant que le signifiant a à redoubler son effet à vouloir se désigner lui-même, que le sujet surgit comme exclusion du champ même qu’il détermine, n’étant alors ni celui qui est désigné, ni celui qui désigne, mais à ceci près /…/ que ceci ne se produit qu’en rapport avec le jeu d’un objet, comme alternance d’une présence et d’une absence. Ce que veut dire d’abord formellement la conjonction de $ avec le ‘a’, c’est que dans le fantasme, sous son aspect purement formel et radicalement, l’absence de ‘a’ et rien que cela devant le petit « a », au niveau /…/ de ce que j’ai appelé l’identification au trait unaire. l’identification n’est introduite, ne s’opère purement et simplement que dans le produit du -a avec le petit ‘a’/…/ Non pas comme par un jeu mental, mais parce que nous y sommes ramenés par quelque chose qui est /…/ notre mode de quelque chose qui reçoit là légitimement sa formule; le (-a)2 =1 qui en résulte nous introduit à ce qu’il y a de charnel, d’impliqué, dans ce symbole mathématique du A-1=√-1 .

 

  1. trait unaire L09 10/01/62 p.146-47: Il y a un petit exercice /…/ celui de la certitude anticipée à propos du jeu des disques où c’est le repérage de ce que font les deux autres qu’un sujet doit déduire la marque pair ou impair dont lui-même est affecté dans son propre dos /…/. Il y a quelque chose d’analogue ici: ce n’est pas indéfiniment qu’on peut inclure tous les « je pense donc je suis » dans un « je  pense »; où est la limite? /…/ dans l’iden­tification /…/ au trait unaire, est-ce qu’il n’y a pas assez pour supporter ce point impensable et impossible du « je pense », au moins sous sa forme de différence radicale? Si c’est par un Un que nous figurons ce « je pense » /…/ en tant qu’il a rapport avec ce qui se passe à l’origine de la nomination, en tant que c’est ce qui nous intéresse: la naissance du sujet, le sujet est ce qui se nomme. Si nommer c’est d’abord quelque chose qui a affaire avec une lecture du trait Un, désignant la différence absolue, nous pouvons nous demander comment je chiffrerai la sorte de « je suis » qui ici se constitue, en quelque sorte rétroactivement, simplement de la reprojection de ce qui se constitue comme signifié du « je pense », à savoir la même chose, l’inconnu de ce qui est à l’origine sous la forme du sujet.

 

  1. trait unaire L09 13/12/61 p.2: Donc Monas /…/: à repérer dans le texte même de Freud comme l’Einziger Zug, « ce par quoi chacun des étants est dit être un » /…/ Je termine la traduction de la citation: « que le nombre lui n’est rien d’autre que cette sorte de multiplicité qui surgit précisément de l’introduction des unités », des monades dans le sens où l’on l’entend dans le texte d’Euclide [Euclide, Éléments, 4 VII.]. Si j’identifie cette fonction du trait unaire, si j’en fais la figure dévoilée de cet Einziger Zug de l’Identification, pointons qu’il s’agit de l’identification de la deuxième espèce, p/117, vol13, des G.W. de Freud. /…/ qu’il appelle régressive, pour autant que c’est lié à quelque abandon de l’objet qu’il définit comme objet aimé. Cet objet va de la femme aux livres rares.

 

  1. trait unaire L09 13/12/61 p.96: De cette permanence [autonomie] du sujet je vous montre la référence et non la présence. Car cette présence ne pourra être cernée qu’en fonction de cette référence: je vous l’ai démontrée, désignée /…/ dans ce trait unaire, dans cette fonction du bâton comme figure de l’Un en tant qu’il n’est que trait distinctif; /…/ il fonctionne /…/comme support de la différence /…/ Car à la vérité /…/ il n’y a pas d’idéal de la similitude, d’idéal de l’effacement des traits; Cet effacement des distinctions qualitatives n’est là que pour nous permettre de saisir le paradoxe de l’altérité radicale désignée par le trait, et il est après tout peu important que chacun des traits ressemble à l’autre. C’est ailleurs que réside /…/ cette fonction de l’altérité /…/ par cette fonction, seulement par elle, cette répétition échappe à l’identité de son éternel retour sous la figure du chasseur cochant le nombre /…/ de traits par où il a atteint sa proie [ou sous la figure du divin Marquis qui compte ses « coups » avec son laquais].

 

  1. trait unaire L09 20/12/61 p.117: nous arrivons maintenant, avec ce départ que nous avons pris dans la fonction du trait unaire, à quelque chose qui va nous permettre d’aller plus loin: je pose qu’il ne peut y avoir de définition du nom propre que dans la mesure où nous nous apercevons du rapport de l’émission vocale avec quelque chose qui, dans sa nature radicale, est de l’ordre de la lettre.

 

  1. trait unaire L09 28/02/62 p.243: nous avons toujours affaire à des cas, au sens propre du terme, à un fatum à proprement parler, puisque notre inconscient est oracle, à autant de hiatus qu’il y a de signifiants distincts, à autant de sauts qu’il se produit de métonymies. C’est parce qu’il y a un sujet qui se marque lui-même ou non du trait unaire qui est un (ou moins un) qu’il peut y avoir un moins a (-a), que le sujet peut s’identifier à la petite balle [FORT/DA] du petit fils de Freud, et spécialement dans la connotation de son manque: il n’y a pas (ens privativum). Bien sûr, il y a un vide et c’est de là que va partir du sujet.

 

  1. trait unaire L09 28/03/62 p.329-330: J’ai choisi /…/ la deuxième forme de l’identification, ce n’est pas de hasard. C’est parce que cette identification est saisissable sous le mode du signifiant pur par le fait que nous pouvons saisir d’une façon claire et rationnelle un biais pour entrer dans ce que veut dire l’identification du sujet, pour autant que le sujet met au monde le trait unaire, plutôt [parce] que le trait unaire une fois détaché fait apparaître le sujet comme celui qui compte, au double sens du terme. L’ampleur de l’ambigüité que vous pouvez donner à cette formule /…/ aura pour vous son plein sens (schéma) /…/ Chatterton et ses compagnons dans l’Antarctique /…/explorateurs livrés à la plus grande frustration, celle qui ne tient pas seulement aux carences plus ou moins élucidées à ce moment, /…/ aux carences /…/ d’une alimentation spéciale /…/ mais qu’on peut dire désorientés dans un paysage /…/ encore vierge, non encore habité par l’imagination humaine, nous rapportent dans des notes /…/ qu’ils se comptaient toujours un de plus qu’ils n’étaient /…/ « On se demandait toujours où était passé le manquant » /…/ vous touchez là à l’état nu du sujet, qui n’est rien que cela, que la possibilité d’un signifiant de  plus, d’un Un en plus, grâce à quoi il constate lui-même qu’il y en a Un qui manque.

 

  1. trait unaire L09 28/03/62, p.335: C’est à partir de la problématique de l’au-delà de la demande que l’objet se constitue comme objet de désir. Je veux dire que c’est parce que l’Autre ne répond pas, sinon que « rien peut-être » que le pire n’est pas toujours sûr, que le sujet va trouver dans un objet les vertus mêmes de la demande initiale. /…/ l’affinité /…/ de l’objet à cet Autre /…/ se manifeste dans l’Amour. /…/ Ce n’est rien d’autre que le signe impossible à effacer de ce fait que l’objet du désir ne se constitue que dans le rapport à l’Autre, en tant que lui-même s’origine de la valeur du trait unaire. Nul privilège dans l’objet sinon dans cette valeur absurde donnée à chaque trait d’être un privilège.

 

  1. trait unaire L09 30 mai 1962 […] pour Lacan, à y regarder de près […] une théorie comme celle du transfini [Cantor], dont assurément les impasses antécédent grandement notre mise en valeur de la fonction du trait unaire, pour autant que, cette théorie du transfini, ce qui la fonde c’est un retour, c’est une saisie de l’origine du comptage d’avant le nombre […] à savoir la correspondance biunivoque, le trait pour trait.

 

  1. trait unaire L12 17/03/65, p.4 [p.152]: Cette expérience de la demande, cette analyse centrée sur le stade où le sujet incarne sa parole, ce n’est plus ce sujet dont nous avons marqué le statut au niveau du  plus radical du langage du trait unaire, et du statut de la privation où le sujet s’y engage.

 

  1. trait unaire L14 Livre XIV, 15 fév. 1967, Lettres de l’École Freudienne, n° 3, p. 10.: Or, si le trait unaire joue dans le champ du sujet le rôle de repère sym­bolique […] il s’agit bien en effet de ce Un comptable, qui permet d’identifier des objets aussi hétéroclites que possible […] pour les énu­mérer comme éléments d’un ensemble [ensemble “générique”, selon la terminologie de Badiou]. Mais la vérité qu’on obtient alors […] reste sans aucune prise sur le réel. Or, si nous descendons dans le temps […] pour voir comment fonctionne le schéma identificatoire de l’aliénation nous remarquerons […] que le Un basal de l’opération de la récurrence n’est pas déjà là et qu’il ne s’instaure que de la répétition elle-même. Le graphe de cette fonction n’est autre que celui de la double boucle qui sert à imager […] la solidarité d’un effet directif à un effet rétro-actif […].Le trait dont se sustente ce qui est répété revient en tant que répétant sur ce qu’il répète dans un rapport tiers analogue à celui qui, nous faisant passer de l’Un au deux […] revient par un effet de rétroaction sur cet Un, pour donner cet élément non-numérable que j’appelle l’Un-en-plus, et qui […] mérite encore ce titre de Un-en-trop, que j’ai désigné comme essentiel à toute opération signifiante.

 

  1. trait unaire La seconde occurrence, est la suivante : L’entrée dans le réel, c’est la forme de ce trait, répété par le chasseur primitif, de la différence absolue en tant qu’elle est là. Aussi bien vous n’aurez pas de peine (vous les trouverez à la lecture de Frege, encore que Frege ne s’engage pas dans cette voie, faute d’une théorie suffisante du signifiant) à trouver dans le texte de Frege que les meilleurs analystes mathématiciens de la fonction de l’unité, nommément Jivons et Schröder, ont mis exactement l’accent de la même façon que je le fais, sur la fonction du trait unaire.
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