mardi, avril 16, 2024
Recherches Lacan

Dieu

DIEU

 

AL SHADDAI  [13/11/73]: « Alors j’explique l’histoire de ce que Freud a abordé comme il a pu justement pour éviter sa propre histoire, al’shaddaï en particulier, c’est le nom dont il se désigne, celui dont le nom ne se dit pas; il s’est reporté sur l’Oedipe, il a fait quelque chose de très propre en somme, d’un peu aseptique ».

 

Dieu caché L03 324 Un autre qui s’annonce comme Je suis celui qui suis  est de ce seul fait un Dieu au-delà, un Dieu caché, et un Dieu qui ne dévoile en aucun cas son visage.

 

Dieu L03 145: Il faut donc supposer que Dieu entre dans le discours. C’est un prolongement de la théorie du SIR.

 

Dieu L02 263-4: Dieu n’est  pas trompeur. /…/ Einstein en restait au même point que DESCARTES. Le Seigneur, disait-il, est certainement un petit rusé, mais il n’est pas malhon­nête. /…/ Le désir sexuel n’a rien d’objectivé dans notre expérience. /…/ ce à quoi nous avons affaire c’est à un sujet qui est là, qui est vraiment désirant et le désir dont il s’agit /…/ toute conceptualisation sort de  lui. /…/ Que la libido soit déterminante dans le comportement hu­main, ce n’est pas FREUD qui l’a découvert. ARISTOTE donnait déjà de l’hystérique une théorie fondée sur le fait que l’utérus était un petit animal qui vivait à l’intérieur du corps de la femme, et qui remuait salement fort quand on ne lui donnait pas de quoi bouf­fer. S’il a pris cet exemple, c’est évidemment qu’il n’a pas voulu en prendre un beaucoup plus évident, l’organe sexuel mâle /…/ Seulement ARISTOTE n’a jamais pensé qu’on arrangerait les choses en tenant des discours au petit animal qui est dans le ventre de la femme. /…/ le désir dont il s’agit dans l’analyse n’est pas sans rapport avec ce désir là.

 

Dieu L03 78: [par opposition à DESCARTES pour qui Dieu (malin mais honnête) ne peut pas nous tromper; à preuve les sciences. La matière n’est pas tricheuse. “C’est la radicalité de la pensée judéo-chrétienne sur ce point qui a permis ce pas décisif [cet acte de foi] /…/ qu’il y a quelque chose qui est absolument non-trom­peur”. Pour ARISTOTE les choses sont complètement dif­férentes. Qu’est-ce qui l’assurait, dans la nature, du non-mensonge de l’Autre en tant que réel? -sinon les choses en tant qu’elles reviennent toujours à la même place, à savoir les sphères célestes. [notion incorruptible].

 

Dieu L08 8/2/61, p.193 ALCIBIADE est le démon de SOCRATE. ALCIBIADE donne la représentation vraie, sans le savoir, de ce qu’implique l’ascèse socratique. /…/ car c’est bien là autour, que vient achopper cette crise qui, au XVIiéme siècle, fait basculer toute la longue synthèse /…/ la  longue équivoque concernant la nature de l’amour /…/ dans une perspective si post-socratique. Je veux dire, par exemple, le dieu de Scott ERIGÈNE ne diffère pas du dieu d’ARISTOTE, en tant qu’il meut comme érôménon.. Ils sont cohérents -c’est par sa beauté que Dieu fait tourner le monde.

 

Dieu L09B 13/6 512 quand j’essaie pour vous de fomenter ces plastiques, il peut vous sembler voir une remise à jour d’anciennes techniques imaginaires qui sont celles que je vous appris à lire sous la forme de la sphère dans PLATON. /…/ ce petit point double, ce poinçon, nous montre que là est le champ où se cerne ce qui est le véritable ressort du rap­port entre le possible et le réel [I/R].Ce qui a fait tout le charme, toute la séduction /…/ de la logique classique, le véritable intérêt de la logique formelle -j’entends celle d’ARISTOTE- ce qu’elle suppose et ce qu’elle exclut et qui est vraiment son point pivot, à savoir le point d’im­possible en tant qu’il est celui du désir. /…/ C’est des trucs à Théot.[CatheriNe THEOT, amie de ROBESPIERRE, d’où l’être suprême]. /…/ Il y a dieu et dieu. /../ il y en a qui sont tout à fait réels.

 

DIEU GOGOT     L09, 13/06/62, p.                512*

 

Dieu L10 8/5/63, p.5. La cause donc, la cause surgit toujours en corréla­tion du fait que quelque chose est omis dans la considé­ration de la connaissance, quelque chose qui est précisé­ment le désir qui anime la fonction de la connaissance [point aveugle de la connaissance]./…/ Déjà bien avant FREUD -ai-je besoin d’évoquer NIETZSCHE- /…/ d’autres ont mis en question ce qu’il y a de désir sous la fonction de connaître; d’autres se sont interrogés sur ce que veut PLATON, qui  lui fasse croire à la fonction centrale, originelle, créatrice, du Souverain bien, sur ce que veut ARISTOTE, qui, lui, fait croire à ce singu­lier premier moteur qui vient se mettre à la place du nous anaxagorique /…/ et qui soutient tout le cosmos. [LACAN dénonce le mythe de l’origine psychologique de la connaissance] .

 

Dieu L10 19/12 10-12 Maîtriser par la pensée le phénomène, c’est tou­jours montrer comment on peut le refaire d’une manière trompeuse, c’est pouvoir le reproduire, c’est-à-dire pouvoir en faire un signifiant. Le sujet en le reprodui­sant peut falsifier le livre des comptes /…/ le signifiant c’est la trace du sujet dans le cours du monde; /…/ L’angoisse c’est ce qui regarde ce qui échappe à ce jeu. Donc c’est cela dont il faut nous garder au moment de saisir ce que veut dire ce rapport d’embarras au signi­fiant en trop, de manque au signifiant en moins. Je vais illustrer /…/ ce rapport. Le phallus, par exemple, le petit HANS, logicien autant qu’ARISTOTE, pose l’équation: “tous les être animés ont un phallus”. /…/ L’affirmation universelle /…/ positive, n’a de sens que de définition du réel à partir de l’impossible. Il est im­possible qu’un être animé n’ait pas un phallus. [exemple: maman n’a pas de phallus, donc elle n’est pas un être animé, donc c’est une machine, d’où l’angoisse]. /…/ Si l’homme est tourmenté par l’irréel dans le réel, il serait tout à fait vain d’espérer s’en débarrasser pour la raison qui est ce qui dans la conquête freudienne est bien justement l’inquiétant, c’est que dans l’irréel c’est le réel qui le tourmente. Son souci, Sorge [dit HEIDEGGER] /…/ Dieu me demande de jouir -textuel dans la Bible- c’est tout de même la parole de Dieu.  /…/ vous avez déjà remarqué la différence totale qu’il y a du dieu des juifs au Dieu de PLATON. [sa petite évasion psychotique] /…/ il est tout de même  temps de se sou­venir de la différence qu’il y a entre le Dieu, moteur universel d’ARISTOTE, le dieu Souverain bien, conception délirante de PLATON, et le dieu des juifs, c’est-à-dire un dieu avec qui on parle, un dieu qui vous demande quelque chose et qui dans l’Ecclésiaste vous ordonne “Jouis”.

 

Dieu L13 5/1/66 42 il n’est pas légitime de réduire le corps au sens propre de ce terme, à savoir ce que nous sommes et rien d’autre. Nous sommes des corps de réduire les dimen­sions du  corps à celles de ce qu’au dernier terme de la réflexion philosophique DESCARTES a appelé l’éten­due. Cette étendue dans la théorie de la connaissance elle est là depuis toujours, elle est là depuis ARISTOTE, elle est là au départ de la pensée qu’on appelle ou non occi­dentale /…/ Cette appréhension correcte de l’espace à trois dimensions homogènes, comment elle s’identifie à la sphère toujours limite, même si elle peut toujours s’étendre? C’est autour de cette appréhension de l’éten­due de la pensée du réel, celle de l’étant s’est organisée; comme dit HEIDEGGER, cette sphère est le dernier étant, le moteur immobile.

 

Dieu L15 17/1 100 [depuis l’Antiquité] de l’acte sage /…/ on en a cherche /../ la raison dans un bien: “le fruit de l’acte”, voilà ce qui semblait donner sa première mesure à l’éthique, je l’ai reprise en son temps en commentant celle d’ARISTOTE. [cf. schéma du ou je ne pense pas ou je ne suis pas]. L’Éthique à Nicomaque  part de ceci: qu’il y a du bien au niveau du plaisir et qu’une juste fi­lière suivie dans le registre du plaisir nous mènera [noumen] à la conception du souverain bien. Il est clair que c’était là, à sa façon, une sorte d’acte qui a sa place dans le cheminement de tout acte philosophique /…/ C’est un temps; nous savons que s’y appareillait une tout autre interrogation; interrogation tragique de ce qu’il en était de l’acte, et que c’est celle-ci qui s’en remettait à un obscur divin. S’il y a une dimension, une force qui n’était pas supposée savoir, c’est bien celle de l’ananké antique, en tant qu’elle était incarnée par ces sortes de fous furieux qu’étaient les dieux.

 

Dieu L20 p.38: « Tout ce qui s’énonce jusqu’à présent comme science est suspendu à l’idée de Dieu. /…/ C’est un dieu-lire ». Ce Dieu là, le sujet supposé savoir, est au fondement de la lecture, -ce qui nous mène tout de go au travail de l’inconscient. En effet, une psychanalyse se soutient de ceci: que le sujet de l’inconscient « vous le supposez savoir lire /…/ Non seulement vous le supposez savoir lire, mais vous le supposez pouvoir apprendre à lire ».

 

Dieu L20 p.98. Le Christ sauve Dieu.

 

Dieu L20 76-78 Le discours scientifique s’était fondé sur le point tournant galiléen. /…/ D’une part ce discours a engendré toutes sortes d’instruments /…/ [et] les sujets des instru­ments. /…/ pour autant q’un discours c’est ce qui dé­termine une forme de lien social. D’autre part,  /…/ il y a subversion de la connaissance. /…/ Considérons seule­ment les termes d’actif et de passif, par exemple, qui dominent tout ce qui a été cogité du rapport de la forme et de la matière, ce rapport si fondamental, auquel se ré­fère chaque pas de PLATON, puis d’ARISTOTE, concernant ce qu’il en est de la nature des choses. /…/ Suivez ce qui progresse au cours des âges de l’idée d’un Dieu qui n’est pas celui de la foi chrétienne, mais celui d’ARISTOTE, le moteur immobile, la sphère suprême. Qu’il y ait un être tel que tous les autres êtres (moins êtres que lui) ne peuvent avoir d’autre visée que d’être le plus être qu’ils peuvent être, c’est là tout le fondement de l’idée du Bien dans cette éthique d’ARISTOTE /…/. c’est à la place opaque de la jouissance de l’Autre, /…/ la femme, qu’est situé cet Être suprême, mythique manifes­tement chez ARISTOTE, cette shère immobile d’où pro­cèdent tous les mouvements /…/.[p.78 sur: l’âme âme l’âme, le hors sexe, puis l’hystérie et l’amour courtois].

 

Dieu L21 12/3 111 Cette histoire du CHRIST qui ne parle que de jouis­sance (ces lys des champs qui ne tissent ni ne filent), qui traverse, lui, le mythe l’affirme, la mort, tout ça en fin de compte n’a de fin /…/ que de produire des coprs glo­rieux /…/ C’est tout de même curieux que ce soit par cette voie /…/ du beau /…/ que ce soit pour la première fois manifesté le dogme de la Trinité divine /…/. Si dans la logique d’ARISTOTE, l’autre jour, je vous ai démon­tré l’irruption /…/ de je ne sais quelles théories de l’amour, où sont fort bien distingués l’amour et la jouis­sance, c’est déjà pas mal, hein?

 

Dieu L22.RSI, Livre XXII, ORN2, p. 103.[la religion dit que Dieu] est l’ex-sistence par excellence qu’il est le re­foulement en personne. il est même la personne supposée refoulement. C’est en cela que la religion est [plus] vraie [que la névrose]. Dieu n’est rien d’autre que ce qui fait qu’à partir du langage il ne saurait s’établir de rapport entre sexués […] Dieu, lui, n’est pas dans le lan­gage, mais il comporte l’ensemble des effets de langage, y compris les effets psychanalytiques, ce qui n’est pas peu dire.

 

Dieu L22 17/12/75 ORN2 p.98.: La mise au point résulte d’une certaine ventilation de ladite métaphore [du rapport sexuel] élaborée sous le nom de philosophie, ne va pas pour autant bien loin, pas plus loin que le christianisme, fruit de la triade qu’en “l’adorant” il dénonce dans sa vraie “nature”. Dieu est le pas-tout qu’il a le mérite de distinguer en se refusant à le confondre avec l’idée imbécile d’univers (cosmos). Mais c’est bien ainsi qu’il permet de l’identifier à ce que je dénonce comme ce à quoi aucune existence n’est permise, parce que c’est le trou en tant que tel -le trou que le nœud borroméen permet de distinguer (distinguer de l’ex-sistance d’une consistance soumise à la nécessité, ne cessant pas de s’écrire) de ce qu’elle ne puisse pas entrer dans le trou sans nécessairement en ressortir, et dès à la fois suivante (la foi dont dont le croisement de sa mise à plat fait foi).

 

Dieu L23 18/11 5 La femme dont il s’agit est un autre nom de Dieu et c’est en quoi elle n’ex-siste pas /…/

 

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